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L’analyse des discours recueillis a consisté en une analyse du contenu thématique mixte (déductif et inductif) de la totalité des verbatims recueillis (données de discours et de verbalisations simultanées). Comme précisé dans le cadre du livrable 7.1_8a, l’ensemble des sources (une source correspondant à un répondant) a été encodé (un code est une étiquette désignant une unité de signification, Miles et Huberman, 2010, cité par Tessier Dargent, 2015). Des segments de texte (mots, phrases, paragraphes) constituent l’unité d’analyse dont le regroupement répond à un sens thématique. Trois stratégies d’encodage sont possibles :

46 - La création de codes/catégories ex ante (catégories d’encodage fixes et prédéterminées sur

la base du modèle de recherche et du cadre théorique, Tessier Dargent, Ibid.) ;

- La création de codes/catégories ex post c’est-à-dire sur la base de la recherche terrain (l’objectif est de couvrir toutes les dimensions qui émergent du discours obtenu, les catégories sont induites) ;

- La combinaison des deux approches.

Méthode de codage

Dans le cadre de l’étude de la genèse et des médiations instrumentales, une analyse du contenu de l’ensemble des entretiens recueillis a été réalisée sur la base d’une approche mixte. Précisément, un codage thématique a été effectué (c-à-d. que les entretiens sont découpés selon une grille de catégories projetée sur les contenus, Zumbilh, 2004) essentiellement à partir de catégorie ex ante – c-à-d. issues de la littérature scientifique et des hypothèses de recherche et opérationnelles de départ (voir livrable 7.1_7) - et de catégories ex post – c-à-d. émergeant des discours recueillis, sans ancrage dans une construction théorique préalablement déterminée. Le codage thématique était donc initialement déductif - puisque basé sur des catégories issues de travaux antérieurs- mais également inductif pour pouvoir rendre compte de la richesse des discours recueillis concernant le phénomène étudié. C’est sur cette base que l’évolution du cadre théorique et d’analyse indiquée en section 1.2 a été réalisée.

Les critère ex ante ont concerné les critères de la genèse instrumentale (Instrumentation - identification des schèmes d’utilisation observés ; Instrumentalisation, identification des catachrèses et Médiations instrumentales - identification des effets de l’utilisation des technologies étudiées sur les connaissances et les pratiques des individus en matière de MCE), de la théorie des usages et dans une certaine mesure, de l’étude du réseau socio-technique. La grille de codage utilisée pour étudier l’appropriation et les conditions de cette appropriation reprenait donc les critères psycho-ergonomiques et sociologiques issue du cadre théorique définit (livrable 7.1_7).

Pour rappel, une grille de codage distincte, construite sur la base d’un ensemble de critères psycho-ergonomiques (Bastien et Scapin, 1995 ; Nemery et Brangier, 2014) a également été utilisée pour l’analyse de l’usabilité et l’utilité perçue des portails smart-grids (voir livrable 7.1_8a).

Les critères ex post ont principalement concerné les motivations des individus à s’engager dans l’interaction avec la technologie.

Protocole de codage

Le protocole de codage inter-codeurs mis en place pour l’analyse du contenu peut être qualifié de

« co-codage » pour rendre compte du processus de coopération continue et fortement itératif.

Concrètement, l’étape de codage a été réalisée sur la base d’échanges riches et permanents entre les chercheuses de l’équipe socio-ergonomique. Ces échanges permettaient : (i) de préciser ou

47 clarifier certaines catégories ; (ii) de simplifier la grille par épuration (fusion de catégories

redondantes ou suppression de catégories non pertinente) ; (iii) de résoudre les divergences observées ; (iv) de vérifier ou enrichir les interprétations réalisées et (v) de valider des catégories induites identifiées. Ces échanges ont été réalisés tout au long du processus de codage et ont permis une vigilance accrue quant à un relatif conservatisme de codage (tendance du chercheur à ignorer les unités de sens qui contredisent et/ou posent problème pour les catégories étudiées, Allard-Poési, 2003). Cette démarche a conduit à des modifications, enrichissements et évolutions du processus de codage (abandon de catégorie peu pertinentes, création de nouvelles sous-catégories et ajout de l’analyse des motivations notamment). En effet, même définies a priori, les catégories construites à partir de la littérature scientifique vont évoluer au cours du processus de codage pour s’adapter et rendre compte des discours analysés (Allard-Poési, Ibid.).

Il est à noter que les deux chercheuses ayant réalisé le codage ont également conduit le recueil de données et disposaient donc d’une bonne connaissance du contexte pour ajuster au mieux le codage. Cela participe à la construction de catégories valides pour l’analyse de processus d’appropriation.

Le codage était également cyclique, c’est-à-dire que chaque catégories et sous-catégories étaient régulièrement réexaminées par chaque codeuse, notamment après chaque point étude. Ce processus itératif - extrêmement coûteux - a permis de diminuer les erreurs de codage et de vérifier sa stabilité dans le temps et de tenir compte des évolutions éventuelles de certaines catégories (fusion, retrait).

Un double codage partiel a également été effectué pour les catégories non factuelles, jugées difficile à coder (type de motivations, notamment). Globalement, le double-codage n’a pas été réalisé pour s’assurer de l’utilisation de catégories pertinentes (celles-ci étant essentiellement basées sur des cadres théoriques) ou vérifier la fiabilité inter-codeur (compte-tenu de la démarche cyclique et de

« co-codage ») - mais plutôt pour croiser les points de vue, enrichir l’interprétation des discours obtenus et la création des catégories et approfondir l’analyse. Les catégories dites factuelles correspondaient par exemple, aux types d’erreurs de navigation observées, aux compétences numériques des individus ou en lecture de graphique, les parcours biographiques, etc. Ces catégories n’ont pas été soumises au double-codage au regard du coût temporel élevé de cette démarche et de leur construction basée sur des échanges multiples entre les codeuses : cette étape aurait été peu pertinente.

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