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Le Haut Conseil de Santé publique a déjà invité à la réflexion sur la création d'une cigarette électronique médicalisée dans son avis du 22 février 2016(21).

La cigarette électronique a actuellement le statut de produit de consommation courante, fait admis par la société française. Ce statut pourrait être un frein important à la « médicalisation » du dispositif.

Dans l’hypothèse où la prise en charge médicale de la cigarette électronique était décidée, les vapoteurs auraient la possibilité de revenir vers leur médecin traitant ou leur tabacologue pour l’information, la prescription du produit et la prévention du mésusage. Il serait alors possible pour le tabacologue ou le médecin traitant d'informer sur les autres mesures d’hygiène de vie bénéfiques pour la santé en plus de l'arrêt du tabac. Il serait également possible au médecin d'informer et de prescrire des TNS compatibles avec la consommation de la cigarette électronique dans l’objectif d’un sevrage aux produits délivrant de la nicotine.

Les expérimentateurs de la vape se font de plus en plus rares par rapport aux utilisateurs quotidiens. Le baromètre santé 2016 constate une augmentation de la part des consommateurs quotidiens par rapport aux consommateurs occasionnels (un pour deux en 2014 contre 3 pour 4 en 2016)(36). Cela induit l'idée que le nombre d'expérimentateurs baisse avec le temps et que le vapotage s'inscrit actuellement autours d'un noyau dur d'utilisateurs.

En comparaison, la prescription de TNS concernait 2 726 417 patients en 2017 avec une augmentation de 28.5% par rapport à 2016 selon une enquête de l'OFDT(96).

Ces chiffres ne prennent hélas pas en compte les prescriptions hospitalières.

Figure 5 : Evolution depuis 1998 de la vente des traitements pour l'arrêt du tabac

le mois sans tabac et le remboursement systématique des TNS à hauteur de 65%(96).

Malgré les campagnes de discrédit autours des TNS, les consommateurs de cigarette électronique n'hésitent pas à les utiliser afin de les aider à freiner leur consommation de nicotine.

L'utilisation de ce produit semble se stabiliser autours d'un noyau dur d'utilisateurs tandis que l'utilisation des TNS est de plus en plus importante. Cela implique que les patients souhaitant se sevrer en nicotine continue majoritairement à faire confiance à leur médecin.

Conclusion

La cigarette électronique a été validée par une expertise en 2016 comme un mode de consommation de nicotine moins toxique que le tabac et pouvant être un outil de sevrage. Les études montrent majoritairement un effet sur la diminution de la consommation de tabac à 1 an (50%), néanmoins aucune n’a comparé le taux de sevrage à un an entre l’utilisation de la cigarette électronique et des TNS reconnus.

La motivation principale des vapoteurs est de se sevrer du tabac et plus particulièrement des substances toxiques contenues dans la fumée. La toxicité moindre de la cigarette électronique, idée largement diffusée par les professionnels de la vape, les motive à l’usage de ce produit de consommation.

En réalité, les vapoteurs entretiennent leur dépendance à la nicotine. La tabaco-dépendance est une maladie chronique dont les rechutes sont fréquentes en raison de la présence des récepteurs nicotiniques. Leur dépolarisation rapide et massive auto-entretient cette dépendance chimique. La pharmacocinétique de la nicotine, lors de l’utilisation de la cigarette électronique, est équivalente à celle d’une cigarette.

L’action de vapoter entretient également la dépendance psychologique et comportementale. Partant de ces deux constats, on comprendra que le vapotage ne s’inscrit pas dans un changement constructif pour réussir un sevrage en nicotine.

Nous aurions pu espérer que la décision d’utiliser la cigarette électronique pour mode de sevrage « sain » s’inscrirait dans une démarche personnelle de prévention de santé et de meilleure hygiène de vie. Notre étude, certes non longitudinale mais portant sur 16719 sujets, ne l’affirme pas. Nos résultats n’indiquent pas que le vapotage soit associé à une activité physique plus importante, une meilleure hygiène alimentaire, une meilleure qualité de sommeil et une implication plus importante des femmes dans le dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus. La baisse de la consommation d’alcool et le sevrage en cannabis sont uniquement en lien avec l’arrêt de la consommation de tabac.

Ces résultats s’expliquent en partie par le fait que les vapoteurs ne prennent pas l’avis du médecin généraliste avant d’utiliser la cigarette électronique. Les médecins généralistes sont mal informés et les experts divisés sur le sujet. Les autorités de santé n’émettent pas un message fort et consensuel vis-à-vis de la cigarette électronique. Cette situation profite aux professionnels de la vape qui encadrent les actuels et futurs consommateurs en leur communiquant des messages rassurants et des informations « pseudo médicales ».

Le tabagisme a connu un phénomène d’accroissement important dans le dernier tiers du XXe siècle avec la mondialisation et les images véhiculées par la télévision et le cinéma. Le baromètre santé 2016 semblait pointer du doigt une stagnation de la consommation de cigarette électronique en France. Cependant, devant la rapidité de l’information véhiculée par internet, le développement de la cigarette électronique

Il est nécessaire de rapprocher les consommateurs de cigarette électronique avec le monde médical. Un message consensuel sur le produit doit être diffusé pour combattre les fausses informations (nicotine inoffensive, TNS placebo, innocuité de la cigarette électronique, etc.). Les organismes de santé publique doivent adopter une position claire et unanime sur le sujet et donner les résultats des recherches en cours. Une solution serait, peut-être, de créer un site d’information médicale sur internet dédié aux patients et aux professionnels de santé.

Il est surprenant que la cigarette électronique, de part son mode d’administration de nicotine contenue dans les e-liquides, garde le statut de produit de consommation courante en France. Ce produit ne subit ni les taxes imposées sur les produits du tabac ni les contrôles et les règles de mises sur le marché d’un médicament. Sa fabrication et commercialisation dépendent uniquement des industriels liés aux lobbies du tabac. Concernant sa prescription dans le sevrage tabagique, le débat actuel serait enrichi par des études indépendantes donnant le taux d’abstinence à un an en utilisant ce produit versus TNS. En attendant ces résultats, les e-liquides contenant de la nicotine devraient être apparentés aux produits du tabac et, ainsi, être soumis à la même réglementation et taxation.

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