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4.   A PPORTS DE LA DÉMARCHE SRI ET POINTS D ’ INFLEXION

4.2   P OINTS D ’ INFLEXION ATTENDUS : COMPREHENSION DES ENJEUX

4.2.5   L’innovation non technologique et l’innovation dans le secteur

Les enjeux soulevés

 Les instruments actuels de soutien à l’innovation au niveau national ou communautaire (et notamment le FEDER) et leurs modalités ne sont pas nécessairement adaptés ou appropriés au soutien d’investissements immatériels ou visant le capital humain. Le FSE en France reste orienté vers les politiques d’inclusion et reste difficile à mobiliser dans le cadre de politiques d’innovation. Il conviendrait donc de faire évoluer ou d’adapter ces instruments en fonction ou de développer de nouveaux dispositifs.

4.2.5 L’innovation non technologique et l’innovation dans le secteur des

composante essentielle de leur stratégie, car il pourrait permettre :

 d’amener des PME de secteurs traditionnels peu enclines à innover à entrer dans une démarche de réflexion et d’innovation et élargir ainsi le cercle des entreprises innovantes ;

 de banaliser l’innovation en l’intégrant comme une composante normale du management ;

 de faire / de renforcer le lien entre les politiques de développement économique et les politiques de soutien à l’innovation et leurs acteurs.

Encadré 4.7 - Illustrations par des cas régionaux : Innovation non technologique

Aquitaine : Un axe d’orientation stratégique de la SRI est dédié à « L’innovation, toute l’innovation ». Cet axe vise à valoriser les innovations non technologiques dans les champs d’activités des entreprises (marketing, organisation, services, etc.) ou non concurrentiels (innovation sociale et territoriale). Il propose avant tout d’engager une réflexion dans ces domaines, partant du constat que les outils existants restent peu adéquats pour financer l’innovation non technologique.

En Alsace, l’étude menée dans le cadre du diagnostic sur la culture de l’innovation

« Regards croisés sur la culture, l’innovation et la créativité en Alsace » a eu un impact majeur sur la compréhension des enjeux par les acteurs régionaux, et sur la prise en compte des éléments sociaux et non technologiques (créativité par exemple) liés à l’innovation. La SRI présente comme piste d’action la création d’un laboratoire de créativité et d’usages c’est-à-dire à la création, au sein d’un campus, d’un lieu emblématique transdisciplinaire et transculturel inspiré du concept de "laboratoire d’usages", regroupant des équipes pluridisciplinaires pour travailler sur la conception de nouveaux produits ou services à usage de professionnels ou de consommateurs grand public.

Un accent particulier a également été porté sur l’innovation non technologique en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne, Basse-Normandie, Languedoc-Roussillon, Bourgogne, Bretagne, et Midi-Pyrénées.

L’innovation dans le secteur des services : Le secteur des services occupe une place prépondérante et sans cesse croissante dans l’économie. Néanmoins, ce secteur était encore peu pris en considération dans le cadre des dispositifs et des politiques de soutien à l’innovation, probablement pour des raisons historiques et institutionnelles. L’exercice a permis de prendre en compte ce secteur dans les diagnostics et, pour certaines régions, dans leurs stratégies (prise en compte dans les demandes ou actions spécifiques).

Encadré 4.8 - Illustrations par des cas régionaux : Innovation dans les services

En région Centre, la SRI ambitionne de créer une identité forte en matière d’innovation par les services afin d’accompagner la mutation de son économie. Elle vise à affirmer les spécificités de la région dans ce domaine transversal qui feront l’objet d’une concentration des soutiens aux projets d’entreprises.

Au Nord-pas de Calais, une volonté d’élargissement de la définition de l’innovation notamment à l’innovation dans le secteur des services s’est traduit par la définition d’un axe spécifique (axe 4 – « innover par et pour les services »). Néanmoins, la SRI ne donne à ce stade aucune information sur la manière dont cette vision élargie de l’innovation sera prise en compte et mise en œuvre dans le cadre de la stratégie.

En Alsace, l’innovation dans les services est quant à elle abordée de façon indirecte, à travers la création d’un chèque innovation qui devrait permettre aux entreprises d’accéder à une aide financière à l’innovation, y compris lorsque la démarche n’a pas de composante technologique.

Enfin, soulignons que plusieurs régions ont tenté d’explorer les possibilités d’ouvrir la démarche à l’innovation dite « territoriale », dépassant la sphère économique ou de l’axe 1 pour améliorer les politiques et les services publics en général, même si ce concept reste difficile à définir. Ces démarches, se situant hors du champ de l’exercice SRI18, n’ont généralement pas abouti à des actions concrètes ou ont progressivement été abandonnées.

A l’exception toutefois d’une démarche (innovation dites « sociétale », ou approche par les usages notamment développée au Limousin) qui consiste à identifier des besoins réels ou potentiels liés aux grands enjeux auxquels la société doit ou devra faire face (environnement, vieillissement de la population, etc.) et de mobiliser les entreprises et tout particulièrement les PME régionales traditionnelles pour leur demander de développer des produits ou des services innovants pour répondre à ces besoins. Cette démarche, complémentaire aux démarches classiques, présente le double avantage d’offrir des réponses originales à des besoins sociétaux et de mobiliser des PME régionales dans un processus d’innovation dans des niches potentiellement porteuses, repliables au-delà du territoire régional.

Encadré 4.9 - Illustrations par des cas régionaux : Innovation par le demande sociale

Limousin : La région a choisi de s’appuyer sur la combinaison de 2 approches : l’une partant de l’offre technologique, l’autre partant de la « demande sociale » et des « usages » devant permettre aux PME régionales traditionnelles d’identifier, de concevoir, de tester et de commercialiser des produits et services répondant à des problématiques sociétales (environnement, vieillissement, gestion des risque, santé, etc.). En marge de la SRI, ce type de démarche est actuellement expérimenté dans le domaine de l’autonomie des personnes, plus particulièrement des personnes âgées ou handicapées au travers du projet d’« Autonom lab ».

Basé sur le concept des usages, elle associe des chefs d’entreprises, des institutions publiques, des chercheurs en même temps que des « usagers » prescripteurs de savoir-faire, de produits et de services de consommation qui s’engagent à concevoir, évaluer et expérimenter un projet d’innovation (produit ou service).

Ce type de démarche fait également écho à l’initiative phare Une Union pour l’innovation proposée dans le cadre de la stratégie communautaire d’Europe 2020 et qui vise à recentrer la politique de R&D et d’innovation sur les défis que notre société doit relever, tels que le changement climatique, l’efficacité énergétique et en matière d’utilisation des ressources, la santé et les mutations démographiques.

Les enjeux soulevés

Si la plupart des régions ont intégré ces dimensions nouvelles de l’innovation à leurs stratégies, les régions demeurent encore peu outillées dans ces différents domaines, peinant à proposer des actions concrètes ou se heurtant aux modalités de financement des dispositifs actuels. En effet :

 d’une part, les régions ne disposent pas nécessairement de l’expertise, de savoir-faire ou d’expérience préalable dans ce domaine ;

 d’autre part, les dispositifs d’aides, essentiellement portés par des institutions orientées vers l’industrie et la technologie, restent peu adaptés et/ou ne permettent pas de soutenir des projets d’innovation organisationnelle ou marketing.

18 Pour rappel, le courrier à tous les Préfet de région du 28 mars 2008 indiquait que les SRI doivent « d’abord viser à améliorer les performances des entreprises françaises, en particulier les PME en matière d’innovation ».

De plus, les régions sont confrontées à deux autres problèmes concernant ces nouveaux domaines :

 D’une part, les activités trop proches du marché risqueraient de s’apparenter à des aides d’Etat (ex : pour une société informatique, le développement d’un logiciel prototype pourrait être vu comme une aide à la production) ;

 D’autre part, elles se heurtent à certaines représentations sociales qui les rendent politiquement sensibles (ex : l’innovation organisationnelle pourrait assimilée à une restructuration avec perte d’effectifs, etc.).

4.2.6 Dépasser les frontières régionales, aller vers l’international