• Aucun résultat trouvé

L'OVIBOS MUSQUÉ

Dans le document QUARANTE-UNIÈME ANNÉE (Page 156-162)

(Nouvelle acquisition du musée d'histoire naturelle de Fribourg)

Notre musée d'histoire naturelle a fait en 1906 l'acqui-sition d'un superbe bœuf musqué mâle provenant du Groenland. L'excellente reproduction que nous donnons de cet individu nous dispense d'en faire une description détaillée J il nous suffira de dire que ce genre semble établir une transition entre le mouton et le bœuf; c'est pour cela que les naturalistes en ont fait un genre à part dont le nom Ovibos rappelle bien le type de passage dont nous venons de parler.

Notre individu est tout à fait adulte et en pelage d'hiver, aussi a-t-il une longueur de 2 m. et une hau-teur au garrot de 1,23 m., pendant que ses cornes mesu-rent 0,62 m., en suivant la courbure. Les exemplaires aussi grands sont plutôt rares dans les musées.

On peut dire aujourd'hui que l'ovibos se trouve dans les deux continents dans le voisinage du cercle polaire alors qu'autrefois on ne le connaissait qu'en Amérique.

Les premiers explorateurs du Nouveau-Monde ont déjà parlé de cet animal. L'Espagnol Gomara, historien du XVI""= siècle, dit que dans le royaume de Guirira, qu'il place au nord du Mexique, il existe & des moutons à longue toiisonde la taille d'un cheval, qui ont une queue très courte, mais des cornes démesurément grandes. »

Cet animal ne peut être que le bœuf musqué et il est assez curieux que les conquérants du Mexique aient pu avoir connaissance d'un animal qu'on n'a jamais ren-contré au Sud du 61° parallèle. Il faut que les anciens

59

o

6o

Américains aient eu des connaissances très étendues et aient parlé aux Espagnols de cet intéressant bovidé.

L'ovibos vit en troupeaux de vingt à vingt-cinq indi-vidus dans ces steppes marécageuses, parsemées de petits étangs, que Ton nomme tundra en Sibérie. Ils occupent de préférence les petits monticules qui s'élèvent comme des îles au milieu des marais.

Leur toison épaisse les protège contre les rigueurs du froid et leur permet de vivre au Groenland et à l'île de Melville

En été l'ovibos se nourrit des herbes du marais, pen-dant l'hiver il se contente de lichens.

Il n'y a guère plus de deux ou trois mâles dans chaque troupeau, ils se livrent parfois des combats si violents que ceux-ci se terminent d'ordinaire par la mort du vaincu.

Malgré leur lourdeur apparente, ils sont très lestes, grimpent sur les rochers comme les chèvres et sautent adroitement d'une roche à l'autre.

Ils sont moins vigilants que les autres bovidés et les chasseurs peuvent facilement les approcher en se tenant sous leur vent. Mais lorsqu'ils sont blessés, ils deviennent furieux et se précipitent sur les chasseurs qui doivent se garer de leurs cornes aiguës, ce qui n'empêche pas les Esquimaux de les chasser à la lance.

La viande du mâle sent fortement le musc, celle de la vache et du veau n'a pas cette odeurei- les Européens la mangent pendant qu'ils laissent la première aux

Esqui-maux dont le palais est moins délicat. . Les Indiens et les Esquimaux estiment beaucoup la laine et les poils pour en faire des perruques, ils confec-tionnent des chasse-mouches avec la queue et des chaus-sures avec le cuir. M. M.

C O N V E R S A T I O N

A V E C U N V I E U X C H Ê N E

(Qesse Szeptycka, traduit du polonais par MUo de Jundzill.)

— (( Chêne, mon vieux chêne, dis-moi, qu'as-tu vu quand tu étais jeune ? ».

— « Quand j'étais jeune ?.... C'est lointain, que c'est lomtain !... A peine si je m'en souviens... Parfois je crois sentir de nouveau le parfum des premières fleurs qui me sourirent, le premier regard des étoiles, le pre-mier rayon de soleil qui m'effleurèrent. Je me rappelle à mes pieds le nid de rossignols enfoui dans le buisson d'aubépines et au dessus de moi, le vol gracieux de l'alouette... Des essaims de rêves brillants et jeunes s'échappaient du bruissement de mon teuillage, et j'étais heureux du sourire innocent de la prairie... Je sais que j'aimais l'espièglerie de l'enfance, la vaillance de la jeunesse, la foi des savants, la grande paix de la vieillesse. »

— « Et plus tard quand tu grandis, beau chêne, qu'as-tu vu ? dis le moi encore ! »

— « Quand j'eus grandi, il me sembla voir, par dessus monts et abimes. tout l'univers. J'étais fier, parce que l'aquilon agitait ma jeune couronne de ver-dure-où les oiseaux venaient gazouiller. Je voyais tour à tour les mystérieuses ténèbres de l'orage, la foudre frappant les cîmes, l'ardente chaleur de l'été brûlant les faibles plantes et les impitoyables glaces de l'hiver qui prennent aux vieillards la vie, aux pauvres la santé, qui arrachent aux enfants leur mère, aux parents leurs

— 62 —

fils J'entendais monter la colère du monde comme une vague-impure vers le saint trésor de l'innocence, le mal et le péché répondre aux malédictions par un rican-nement. Je voyais enseigner le mensonge aux enfants, le scepticisme aux jeunes gens, j'entendais le blasphème et la débauche prêches par les sages et les vieillards. »

— « E t après?... quand de ta cime tu atteignis le ciel, qu'as-tu vu ? dis-moi, dis-le moi encore, mon vieux chêne ! »

— « Je n'atteignis et n'atteindrai jamais le ciel, mais en le contemplant d'avantage et plus souvent, j'ai mieux compris la terre... Je l'ai vue purifiée par les eaux de la tempête, apaisée par les doux rayons du soleil couchant, couronnée par les fleurs sauvées de l'orage. Alors mes propres rameaux se trouvaient débarassés de leurs bran-ches sèbran-ches, et mes racines se sentaient fortifiées. J'a-percevais des croix élevées sur les ruines..., la prière des enfants obtenait le ciel aux hommes pécheurs, les haines disparaissaient sous l'influence du malheur, de jeunes existences se consacraient à Dieu et la puissance même de l'esprit devenait soumise à l'humilité de l'a-mour... J'entendais annoncer la doctrine du Christ aux humbles, accorder le pardon aux criminels, je voyais défiler la longue théorie des enfants de Dieu, les fidèles qui portent l'étendard de la foi au-dessus des fanges terrestres et le préfèrent à tous les trésors, jusqu'à leur dernier soufBe, jusqu'à leur dernier regard jeté vers le ciel. »

— « Et maintenant, vénérable chêne... maintenant que la décrépitude atteint ton cœur et que la vie anime seule ta vieille couronne de verdure tout là-haut, vois-tu encore quelque chose, dis-le ? »

— « Mes feuilles tremblent dans la grande lumière du ciel, et il m'est difficile de distinguer la terre... Je

^ 63

-vois seulement l'inépuisable trésor de la Bonté divine, l'inscrutable sagesse de la Puissance qui régit le ciel et la terre et règle toutes choses avec mesure, avec nombre et avec poids... Je vois autour de la croix du Golgotha se dresser d'autres croix plus nombreuses que les idoles et les veaux d'or..., je vois les torrents de grâces obte-nues par les larmes des innocents et le sang des martyrs s'épancher sur l'humanité et couvrir la laideur du péché.

Des milliers de pures offrandes font pencher la balance de l'éternelle Justice... Et mes feuilles vibrent de la pulsation de l'éternité. Mais sans crainte dans le cœur, venu de terre, je m'effondrerai vers la terre et heureux serai-je, si de mon bois on taille une croix, si ma cou-ronne réduite en poussière s'anéantit devant le Seigneur.

Pourvu qu'au delà de la croix, au delà de la couronne, le chœur éternel des anges retentisse toujours plus sonore :

— c( Saint, saint, saint le Seigneur Dieu des Armées, les Cieux et la Terre sont remplis de sa gloire. »

L e s R a y o n s X .

Lapurée est allé consulter le docteur Globule qui l'examine aux rayons X. Tout à coup le praticien arrête net son investigation :

— Monsieur, dit-il à son patient, je me vois forcé de suspendre la consultation, l'inspection de votre porte-monnaie me révèle que vous n'avez sur vous que trois francs ; or, le prix de la séance est de vingt francs.

O n t p e p a p a s .

Il ne faut jamais contrarier les goûts des enfants pour le choix d'une carrière. Ainsi, moi, j'ai un fils qui prétendait avoir la voca-tion des planches. — Alors, vous l'avez mis au théâtre? — Non, il est charpentier.

64

Dans le document QUARANTE-UNIÈME ANNÉE (Page 156-162)

Documents relatifs