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L’incarnation : Variété, variation et rencontre

Si l’on ne veut pas que l’Idée, ni le sens, ne soient posés dans une autre réalité, une fois dit qu’ils étaient bien réels (virtuel pour l’Idée, virtuel-actuel pour le sens, élément génétique de toute proposition qui est lui-même production dans une double différent/ciation), nous devons aussitôt les penser au sein même des rencontres complexes ayant lieu dans une autre modalité de la réalité – modalité de l’actuel : il n’y a de sens et d’Idée que de rencontres, c’est toujours en fonction d’une rencontre actuelle (l’occasion) qu’il peut y avoir position de problème, incarnation dans le sens. C’est seulement de cette manière que l’on évite matériellement à la fois le mystérieux platonisme logique et la « représentative » donation de sens : le sens n’est ni substantivé, il est modal, ni produit de la conscience, il est une composante réelle (au sens deleuzien) et non pas intentionnelle (au sens phénoménologique), de l’individu. Quand nous disons « réelle » il ne faut sûrement pas entendre le reelle husserlien. Le sens n’est pas une composante de la conscience, ni reelle ni

intentional. La conscience n’est que dérivée dans le sens, ou, comme le dit Deleuze à propos

de la conscience bergsonienne, en opposition à la conscience phénoménologique : la conscience est quelque chose85.

Quel est ce quelque chose ? Plutôt que de nous intéresser à la conscience, c’est à tout ce sur fond de quoi il y a conscience que nous nous tournons. Ce « fond » qui n’est pas un fond, nous l’avons vu, est multiplicité. Cette multiplicité est ainsi comme ce qui se conscientise, pas tellement comme un effet de surface, mais plutôt comme l’idée de notre esprit ou proposition. Par multiplicité on entendra aussi bien, selon le moment logique, modalité ou structure : « L’Idée se définit ainsi comme structure. La structure, l’Idée, c’est le ‘thème complexe’, une multiplicité interne, c’est-à-dire un système de liaisons multiples non localisables entre éléments différentiels, qui s’incarne dans des relations réelles et des termes actuels. »86 Remarquons bien qu’il s’agit toujours de l’Idée ici, mais plus en tant qu’elle est à la fois sens et non-sens, plus en tant qu’elle est seulement l’enveloppant de toutes les expressions et de tout exprimé, plus seulement en tant que fond sans fond génétique et transcendantal dans lequel se trace le plan d’immanence. Bien que nous demeurons ici à l’énonciation formelle (par la pensée et l’histoire de la philosophie seulement) de l’Idée, son énonciation se fait maintenant en idées, c’est-à-dire en productions expressives de l’Idée se différent\ciant comme variété et variation. Ces aspects de la multiplicité – comme variété et

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Deleuze, Cinéma1, L’image-mouvement, Paris, Les Éditions de Minuit, 1983, p. 89.

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variation – une idée, un thème complexe, se confondent strictement avec la façon dont Deleuze comprendra le mode spinoziste87. C’est comme si le mode spinoziste, comme l’Idée, y devenait variété et variation88 : « Chaque chose est une multiplicité pour autant qu’elle incarne l’Idée »89. Et puisqu’« il n’y a que la variété de multiplicité, c’est-à-dire la différence,

au lieu de l’énorme opposition de l’un et du multiple »90

, les variétés pourront être considérées comme des idées en tant que multiplicités caractérisées par des rapports de type topologique toujours-déjà en train de s’incarner, nécessairement, dans un espace-temps. Et c’est en tant que les variétés s’incarnent toujours-déjà, sont toujours-déjà en incarnation, que l’on peut dire que ces variétés sont aussi des variations, c’est-à-dire l’intégration locale des éléments de l’Idée dans l’ordre actuel, les éléments de l’Idée y devenant termes, les rapports y devenant relations. Ainsi, l’individuation, dépassant le clivage du sujet et de l’objet, évitant également le processus causal simple et linéaire d’actualisation de l’essence, sera entendue par Deleuze sous le double rapport de différent/ciation déterminant variété et variation91. En tant que nous nous individuerons sous un certain rapport idéel, nous pourrons dire que nous

nous exprimons comme idées. En tant que ce rapport idéel est susceptible de grandes

variations dans l’ordre de différenciation actuel, solidaires de variétés dans l’ordre de différentiation virtuel, nous pourrons sans cesse devenir autre, faire valoir ou produire une autre individuation. Dans ce cas, nous pensons que nous pouvons dire que nous aurons des

idées à exprimer. Mais « avoir une idée », ça n’est pas si simple, il faut vraiment que la

variation que nous répétons file vers autre chose sous quoi elle devient. Il faut vraiment que cette variation varie, qu’elle soit comme déterminée à varier selon d’autres variétés. Détaillons ces deux variété\variation expressives92.

Nous nous exprimons comme idées – intensité et individuation

D’après une première détermination de la variation, nous pouvons dire que nous nous exprimons comme idées, une certaine collection d’idées. Nous n’épuisons pas l’Idée, mais nous sommes des expressions de l’Idée comme idées. On aura beau faire ce qu’on veut, nous 87 SPE, pp. 189 – 190. 88 DR, p. 236. 89 DR, p. 236. 90 DR, p. 236. 91 DR, p. 272. 92

On remarque qu’ici encore, nous nous bornons à une perspective formelle et purement affirmative (expression non représentative ou « représentationniste ») sur l’idée. Nous explorons encore peu à ce niveau le problème de l’illusion, que ce soit comme illusion nécessaire ou contingente, conditionnée nécessairement par l’annulation de la différence dans l’actuel (annulation inhérente au processus de différent\ciation s’exprimant comme qualité et étendue) ou répétée avec confusion en portant le produit au niveau de la production, l’empirique au niveau transcendantal.

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sommes traversés par ce sens premier sous lequel nous nous incarnons. En d’autres termes, nous nous incarnons en vertu de tel ou tel processus d’individuation intensif opérant sous la puissance de l’Idée comme production d’un exprimé. L’intensité, c’est une certaine contraction différent\cielle de l’Idée, caractérisant un certain degré intensif individuant. On évitera de substantifier le sens premier nous traversant comme le déterminant de l’incarnation : il se détermine progressivement dans une individuation complexe se jouant sur le double plan de la variété et de la variation, de la différentiation et de la différenciation.

Spinoza tendait déjà vers cette affirmation : le mode existant actuellement, c’est-à- dire le mode comme chose particulière, est déterminé dans ses relations par la production d’un rapport caractéristique exprimant la véritable puissance de l’essence qui n’est rien d’autre qu’un certain degré intensif93

. Mais Deleuze insiste sur la radicalité de ce geste, empêchant définitivement toute identification du mode par l’essence : c’est ce degré intensif, déterminant tel ou tel rapport essentiel, qui produit, comme faire, la mise en rapport des deux niveaux de différent\ciation. C’est en vertu de ce rapport affirmé comme production que se trace alors, en même temps, la polarisation d’actualisation de la différence comme variation dans l’espace-temps actuel et la topologie virtuelle de tel ou tel mode existant. C’est de cette manière que Deleuze parvient à faire « tourner la substance autour des modes »94. D’abord

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SPE, p. 191 : « Dans un mode existant, l’essence est un degré de puissance ; ce degré s’exprime dans un rapport ; ce rapport subsume une infinité de parties. D’où la formule de Spinoza : les parties, comme étant ‘sous la domination d’une seule et même nature’, obligées de s’ajuster les unes aux autres suivant que l’exige cette nature. » Nous n’avons pas eu le temps d’aller chercher à chaque fois des références dans l’Ethique. Pour notre compte, nous avons déjà pu travailler un certain temps (ce qui a donné lieu à deux textes) sur l’œuvre de Spinoza. Nous n’avons jamais rencontré d’opposition majeure à ce que Deleuze en fait, rien que cette réserve que Deleuze lui-même émet à propos d’une substance pas encore assez modalisée, pas encore assez tendue entre faire et découverte. Par ailleurs, nous n’ambitionnons pas de livrer quelque « vérité du spinozisme » qui de toute façon n’a aucun sens hors du parcours que l’on fait dans ce que Spinoza nous a légué. Puisque nous nous intéressons au parcours que Deleuze y a fait, il n’y a pas grand intérêt à aller « chercher la petite bête », l’araignée qui continue à tisser La toile de la Vérité.

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Et ceci nous semble bien plus intéressant et créatif, véritable geste philosophique, que le prétendu « spinozisme modéré » ou « spinozisme sans essence » auquel a parfois prétendu Deleuze (contre son travail dans Différence et répétition et dans Spinoza, le problème de l’expression). Un « spinozisme modéré » n’est qu’un spinozisme castré – on en coupe un morceau gênant, et cela ne change rien au reste, on se passe juste des essences car on n’en voudrait plus. À la différence, le spinozisme de Deleuze est beaucoup plus profond : il s’agit, encore une fois, de faire tourner la substance autour des modes. Et cela exige un travail philosophique créatif, bien plus complexe qu’un simple coup de scalpel. En définitive, dans le « fond », Deleuze n’évoquait rien d’autre que ces essences intensives, complexes, de mise en rapport, lorsqu’il semble refuser l’essence avec légèreté : « Je me sentirais très, pour un Spinozisme mutilé, je trouve qu’au niveau des notions communes c’est parfait, ça me va, c’est très bien, pour une raison simple, mais à ce moment-là, il y a une condition pour être un Spinozisme tronqué. Pour être un Spinozisme mutilé, il faut vraiment croire qu’il n’y a pas d’essence, qu’il y a que des relations, si je crois qu’il y a que des relations et pas d’essence, là ça va même de soi, le troisième genre de connaissances, j’en ai pas besoin, non seulement j’en ai pas besoin, mais il perd tout sens. Alors il faut voir...vous ne pouvez être un Spinozisme tronqué, que si vous pensez que, finalement il n’y a pas d’être, il n’y a que des relations. Bon, mais si vous pensez qu’il y a de l’être, si vous pensez que le mot essence n’est pas un mot vide de sens, à ce moment-là vous ne pouvez pas vous arrêter aux notions communes. Vous ne pouvez pas dire qu’il y a des relations, il faut un fondement des relations ; c’est-à-dire il faut que les relations soient fondées

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comme mode intensif, essentiellement impliqué en lui-même (intensité impliquée) bien qu’enveloppé sous l’Idée, opérant comme le dramatisant de la différence, c’est-à-dire comme le « qui » (ce qui…) appelant\produisant la double différent\ciation. Ensuite comme intensité expliquée, double différent\ciation s’annulant dans des qualités et extensions constituant les espaces-temps actuels. En même temps, l’intensité aura exprimé l’idée comme profondeur et comme distance, c’est-à-dire comme champ intensif dans lequel toute individuation se fait (le mode infini ou attribut chez Spinoza) et comme degré différent\cié ou mode fini en position intrinsèque (non pas déjà déterminé comme existant actuellement mais comme expression du mode comme rapport différenciel)95 – « Nous devons donc distinguer deux ordres d’implication, ou de dégradation : une implication seconde, qui désigne l’état dans lequel des intensités sont enveloppées dans les qualités et l’étendue qui les expliquent ; et une implication primaire, désignant l’état dans lequel l’intensité est impliquée en elle-même, à la fois enveloppante et enveloppée. »96

On remarque ainsi que sans degré d’intensité, rien ne se différent\cierait. L’intensité apparait donc comme l’opérateur de la puissance du sens, en même temps que de la différent\ciation de l’idée : « Entre l’intensité et l’Idée s’établit tout un courant d’échange, comme entre deux figures correspondantes de la différence. Les Idées sont des multiplicités virtuelles, problématiques ou « perplexes », faites de rapports entre éléments différentiels. Les intensités sont des multiplicités impliquées, des « implexes », faits de rapports entre éléments asymétriques, qui dirigent le cours d’actualisation des Idées et déterminent les cas de solution pour les problèmes. Aussi l’esthétique des intensités développe-t-elle chacun de ses moments en correspondance avec la dialectique des Idées : la puissance de l’intensité (profondeur) est fondée dans la potentialité de l’Idée. »97

Nous retrouvons ici, comme partout, ce mouvement complexe de tension entre faire et découverte (une dialectique paradoxale), entre création active et découvertes de déterminations passives : on ne fait qu’en découvrant,

dans l’être. », Deleuze, La voix de Gilles Deleuze, cours du 17 mars 1981 en ligne sur http://www2.univ- paris8.fr/deleuze/article.php3?id_article=26. C’est seulement à considérer l’essence comme une identité donnée, l’Être comme le fondement de l’essence, la substance comme l’Être assurant la stabilité des modes et de leur être-relationnel, que l’on ne peut plus accepter l’Être, l’essence, et toute l’ontologie. C’est seulement, comme nous l’avons déjà longuement montré, à penser l’ontologie sur le terrain de la représentation qu’il y a lieu de refuser l’ontologie dès lors que nous voulons faire valoir la différence pour elle-même. Il nous importe toutefois de maintenir l’ontologie dans la mesure où il nous semble que ce que développe Deleuze, par une ontologie du sens, n’est pas l’affirmation que tout n’est « que relatif » et « interprétation », mais plutôt que l’être même s’épuise dans l’expression comme absolu du relatif, que l’homme, comme tout vivant, tout mode, est incarnation-expression sous ce complexe problématique. En bref, que la substance tourne autour des modes…

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« Dans l’intensité, nous appelons différence ce qui est réellement impliquant, enveloppant ; nous appelons distance ce qui est réellement impliqué ou enveloppé. », DR, p. 305

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DR, p. 309.

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mais on ne découvre que ce qu’on crée. L’intensité est le faire dans l’Idée et n’exprime rien sans l’Idée, mais l’Idée n’est rien sans s’exprimer comme puissance à travers la double différent\ciation de variété et de variation comme production de la différence comme rapport différent\ciel (essence modale produite, tracée, découverte sous la puissance expressive de l’Idée) par l’intensité (ou degré intensif, ou degré de puissance). En d’autres termes, l’Idée et l’intensité ne peuvent rien produire, ni même se penser (comme ce qui s’exprime en nous), l’un sans l’autre. Ils s’affirment l’un par l’autre (respectivement comme puissance et comme vertu de l’exprimé ou essence produite) dans ce que Deleuze appelle précisément, processus complet d’expression-annulation de la différence, « indi-différent\ciation (indi-drama- différent\ciation) » : « (…) nous croyons que l’individuation est essentiellement intensive, et le champ pré-individuel, idéel-virtuel, ou fait de rapports différentiels. L’individuation, c’est elle qui répond à la question Qui ?, comme l’Idée répondait aux questions combien ?

comment ? Qui ? c’est toujours une intensité… L’individuation, c’est l’acte de l’intensité qui

détermine les rapports différentiels à s’actualiser, d’après des lignes de différenciation, dans les qualités et les étendues qu’elle crée. Aussi bien la notion totale est-elle celle de : indi- différent\ciation (indi-drama-différent\ciation.) »98 C’est en ce sens que l’intensité est le dramatisant de la différence, comme ce qui crée ce mouvement d’actualisation complexe en traçant une double différent\ciation, affirmant la puissance expressive de l’Idée sous tel ou tel rapport tant fait que découvert. « L’indi-drama-différent\ciation » comme véritable mouvement de la différence, la portant jusqu’à son annulation-actualisation seconde dans des qualités et extensions. Actualisation seconde, dans des espace-temps déterminés, qualitatifs et étendus, si l’on admet qu’il y a une actualisation première de la différence creusée dans l’Idée, comme son expression, en tant que double différent\ciation. La différenciation jouerait alors le rôle de l’actualité de la différence, son individuation en acte, créant des dynamismes spatio-temporels individuant se donnant aux espaces et temps déterminés actuellement (au second sens), les habitant-transformant à mesure qu’ils s’y développent en espace-temps déterminés, individués, incarnés. Ainsi, « nulle part » ne trouve-t-on de substance donnée ou donnable, partout de la modalisation à l’extrême, tendant, au bout de l’ordre des raisons, à annuler la différence dans des qualités et étendues déterminées (constituant des espaces- temps déterminés)99. « Nulle part » car la substance, s’il en est, ne peut se donner que

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DR, p. 317.

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Nous remarquons alors que l’intensité est un opérateur central dans la production de l’illusion au sens premier, nécessairement conditionnée par le mouvement d’annulation de la différence. C’est l’intensité qui en même temps affirme\exprime la double différent\ciation et la donne à s’annuler dans des espace-temps déterminés comme étendues et qualités : « Différence, distance, inégalité, tels sont les caractères positifs de la

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« quelque part ». Et c’est bien parce que cette « substance », (ou ce qu’il en reste dans la perspective dans laquelle nous nous trouvons), ne peut se penser ou s’expérimenter que « quelque part », expression en ce « quelque part », que souvent l’illusion constituante d’espace-temps déterminés et actuels (au second sens), nécessairement produite, a pu se répéter, maladroitement, comme véritable processus génétique.

Un spinozisme faisant tourner la substance autour des modes, ou qui pense la substance comme tout ce qu’il y a de plus léger, comme la puissance se donnant et s’affirmant nécessairement et seulement comme expression : « Le monde est un œuf. Et l’œuf nous donne, en effet, le modèle de l’ordre des raisons : différentiation-individuation- dramatisation-différenciation (spécifique et organique). Nous considérons que la différence d’intensité, telle qu’elle est impliquée dans l’œuf, exprime d’abord des rapports différentiels comme une matière virtuelle à actualiser. Ce champ intensif d’individuation détermine les rapports qu’il exprime à s’incarner dans des dynamismes spatio-temporels (dramatisation), dans des espèces qui correspondent à ces rapports (différenciation spécifique), dans des parties organiques qui correspondent aux points remarquables de ces rapports (différenciation organique). »100 Chez Spinoza, il convenait de distinguer la chose particulière du mode, de même que la chose particulière en tant qu’elle existe comme mode déterminé existant sous l’attribut divin, et cette même chose en tant qu’elle existe dans un espace-temps déterminé, sous le régime de l’actualité101. La chose particulière est nécessairement l’incarnation de

rapports modaux dans l’actuel, mais ces rapports modaux eux-mêmes ne se confondent pas avec leur actualisation dans l’ordre actuel (moment de l’incarnation, avec espace-temps déterminés, qualitatifs et étendus). De même chez Deleuze, avec cette radicalité qui lui appartient, l’individuation n’est pas l’incarnation. Nous pouvons bien affirmer que nous nous

incarnons dans des Idées, mais c’est précisément en tant qu’un certain aspect de cette

expression que nous sommes est caractérisé logiquement par un virtuel qui correspond à un certain rapport définissant un problème, une certaine contraction différentielle, dont la puissance s’exprime dans telle ou telle intensité produisant variété et variation, essence modale et mode existant actuellement, sous la puissance de l’Idée. Il en va de toute modulation, de toute Idée en tant que variété et variation déterminées à exister actuellement : profondeur comme spatium intensif. Et le mouvement de l’explication, c’est celui par lequel la différence tend à s’annuler, mais aussi les distances à s’étendre, à se développer en longueurs, et le divisible à s’égaliser. » (DR, p. 307)

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DR, p. 323.

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Spinoza, Ethique, I, 25, corr. Nous parlons ici comme Spinoza, mais nous aurions préféré ne pas parler de « chose » lorsque nous parlons de cette « chose particulière en tant qu’elle existe comme mode déterminé existant sous l’attribut divin ». Le réel « chosal » consiste pour nous en l’actualité existentielle du mode.

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tel ou tel blanc actuel se caractérise par un certain degré d’intensité du blanc, produisant une certaine contraction de l’infinie multiplicité du blanc en vertu de la puissance, sous l’Idée, d’un degré intensif constituant une singularité pré-individuelle s’annulant dans tel ou tel blanc102. C’est seulement en tant que l’essence modale intensive se produit et découvre que quoi que ce soit peut s’affirmer comme qualité et extension. Qualité et extension sont

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