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La collection d’Henry Loubat (1879 – 1913)

3. Regard sur notre patrimoine

3.1. Les collections

3.1.1. Les objets relatifs au décor de l’Ecole Vétérinaire de Toulouse

3.1.1.3. La collection d’Henry Loubat (1879 – 1913)

Au cours de notre inventaire, nous avons recensé plusieurs aquarelles de Henry Loubat, dispersées dans plusieurs chaires. Ceci nous a donc amené à nous intéresser à ce peintre et à sa relation avec l’école.

3.1.1.3.1. L’auteur : Henry Loubat [3], [35], [37], [85].

Henry Loubat est un peintre gaillacois né le 15 janvier 1855 et décédé le 14 juillet 1926. Très jeune, il est l’élève de Gabriel Golse et se distingue par des prix comme celui de 1876 du 25e grand prix municipal de peinture fondé par Jean Suau. Puis, il part se perfectionner à la capitale dans l’atelier Cabanel.

De retour à Toulouse, en 1879, il ouvre dans son atelier deux classes de dessin et de peinture où il y enseigne son savoir-faire.

En 1879, il est embauché à l’Ecole Vétérinaire de Toulouse en tant qu’illustrateur et peintre où il réalise de « très nombreuses et très importantes aquarelles d’après nature, exécutées

A partir de 1884, sa carrière s’accélère, il devient professeur adjoint de la classe de modèle vivant, puis dès 1888, professeur titulaire de la classe d’Antique.

Henry Loubat « peint ce qu’il voit, tel qu’il le voit ». Sans flatter et sans sublimer, il effectue des portraits, des paysages, des natures mortes… Il se veut être « un peintre de la figuration

naturelle […] sans prétention et sans emphase ». Il « parait avoir abandonné les défroques des vieilles écoles classiques et romantiques pour s’en tenir au réalisme contemporain ». A

travers un papier en son honneur dans la Revue de l’Art Méridional du 1e avril 1926, il est décrit comme un peintre qui représente la nature comme il la sent avec le plus de franchise possible.

Plusieurs œuvres l’ont fait connaître à l’époque :

- Portrait du Docteur Rigal exposé en 1881 au Salon de Paris

- Louis IX soulageant les pauvres exposé au Salon des Artistes français en 1880 - Caligula assistant à une exécution exposé au Salon des Artistes français en 1882

- Portrait d’homme, Portrait de femme et Méditation, exposés au Musée des Augustins à Toulouse.

3.1.1.3.2. Son œuvre dans les murs de l’Ecole Vétérinaire de Toulouse [38], [85].

En 1926, M. Rachou, directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse évoque dans son discours aux obsèques d’Henry Loubat, que ce dernier a effectué de « très nombreuses et très

importantes aquarelles d’après nature, exécutées pour les archives de l’Ecole Vétérinaire de Toulouse ». Or, au terme de notre inventaire, seules 16 aquarelles ont été retrouvées.

Quinze d’entre elles correspondent à des pièces de zoologie puisqu’elles représentent des animaux souvent exotiques (Annexe 9, documents 13 et 14) et des animaux de rente visibles en France (Annexe 9, document 15). Mais Henri Loubat a peint des lésions macroscopiques d’anatomie pathologique comme celles caractéristiques de l’orf (Annexe 9, document 16). Mais il n’est pas seulement un dessinateur animalier, nous avons trouvé un des ses tableaux représentant la communauté vétérinaire à travers une représentation de Ferdinand Laulanié dans son laboratoire de l’Ecole Vétérinaire de Toulouse (Annexe 9, document 17). Cette oeuvre a été remise officiellement à la Municipalité d’Agen, le 19 octobre 1913 par l’école. Il est évident que l’œuvre de Loubat au sein de l’école ne se cantonne pas à ces quelques travaux, sans doute d’autres œuvres sont encore cachées ou alors ont été jetées, détruites ou volées à l’école. Ce phénomène que nous analyserons ultérieurement est en partie amputable au déménagement vers l’école des Capelles.

3.1.1.3.3. Contexte et symbolique [26], [44], [49], [90], [95].

Le fait que dans différentes chaires, nous trouvons des œuvres d’art d’un artiste peintre employé par l’école, nous conduit à nous demander les raisons de sa présence dans une institution destinée à l’apprentissage de l’art vétérinaire.

Compte tenu de la date de son entrée à l’école, la présence d’ouvrages d’Henry Loubat dans nos murs peut s’expliquer par plusieurs raisons.

Comme nous l’avons vu précédemment, 1879 est le début de la mise en place de la politique interventionniste dans le domaine artistique de la IIIe République qui subventionne l’art. L’Etat met donc des artistes à disposition d’institutions telles que les E.N.V.

Ces dernières sont demandeuses d’artistes pour qu’ils puissent mettre en image leur communauté qui partage un passé, des valeurs et des rêves communs et pour qu’elles puissent montrer des images de leur passé glorieux, de leurs découvertes scientifiques et de leur succès social dont elles sont fières.

L’E.N.V.T. ne déroge pas à la règle, et Henry Loubat a bénéficié de ce contexte. Il a peint pour elle des tableaux mettant en scène la grandeur de ses membres et la richesse de son savoir (Tableau de Ferdinand Laulanié dans son laboratoire, annexe 9, document 17).

Mais son travail ne s’arrête pas là, puisque nous avons trouvé plusieurs aquarelles représentant des animaux dits ‘exotiques’ (Buffle, Yack, Bœuf musqué, Dauw, Zébu…) et des maladies comme l’Orf. Ceci souligne que plusieurs de ses travaux servaient aussi à l’enseignement comme outils pédagogiques en zoologie, en anatomie pathologique ou médecine des animaux de rente et peut être même dans d’autres matières encore. Car depuis le XVIIIe siècle, la science fonde toute sa connaissance sur le sens de l’observation, et attache une importance à la description de la nature.

Entre 1880 et 1890, c’est le début de la démocratisation de la photographie, cette dernière n’a pas encore remplacé les dessins, les moulages et autres outils pédagogiques anciens. Par conséquent, à cette époque, les représentations de Loubat constituaient des outils pédagogiques de choix qui allaient par la suite devenir très vite obsolètes.

A partir de 1880 jusqu’à la fin de la IIIe République, grâce à la politique artistique de l’Etat et à la volonté de l’école de montrer ses succès au cours de l’épopée pasteurienne et ses valeurs par le biais des arts, l’art décoratif a persisté au sein de l’école, évoluant même vers des édifices plus imposant tels que des monuments commémoratifs.