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L’observation : explorer le champ des possibles

Partie 3 : De l’auto-organisation du stationnement en double file niçois

1 L’adaptation de l’usager à un contexte particulier

1.1 L’observation : explorer le champ des possibles

Afin de se familiariser avec la ville, mais aussi dans le but de comprendre la pratique du stationnement en double file et son organisation, il a fallu sillonner la ville, et notre périmètre d’étude. Rappelons que ce périmètre d’étude a été défini a priori. En effet, nous ne nous proposons pas ici de faire l’analyse de l’ensemble de la commune en matière de stationnement illégal, mais de nous concentrer sur un territoire précisément délimité. Cette délimitation fait suite aux conseils et observations antérieurs à la mise en place de ce travail. Par ailleurs, il se trouve que notre périmètre d’étude concentre le phénomène de stationnement en double file, notre sujet d’étude. En effet, il y a

De l’auto-organisation du stationnement en double file niçois

67 une corrélation entre possibilités de stationnement et stationnement en double file. Notre zone d’étude présente les caractéristiques propices à l’apparition de ce stationnement illégal. Nous avons donc arpenté ce périmètre pour tenter de dresser un profil, le plus objectif possible, de la situation. Ce profil s’appuie sur des observations de fait, mais aussi sur une perception de « l’ambiance » de la ville, et de la situation du stationnement. Pour se confronter réellement à la situation niçoise, c’est d’abord en voiture puis à pied que nous avons arpenté la ville. Ces observations ont été effectuées au début du mois de mars 2012.

Quant à la ville dans sa globalité, nous avons pu constater la très grande emprise de l’automobile sur cette dernière. La circulation très dense, ainsi que la présence de voitures garées (en double file notamment), dans les petites rues mais également sur les grands axes tels que le boulevard Gambetta, rendent le déplacement en auto compliqué, voir périlleux. Les possibilités de stationnement s’amoindrissent vers le littoral. Cependant, se garer à Nice, même au-delà de notre périmètre d’étude reste délicat. Tout espace en bordure de trottoir, voir le trottoir, se transforme en emplacement de stationnement plus ou moins formel. Ainsi dans certaines rues, stationner sur un emplacement de bus, un passage piétons, un emplacement de livraison ou pour personne à mobilité réduite est considéré comme normal et anodin. Ajoutons à cela les bus et deux roues qui s’intègrent à la circulation relativement chaotique, et qui semblent jouir d’une certaine priorité sur les automobilistes. Les courageux (voir téméraires) cyclistes doivent se contenter de pistes cyclables délimitées graphiquement sur la chaussée et très souvent encombrées par des voitures en stationnement. Ce stationnement anarchique sur des espaces non prévus à cet effet tend à augmenter la dangerosité de la circulation motorisée pour les piétons et les cyclistes. Les voitures en stationnement sont des obstacles à la bonne visibilité. Circuler en voiture à Nice n’est donc pas chose aisée, malgré l’adaptation de la voirie à ce mode de déplacement. Mais n’est-ce pas le lot de toute grande ville ?

Suite à cette expérience motorisée, il s’avère que l’observation de la situation du stationnement en double file est plus simple (voir plus sûre…) en se déplaçant à pied. Partant de cette constatation nous avons pu constater de manière paradoxale la véritable ampleur de la problématique de stationnement, même si avoir dû se garer à Nice constitue une première approche très représentative de la situation. Nous avons également pu parler avec des usagers du stationnement en double file. Ceci nous a permis d’affiner la définition de nos hypothèses, voir d’en formuler de nouvelles. Ces « mini-entretiens », durant entre 3 et 5 minutes, totalement libres, nous s’avéreront être une précieuse mine d’information plus « qualitative » et nous permettrons d’affiner, voir de nuancer nos résultats quantitatifs.

Nous nous sommes donc accordés pour dire que le stationnement en double file concerne particulièrement certains secteurs. Ce type de stationnement ne semble pas être plus ou moins présent à un certain moment de la journée ou de la nuit cependant une enquête d’une plus grande ampleur pourrait révéler des dynamiques temporelles plus subtiles que nous ne sommes pas en mesure de mettre en lumière par rapport aux contraintes techniques de notre enquête. Les motifs de stationnement en double file semblent pouvoir être classés en plusieurs catégories, de la même façon que les motifs de stationnement légaux, et pourraient déterminer un profil d’usagers. D’abord les « travailleurs », commerçants de certains quartiers et artisans qui sillonnent la ville, ensuite les « consommateurs », garés en double file le temps d’une course ou d’un dîner au restaurant, les « résidents » qui ne trouvent pas de place à proximité de leur domicile, et enfin les « soignants »,

Troisième partie

68 médecins, infirmiers, kinésithérapeutes dont le stationnement en double file semble toléré par la municipalité du moins.

Cette période d’observation nous a permis de mettre en place la récupération des données quantitatives et qualitatives. Les données quantitatives seront récoltées grâce à un questionnaire, les données qualitatives grâce à des entretiens semi-directifs auprès de représentants de l’institution. Au moment de notre présence sur le terrain, en mars 2012, le protocole d’enquête est établi mais la finalisation de notre questionnaire et des grilles d’entretiens ne le sont pas et ce malgré nos recherches bibliographiques sur le sujet. En effet, nous avons dû prendre en compte un paramètre indépendant de notre volonté. Ainsi la vidéo verbalisation se présente comme une mise en place d’une solution au problème de stationnement en double file par la mairie niçoise. Ce dispositif a été conçu pour verbaliser exclusivement les véhicules garés en double file afin de rendre plus fluide la circulation. (Nous aurons l’occasion de revenir sur ce dispositif.)

Nous nous sommes donc rendus sur le terrain avec une certaine appréhension. Cependant, nous avons constaté que le stationnement en double file à Nice est encore fortement présent. Nous avons pu également constater une première spatialisation du phénomène qui a permis d’orienter la suite de notre étude de terrain. Il s’avère qu’au sein de notre périmètre d’étude, certains secteurs semblent être plus propices au stationnement en double file. Nous constatons que le quartier Riquier et le quartier du Port sont les plus dotés en stationnement en double file. Ce ressenti sera très vite confirmé par des comptages de véhicules. Il s’agit à présent d’interroger les principaux intéressés afin d’analyser la pratique du stationnement en double file.