C. L’Art-thérapie à dominante arts plastiques permet à des patients en situation de
1. L’Art-thérapie est une discipline paramédicale avec des outils spécifiques
a.L’Art-thérapie est une discipline paramédicale.
Comme son nom l’indique, l’Art-thérapie est une discipline qui allie l’Art à la
thérapie. Il s’agit d’utiliser l’Art à des fins sanitaires.
La pratique de l’Art-thérapie connaît diverses orientations. Dans ce travail, nous faisons
uniquement référence au modèle de l’Ecole d’Art-thérapie de Tours.
Au sein de cette école et de l’AFRATAPEM
48, l’Art-thérapie est l’exploitation du potentiel
artistique dans une visée humanitaire et thérapeutique.
Définissons chaque terme afin de comprendre les particularités de cette discipline.
Le vocable « exploitation » réfère à une utilisation adaptée de l’Art auprès d’une personne. Le
potentiel artistique renvoie au pouvoir et aux effets de l’Art auprès de l’être humain comme
par exemple le pouvoir d’entrainement ou éducateur de l’Art. Humanitaire définit un objectif
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de bien-être de l’être-humain. L’adjectif thérapeutique est relatif au soin. Ainsi, nous pouvons
comprendre que l’Art-thérapie travaille pour le bien-être et pour la santé d’une personne.
L’Art-thérapie est une discipline paramédicale. Elle a trait au domaine des soins, de la santé,
sans toutefois relever de l’effet de l’acte d’un médecin. C’est un traitement non
médicamenteux. Elle est prescrite par indication médicale. Elle se conçoit alors comme un
complément thérapeutique dans la prise en charge d’un patient. C’est une profession
paramédicale qui intègre le cadre d’une équipe pluridisciplinaire. L’Art-thérapeute vise, par
des moyens spécialisés et adaptés, des objectifs de bien-être et de bonne santé de la personne.
Ces moyens spécialisés sont l’utilisation de l’Art. L’activité artistique est intégrée au
processus de soin. Elle est utilisée au cœur de l’action thérapeutique. L’Art n’a pas un pouvoir
thérapeutique en lui-même mais il est considéré comme un processus d’exploitation afin de
tendre à la bonne santé et au bien-être de la personne.
b. L’Art-thérapeute recherche le bien-être de la personne.
L’Art-thérapie est une profession paramédicale, elle s’inscrit donc dans la volonté de
bonne santé du patient. En 1946, l’OMS définit la bonne santé comme étant « un état de
complet bien-être physique, mental et social de la personne et ne consiste pas seulement en
l’absence de maladie ou d’infirmité ». Le bien-être est alors constitutif de la bonne santé.
L’art-thérapeute ne pouvant directement agir contre la maladie, vise alors le bien-être.
Le bien-être est la disposition agréable du corps et de l’esprit, inscrit dans un environnement
social, qui débouche sur une bonne qualité de vie. Le bien-être de la personne est alors visé
par la revalorisation de la personne en travaillant sur la confiance, l’estime et l’affirmation de
la personne. « Le but de l’art-thérapie n’est pas de faire des artistes, mais des personnes qui
vont bien »
49. Nous comprenons bien que l’Art est un moyen pour permettre à la personne
d’aller mieux. Le bien-être social est également recherché. L’Art-thérapie s’adresse aux
personnes ayant des troubles de l’expression, la communication et la relation.
c. L’Art-thérapie est fondée sur l’opération artistique.
Nous avons constaté que l’Art est une activité humaine dirigée vers un idéal esthétique. Pour
cela, le producteur recherche la sensation de « beau » qu’il jugera par sa gratification
sensorielle du plaisir du « beau ». Le corps dans son intégralité est stimulé dans cette
recherche et ce jugement, à la fois dans la pratique et le contemplatif. Les mécanismes de
l’impression et de l’expression sont alors sollicités. C’est à partir de cette mobilisation
intégrale que l’Art-thérapie exploite le potentiel de l’Art. L’Art est un processus sollicitant
une personne dans sa totalité. Différentes phases organisées sont alors distinguables chez une
personne. L’opération artistique décortique ces différentes étapes et établit leur organisation.
• Dans un premier temps, il y a « l’avant », il symbolise tout le contexte socioculturel dans
lequel se trouve la personne.
• Ensuite la phase 1, il s’agit d’un accident spatio-temporel. C’est une chose, un objet
quelconque, ou une œuvre d’Art. Elle appartient à « l’avant ».
• La phase 2 est l’expérimentation de cette chose. Elle rayonne, elle est captée par les sens de
l’être humain.
• La phase 3 concerne le traitement archaïque de l’information. Les organes sensoriels captent
(2) et traitent l’information. Cette phase sollicite la totalité de la personne : son corps, son
esprit et leur interaction.
• La phase 4 consiste au traitement sophistiqué de l’information. L’information (3) devient
alors une connaissance. Différents mécanismes mentaux sont sollicités comme la mémoire,
l’imaginaire, la représentation, etc. Cette phase correspond également à l’intention avec
l’idée, l’envie dans l’esprit de la personne.
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• La phase 5 correspond à la poussée corporelle ou motrice. L’intention qui se situe dans
l’esprit (4) devient alors perceptible. L’intention devient manifeste. Le corps et l’esprit
interagissent. La pensée va diriger le mouvement du corps.
• La phase 5’ représente la contemplation. La personne implique son corps et son esprit dans
le fait de regarder intensément l’objet.
• La phase 6 marque la technique et le savoir-faire. Il s’agit d’un acte volontaire dirigé. Cet
acte est élaboré dans l’esprit (4) se déclenche par l’élan du corps(5) pour se traduire dans cette
phase.
• La phase 7 est la production artistique réalisée. Grâce à sa technique et son savoir-faire(6), la
personne a pu concrétisée son intention (4).
• La phase 8 consiste au traitement mondain de la production(7). Cette phase est un choix de
la personne, elle peut montrer ou pas sa production. Celle-ci devient une œuvre d’Art
lorsqu’elle est soumise aux regards extérieurs. Elle échappe à son producteur.
• Et enfin, la phase 1’ expose le moment où l’œuvre d’Art devient un élément de captation.
Elle est un accident spatiotemporel qui rayonne à son tour. Cette phase réinitialise le schéma
de l’opération artistique.
Nous devons indiquer que pour l’art-thérapeute, les phases allant de 1 à 4 correspondent aux
mécanismes d’impression (tournés vers le monde intérieur de la personne). Ceux-ci ne sont
pas observables. Ils seront donc analysés par l’art-thérapeute. Les phases allant de 4 à 8
correspondent aux mécanismes d’expression (tournés vers le monde extérieur de la personne).
Ils sont observables et constituent la partie visible de l’opération artistique, nommé le
phénomène artistique.
A travers ce schéma, nous comprenons que l’art-thérapeute prend en considération
l’intégralité de la personne. Elle va travailler avec les parties saines de la personne afin
d’améliorer le mécanisme défaillant : le site d’action.
d.L’Art-thérapie possède des outils spécifiques.
Grâce à l’activité artistique, l’art-thérapeute possède un moyen unique lui permettant
d’exploiter le potentiel artistique du patient. Le processus de cette activité est retranscrit dans
l’opération artistique. C’est à partir des différentes phases qui la compose que l’art-thérapeute
va pouvoir enclencher, observer, adapter le processus artistique afin d’atteindre des objectifs
thérapeutiques. L’opération artistique est le socle de la pratique thérapeutique de
l’art-thérapeute mais différents outils accompagnent sa méthode.
d1. L’art-thérapeute met en place une stratégie thérapeutique.
La stratégie thérapeutique est fondée sur l’état de base du patient pour atteindre un
objectif final. L’art-thérapeute en vue de l’opération artistique va adapter ce processus. Il va
ajuster les moyens en vue du mécanisme défaillant de la personne. Ce dernier est nommé site
d’action, il correspond à la phase qui n’est pas stimulée lors de l’opération artistique. Les
moyens correspondent par exemple à la dominante, à la technique. De façon général, la
stratégie en Art-thérapie est de solliciter les parties saines de la personne (ce qui va bien) dans
le but de réintégrer le site d’action comme mécanisme opérant. Durant une prise en charge,
des objectifs intermédiaires peuvent apparaître et seront des étapes primordiales afin
d’atteindre l’objectif final. Pour constater l’évolution du patient et si les objectifs sont atteints,
l’art-thérapeute fonde sa pratique sur l’évaluation du patient.
Etat de base Objectif général
Stratégie.
Moyens
d2. La fiche d’observation permet l’évaluation et témoigne des séances.
En vue des objectifs, l’art-thérapeute va établir des items à observer et évaluer. Un
item est le plus petit fait observable. Les items peuvent être évalué qualitativement (bien
réalisé, mal réalisé) ou quantitativement (un peu, beaucoup). L’évaluation permet de constater
l’évolution du patient lors des prises en charge, elle est matérialisée par une fiche
d’observation. Chaque séance, l’art-thérapeute complète sa fiche d’observation en fonction
des agissements des patients. La fiche regroupe des items et des faisceaux d’items, elle
indique l’heure, la durée, la date et le temps qu’il faisait. Elle énumère et laisse la trace de ce
qui a pu se dérouler lors de la séance. La fiche d’observation permet d’organiser les faits
observables.
d3.Le cube harmonique permet de témoigner de la satisfaction de la personne.
Le cube harmonique se fonde sur les paramètres du beau, du bien et du bon. Le patient
évalue lui-même ce qui s’est déroulé lors de l’activité artistique. Le beau correspond à
l’esthétique qui implique le goût de la personne (ça me plaît ou ça ne me plaît pas). Le bon
correspond à la volonté de la personne (j’ai envie ou je n’ai pas envie). Le bien correspond à
la technique et aux savoir-faire de la personne (c’est b bien fait ou mal fait).
d4. Le protocole rassemble tous les éléments de la prise en charge d’un patient.
Le protocole est l’ensemble des éléments qui constitue l’intérêt de la prise en charge
du patient, sa faisabilité, la réalisation concrète de l’activité thérapeutique, l’analyse et le
bilan. Le protocole mentionne beaucoup d’informations comme le lieu déterminé, la stratégie
thérapeutique (état de base du patient, indications médicales, objectifs et moyens), les fiches
d’observations, la synthèse et le bilan de la prise en charge. La synthèse mentionne
l’observation et l’évaluation des items. Le bilan consiste à tirer des conclusions du travail
réalisé, il contient les objectifs généraux, la conclusion des évaluations, la description
générale des séances et les modifications dans la vie quotidienne du patient.
Dans le document
UNIVERSITÉ FRANÇOIS RABELAIS UFR DE MÉDECINE - TOURS & AFRATAPEM
(Page 33-37)