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III. RESULTATS

III.3. STRATEGIE DE PRISE EN CHARGE

III.3.4. L’organisation d’un écrit autour des différents acteurs participant à la

Tout d’abord, une des stratégies chez 10 médecins interviewés dans notre étude était de connaître certains organismes intervenants dans les situations d’enfants en danger. Cela permettait une simplicité dans la procédure de protection.

6 des 10 médecins avaient identifié la PMI (Protection Maternelle et Infantile) comme intervenant principal et se tournaient vers elle pour les procédures administratives : « Appeler

68 D’autant plus si la famille était déjà suivie par la PMI : « J'ai rappelé la PMI mais en fait ils

étaient connus et ils avaient même le juge des enfants qui était déjà sur leur dos » (Médecin

14).

3 médecins ont aussi évoqué les instances judiciaires comme le procureur et le greffier :

« J'appelle le tribunal et je demande :"Qui est le procureur de garde ? " » (Médecin 5) ; « J'avais eu le greffier il y avait une ordonnance de placement provisoire le lendemain de mon appel » (Médecin 7) lors d’une situation d’une maman épileptique avec une mauvaise

observance thérapeutique et qui laissait seul son enfant en bas âge au domicile.

Le CASA (Centre d’Accueil Spécialisé pour les Agressions) a été cité par 3 médecins lors de

situations d’abus sexuels supérieurs à 72 heures : « J’ai fait un courrier quand même pour les

adresser au CASA en mettant ce que j’avais pu avoir comme connaissance des faits » (Médecin

10) ; « Je l’ai examiné, j’ai appelé le CASA » (Médecin 15).

1 médecin a fait appel à la brigade des mineurs dans un contexte d’agression sexuelle chez une enfant de 10 ans par un ami de son frère âgé de 25 ans : « J'ai appelé la brigade des mineurs

(…) et heureusement il était 17 heures j'ai pu avoir du monde » (Médecin 15).

Parmi ces 10 médecins, seuls 6 connaissaient la cellule de recueil des informations

préoccupantes (CRIP). Celle-ci avait été connue de différentes façons : pendant leurs études,

en stage en PMI ou lors de réunion avec le CMPP. Ces médecins avaient eu le réflexe de noter les coordonnées de la CRIP dans leur annuaire personnel.

Concernant le 119, seul un médecin connaissait le numéro. A noter, cependant, que la question n’avait pas été posée aux 6 médecins connaissant déjà la CRIP.

Notre étude a révélé un élément important. La majorité des médecins, même s’ils n’avaient pas connaissance des organismes intervenants, demandait de l’aide pour optimiser la prise en charge dans les situations de maltraitance infantile.

Cette aide pouvait être demandée soit par le biais de réseaux (Assistante sociale, CMP, pédopsychiatre, amis) : « Moi je connais une assistante sociale donc je pourrais l'appeler (…)

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« J'ai une copine qui est médecin en PMI et une copine qui est psychologue avec les autistes. Donc, dans ces moments-là, j'appelle au secours mes copines, je leur raconte mes histoires et elles me conseillent (Rires) » (Médecin 14), soit auprès d’autres spécialistes.

Par exemple une gynécologue pédiatrique dans le cadre de doute sur une enfant de 5 ans faisant des vulvites à répétition avec une inflammation locale importante ayant abouti finalement au diagnostic de lichen (Médecin 6).

En dernier recours, deux médecins interviewés évoquaient les urgences pédiatriques : « Et si

vraiment j'arrive à avoir personne, j'oriente vers les urgences pédiatriques » (Médecin 10).

L’exercice en cabinet de groupe ou en maison de santé présente l’avantage (selon les médecins interrogés) de pouvoir demander de l’aide à leurs collègues ayant déjà réalisé des signalements :

« J'en ai parlé avec X. (deux collègues) c'est qu'en fait j'essayais de me tourner vers des gens qui l'avaient déjà fait » (Médecin 11). Il permet également un avis pluridisciplinaire : « L'avantage comme on est nombreux c'est vrai que certains nous disent :"et là, tu ferais quoi ? " » (Médecin 7).

Bénéficier d’un interlocuteur privilégié, comme par exemple le médecin traitant de l’enfant au sein du même cabinet a permis, à un médecin, un avis avant de faire l’information préoccupante. Celui-ci concernait une situation de maltraitance avérée, suite aux allégations d’une maman évoquant des violences physiques de son mari envers elle-même et ses filles : « J'ai demandé à

mon collègue qui suit les enfants s’il avait vu des choses donc non il voyait les enfants qui étaient toujours amenés par leur père, ça se passait bien, ils étaient suivis correctement donc voilà il n'avait pas vu de signes particuliers » (Médecin 8).

En effet, la moitié des médecins généralistes de notre étude évoquaient l’importance de la pluridisciplinarité dans les situations d’enfants en danger : « La réunion avec le CMPP où la

cellule elle avait été évoquée en disant qu'il fallait les alerter si cela ne s'améliorait pas. Et c'est ce qu'on a fait » (Médecin 7).

Devant une situation de danger persistante ou une modification de celle-ci, 4 médecins interrogés ont été amenés à multiplier les informations préoccupantes.

70 Premièrement dans le cadre de situations de maltraitance d’enfants qui persistaient malgré

une première information préoccupante : « J'ai refait le signalement. Parce que le premier

finalement il y avait eu une enquête et après plus rien et là a priori ça a donné quelque chose »

(Médecin 8) ; « J'aurais fait un autre signalement sauf qu'entre-temps l'enquête a finalement

avancé et que l'éducatrice nous a dit que voilà il y avait des jugements qui arrivaient, qu'il n'y avait pas besoin d'un autre signalement (…) les enfants allaient être placés » (Médecin 11).

Deuxièmement, lors de changements de situation familiale avec persistance ou changement du type de maltraitance : « J'ai fait un signalement une première fois qui a abouti du coup à

une enquête sociale. Euh j'ai fait un signalement une deuxième fois deux ans après, parce que, ils étaient séparés entre-temps les parents et il y avait à priori des violences physiques cette fois-ci de la part de la mère » (Médecin 8).

Dernièrement, il a pu être noté que 5 médecins de notre étude avaient connaissance de la différence entre une information préoccupante et un signalement. En effet, par abus de langage, le signalement englobe les 2 types de procédures pour la plupart des médecins généralistes :

« Je sais que tu peux signaler au procureur directement quand il y a l'enfant qui est en danger immédiat. (…) Mais c'est vrai que par abus de langage on dit tous signalement alors que c'est plutôt une information préoccupante » (Médecin 6).