1.2. Les termes du bilan hydrologique
1.2.3. L’´ evapotranspiration
(b)
Figure1.6 – Pr´ecipitations journali`eres sur l’Ou´em´e sup´erieur (a) pour la d´ecennie d’observation AMMA-CATCH (2001–2010) ; (b) cumuls moyens de pr´ecipitations sur l’Ou´em´e sup´erieur pour la p´e-riode humide (1950–1969), pour la p´ep´e-riode s`eche (1970–1989) et pour la d´ecennie d’observa-tion AMMA-CATCH (2001–2010) ; la surface gris´ee repr´esente les cumuls minimaux et maxi-maux journaliers de pr´ecipitations sur l’Ou´em´e sup´erieur pour la d´ecennie d’observation AMMA-CATCH.
Principalement g´en´er´ees par les syst`emes convectifs organis´es, les pr´ecipitations pr´esentent une
forte variabilit´e spatio-temporelle. L’analyse de la variabilit´e spatiale des pr´ecipitations journali`eres
de l’Ou´em´e sup´erieur a ´et´e r´ealis´ee parVarado[2004] avec des outils g´eostatistiques. Sur la p´eriode
1997–2002, un variogramme exponentiel de port´ee 90 km a ´et´e cal´e grˆace aux stations pluviom´etriques
de l’observatoire AMMA-CATCH. Plus r´ecemment,Vischel et al. [2011] ont g´en´er´e des champs de
pluies au pas de temps de 5 minutes par interpolation lagrangienne. `A cette ´echelle temporelle, la
distance de d´ecorr´elation au sein de l’´ev´enement pluvieux est de l’ordre de 10 km (com. pers., G.
Quantin).
1.2.2. Les ´ecoulements en rivi`ere
Les ´ecoulements en rivi`ere de l’Ou´em´e sup´erieur sont intermittents avec un cycle annuel bien
marqu´e. L’Ou´em´e `a B´et´erou est `a sec de la mi-janvier `a la mi-mai (d´ebit moyen journalier inf´erieur
`
a 1 m
3.s
-1) et les plus hauts d´ebits sont atteints au mois de septembre. `A l’instar des pr´ecipitations,
les ´ecoulements en rivi`ere pr´esentent une forte variabilit´e inter-annuelle (figure 1.7). Le d´ebit de
l’Ou´em´e sup´erieur mesur´e `a B´et´erou repr´esente 12 % des pr´ecipitations du bassinsur la
p´eriode 1954–2002 [Le Lay, 2006].
1.2.3. L’´evapotranspiration
L’´evapotranspiration r´eelle (ETR) est la combinaison de l’´evaporation d’un sol nu ou d’une
sur-face d’eau libre et de la transpiration v´eg´etale. L’´evapotranspiration r´eelle r´esulte de facteurs li´es `a
l’atmosph`ere (rayonnement solaire, humidit´e et temp´erature de l’air, vitesse du vent), de facteurs li´es
Chapitre 1. Termes et processus du bilan hydrologique en climat soudanien
Figure 1.7 – Moyenne et enveloppe des quantiles 10 % et 90 % de la distribution des d´ebits journaliers `a B´et´erou sur la p´eriode AMMA-CATCH (2001–2010).
`
a la surface (alb´edo, ´emissivit´e, rugosit´e de surface), de facteurs li´es au sol (conductivit´e thermique,
propri´et´es hydrodynamiques, humidit´e) et de facteurs li´es `a la v´eg´etation (r´esistance stomatique,
pro-fondeur racinaire, indice de surface foliaire, en anglaisLeaf Area Index (LAI)). La complexit´e de cette
estimation qui ne peut ˆetre r´ealis´ee qu’`a l’´echelle locale, a conduit `a employer les notions d’´
evapo-transpiration potentielle et d’´evapotranspiration de r´ef´erence. L’´evapotranspiration potentielle (ETP)
correspond `a l’´evapotranspiration maximale d’un couvert v´eg´etal quelconque, maximal signifiant que
le couvert est bien aliment´e en eau et en phase active de croissance et donc que l’eau n’est pas un
facteur limitant de l’´evapotranspiration. L’´evapotranspiration de r´ef´erence (ET0) [Allenet al., 1998]
correspond `a l’´evapotranspiration d’une surface de r´ef´erence (gazon de 12 cm de haut, ayant un alb´edo
de 0,23 et une r´esistance de surface de 70 s.m
-1) qui ne serait pas limit´ee en eau. L’ET0 caract´erise la
demande atmosph´erique en eau pour une surface homog`ene infinie. Elle peut ˆetre inf´erieure `a l’ETR
dans certains cas, notamment si la surface n’est pas homog`ene (advection). La modulation de l’ET0
par un coefficient cultural, qui prend en compte l’´etat de croissance de la v´eg´etation et un coefficient
de stress hydrique permet l’estimation de l’ETR.
L’´evapotranspiration r´eelle est mesur´ee sur deux sites de l’Ou´em´e sup´erieur ayant des couverts
v´eg´etaux diff´erents. Le site de Nalohou (sur le bassin versant de l’Ara) est principalement une zone de
cultures et jach`eres ; le site de B´el´efoungou est une zone de savane arbor´ee. Sur le site de Nalohou, une
tour de flux mesure l’´evapotranspiration r´eelle depuis 2006 par la m´ethode d’Eddy Covariance (EC).
`
A quelques centaines de m`etres, le flux de chaleur sensible est mesur´e par scintillom`etre infrarouge
(Large Aperture Scintillometer (LAS)). L’ETR (assimil´ee au flux de chaleur latente LE) peut ˆetre
d´eduit par bilan d’´energie `a la surface du sol :
Rn=H+LE+G (1.2)
avec Rn le rayonnement net, H le flux de chaleur sensible et G le flux de chaleur dans le sol.
d’estimation de l’´evapotranspiration et mesurent le flux ´evapotranspiratoire provenant de surface
ayant des superficies diff´erentes : la tour de flux mesure l’´evapotranspiration (LE) d’une surface
(footprint) qui d´epend de la vitesse et l’orientation du vent et dont la superficie caract´eristique est
proche de celle d’une parcelle (0,25 km
2) alors que le scintillom`etre mesure le flux de chaleur sensible
(H) le long d’un trajet optique de 2,5 km de long et sa surface caract´eristique est inf´erieure `a 1 km
2. Le
fluxLE est ensuite d´eduit par bilan d’´energie (´equation 1.2) `a partir des mesures compl´ementaires de
GetRn. Sur le site de savane arbor´ee de B´el´efoungou, l’´evapotranspiration r´eelle est mesur´ee par EC
depuis 2008. Pour ces deux sites, les stations m´et´eorologiques associ´ees aux tours de flux permettent
de calculer l’ET0. La figure 1.8 illustre l’ETR et l’ET0 mesur´ees localement sur les deux sites.
Figure1.8 – ´Evapotranspirations pour la p´eriode 2006–2009 sur deux sites de l’Ou´em´e sup´erieur ayant des
couverts v´eg´etaux diff´erents : Nalohou (cultures) et B´el´efoungou (savane arbor´ee). L’´ evapo-transpiration de r´ef´erence ET0 est mesur´ee sur les deux sites. Sur le site de Nalohou, l’´ eva-potranspiration r´eelle ETR est mesur´ee par Eddy-Covariance (ETR-EC) et par scintillom´etrie infrarouge (ETR-LAS). Sur le site de B´el´efoungou, l’´evapotranspiration r´eelle est mesur´ee par Eddy-Covariance. Les mesures d’´evapotranspiration `a B´el´efoungou ont d´ebut´e en 2008.
Mamadou et al. [2014] ont ´etudi´e le bilan d’´energie `a la surface du sol par la m´ethode
d’Eddy-Covariance sur le site de Nalohou pour 4 p´eriodes de l’ann´ee 2008 : une p´eriode en saison s`eche
(P1, 18 janvier–1
erf´evrier), une p´eriode en saison humide (P3, 7 juillet–21 juillet) et deux p´eriodes
de transition, respectivement entre la saison s`eche et la saison humide (P2, 26 f´evrier–11 mars) et
entre la saison humide et la saison s`eche (P4, 24 octobre–7 novembre). Le flux de chaleur latente est
tr`es faible en p´eriode s`eche et en p´eriodes de transition et fort en p´eriode humide avec une valeur
journali`ere moyenne de 7 W.m
-2(´equivalent
1`a 0,25 mm.jr
-1) pour P1, 10 W.m
-2(0,35 mm.jr
-1) pour
P2, 115 W.m
-2(4,0 mm.jr
-1) pour P3 et 54 W.m
-2(1,9 mm.jr
-1) pour P4. Le bilan d’´energie `a la surface
est ferm´e `a 84 %. La comparaison du cycle journalier moyen du flux de chaleur latente `a Nalohou
et `a B´el´efoungou en p´eriode humide (juillet 2008) montre que l’´evapotranspiration du couvert de
savane arbor´ee est plus faible que celui de cultures en d´ebut de journ´ee mais elle atteint des valeurs
plus importantes au cours de la journ´ee. L’´evapotranspiration est comparable pour les deux couverts
en fin de journ´ee et durant la nuit, pendant laquelle l’´evapotranspiration est pratiquement nulle
[Mamadou, 2009].
1. Pour plus de clart´e, nous convertissons les flux ´energ´etiques (W.m-2) en flux hydriques (mm.jr-1) en consid´erant la chaleur latente de vaporisation de l’eauL´egale `a 2460 kJ.kg-1`a 20°C.
Chapitre 1. Termes et processus du bilan hydrologique en climat soudanien