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L’aspect financier comme facteur de survie et de croissance

CHAPITRE 1 FONDEMENTS THÉORIQUES

1.5 L’aspect financier comme facteur de survie et de croissance

Le domainede la biotechnologie est caractérisé par une R-D très risquée et s’étalant sur une longue période de temps où plusieurs étapes sont nécessaires à l’émergence d’un nouveau produit (Kellogg, 2000). De plus, la connaissance liée à cette industrie est très complexe et dispendieuse puisque les sources d’expertise sont dispersées (Powell, 1996). Elle nécessite donc un partage de connaissance qui soulève plusieurs interrogations quant aux formes de financement (Revest, 2007). Ceci a pour incidence d’induire des coûts de R&D élevés, qui peuvent représenter une importante barrière à l’entrée pour les entreprises. Le financement est donc un élément important pour assurer la pérennité de l’industrie.

1.5.1 Financement

Sans être spécifique aux biotechnologies, des études démontrent que le manque de capitaux limitait la probabilité de survie ainsi que le taux de croissance. (Carpenter et Petersen, 2002; Becchetti et Trovato, 2002). Cependant d’autres études (Cressy, 2000; Hurst et Lusardi, 2004) démontrent que le manque de financement était en fait un symptôme de problèmes plus profonds comme un manque d’innovation ou de collaboration. L’évolution d’une nouvelle entreprise en biotechnologie se fait en plusieurs phases (Hall, 1992; Gompers, 1995). Les premiers investissements proviennent des fondateurs. De l’ordre de quelques centaines de milliers de dollars, ces premiers investissements servent à rendre l’entreprise attractive pour les investissements externes. De ses firmes, seulement quelques unes survivront dû à la nature risquée de ces premiers investissements (Prager, 1999).

Hypothèse5: Les entreprises de biotechnologie ayant réussi à obtenir un financement survivent plus longtemps; Les entreprises ayant réussi à obtenir un financement ont une croissance accrue dans les années suivant l’obtention du financement.

1.5.2 Importance de la source de financement

Des résultats empiriques de Vanacker (2009) démontrent que les entreprises avec des investisseurs les plus expérimentés obteniennent les meilleurs taux de croissance. L’auteur explique l’impact du financement sur la croissance des entreprises par deux facteurs. Premièrement, le processus de recherche de financement est susceptible de changer comment l’entreprise organise son capital social et d’influencer la structure et l’expérience de l’équipe managériale. Deuxièmement, les liens créés avec les investisseurs externes constituent les premiers liens d’une entreprise. Le choix des sources de financement s’avère donc crucial. Tout au long de son existence, la firme sera appeléea effectuer des choix quant aux sources de financement utilisées qui viendront définir son cycle de financement.

1.5.2.1 Source de financement traditionnel

Selon Murrey et Schiff (2004), historiquement trois sources de financement externes ont soutenu l’industrie des biotechnologies : les marchés de capitaux (titres financiers publics et privés, dette), les partenaires corporatifs et les gouvernements.Certaines études montrent que la disponibilité de capitaux par le biais de l’endettement et par l’apport de capitaux propres était des facteurs très importants pour promouvoir la croissance des petites firmes (Becchetti etTrovato, 2002; Riding etHaynes, 1998).

Dû au problème de disponibilité de l’information, identifié dans la littérature sous le terme d’asymétrie d’information, le financement des biotechnologies diverge du cycle de financement que l’on retrouve dans d’autres industries plus conventionnelles. Il a été démontré que cette asymétrie d’information entre l’entrepreneur et l’investisseur nuit au financement puisqu’elle conduit au conflit d’agence (Jensen et Meckling, 1976, Berger et Udell, 1998). Selon Lerner (2003), ces problèmes d’information sont encore plus importants dans les débuts d’une entreprise puisque celle-ci possède peu d’information disponible pour convaincre un éventuel investisseur. Il est donc très difficile pour les nouvelles firmes d’aller chercher du financement au près des

institutions conventionnelles, car celles-ci se trouvent limitéesparles formes de financement provenant des institutions bancaires.

Au problème d’asymétrie d’information, s’ajoute la notion de risque rattaché à la conduite de projet de R-D dans l’industrie des biotechnologies. Les biotechnologies sont considérées comme une des industries les plus risquées de l’économie moderne selon Senker (1998). Baeyens (2006) explique cette conclusion par trois raisons. Premièrement, les entreprises de biotechnologies ont une grande probabilité de mortalité. Deuxièmement, elles nécessitent beaucoup de financement et ce sur de longue périodes de temps. Le problème d’asymétrie d’information et la nature risquée de l’industrie rendent les outils de financement traditionnels difficilement applicables lors de la naissance d’entreprise.

1.5.2.2 Le capital de risque

Audrestch (2004), comme plusieurs autres, démontre que les petites entreprises innovantes sont plus enclines à être financées par le capital de risque plutôt que par les banques. Il confirme les travaux de Gompers et Lerners (2001) qui suggéraient que les banques étaient incapables de financier adéquatement les firmes innovantes, spécialement les nouvelles firmes de hautes technologies. Audrescht (2004) conclut même qu’un marché restreint au financement des banques traditionnelles, les nouvelles firmes de hautes technologies innovantes souffriront de performance inférieure que ceux ayant accès à un marché de capital de risque. L’auteur donne quatre facteurs qui expliqueraient l’impact du capital de risque.

Premièrement, les capital-risqueurs prennent des parts dans l’entreprise ce qui incite au succès et qui permet de partager le risque. Deuxièmement, les capital-risqueurs ont une plus grande expertise technique qui leur permet d’identifier mieux que les banques, les projets ayant un grand potentiel. Troisièmement, le financement est effectué en étape ce qui limite les problèmes d’agence. En plus, les capital-risqueurs donnent accès à des consultants et comptables qui jouent un rôle premier, d’assurer la croissance de l’entreprise (Bergemann et Hege, 1998; Gompers, 1995), mais aussi un rôle secondaire en partageant l’information aux autres investisseurs, réduisant ainsi le problème d’asymétrie d’information. Finalement, les capital-risqueurs guident la firme dans la stratégie de sortie en vendant leurs parts à d’autres firmes, à d’autres investisseurs (acquisition) ou par l’introduction en bourse (Gompers, 1995; Cummings et MacIntosh, 2002).

Baeyens (2006) arrive aux mêmes conclusions qu’Audrestch quant à l’importance des capital- risqueurs. Il conclut que les méthodes de sélection des capital-risqueurs réduit les risques et les incertitudes. L’auteur accentue aussi sur l’importance non seulement des qualités managériales, mais aussi des connaissances relatives au marché et aux stratégies de protection le la propriété intellectuelle.

Niosi (2000) relève, entre autres, l’importance du capital de risque pour les firmes dédiées à la biotechnologie (DBFs) puisqu’il permet l’apport de capitaux en plus des compétences en termes de management et de finance. Les capital-risqueurs forcent les firmes à adopter les meilleures pratiques ce qui permet d’atteindre de meilleures croissances.

1.5.2.3 Financement public

À ces sources privées, s’ajoutent un ensemble de mesures publiques qui viennent combler les problèmes qui peuvent émerger de la relation entre l’entrepreneur et le financier. Par exemple, l’asymétrie d’information peut conduire au problème de sous-optimum social présenté par Nelson (1959). Selon ce dernier, le problème de sous-optimum social survient lorsque l’entrepreneur, ou l’investisseur, n’envisage pas réussir à s’approprier l’innovation. Concrètement, ceci signifie que l’innovation rapportera moins que l’investissement nécessaire à sa réalisation. Il s’en suit donc un investissement en-dessous de ce qui serait socialement souhaitable. Ndonzuau et al. (2002) démontrent que les entreprises dérivées (spin-offs) européennes de biotechnologie souffrent du fait qu’il n’y ait pas de marché de capital de risque. Ces dernières resteraient en phase infantile comparativement aux firmes étatsuniennes dû à un manque de financement en début de vie. Le manque de capital serait le problème le plus important des entreprises de biotechnologie européennes.

Même avec un marché en capital de risque riche comme aux États-Unis, le problème du sous- optimal social peut persister. Certaines innovations peuvent avoir une grande valeur pour le bien social, alors qu’elles représentent un faible potentiel financier. Dans ces cas, il est peu probable que ces innovations soient financées par le marché des capitaux privés. L’intervention du gouvernement devient donc primordiale. Pour combler ces problèmes, Enzing, van der Giessen et Kern (2004) rapportent que l’intervention du gouvernement peut s’effectuer de trois façons. D’abord, l’aide peut être effectuée de façon directe sous forme de subventions, de prêt à conditions favorables et de création de fonds de capital de risque. Les auteurs signalent que le

financement direct s’effectue principalement dans les premiers souffles d’une entreprise, fournissant l’aide nécessaire à l’élaboration du plan d’affaire qui permettra d’aller chercher de l’aide sur les marchés privés. Le deuxième type de support s’effectue en aidant les entreprises à obtenir du financement privé. Ceci se fait en organisant des réseaux et des rencontres entrepreneurs-investisseurs. Ceci peut aussi prendre la forme de crédit de taxe pour les investissements en biotechnologie. Le troisième instrument, dit indirect, prend la forme de crédit de taxes qui s’applique à toutes les entreprises qui répondent à certains critères, comme le nombre d’employés dédiés à la R&D. Les crédits de taxes ont principalement comme but d’encourager l’activité innovante à l’intérieur des firmes.

1.5.3 Les revenus

L’innovation, la R-D, le développement de processus, la collaboration et le financement ont été analysés afin de déterminer l’impact de ces aspects sur la survie et la croissance. Cependant, ultimement, l’ensemble de ces choix devrait conduire à des revenus pour l’entreprise, considérant que ces choix aient été les bons. Les revenus sont donc en quelques sortes un gage de succès pour l’entreprise. Cependant, les revenus ne sont pas tous originaires des mêmes sources. A cet effet, Woiceshyn et Hartel (1996) ont catégorisé l’avancement de la firme selon les sources de revenus majoritaires. D’abord, le premier groupe étant constitué des firmes les moins avancées, regroupe les firmes ayant reçu du financement provenant du capital de risque, investisseurs privés et fonds du gouvernement (voir la section1.5.2) et/ou ayant comme source de revenus des contrats avec de grandes firmes établies (voir la section1.3.3). Les caractéristiques de ce premier groupe ont largement été étudiées dans les autres sections. Le deuxième groupe représente les entreprises qui licencient des technologies ou des produits, qui vendent des produits en R-D ou qui reçoivent quelques revenus provenant de produits sur le marché.Le troisième groupe réfère aux entreprises dont la majorité des revenus provient de la vente de produits sur le marché.Il est donc envisageable, que les entreprises n’aient pas la même probabilité de survie selon les sources de revenus puisque celles-ci sont dépendantes de l’avancement de l’entreprise.

1.5.4 Les exportations

Au niveau des exportations, Niosi (2000) montre que dans une industrie de connaissance avec des coûts de développement aussi élevé que celle de la biotechnologie et également caractérisé

par des économies d’échelle, viser le marché mondial reste une des meilleures façons de maximiser les retours sur l’investissement du produit. Orienter son marché vers l’international serait une stratégie gagnante en termes de croissance, d’autant plus avec l’émergence de moyens de communication et de transport qui sont des facteurs facilitant à la mondialisation. Ceci serait particulièrement vrai dans les petits pays (Julien & Ramangalahy, 2003) puisque ce sont ceux-ci qui doivent amortir les coûts de développement sur un marché déjà plus restreint. Étendre le marché permet donc d’augmenter les ventes potentielles, ce qui conduit à des économies d’échelle pour les firmes. Même dans un marché plus grand qu’est celui des États-Unis, Qian et Li (2003) ont montré que les exportations augmentaient la profitabilité des firmes en augmentant leurs revenus provenant des ventes, ce qui permet d’amortir plus rapidement les investissements et ainsi maximiser les profits avant que l’innovation devienne obsolète.

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