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L’association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV)

CHAPITRE 2: PRATIQUES DE LA PARTICIPATION EN ISERE

A. La participation vue sous deux angles différents

2. L’association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV)

« L’AFEV est une association faite d'ambition collective, de réflexions, de débats, d'actions concrètes et de réponses pragmatiques. Je connais bien la structure pour y avoir travaillé pendant de nombreuses années. L'AFEV était une indignée avant l'heure et c'est ce qui fait sa densité et sa vigueur ». Nathalie Ménard, Présidente de l'AFEV.

Cette citation de la présidente de l’association résume en quelques lignes la philosophie de l’AFEV qui se retranscrit dans des actions variées et ce depuis sa création.

a. A l’origine, une envie de permettre l’engagement et d’initier le changement

L’AFEV se décrit comme le premier réseau étudiant français. Impliquée dans plus de 350 quartiers populaires, son champ d’action prend corps à l’échelle nationale. Suite aux mouvements des années 1990 dans les quartiers populaires et les inégalités visibles notamment dans le domaine de l’éducation, l’association est créée en 1991. Le constat est double. D’une part les quartiers dits difficiles sont délaissés, malmenés. D’autre part un grand nombre d’étudiants est animé par une envie commune, celle de s’engager pour une cause. Suite à sa création, l’AFEV axe son activité sur l’aide individualisée. Autrement dit un accompagnement de deux à trois heures par semaine sur une année d’un enfant en difficulté. L’étudiant bénévole suit un élève de primaire, de collège ou de lycée. L’action ne se situe pas dans la lignée de l’aide au devoir et de l’école. Bien au contraire, les activités sont adaptées à l’enfant, à ses problématiques et à ses besoins. Ainsi, il s’agit de proposer des activités qui développent selon l’accompagné la confiance, la concentration ou la créativité. L’objectif étant d’offrir une aération, une ouverture d’esprit à l’enfant en lui montrant l’univers des possibles pour sa profession future. Et surtout de lui offrir des clés de compréhension, des méthodes d’apprentissage le rendant autonome et curieux. En effet, l’un des axes majeurs de l’accompagnement individualisé est de réactiver la curiosité des enfants pour des sujets divers et par conséquent de les raccrocher au système scolaire. Cette démarche novatrice, non bloquée par un cadre scolaire permet d’instaurer un climat de confiance et favorise un apprentissage mutuel. Outre le bénévolat pour l’accompagnement individualisé, l’AFEV propose des actions diversifiées depuis 2006 par les missions de volontariat en service civique et les colocations à projets solidaires ou KAPS. Les différents projets collectifs initiés par l’association ont pour but de favoriser à la fois un

engagement des étudiants mais également un engagement des enfants dans le processus d’engagement citoyen. Les KAPS sont particuliers, dans la mesure où le projet est original et innovant en France. Hybridation entre engagement et colocation, le projet était en maturation dans l’imaginaire collectif depuis 2009. Il prend corps à Grenoble en 2012. Pour la première fois sur le territoire français une résidence étudiante, un bâtiment est érigé dans un quartier populaire spécifiquement pour accueillir un projet avec des objectifs sociaux.

b. Les KAPS, de l’intention à la réalisation

Les KAPS français se sont inspirés des KOT-à-projets belges de la ville de Louvain-la-Neuve. Le kot est une habitation communautaire d’une dizaine d’étudiants. Ceux-ci travaillent sur un projet commun sur une thématique principale : sport, culture, environnement. L’idée est alors reprise et s’agrémente de nouveaux objectifs. D’une part, les KAPS sont mis en place dans des quartiers populaires et d’autre part ils visent un empowerment et un développement local. Le recrutement des étudiants bénévoles se fonde sur leur motivation initiale et leur envie de s’investir dans des projets.

Le fonctionnement des KAPS diffère d’une année à l’autre. Itératif, les erreurs de l’année précédente servent à la modification des modalités de mise en place des projets. Ainsi la première année de lancement du KAPS de Grenoble, les projets s’effectuent par colocation. Une colocation de quatre à cinq individus travaille sur une thématique de projet et le mène à bien sur le quartier.

Parti pris risqué, car les colocataires ne se connaissent pas à leur entrée dans les KAPS et sont répartis selon leur choix de thématique. La deuxième année, les projets se font d’individu à partenaire extérieur. Autrement dit, les kapseurs habitent en colocation, mais le projet est individuel. De plus, le kapseur travaille avec une structure du quartier ayant déjà initié un projet ou travaillant sur un projet en cours. Pour l’année 2014-2015, il est envisagé de mener un diagnostic partagé avec les habitants des quartiers, les acteurs sociaux du quartier et les collectivités locales afin d’identifier les besoins réels.

Figure 10 : Le fonctionnement des KAPS63

La réussite globale du projet KAPS repose sur les étudiants, leur dynamisme, leur énergie donnant une impulsion nouvelle. Une convivialité se crée au fur et à mesure par le biais de fête des voisins, d’activités avec les habitants. Le mouvement s’inscrit sur deux niveaux. Il prend corps sur un temps long, progressivement, s’implantant dans le décor de tous les jours, changeant les habitudes quotidiennes du quartier en termes de vie sociale. La dynamique se produit intrinsèquement. Les «projets » se positionnent sur une micro-échelle et ont des incidences économiques, culturelles favorisant un développement local. De plus, l’ensemble de ces activités est réfléchi et mené en cohérence avec les projets en cours sur le quartier.