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Partie III : Résultats de l’enquête

I. L’inclusion et l’autonomie

Chaque entretien a été rythmé par deux concepts communs : l’autonomie et l’inclusion. En première partie de ce mémoire, j’ai exposé les recherches bibliographiques concernant ces deux concepts. En effet, il était essentiel de comprendre où les personnes interrogées se situaient par rapport à ces deux concepts. Ainsi, chaque entretien a mis en lumière l’idée que ces dernières se faisaient aujourd’hui de l’inclusion et de l’autonomie des travailleurs d’ESAT vivant au foyer d’hébergement.

Aux cours de mes différents entretiens avec les professionnels et les familles, j’ai pu me rendre compte que l’autonomie était une notion relativement floue pour chacun. Les recherches bibliographiques effectuées mettent en évidence un concept à plusieurs facettes :

o La valeur qu’elle représente pour la société (DUPUY), o Une forme de pensée de la société (ROKEACH), o La notion de compétence (DUBAR),

o La notion de relation avec l’environnement et d’auto-organisation (MORIN). Au vu des recherches et des entretiens, il s’avère que selon les individus, la définition d’autonomie peut avoir un champ plus ou moins élargi, ce qui entraîne de grandes variations. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à chaque entretien, les personnes interrogées me demandaient de repréciser la définition du terme « autonomie » avant de répondre aux questions. Concernant le foyer, les professionnels et les familles pensent que l’autonomie peut avoir deux définitions à l’impact différent :

- Pouvoir se débrouiller seul dans les actes quotidiens de la vie, sans le foyer d’hébergement mais avec un Service d’Accompagnement en Milieu Ouvert

34 (SAMO). Cela implique d’avoir une capacité à gérer le quotidien relativement importante.

- Pouvoir se débrouiller dans les actes quotidiens de la vie, avec l’aide du foyer d’hébergement, comme une « bouée de sauvetage » en cas de difficulté.

Les personnes interrogées m’ont souvent mise en garde. Suivant la définition retenue, le nombre de résidents concerné sera très variable. Ainsi, au foyer, et dans l’optique du projet, la définition qui convient serait celle de Michel PLUSS : « c’est la capacité à pouvoir

gérer sa vie quotidienne (le logement, l’administratif, l‘argent, l’hygiène, les déplacements, les rendez-vous …). » A cette définition, il faut ajouter que le foyer peut servir de garant,

notamment dans le nouveau projet. Au foyer Les Horizons, comme nous l’explique M. DELREUX, l’autonomie est considérée comme la capacité de répondre à ses besoins ou au moins de mobiliser les ressources nécessaires pour y répondre. Le foyer est une de ces ressources. Ainsi, le projet prend en compte les différents niveaux de capacité des résidents, afin de répondre de façon ajustée tant aux besoins des plus débrouillards qu’à ceux des beaucoup plus dépendants.

Les résidents interrogés ont eux aussi en tête cette définition de l’autonomie. Ils me répondent qu’il s’agit de savoir se débrouiller seul ou aller demander de l’aide. Ils ont compris qu’ils ne sont pas seuls et qu’être autonome signifie aussi savoir se tourner vers quelqu’un. Ils savent me l’expliquer et ils m’expriment quasiment tous (5 sur 7) vouloir un jour devenir autonomes hors du foyer, après avoir vécu une période de soutien par le foyer.

En revanche, alors que le concept d’autonomie a nécessité une réelle réflexion pendant les entretiens, la notion d’inclusion s’avère relativement claire pour les personnes interrogées. Pour la majorité d’entre elles, l’inclusion est synonyme d’activité dans le droit commun et d’ouverture au monde qui entoure le foyer. A plusieurs reprises, on a pu me donner l’exemple du sport et d’activités réalisées à l’extérieur du foyer (musculation, piscine, danse, karaoké …). Les professionnels accordent de l’importance au développement de ce genre d’activité. Ils m’ont tous déclaré favoriser ces activités dans un but pédagogique. Leur présence est utile, selon eux, surtout au début, afin d’aider les résidents à s’inscrire, de leur montrer le fonctionnement, l’activité etc… Puis, l’objectif est de s’effacer petit à petit, jusqu’à ne plus être présents du tout. Les professionnels m’indiquent, en outre, que grâce à cet accompagnement, ils souhaitent également travailler avec la personne concernée, les notions de politesse et de savoir être. Ils sont convaincus que la démarche n’a pas le même but pour tous les résidents. Pour certains, la

35 timidité, la peur ou le besoin d’être toujours poussés compliquent fortement la démarche d’inclusion. Ceux-ci auront toujours besoin d’être épaulés par un professionnel. Mais dans l’ensemble, l’inclusion par le sport et les activités extérieures porte ses fruits. Les professionnels en font un bilan positif avec des résidents qui aujourd’hui se rendent seuls à leur activité ou y sont très bien vus :

o Vincent salue chaque personne présente à la salle de musculation à son arrivée, o Brenda, Sandrine et Béatrice se rendent seules à la ZUMBA,

o Steven entraine un groupe d’enfants dans un club de foot.

Ils sont connus et reconnus, et bénéficient de la même prestation et de la même aide dans leurs activités par le partenaire extérieur que n’importe quel autre utilisateur.

Cependant, l’inclusion passe également par le travail et le fait de gagner de l’argent. Grégoire pense qu’il est important de considérer le résident avant tout comme un travailleur ordinaire. Celui-ci ne doit pas penser que son travail influe sur son hébergement, mais bien que son travail est synonyme d’avenir. En effet, une personne qui travaille peut plus facilement faire des projets et avoir une stabilité. Cette stabilité va permettre de rassurer le résident et de l’encourager à se lancer dans des activités extra- professionnelles.

Par ailleurs, le travail procure également un pouvoir d’achat au résident. Mme LE. m’explique que travailler et avoir de l’argent à dépenser permet à chaque personne dans la société de consommer pour son plaisir personnel. L’argent permet de s’inscrire dans des activités, des clubs de sports, d’aller au restaurant, d’acheter des vêtements ou autres, comme tout un chacun.

Enfin, chaque personne interrogée insiste sur la volonté d’inclusion. Certaines personnes vivent dans la société comme des ermites et n’en souffre pas. D’autres vont faire le choix de ne pas travailler et de vivre de leur chômage ou de prestations sociales. Cela démontre que chaque personne va avoir sa vision de la société et de la façon d’y contribuer. C’est pourquoi les personnes déficientes vivant au foyer ou en milieu ouvert ne seront jamais totalement incluses, puisqu’elles ne pourront jamais remplir l’ensemble des présupposés que la société attend d’un citoyen.

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