• Aucun résultat trouvé

l'internationalisme socialiste dans les années trente

Introduction

La victoire à Teruel au tournant de 1938 et la reconstitution de l'UGT placent le gouvernement républicain dans une position morale et stratégique des plus favorable. De surcroît, la première moitié de l'année connaît un nouvel affermissement de la posture de la France et de l'Angleterre face à l'expansionnisme allemand et italien, plus précisément en Espagne et en Tchécoslovaquie. Pour leur part, les Internationales adoptent la résolution la plus forte de la décennie.

En revanche, la question espagnole disparaît progressivement de la une pour se diluer dans la crise globale de la sécurité collective. L'agonie de l'ordre de Versailles renforce d'ailleurs le penchant isolationniste des oslosocialistes. Ce mouvement de repli national inquiète fortement les socialistes espagnols qui n'ont certes pas l'intention de connaître le sort de la Chine, de l'Autriche, de l’Abyssinie et encore moins celui réservé à la Tchécoslovaquie à l'automne 1938. Le socialisme international est l'un des derniers canaux diplomatiques à leur disposition et ils entendent l'utiliser et le maintenir en fonction.

Ainsi, le PSOE propose derechef la fondation de l'union interparlementaire socialiste et, en compagnie de Nenni, plaide pour un congrès de l'IOS – le dernier ayant eu lieu en 1933 – pour faire le point sur les positions et stratégies du mouvement. Ces requêtes se butent à l'opposition des socialistes scandinaves, qui, par leur posture neutraliste en matière de politique européenne, choisissent plutôt de diminuer leur activité internationale.

Réunie à Oslo, la FSI traite de « la lutte contre la guerre, la réaction et le fascisme ». Jouhaux y fait le bilan des positions du mouvement syndical puis suggère un embargo rigoureux imposé aux puissances fascistes, à l'instar de ce qui fut réalisé avec plus ou moins de succès durant l'affaire abyssine. Cette dernière proposition est écartée.

Les reculs successifs n'empêchent cependant pas l'affermissement des positions des Internationales qui font du printemps 1938 un point culminant de l'internationalisme socialiste en cette sombre décennie. D'une part, Blum revient brièvement au pouvoir et voudrait sommer l'Allemagne de quitter la péninsule ibérique. D'autre part, en vertu des efforts conjugués des délégués espagnols et anglais, les Internationales adoptent la résolution la plus forte et la plus éclairée de la décennie. Il est à noter que nous étudierons plus loin les conséquences de cette résolution sur les débats au sein du mouvement belge.

Toujours est-il que le printemps 1938 ne dure que « l'instant d'un matin », car le sursaut de combativité s'épuise avec la chute du cabinet Blum. En avril, tandis que la zone républicaine est sur le point d'être scindée par l'armée rebelle, Negrin envoie le général autrichien Julius Deutsch s'enquérir auprès des cadres des mouvements anglais et français des possibilités d'obtenir de l'armement lourd. Malgré un entretien peu concluant, les républicains reprendront espoir en raison de l'attitude intransigeante des démocraties face aux prétentions hitlériennes sur la Tchécoslovaquie. Qui plus est, la frontière pyrénéenne restée ouverte permet de stocker des armes en vue d'une opération majeure : l'offensive de l'Èbre. De leur côté, les Internationales vont enjoindre les démocraties à maintenir cet esprit de résistance à l'égard de l'Allemagne et de l'Italie tout en priant le remplaçant de Blum – le radical Édouard Daladier – de ne pas refermer la frontière au moment où la République parvient à stopper « les avancées du fascisme international et de leur feudataire Franco ».

Pendant ce temps, les sections scandinaves s'éloignent toujours plus des compromis internationalistes. Elles suivent une politique neutraliste et cherchent le moyen d'empêcher l'IOS d'émettre des résolutions les plongeant souvent dans l'embarras. Les cadres du PSOE s'inquiètent de ce mouvement de repli national qui affaiblit leur position internationale. Réunis en congrès national, ils vont donc opter pour « couper la retraite » aux Scandinaves à l'heure où l'apaisement atteint son point culminant.

Les séances des Internationales à la mi-janvier 1938

Réuni à Paris les 12 et 13 janvier, le Bureau de la FSI dresse un bilan positif de la situation en Espagne : l'UGT a été reconstituée; les pourparlers concernant l'unité syndicale avec la CNT avancent à bon train, tout comme les pourparlers d'unité entre le PSOE et le PCE. À la stabilisation de l'arrière-garde se conjugue la victoire de Teruel sur le front militaire. Jouhaux en conclut que le gouvernement républicain se trouve « moralement, dans une

position plus favorable qu’il n’en connut jamais et qui justifie les plus grands espoirs dans la victoire de l’Espagne républicaine386. »

S'ensuit la séance commune des Internationales du 15 janvier à Bruxelles où on remarque que l'affaire sino-japonaise a rattrapé l'espagnole. D'une part, les travaillistes réclament l'imposition d'un embargo au Japon, et d'autre part, la formation d'un pacte défensif entre l'Angleterre, ses dominions, la France, la Hollande et l'URSS. L'insistance des Anglais s'explique par les intérêts britanniques en Asie, qui sont de loin supérieurs à ceux de la péninsule ibérique. Malgré les craintes de l'Exécutif de la FSI – les risques de guerre sont à nouveau évoqués – la motion travailliste est adoptée.387 Elle donnera le ton au prochain semestre388.

À la séance de l'Exécutif de l'IOS du 17 janvier, Lamoneda demande à ce qu’une conférence interparlementaire socialiste soit convoquée prochainement en vue d’établir ou renforcer « les liens de solidarité entre les minorités parlementaires socialistes des partis

adhérents à l’IOS dans le monde entier » et permettre « la convocation de réunions

386 « Un brandon de discorde qui s’éteint », Le Gutenberg de Lausanne, 28 janvier 1938, [S.P.].

387 La résolution stipule que les sections doivent faire œuvre de propagande afin d’amener les populations à appliquer la

consigne de boycottage, et les gouvernements, à remplir leurs obligations internationales : « [...] la suppression des

crédits, l’embargo sur les importations en provenance du Japon, l’embargo sur les exportations principales destinées à ce pays, et notamment sur les huiles minérales et autres produits nécessaires pour mener la guerre, la coordination internationale des mesures à arrêter, de sérieuses garanties d’assistance mutuelle dans le domaine financier, dans le domaine économique, et éventuellement, dans le domaine militaire. » Au niveau politique, elle insiste sur

l’urgence « d’appliquer les principes de la sécurité collective pour repousser l’agression fasciste dans le cas de la Chine

comme dans celui de l’Espagne. Il faut que les mouvements ouvriers de tous les pays exercent sur leurs gouvernements l’action nécessaire pour qu’ils remplissent enfin les obligations que le Pacte de la SDN comporte. » Enfin, les sections

feront en sorte que les démocraties réalisent qu'elles ont les moyens de « contraindre l’agresseur à renoncer à son

agression, si elles appliquent les sanctions dans l’esprit qui convient et non pas avec la mollesse et les hésitations qu’on a pu constater lors de l’affaire abyssine. »

périodiques, la publication d’annuaires et de revues, etc389. » Le besoin est criant, poursuit-

il, puisque l’union interparlementaire déjà existante « n’est pas composée exclusivement de

socialistes et son action n’est pas imprégnée de ces normes de solidarité et d’unité idéologique qui caractérisent une organisation socialiste390. » Afin d'éviter la répétition du scénario de la Conférence de Londres de mars 1937 – où la censure du gouvernement anglais avait empêché toute déclaration à caractère politique –, Lamoneda demande à ce qu'elle se déroule cette fois en Espagne :

[...] car c’est dans ce pays que les problèmes internationaux de l’Europe trouvent leur

expression la plus profonde et la plus dramatique, et que des hommes animés par l’idée socialiste essayent de les résoudre avec l’appui total des masses socialistes, dans le cadre des aspirations de la démocratie socialiste européenne391.

Toujours selon le secrétaire général du PSOE, l'IOS et le groupe parlementaire de son parti élaboreraient conjointement un ordre du jour consacré à des questions internationales, juridiques et économiques, qui seraient discutées dans le cadre des séances se déroulant à Barcelone, Valence et Madrid, de la fin mars au début avril.392 Un délégué fait alors remarquer que des parlementaires européens se rendent déjà à la rentrée des Cortes se déroulant à pareille date, qu'il serait donc préférable d'attendre le congé pascal afin d'assurer la continuité des actions ainsi qu'une présence accrue des députés socialistes en Espagne. L’Exécutif tranche : les secrétariats des PS se concerteront avec leurs groupes parlementaires respectifs et communiqueront leur décision à Adler393. Dans l’intervalle, ils enverront un représentant à la rentrée des Cortes à Barcelone394.

Cette question liquidée, Nenni prend la parole pour faire part des attentes espagnoles envers les Internationales :

L'Espagne attend de l'IOS un grand effort d'agitation et de pression sur l’opinion publique, sur les Parlements et les gouvernements pour que soit réalisée la politique d'entière solidarité de la démocratie mondiale envers la démocratie espagnole,

388 Léonardo Rapone, « La crisi finale dell’Internazionale Operaia et Socialista », I socialisti e l’Europa, Milan, Franco

Angeli, 1989, p. 53.

389 « Proposition du Parti Espagnol, pour l’exécutif de l’IOS des 16 et 17 janvier 1938 », IISH, SAI, 500/83. 390 Circulaire, « Ramon Lamoneda au Comité Exécutif de l’IOS », p. 1-2, IISH, SAI, 3402.

391 Ibid., p. 2.

392 « Proposition du Parti Espagnol », loc. cit.

393 Circulaire, « Adler aux secrétariats des partis affiliés à l’IOS », 7 février 1938, IISH, SAI, 3402. 394 « L’IOS salue la victoire de Teruel », Le Populaire, 18 janvier 1938, p. 2.

politique si clairement définie par toutes nos résolutions, qui souvent sont restées lettre morte395.

Or, pour Nenni, l'accroissement de la solidarité pour l'Espagne passe irrémédiablement par la révision des stratégies du socialisme international, puisqu'à son avis, il n'est pas cohérent de chercher à relever les défis actuels « avec la tactique de l’époque du progrès

démocratique d’avant-guerre » ou en « alternant le pacifisme passif du temps de paix à l’union sacrée du temps de guerre ». Contrairement à ce que plusieurs pensent, poursuit-il,

la phase de la guerre civile ne s’est pas terminée en 1917. Le bolchévisme, le fascisme, le nazisme, la tentative de coup d’État de février 1934 en France, le clérico-fascisme en Autriche et la guerre en Espagne constituent autant d'exemples de sa constance dans l’ordre de Versailles. Nenni est catégorique : le « patronat de combat » en est le grand instigateur et il n'y a que l'action révolutionnaire pour en venir à bout :

Nulle action politique de la classe ouvrière n’est possible que sur la base d’une doctrine révolutionnaire et d’une tactique adaptée aux conditions historiques du développement de la société. Le socialisme démocratique se doit de confronter ses postulats et sa tactique du passé aux nouvelles tâches du prolétariat396.

Il est à son avis impératif de tenir un congrès de l’IOS afin de fixer une fois pour toutes « la

politique de la classe ouvrière dans la paix et dans la guerre397. » La demande n’est pas des moindres puisqu'aucun congrès n’a été convoqué depuis 1933 en raison des risques pour l’unité du mouvement. Adler rajoute qu'il permettrait de « régler aussi certaines

questions d’organisation », puis finit par convaincre l'Exécutif de tenir une séance

préparatoire en avril consacrée aux « stratégies de luttes pour la démocratie » en vue d'un congrès à l'été ou à l'automne. Or, dans les faits, le manque d’enthousiasme des travaillistes et des sections du Nord se conjuguera à la détérioration du contexte international – Anschluss, crise tchécoslovaque, Pacte de Munich – pour repousser la tenue de cette séance préparatoire à janvier 1939. Le congrès, lui, n'aura jamais lieu.

La résolution générale de l'Exécutif de l'IOS du 17 janvier condamne « l'Internationale fasciste » qui conspire en vue « de saper les institutions démocratiques et de déclencher la

395 Pietro Nenni, « Notes sur la situation en Espagne, Pour la réunion de l’exécutif à Bruxelles les 16 et 17 janvier 1938 »,

p. 3, IISH, SAI, 500/55.

396 Ibid., p. 4. 397 Ibid.

guerre civile internationale » : intervention italo-allemande en Espagne; invasion de la

Mandchourie par le Japon; Pacte antikomintern et conjurations fascistes dans nombre de pays. À l'instar des résolutions précédentes, elle stipule que le seul moyen de stopper ces agressions reste le recours à la sécurité collective, et qu'il incombe dès lors aux organisations socialistes d'accroître les pressions sur les gouvernements afin qu’ils honorent le pacte de la SDN398. Quant à la résolution sur l’Espagne, elle reconduit les décisions antérieures « se voyant aujourd’hui pleinement justifiées par les événements » tout en reprenant l’essentiel d'un rapport déposé par Nenni : la patiente réorganisation de l’armée par le gouvernement à direction socialiste, qui a mené à la victoire à Teruel, est saluée; la foi dans le triomphe militaire du PSOE, « qui permettra d’instaurer le socialisme et la liberté sur l’ensemble du territoire espagnol », est professée399. La délégation espagnole formée d'Azorin et Cordero se dit satisfaite de la communion des vues entre l’IOS et le PSOE400.

Longuet écrira le lendemain dans le Populaire que « Plus on prend contact avec les

diverses sections de l’IOS […] plus on constate qu’il n’y a pas de question sur laquelle toutes les fractions, toutes les tendances du Socialisme universel sont aussi complètement unies que celles de l’Espagne républicaine401. » C'est d'ailleurs ce qui explique que la

motion sur la victoire de Teruel fut « votée dans une unanimité enthousiaste402. »

Anshluss, dégel printanier et crise tchécoslovaque

En février, le contexte diplomatique n'est pas reluisant, plus particulièrement après la démission d'Eden. C'est qu'au moment où celui-ci somme les Italiens de quitter l'Espagne,403 Chamberlain, lui, poursuit les rapprochements avec Mussolini. Exaspéré, le secrétaire des affaires extérieures démissionne le 20 février – le jour de la perte de Teruel par les républicains – et se voit remplacé par le très conciliant Lord Halifax. Libéré d'Eden,

398 « Projet de résolution pour l’Espagne, Pour la session de l’exécutif de l’IOS, 16 et 17 janvier 1938 ». IISH, SAI,

500/86.

399 Ibid.

400 « The Labour Party, Report of the 37th Annual Conference », loc. cit., p. 26-27. 401 « L’IOS salue la victoire de Teruel », loc. cit.

402 Ibid.

Chamberlain déclare à la Chambre des communes que la sécurité collective n’est qu’une « phrase ».404 Le NCL répond en réitérant son engagement envers la sécurité collective et contre tout rapprochement avec les fascistes405. Le départ d'Eden leur a fait une forte impression et leur opposition au gouvernement s'en voit marquée.

Pendant ce temps, Hitler fait pression sur l'Autriche sans que l'Angleterre et la France ne bougent pour autant. Lamoneda s'inquiète et réclame de toute urgence la tenue d'une grande conférence antifasciste « pour adopter une attitude énergique pour la défense de la liberté

mondiale406. » Adler va tenter de convoquer une séance du Bureau de l'IOS par voie télégraphique à la fin du mois, mais sans succès. Les instances ne se réuniront à Paris qu'à la mi-mars,407 au moment même ou Blum va tenter d'inverser le cours de la politique européenne.

Le 12 mars, le Reich occupe l’Autriche. Le lendemain, Blum reprend les rênes du pouvoir et place le républicain-socialiste Joseph Paul-Boncour – un sympathisant de la République – aux Affaires extérieures. Negrin se rend immédiatement à Paris afin de voir ce qu'il y a lieu de faire. Suite à cet entretien, le premier ministre français convoque le Comité permanent de la Défense et propose de sommer Hitler de quitter la péninsule ibérique. Le Comité s'oppose formellement à la suggestion, mais donne son assentiment à ce que deux divisions soient déployées le long de la frontière catalane à titre dissuasif. Alors que, d'une part, ce déploiement va ralentir l'offensive franquiste dans la zone nord-est408, d'autre part, l'ouverture de la frontière va permettre à la République de stocker des armes puis de passer à l'offensive l'été venu.

Les séances des 14, 15 et 16 mars des Internationales.

Le 14 mars, au siège de la SFIO à Paris, le Bureau de l’IOS traite de la proposition de conférence interparlementaire socialiste en Espagne. Les rapporteurs font part de leurs

404 Circulaire, « Rapport du Secrétariat de l’IOS sur la période s’étendant du 1er janvier au 31 décembre 1938 », p. 45,

IISH, SAI, 3402.

405 Rapone, loc. cit., p. 59.

406« Adler aux membres du Bureau de l’IOS, 2 février 1938 », IISH, SAI, 22/2/5-6. 407 Ibid.

décisions : la SFIO et le PS suisse sont d’accord; les Danois anticipent que les risques de bombardements en feront hésiter plusieurs, ce qui diminuera la force de la convocation; les Suédois ne peuvent se libérer avant juin et suggèrent de se concentrer sur l'union déjà existante.409 Le SDAP ne voit pas plus la nécessité d'une seconde union, puisque « Par leur

affiliation à l’IOS, les Partis sociaux-démocrates des différents pays ont tous les contacts qu’ils désirent ou dont ils ont besoin […]410. » Dédoubler ainsi les contacts leur paraît superflu puisque des décisions pourraient ne pas concorder avec celles des instances de l’IOS et engendrer de la confusion et des conflits. Il y a aussi l'ordre du jour suggéré par le PSOE, qui ne diffère pas sensiblement des points habituellement traités à l'IOS, puis le danger de convoquer une telle conférence dans un pays en guerre. Le rapporteur hollandais propose plutôt d'attendre la victoire de la République. En revanche, le PS hollandais s'engage à convoquer une réunion préliminaire s'adressant exclusivement aux députés socialistes à la session de la fin août de l'Union, qui se tiendra à La Haye411.

Malgré le rejet de la proposition, la conjoncture reste favorable aux Espagnols : à la radicalisation de Blum se conjugue l'affermissement des positions du LP412 et cela se répercute sur les délibérations puisque, lors de la séance commune des deux Internationales, la résolution la plus énergique de la décennie est adoptée413. L’historien Léonardo Rapone écrira à ce sujet que :

[La réunion de] Paris fut une étape de plus dans l'apparente radicalisation de

l’analyse politique de l’IOS. À cette séance, un "nouvel accent" s'est fait entendre; la conférence se caractérisa par un ton énergique et une clarté insolite dans les positions414.

Or, avant d'y arriver, un incident impliquant la délégation belge se produit au cours des délibérations. Précisons d'entrée de jeu que celle-ci est formée de Mertens, Vandervelde et Buset, et que Mertens représente désormais la majorité puisqu'au dernier Conseil général, il

408 Alpert, op. cit., p. 154-155.

409 Circulaire, « Conférence interparlementaire socialiste, Pour la session bureau de l’IOS, Paris, 14 mars 1938 », IISH,

SAI, 3402.

410 Ibid., p. 2.

411 Adler, 11 juin 1938, FPI, AH-74-7, 47. 412 Alpert, op. cit., p. 59

a défait la motion Buset condamnant la politique extérieure de Spaak415. C'est d'ailleurs ce qui explique que Vandervelde quitte soudainement la séance des Internationales en évoquant un malaise. Il expliquerait par la suite le motif véritable de son départ :

[...] pendant tout ce séjour à Paris, j’ai éprouvé la sensation d’être dans une position

fausse comme membre de la minorité du Parti et que je trouvais qu’il était préférable et équitable de laisser un membre de la majorité comme Mertens défendre la politique suivie par le Conseil Général416.

Buset, lui, a décidé de se taire pour ne pas commettre d'indiscipline417. C'est donc seul que le chef syndicaliste affrontera une assemblée qui ne partage pas ses vues. Considérant qu'il n'a « aucun compte à rendre aux Exécutifs des Internationales418 », Mertens se lance dans une harangue neutraliste et non-interventionniste tout en déclarant que les crises espagnole, tchécoslovaque et chinoise419 ne sont pas interreliées, enfreignant ainsi le principe fondamental de la paix indivisible. Plusieurs délégués sont outrés : Gillies le blâme pour le « recul » du Conseil général belge;420 Grumbach critique vertement la politique de Spaak421 et la délégation du PSI est tout bonnement dégoûtée. Elle écrira dans son journal

Nuovo Avanti :

Nous n’en sommes plus qu’amers d’avoir à constater après deux jours de débats, la

Documents relatifs