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III. FAIRE DU REEMPLOI UNE PRATIQUE SYSTEMATIQUE DANS LE BÂTIMENT

I.3. Des freins sous-estimés par les institutions alors qu'ils sont davantage bloquants pour les plate-formes

II.1.5. L'enrichissement des activités d'expertise

II.1.5.1. Un partage des savoir-faire et des bonnes pratiques

Les structures locales ont développé des savoir-faire et des méthodologies. Ces compétences sont complémentaires et riches147. Contrairement à certaines plate-formes parisiennes dont les volumes

réemployés sont très importants et les prix bas, les acteurs lyonnais choisissent de s'orienter vers un partage des savoir-faire et des pratiques. Le regroupement a pour intérêt d'entretenir ces bonnes pratiques autour du réemploi, afin que « la pratique perdure et que ce ne soit pas du green washing »148.

En d'autres termes, cela vise à alimenter des méthodologies et à diffuser la pratique.

La mise en place d'un réseau d'expertise et de conseil à l'échelle locale, permettrait de dessiner une offre d'accompagnement des projets en réemploi et de renforcer la dynamique de fédération149. Cela

permettrait donc d'organiser ces acteurs pour valoriser leurs compétences, les approfondir et construire des méthodologies globales et complètes. Par exemple, en combinant les forces de Minéka et de BOBI Réemploi, il serait possible d'enrichir les compétences d'AMO de Minéka avec les compétences

146 Action 4.4 In : BENOIT Julie, DESTOMBES Louis (Bellastock). Op. Cité p. 70

147 « C'est une filière qui va devoir se structurer, où il va falloir monter en compétences. Je pense qu'il y a énormément de savoir-

faire,(...) les acteurs sont de plus en plus qualifiés et ont développé des méthodologies qui valent de l'or maintenant. Il y a un vrai savoir-faire basé sur pas mal de retours d'expérience. En revanche il va falloir déjà se fédérer », dans Entretien n°3, du

29.04.2020, avec maître Elisabeth Gelot, avocate en droit de l'environnement et de l'économie circulaire chez Skov Avocats 148 Entretien n°1, du 10.04.2020, avec la fondatrice et directrice de Minéka

opérationnelles de BOBI, et inversement, comme l'explique un membre de Minéka150.

II.1.5.2. Un partager les outils de l'expertise

Bellastock préconise dans son rapport sur l'optimisation et la massification du réemploi de définir une méthodologie de diagnostic ressource à l'échelle du territoire intégrant l'ingénierie financière151. Les

acteurs ont chacun développé leurs outils pour réaliser un diagnostic ressources. Leurs documents contiennent les données qualitatives et quantitatives permettant de décrire les éléments, bien qu'ils soient présentés différemment. La préconisation de Bellastock invite à harmoniser la réalisation de ces diagnostics. De plus, elle propose d'intégrer l'ingénierie financière, c'est-à-dire de faire apparaître les coûts que représentent la dépose, le reconditionnement et la revente des éléments. Minéka en particulier fait déjà apparaître une partie de ces coûts dans ses diagnostics, afin de faire prendre conscience aux MOA du potentiel économique des éléments diagnostiqués.

Figure 20 : Template de diagnostic ressources proposé dans le cadre du projet FCRBE

D'autre part, la fondatrice de Cycle Up explique qu'elle souhaiterait « développer un [diagnostic

ressources] qui pourrait servir à n’importe quelle personne qui souhaiterait faire un diagnostic : du diagnostiqueur ressources jusqu'au spécialiste du réemploi, et diagnostiqueur déchet »152. Il s'agirait donc

de développer un template vierge et disponible en open source. Cela a été réalisé dans le cadre du FCRBE dans Un Guide pour l'identification du potentiel de réemploi des produits de construction, dont la version préliminaire a été diffusée le 29 mars 2020153.

150 «On a besoin de compétences plus chantier, BTP, travaux, ce que fait BOBI-Réemploi par exemple, le support de plate-forme

web qui peut être nécessaire, comme Re.Source sur la région lyonnaise... et du coup, justement de se fédérer avec ces acteurs là pour être plus fort finalement et puis apporter une réponse complète et globale, sur des questions de réemploi et

d'économie circulaire » dans Entretien n°4, du 30.04.2020, avec la chargée de projets partenariats AMO de Minéka

151 Action 4.2 In : BENOIT Julie, DESTOMBES Louis (Bellastock). Op. Cité p. 69

152 Entretien n°8, du 05.06.2020 avec la chargée Conseil et Audit de Cycle Up (plate-forme web)

Le principe du partage en open source est intéressant, néanmoins il est important de garder à l'esprit qu'un diagnostic ressources doit être réalisé par « par une personne qualifiée issue du domaine du

BTP»154. Si le diagnostic était réalisé par une personne non-sachante, alors il ne serait pas valable. De

plus, la réalisation d'un tel diagnostic par une personne incompétente risquerait de mettre en péril les méthodologies existantes, de dévaluer le diagnostic ressources lui-même et de desservir la filière. Comme l'expliquait l'intrapreneuse Vinci interrogée, un diagnostic réalisé par une personne ne connaissant pas le chantier et le curage peut être très inadapté à la réalité du terrain. Il peut également tromper la MOA sur le potentiel de l'ouvrage diagnostiqué155.

Enfin, le principe de l'open source ouvre le débat de la concurrence : quid du temps passé par des acteurs émergents à développer des méthodologies, quand il est possible d'attendre la parution d'un outil prêt à l'emploi ?

II.1.5.3. Une mise en valeur d'autres compétences du territoire

Nous avons vu dans le paragraphe I.2.1.2. que l'offre de matériaux de réemploi était plus importante que la demande. Afin de palier à cette situation, il paraît essentiel de trouver des débouchés. Le recensement des MOE (architectes, grands groupes, constructeurs, etc) investies sur le réemploi semble donc être une action essentielle156. Cela permettrait de cibler des acteurs avec lesquels réaliser

des partenariats. Cela faciliterait également la mise en contact des MOE intéressées avec les entreprises compétentes et les MOA favorables à la démarche. Ainsi, un nouveau chaînon pourrait compléter la chaîne de valeur. Cette mission pourrait encore être menée par le jeune groupement ou le Centsept.

Le recensement et la mise en réseau de divers acteurs du territoire peut finalement aboutir à valoriser des savoir-faire locaux et le patrimoine immatériel du territoire.

II.1.6. Des actions rayonnantes pour la reconnaissance de la filière