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Chapitre 3 La médiation scolaire à l’école primaire : aspects méthodologiques

3.3 L’instrument

3.3.1 L’entrevue semi-dirigée

Dans l’objectif de pouvoir tirer des conclusions générales des expériences de nos répondants en lien avec notre objectif de recherche, les entrevues individuelles semi-dirigées étaient les plus appropriées. En s’intéressant au récit du participant, au « pourquoi » et au

« comment », Becker (2002) soulève que cette méthode nous permet de « comprendre l’apparition d’un phénomène en nous montrant les étapes du processus qui l’ont engendré, plutôt qu’en nous montrant les conditions qui en ont rendu l’apparition nécessaire » (p.109). En effet, l’entrevue offre la possibilité d’aller chercher les perceptions, les points de vue, les motivations, les représentations, les informations sur les pratiques sociales de nos participants. L’entrevue est donc un instrument de choix pour centrer le discours des participants sur l’objet de recherche et accéder à l’expérience (Gauthier, 2009) des acteurs, car elle aide à recueillir des informations sur les pratiques et expériences des participants, mais aussi sur le fonctionnement d’une institution, dans le cas présent, le milieu scolaire.

L’entrevue, bien qu’elle soit exigeante, facilite l’accès au subjectif du participant, mais demande au chercheur une analyse rigoureuse pour la compréhension et l’analyse de cette subjectivité (Boutin, 2000; Paillé et Mucchielli, 2003). Toutefois, cette technique nous semblait être la plus appropriée pour notre étude, car elle nous permet d’accéder au vécu et aux motivations de nos participants.

3.3.2 Guide de l’entrevue

Afin de couvrir les principaux thèmes et conceptions théoriques présentés au chapitre 2 et liés aux questions de recherche, nous avons conçu un guide d’entretien (cf. Annexe 3). Ce dernier comportait des questions ouvertes, permettant d’explorer l’implantation d’un projet de médiation, ainsi que son contexte, au sein des établissements scolaires primaires sur les territoires choisis. Le guide d’entrevue nous a permis de préciser certaines informations importantes et d’inclure toutes les questions pertinentes pour notre étude, permettant d’explorer des thèmes spécifiques à l’histoire personnelle et professionnelle de nos participants. Ces questions ouvertes ont été pensées dans le but de couvrir les thèmes de notre étude, mais aussi dans l’objectif de laisser au participant la liberté de s’exprimer sur leur discours. Afin de soutenir les principaux thèmes, des sous-questions ont été conçues pour pouvoir orienter les propos des participants.

La question de départ suivante fut posée à chacun des participants, seulement le contexte momentané de la conversation pouvait modifier le langage :

Votre établissement scolaire a été approché par un des organismes du ROJAQ pour implanter le projet de médiation Passerelles. À travers votre point de vue quant à la prise de décision d’implanter ce projet, j’aimerais que vous me racontiez l’expérience vécue dans votre école. J’aimerais aussi que vous me racontiez vos objectifs et vos attentes personnelles face à un tel projet.

Cette question de départ était suivie de trois thèmes de relance : 1) Les perceptions sur la situation initiale de leur établissement ; 2) Les attentes face à la médiation scolaire et au projet ; 3) L’implantation et les conséquences. De plus, notre guide d’entretien comportait un volet visant à recueillir des informations d’ordre général (ou fiche signalétique) sur le participant lui-même et sur l’établissement dans lequel il travaille, par exemple ; « Quel est votre rôle au sein de l’école et depuis combien de temps y travaillez-vous ? Avez-vous déjà été confronté ou témoin d’épisodes de violence entre élèves au sein de l’école ? » Cela avait comme objectif d’établir un premier contact avec le participant et de créer un climat propice à un échange plus approfondi. Cependant, le contexte de certaines entrevues a permis au chercheur de recueillir les informations au fil de l’entretien et de compléter les informations, au besoin, à la toute fin.

Le premier volet portait sur la situation initiale de l’établissement. D’une part, nous voulions obtenir les représentations des participants envers le niveau de violence ou d’intimidation au sein de l’établissement (ex. : Quelle était votre représentation de la violence au sein de l’école ? Était-elle partagée par les autres membres du personnel dans l’école ?). D’autre part, nous voulions connaître ce qui était en place pour lutter contre la violence et l’intimidation (ex. : Existe-t-il un code de valeurs ou un code de vie ? Existe-t-il un comité de violence ?). En effet, les moyens mis en place et les perceptions de nos participants étaient nécessaires pour connaître la culture établie au sein de l’école envers la violence et l’intimidation.

Le second volet était composé de deux parties. Dans un premier temps, nous invitions le participant à nous raconter les premiers contacts avec l’OJA de leur région et leurs attentes face à un projet de médiation scolaire (ex. : Comment vous a-t-on présenté le projet ? Quelles étaient vos attentes face à l’implantation de ce projet ?) Ensuite, dans la deuxième partie, nous abordions le moment de prise de décision concernant l’implantation (ex. : Qui a pris la

décision ? Quels étaient les motivations et/ou buts des acteurs promoteurs du projet ?). Les questions abordées dans ce volet touchaient donc spécifiquement des thèmes liés à l’adhérence des participants face au projet de médiation scolaire et nous permettaient de comprendre pourquoi les acteurs du milieu scolaire décident de l’implanter, ou non, dans les écoles primaires.

Enfin, le dernier volet, composé de trois parties, était spécifiquement consacré au processus d’implantation et aux conséquences du projet dans l’établissement. Dans un premier temps, il permettait aux participants de décrire leur implication dans le processus d’implantation du projet de médiation au sein de leur école (ex. : Où êtes-vous rendu dans le processus ? Quels volets du projet sont en place ?). Ensuite, le participant était invité à nous faire part de ses perceptions face à l’utilisation du projet dans l’école versus la vertu initiale du projet, qui vise à lutter contre la violence et l’intimidation (ex. : Est-ce que les attentes initiales correspondent aux attentes réelles du projet ? Personnellement, et sous toute réserve, croyez-vous-en ce genre de projet au sein d’une école primaire ?). Finalement, le dernier volet touchait à la pérennité du projet. Nous demandions au participant ses perceptions face à la viabilité du projet au sein de l’établissement, ainsi que sa satisfaction personnelle face à celui-ci et à son rapport avec l’OJA porteur du projet (ex. : Croyez-vous que le projet soit autonome au sein de l’établissement ? Quel est le niveau de soutien dont l’établissement aurait besoin pour assurer la pérennité du projet selon vous ?).

3.3.3 Déroulement des entrevues

La durée moyenne des entrevues a été d’environ une heure. La formulation et l’ordre des questions étaient flexibles (principalement dû au fait que nous avions 2 types de répondants ; ceux en milieu scolaire, et ceux externes au milieu), mais tous les thèmes prévus ont été abordés avec chacun des participants, avec un angle différent. Alors que les professionnels du milieu scolaire élaboraient davantage les questions sous un angle microsociologique et parfois même, personnel, les professionnels externes au milieu scolaire étaient en mesure de nous informer sous un angle micro, illustrant leurs propos avec des exemples de cas bien précis et sous un angle macro, avec une perspective plus globale des réalités des milieux scolaires sur leur territoire et des défis généraux qui s’exposent à eux. Avec le consentement (cf. Annexe 4) préalable des participants, toutes les entrevues ont été

enregistrées sur bande audio et faites en garantissant la confidentialité. Afin d’éviter le déplacement des répondants, les entrevues ont eu lieu dans les écoles primaires où les participants travaillaient ou dans les locaux des Organismes de justice alternative.

3.4 Les procédures d’analyse