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Partie II. L’informatisation de la conciliation médicamenteuse

I. Les données de santé

2. L’utilisation des normes et standards en santé

L’utilisation de standards en santé permet d’échanger et d’utiliser des informations provenant d’un autre système d’information.

Par exemple, si un hôpital détient les résultats d’examens biologiques concernant un patient, l’usage de standards permettra à un autre hôpital de pouvoir exploiter ces données évitant ainsi au patient de se soumettre à de nouveaux examens.

Par ailleurs, l’interopérabilité permet un gain économique puisque d’une part, certains examens ne sont pas répétées et d’autre part, les données transitant de manière électronique, une économie « papier » est réalisée.

Le non usage de standards a un impact sur la sécurité, l’efficience et le coût des soins. En effet, le manque d’informations lors de la prise en charge du patient peut engendrer un séjour hospitalier plus coûteux par l’instauration d’une thérapeutique plus complexe et plus chère par exemple.

La maintenabilité des différents systèmes et logiciels équipant les établissements de santé entraîne un coût financier et humain non négligeable si les systèmes ne bénéficient pas d’un protocole commun pour communiquer.

Les figures suivantes illustrent le coût de cette maintenabilité. Lorsque des systèmes ne sont pas interopérables, le nombre d’interfaces à développer est d’autant plus grand que le nombre de systèmes à faire communiquer est grand. Pour faire communiquer 6 systèmes, 30 interfaces (6*5) sont à développer et à maintenir (cf. Figure 9). En revanche, lorsque les logiciels bénéficient d’un protocole commun pour communiquer, le nombre d’interface à développer et à maintenir est égal au nombre de système à faire communiquer (cf. Figure 10).

Figure 9 : Limites de l’interfaçage des systèmes, d’après une présentation du Docteur Jean-

Charles Dufour, (126).

Figure 10 : Avantages d’un protocole commun, d’après une présentation du Docteur Jean-

De nombreuses organisations promeuvent et développent des standards et des normes afin de favoriser le développement de logiciels interopérables.

Health Level Seven (HL7) est une organisation importante lorsque l’interopérabilité des systèmes en santé entre en jeu. Elle décrit notamment des spécifications et crée des standards internationaux. Cette organisation est connue pour développer un standard de messagerie permettant aux établissements de santé d’échanger des données cliniques et administratives au niveau intra-hospitalier et inter-hospitalier.

Cependant, HL7 ne développe pas de logiciels permettant de rendre les systèmes d’informations en santé interopérables mais décrit des spécifications permettant ensuite aux entreprises spécialisées dans le secteur de l’informatique médicale de rendre leurs applications interopérables (127).

Comme évoqué précédemment, l’absence de standardisation rend difficile l’exploitation de données issues de différents systèmes d’informations. Dans le domaine du médicament, cette absence d’interopérabilité se traduit par une absence de standardisation dans la dénomination des médicaments et dans les codes qui leur sont associés. Pour un même médicament, le nom enregistré peut être le nom de marque ou le nom du principe actif dans le cas d’un médicament générique. De plus, chaque système d’information peut intégrer diverses classifications médicamenteuses qui suivent la plupart du temps des normes et standards qui sont leurs sont propres.

La Figure 11 illustre ce problème d’identification des informations médicamenteuses au sein des systèmes d’information. Les problèmes de nommage conduisent notamment à ce que les systèmes d’aide à la décision ne reconnaissent pas des synonymes parmi les noms de médicaments et les noms des principes actifs qui rentrent dans leur composition.

De plus, les ressources issues des instances en charge du contrôle des médicaments tels que l’ANSM sont sous-exploitées, les informations médicamenteuses sur internet sont de qualité variable et les ressources de qualité sont parfois difficiles d’accès.

Tous ces obstacles font que les données médicales dont ont besoin les systèmes d’aide à la décision sont difficiles à obtenir. Outre, l’obtention des données, la question de la mise à jour se pose puisqu’il faut pouvoir à la fois récupérer et modifier les données sans en dénaturer le contenu ni le sens.

Les fonctions d’aide à la décision sont également limitées par la multiplication des terminologies médicales qui ne sont pas interopérables entre elles. Le « mapping » de terminologies, c’est-à-dire la liaison de différentes terminologies entre elles, constitue la solution la plus souvent adoptée par les systèmes d’information hospitaliers. Cependant, cette activité de liaison de différentes terminologies peut conduire à divers écueils comme la perte d’information ou encore la modification du sens de l’information.

De plus, les mises à jour que proposent parfois les éditeurs de logiciels n’assurent pas une rétrocompatibilité entre les versions déjà existantes. Plus concrètement, les informations médicales contenues dans différentes versions d’un logiciel existant peuvent ne plus pouvoir communiquer ensemble voire ne plus être accessibles par la version la plus récente du logiciel. Ce type d’écueil oblige alors l’utilisateur à devoir travailler avec deux interfaces d’un même logiciel.

Pour répondre à la problématique du manque d’harmonisation entre les nommages de médicament, la National Library of Medicine (NLM) a développé un système appelé RxNorm.

RxNorm fait partie d’un ensemble plus vaste de fichiers et logiciels appelé l’UMLS (Unified Medical Language System). Il constitue un système regroupant la plupart des terminologies médicales et biomédicales utilisées dans le domaine de la santé ainsi que les standards pour permettre une interopérabilité entre les systèmes d’information.

La Figure 12 illustre les relations qui existent entre le nom de marque d’un médicament (Zyrtec®) et le nom du principe actif (Cétirizine). Sur cette figure, chaque encadré représente un concept médical de l’UMLS et les flèches reliant deux encadrés représentent la relation qui existe entre eux. Par exemple, la Cétirizine est un ingrédient (« ingredient of ») du médicament Cétirizine 5 mg. Ces relations permettent ainsi aux divers logiciels composant le système d’information de pouvoir communiquer entre eux par l’intermédiaire des noms de traitements.

Figure 12 : Concepts UMLS (Unified Medical Language System) et relations entre les concepts, d’après Porcelli et al., 2010, (128).

La problématique d’utilisation et de sécurisation des données de santé ainsi que la notion d’interopérabilité sont des domaines à prendre en compte lorsqu’un processus doit être informatisé.

III. Les moyens de mise en œuvre d’un outil d’aide à la