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L’ENVIRONNEMENT AQUATIQUE DES AMP

III.3. Le cas de l’AMP d’Urok

III.5.1. L’environnement aquatique de l’AMP de Bamboung

L‟analyse temporelle des paramètres physico-chimiques a permis de constater une faible évolution globale de l‟environnement aquatique de l‟AMP de Bamboung par rapport à la situation de référence. Cependant certains paramètres comme la transparence et la conductivité ont évoluée de façon significative entre certaines années après la fermeture du bolon de Bamboung à l‟exploitation halieutique. Cette évolution s‟est traduite par une opposition entre l‟année 2009, année pendant laquelle l‟environnement aquatique de l‟AMP a connu une importante oxygénation et l‟année 2011, année au cours de laquelle les eaux de l‟AMP ont été plus transparentes. De même, en 2007, l‟environnement aquatique de l‟AMP était plus salé contrairement à l‟année 2012 qui était plus chaude et moins riche en sels dissous. D‟une année à l‟autre les différences observées restent cependant très faibles. En effet, entre deux années la différence de profondeur moyenne annuelle de pêche est toujours inférieure à 1,3 m alors que celle de la transparence moyenne annuelle n‟a jamais dépassé 1 m. La différence de salinité moyenne annuelle entre deux années est comprise entre 0 et 4,7 alors que celle de la conductivité moyenne annuelle reste inférieure à 48 mS. Entre deux années, la différence de température moyenne annuelle est inférieure à 2°C et celle du pourcentage de saturation en oxygène dissous n‟a jamais dépassé 4,5% en 10 ans.

Ces résultats corroborent ceux obtenus par Ecoutin et al. (2010). Les auteurs ont comparé les caractéristiques environnementales de l‟estuaire du Sine Saloum et ont trouvé de faibles différences annuelles de salinité moyenne (1,1), de température moyenne (1,1°C), de pourcentage de saturation en oxygène (10,4%) et de transparence moyenne (0,76 m) entre les années 1992 et 2002. De même, Simier et al. (2004) ont trouvé des différences de salinité, de température et de transparence moyennes annuelles très faibles entre plusieurs stations prospectées dans l‟estuaire du Sine Saloum en 1992. Le fonctionnement du bolon de Bamboung est typique de l‟estuaire du Sine Saloum, dans sa partie non sursalée, tel qu‟il a été décrit par Diouf (1996), Simier et al. (2004) et Ecoutin et al. (2010). La masse d‟eau du bolon de Bamboung peut être considérée comme relativement homogène.

Le principal facteur de variations est saisonnier, avec une opposition marquée entre la saison humide (octobre) et la saison sèche (mars et juin). La saison humide est caractérisée par les salinités les plus basses (autour de 22) en raison de la pluviométrie importante (Ecoutin et al. 2012) et des températures maximales (30 à 32,2°C). La saison sèche est

caractérisée par des salinités plus fortes (50) et des températures minimales en mars (22,9°C) qui augmentent en mai-juin (28 à 30°C).

Au plan spatial, l‟AMP de Bamboung et le bolon de Sangako présentent des caractéristiques environnementales proches entre 2008 et 2012. En effet, les différences de moyenne des variables environnementales sont très faibles entre les deux sites. Elles sont inférieures à 2 m pour la profondeur des coups de pêche, à 0,01 m pour la transparence, à 0,04 pour la salinité, à 0,08°C pour la température, à 4,02% pour l‟oxygène et à 1,32 mS pour la conductivité. L‟analyse globale montre une faible variabilité interstations au sein d‟un même site et une faible variabilité intersites. La proximité des deux sites (8 km), la faible superficie en eau de l‟AMP de Bamboung (environ 300 ha) et du bolon de Sangako (environ 378 ha) et une profondeur moyenne de l‟ordre de 6 m dans les deux sites (Ecoutin et al. 2013) expliquent cette homogénéité. Les résultats des analyses comparatives et globales ont montré deux sites similaires sur le plan environnemental et un effet saisonnier bien marqué.

III.5.2. L’environnement aquatique du PNBA

Quel que soit le paramètre environnemental, les différences de valeurs moyennes entre les deux secteurs ne dépassent pas 3 unités. Les eaux du secteur intérieur de l‟AMP sont plus salées, plus chaudes et plus denses que celles du secteur extérieur. Des valeurs de salinité et de température moyennes trouvées par Clavier et al. (2011) sont légèrement plus élevées. Cependant, ils ont trouvé un pourcentage de saturation en oxygène dissous (12,31% à 90,29%) plus faible. Ainsi, on peut considérer que les masses d‟eau des deux secteurs sont homogènes. Ce qui s‟explique par la position des stations prospectées, situées sur le plateau continental caractérisé par des fonds généralement réguliers et une pente douce vers le large pour la plus grande partie du plateau (Chavance et Girardin 1991).

III.5.3. L’environnement aquatique de l’AMP d’Urok

Dans l‟AMP d‟Urok, les zones 2 et 3 sont plus profondes que la zone 1. Cette différence s‟explique par la position des stations de la zone 2 et 3 situées dans des chenaux (canal de Pélican et canal de Formosa). La différence de transparence ne dépasse pas 1 m entre les trois zones, celles du pourcentage de saturation en oxygène dissous sont inférieures à 8 %. Les différences de salinité entre zones n‟ont jamais dépassé la valeur de 1. Les écarts de température entre zones sont toujours inférieurs à 1°C. Le paramètre le plus discriminant est la transparence qui n‟est pas liée à la saison et qui discrimine la zone 1 des deux autres zones.

Les valeurs moyennes de température obtenues dans cette étude sont légèrement plus élevées que les valeurs moyennes annuelles de température trouvées (28,1 à 29,2°C) par Krömer et al. (1994) dans l‟archipel des Bijagos. En ce qui concerne la salinité, les valeurs enregistrées sont proches de celles des années 1994 (Krömer et al. 1994). Il en est de même pour la transparence (1,4 à 3,3 m) dans la zone de Rio en 1994.

Les faibles différences observées entre les zones permettent de conclure à une homogénéité des masses d‟eau au sein de l‟AMP d‟Urok. Ce résultat peut s‟expliquer par la présence d‟importants marnages de l‟ordre de 5 m qui affectent entièrement l‟île d‟Urok (Pennobert 1999). De même, les agents dynamiques marins (la marée, la houle, les courants océaniques) favorisent le brassage et le transport de nutriments organiques issus des upwellings côtiers de la zone périphérique à la zone centrale de l‟AMP (Pennober 1999). L‟analyse globale met en évidence la séparation des deux saisons (sèche et humide).

L‟analyse globale fait ressortir un facteur saison (sèche et humide) moins marqué dans le PNBA que dans l‟AMP de Bamboung et dans celle des îles d‟Urok.

III.6. Conclusion

Dans les trois AMP, l‟analyse globale a fait apparaître des variations saisonnières. Ce caractère saisonnier oppose la saison humide (température de l‟eau maximale et salinité minimale) aux saisons sèches froide et chaude (salinité de l‟eau maximale et température minimale) dans l„AMP de Bamboung et celle d‟Urok. Dans le PNBA, l‟opposition est moins nette entre la saison humide (salinité et température de l‟eau maximales) et la saison chaude (salinité et température de l‟eau minimales).

Les trois AMP sont situées dans des milieux ouverts qui sont des milieux influencés par les facteurs abiotiques (Blaber et al. 2000 ; Roy et al. 2001). Les effets des facteurs abiotiques sur les traits de vie et la structuration des peuplements de poissons ont été démontrés dans ces types de milieux (Cyrus et Blaber 1987 ; Whitfield 1999 ; West et Walford 2000 ; Bœuf et Payan 2001 ; Young et Potter 2002 ; Castillo-Rivera et al. 2002 ; Barletta et al. 2005). En effet, les facteurs physico-chimiques tels que la salinité, la température, la transparence, la profondeur, l‟oxygène dissous et leurs fluctuations régulières ou irrégulières à différentes échelles de temps et d‟espace influent sur la biologie et l‟écologie des poissons estuariens (Baran 1995 ; Simier et al. 2004 ; Panfili et al. 2004 ; Akin et al.

2005), lagunaires (Cyrus et Blaber 1987 ; Albaret et Ecoutin 1990 ; Miner et Stein 1993 ; Albaret 1999 ; Pombo et al. 2007) et même marins (Cardinale et al. 2002).

L‟ensemble des études environnementales menées dans les trois AMP ont permis de mettre en évidence de faibles différences aussi bien dans le temps (évolution annuelle) que dans l‟espace (comparaison intérieur-extérieur). Compte-tenu des effets induits par les variations des paramètres environnementaux sur la structuration, l‟organisation et la biologie des poissons, il est très difficile de faire la part des choses entre un effet environnemental et un effet AMP. Il apparaît alors plus fiable d‟étudier l‟efficacité des 3 AMP par saison. Cette approche saisonnière permet de minimiser les effets environnementaux. Ainsi, les différences observées entre les peuplements de poissons comparés pourraient être attribuées à la mise en place de l'AMP.

IV. EVALUATION DE

L'EFFICACITE D’UNE AMP

COMME OUTIL DE