• Aucun résultat trouvé

5. Dimensions essentielles d'une problématique de la différenciation du curriculum

5.3 Troisième dimension : Exploration personnelle et professionnelle plus précoce dans la

5.3.3 L'orientation professionnelle dans les écoles au Québec

a) Un discours et des recommandations proposant le concept d'école «orientante»

Depuis plusieurs années, divers organismes ou groupes de travail ont attiré l'attention sur l'importance des démarches d'orientation professionnelle chez les jeunes d'âge scolaire (mais

aussi chez les adultes), dans une perspective de prise de conscience de soi, de connaissance pratique des métiers, des professions et du marché du travail, et de formation tout au long de la vie. La plupart de ces groupes et organismes tentent d'établir des liens directs entre les activités régulières d'apprentissage et la démarche d'orientation.

Le Conseil supérieur de l'éducation, dans son rapport annuel 1988-198923 recommandait que tous ceux qui entourent un élève partagent la responsabilité de soutenir son cheminement scolaire et professionnel : enseignants, pairs, direction, professionnels et parents.

Le Rapport Pagé de 199524 consacre une section à l'orientation scolaire et professionnelle au secondaire. On y trouve trois recommandations sur le sujet axées :

– sur la mise en place de l'école «orientante» pour laquelle une dizaine d'activités sont proposées,

– sur l'instauration d'un plan individuel de formation (le PIF) commencé par chaque élève dès la première secondaire et complété progressivement tout au long de sa formation,

– sur la formation continue du personnel de l'école appelé à aider les élèves dans leur démarche d'exploration personnelle et professionnelle «qui s'étend de la fin du

primaire jusqu'à la fin des études secondaires et parfois davantage».

La Commission des États généraux sur l'éducation25, en 1995-1996, affirme elle aussi que «l'établissement scolaire doit accorder une attention particulière au soutien à l'orientation des élèves». Elle présente la diversification des options dans tous les domaines d'études comme «une occasion, pour les élèves, de préciser leurs goûts, de développer leurs aptitudes et de faire des choix professionnels autrement que sous la

seule pression des préalables des programmes du collégial». Tout en soulignant que

«l'orientation ne peut être un processus strictement scolaire et se forge également par des contacts significatifs avec la réalité de divers milieux sociaux et professionnels et par l'application graduelle de ses compétences à l'extérieur du milieu scolaire», la Commission propose «que l'école soit elle-même "orientante" par des activités qui permettent l'acquisition de bonnes méthodes de travail et par l'apprentissage autonome».

23 Conseil supérieur de l'éducation, L'Orientation scolaire et professionnelle : par-delà les influences, un cheminement

personnel, Québec, 1989.

24

Groupe de travail sur la relance de la formation professionnelle des jeunes au secondaire et de la formation technique, La Formation professionnelle chez les jeunes : un défi à relever, Rapport Pagé, Ministère de l'Éducation, août 1995.

25

L'Ordre professionnel des conseillers et des conseillères d'orientation, dans deux mémoires présentés en 1993 à la ministre de l'Éducation et en 1996 à la Commission des États généraux sur l'éducation26, insiste sur deux points. D'abord l'importance que «l'engagement et la conscience du personnel de l'école face à sa mission orientante ne s'arrêtent pas à une perspective strictement académique». Puis la nécessité que «l'orientation d'un individu, tant dans sa vie personnelle que dans sa vie professionnelle, s'appuie sur une identité personnelle bien construite […] Cette formation de l'identité fait partie du rôle formateur essentiel de l'école et relève de tous les professeurs et de tous les professionnels qui interviennent auprès des élèves». Car «c'est aussi à l'occasion des

activités destinées à l'acquisition de savoirs que la formation de l'identité des élèves se réalisera».

Le Rapport Inchauspé de 199727 relie la mission d'orientation à la mission de qualification de l'école. Il souligne que l'école devra «prendre plus résolument et de façon beaucoup

plus concertée, des mesures pour que l'information scolaire et professionnelle et

l'orientation des élèves soient mieux intégrées à l'ensemble des activités de l'école et permettent le cheminement individuel de chaque élève dans ses choix scolaires et vocationnels».

Le rapport recommande, lui aussi, «que l'information scolaire et professionnelle soit réellement vécue dans l'école de manière transversale et que tous les enseignants et les

enseignantes apportent leur contribution et intègrent dans leur enseignement, à

l'occasion, des activités d'apprentissage qui aident l'élève à élargir ses connaissances du marché du travail». (p. 59) L'information scolaire et professionnelle devient donc une

compétence transversale explicitée par quelques contenus et ayant comme point d'ancrage les activités organisées par l'école (Annexe 3).

Le rapport reprend les principales recommandations du Rapport Pagé concernant les activités à réaliser : élaboration d'un plan individuel de formation (PIF) que l'élève mettra à jour et complètera tout au long de sa formation, et plusieurs autres. Il recommande aussi que l'école «encadre l'élève dans sa démarche d'information et d'orientation et mette à sa disposition les ressources nécessaires à son parcours scolaire, avec un temps fort tout

au long du premier cycle du secondaire». (p. 58)

Pour réaliser cela, le rapport recommande que les «récupérations» issues de l'abolition de certaines matières «continuent d'être consacrées à l'effectif enseignant et qu'elles soient affectées (entre autres choses) à l'encadrement des élèves pour les activités organisées par l'école en information scolaire et professionnelle». (p. 114)

26

Ordre professionnel des conseillers et conseillères d'orientation du Québec, L'École orientante, Mémoire présenté à la Commission des États généraux sur l'éducation, septembre 1996, p. 3.

27

Groupe de travail sur le curriculum, Réaffirmer l'école, Ministère de l'Éducation, Québec, 1997, p. 38-39, 58-59, 114, 127-128.

b) Une volonté ministérielle d'implanter l'école orientante, affirmée mais encore en début

de concrétisation dans les écoles

Le Plan d'action ministériel pour la réforme de l'éducation28 de 1997 traite de l'orientation scolaire et professionnelle dans deux sections.

– Dans la section Intensifier la réforme de la formation professionnelle et technique, il est dit que «le Ministère demandera aux établissements d'enseignement de veiller à ce que les élèves aient accès à l'information nécessaire relativement aux métiers et professions, et à des activités d'exploration professionnelle (Volet 3 du programme expérimental) qui facilitent leur orientation scolaire et professionnelle» (p. 32).

– Dans la section Soutenir l'école montréalaise, le Plan d'intervention pour la formation professionnelle, convenu avec l'ensemble des commissions scolaires de l'Île, prévoit cinq volets, dont :

Ÿ «de l'information sur la formation professionnelle, notamment sur les différentes voies d'accès et sur les métiers qui présentent les meilleures perspectives d'emploi; Ÿ des mesures pour inciter les commissions scolaires à mettre en œuvre des activités

d'exploration professionnelle dès la 1re secondaire». (p. 25)

La Table régionale de concertation secondaire/collégial de l'Île de Montréal, formée des directeurs généraux, gère cette mesure qui a permis d'embaucher une personne-ressource chargée d'aider les écoles à concrétiser l'idée d'école orientante, et qui donne aux écoles 15 000 $ sur deux ans, sur présentation de projets29.

L'Énoncé de politique éducative30 de 1997, pour sa part, ne mentionne qu'une fois la question de l'orientation : «Il est temps d'accorder une attention plus soutenue à l'orientation des élèves.»

La Commission des programmes d'études31, en 1998, fait de l'Orientation personnelle et professionnelle-Entrepreneurship l'un des six thèmes transversaux à plusieurs disciplines, qui devra être pris en compte dans l'élaboration des nouveaux programmes d'études.

28 Ministère de l'Éducation, Prendre le virage du succès, Plan d'action ministériel pour la réforme de l'éducation, 1997,

p. 25 et 32.

29

Mado Desforges, L'École orientante : du concept à la réalité, Table régionale de concertation secondaire/collégial de l'Île de Montréal, février 1998.

30 Ministère de l'Éducation, L'École, tout un programme, Énoncé de politique éducative, 1997, p. 9.

31 Commission des programmes d'études, Orientations et encadrements pour l'établissement du programme de

5.4

5.4 Quatrième dimensionQuatrième dimension : Réaménagement de l’organisation pédagogique : Réaménagement de l’organisation pédagogique

et administrative en fonction de la différenciation des cursus et

et administrative en fonction de la différenciation des cursus et

des parcours scolaires des élèves

des parcours scolaires des élèves

Quatrième défi : Accepter de modifier l’organisation scolaire pour qu’elle corresponde aux exigences pédagogiques de la différenciation

Il s’agit là d’un défi majeur qui oblige à «sortir des conservatismes pédagogiques et gestionnaires», car c’est très souvent l’organisation même du travail pédagogique qui produit l’échec scolaire.

5.4.1 Exigences pédagogiques posées au personnel scolaire et aux établissements

Documents relatifs