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Des pierres dans ma poche est une production autofictionnelle où Adimi a créé

une narratrice-personnage principal privée de son identité onomastique pour mettre en œuvre romanesque une expérience vécue par elle-même.

Selon Philippe MERLO l’espace est toujours présent « qu’il s'agisse d’une autobiographie ou d'une autofiction, lemoi a toujours besoin de créer très rapidement, dès les premières lignes de l'œuvre un espace dans lequel il va se mouvoir. »8 En effet même si l’œuvre romanesque, s’agit d’une autofiction l’auteure créé un espace où se déroulent les actions du “moi“

L’espace dans notre corpus d’analyse apparait évidemment dès les premières lignes sous forme d’un espace géographique. Le personnage principal est déchiré entre deux pays, géographiquement bien délimités et séparés par la méditerranée : l’Algérie et la France. Il est aussi partagé entre deux villes qui constituent les capitales des deux pays :

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GOLDENSTEIN.Pierre-jean, Pour lire le roman, éditions Ducret, Paris, 1985, p86 6

Id 7

Ibid. p88 8

MERLO. Philippe, Le Moi et l’Espace, autobiographie et autofiction dans les littératures d’Espagne et

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Alger et Paris. En effet la première action réalisée par la narratrice se déroule à l'aéroport qui représente un signe de passage, de déchirement entre deux espaces :

La première fois que je suis revenue à Alger après être partie m'installer à Paris j'avais vingt-cinq ans j'étais pressé de retrouver ma famille [...] l'avion vient d'atterrir à l'aéroport de Houari Boumediene. Je souriais au policier moustachu et m qui contrôlaient mes papiers.9

Le “ je “ narratrice-personnage principal est située entre deux pays, l'Algérie et la France, deux villes Alger et Paris. L'Algérie est le même pays d'origine de l’écrivaine ADIMI et de la narratrice. Paris est le même pays où la narratrice et ADIMI sont exilées volontairement à l'âge de vingt-cinq ans.

L'espace du récit est le même espace du réel où vit l’auteure ADIMI. L’histoire se déroule entre deux villes : Alger et Paris. L'écrivaine dans le cas de notre corpus s'identifie à travers l'espace réel. Cette identification est un point de ressemblance entre la narratrice-personnage principal qui existe dans le monde imaginaire et l’artiste qui l’a inventé. En effet, dans ce roman « l’espace peut donc se décliner sous de multiples formes et le destinataire sera amené à comprendre « espace » dans un sens bien plus large, celui de mise en scène du “ moi “ dans un espace livresque et scripturale »10.Il s’agit de la mise en texte d’une expérience réelle, et d’un espace référentiel.

La question qui se pose sur cette notion de l'espace en général et dans le cas de notre corpus en particulier : S'agit-il d'un espace réel ou fictif ? Ouvert ou fermé?

L’espace dans notre corpus est réel et référentiel. Il s'agit des deux villes Alger et Paris, mais nous pouvons pas les considérer comme étant un espace réel, déjà l'autofiction c'est la fictionnalisation d'une réalité vécue par l’auteure elle même, la mise en fiction du réel, les villes sont référentielles, sont les mêmes où vit l’écrivaine ADIMI. Le “

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Adimi Kaouther, Des pierres dans ma poche, Barzakh, Alger, 2015, p11

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MERLO. Philippe. Le Moi et l’Espace, autobiographie et autofiction dans les littératures d’Espagne et

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je“ est mis en scène dans un espace livresque et scriptural. Il s'agit d’une représentation d'un espace mais non pas d'un espace réel.

En outre, Stéphanie MICHINEAU confirme que « […] l’espace autofictionnel se place à la frontière du monde du rêve et de la réalité sans jamais venir à aucun des deux ».11 Donc, quand il s’agit d’une autofiction, l’espace il n’est ni réel ni fictif il se situe entre les deux. Selon Lucien GOLDMAN, dans le texte, il s’agit d’une représentation de l’espace qui a son image dans l’extra-texte (le monde réel). Ce qui nous a poussées à confirmer que dans notre corpus, il s’agit d’une autofiction par ce qu’il y a une coïncidence entre la représentation et l’image : les deux villes citées dans le texte existent dans le monde réel sans aucune fictionnalisation ou modification.

L'histoire dans le texte en question se déroule entre Paris et Alger, c'est l’auteure qui a évoqué le cadre spatial où la narratrice-personnage principal se déplace entre deux villes. Elle a passé son enfance, et son adolescence à Alger, et elle a tant rêvé de partir en France, à l’âge de vingt cinq ans elle a quitté Alger et s’est installée à Paris.

Vincent JOUVE considère la multiplicité d'espaces comme étant un « espace ouvert »12, il « laisse les héros libres d'aller et de revenir, de voyager. »13 Et c'est le cas de notre personnage, qui se déplace librement entre deux continents. À Alger, elle a tant rêvé de Paris. Après son départ et son installation là-bas, les souvenirs d'enfance qui ne cessent de l’envahir, lui rappellent son “chez-soi“ à Alger. Tout au long du roman, notre personnage principal fait des allers-retours entre Alger et Paris, soit par le biais des rêves et des souvenirs, soit par le biais de voyage. Les souvenirs d'enfance l’envahissent. Elle ressent un élan nostalgique envers l'Algérie. Dans les passages suivants la multiplicité de l’espace est évidente : « Un dimanche après-midi, un élan nostalgique m'avait saisie à Paris. Un élan fourbe qui m avait rappelé le nombre de mois passés loin de chez moi ».14

« Il suffit que j'aperçoive une fourmi rouge, comme celles qui ont peuplé mon enfance, pour que mon cœur se mette à battre plus vite et que je cherche frénétiquement à

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MICHINEAU. Stéphanie, L’Autofiction dans l’œuvre de Colette, thèse de doctorat, université du Maine - U. F. R. de LETTRES, 2007, p277

12 GOLDENSTEIN. Jean-Pierre, Lire le roman, édition de Boeck, Paris, 2005, p107 13 Id

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acheter un billet d’avion [...]»15. Ces fourmis rouges représentent les souvenirs de son ancienne vie à Alger, ils lui rappellent de son enfance et augmente son désir de retourner à Alger.

GOLDENSTEIN à son tour, dans son ouvrage Lire le roman, affirme à la page cent sept que « l’ouverture de l'espace peut-être introduite par le biais d'un espace imaginé. En disant c’est même dans le cas où l’action se déroule en vas clos, on peut rencontrer une ouverture introduite par le biais d’un espace imaginé, on trouve alors un “ici“ et un “ailleurs“ du roman. »

Le vécu de notre personnage principal à Alger au début puis à Paris peut être considéré comme étant un espace clos, mais dans Des pierres dans ma poche , l’auteure « se sert de son imagination pour faire éclater ce dernier »16 et crée par la suite un “ici“ et un “ailleurs“, où le personnage principal est déchirée.

3- Un vécu difficile entre l’ici et l’ailleurs

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