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CHAPITRE II: LA DESCRIPTION DU CONTEXTE DE RÉALISATION DU

2.5 La description du projet d’intervention

2.5.2 La description des approches d’intervention privilégiées

2.5.2.1 L’approche centrée sur les forces

En premier lieu, l’approche centrée sur les forces a permis de cibler les compétences des parents aidants, tout en favorisant l’utilisation des ressources disponibles dans leur milieu. De cette manière, un lien de soutien a pu être créé entre l’intervenante-stagiaire et le parent aidant puisque ce dernier a, dès le départ, été reconnu comme étant la personne connaissant le mieux la personne aidée : le jeune. L’intervenante-stagiaire du programme est donc devenue un « outil » pour le parent aidant. Ainsi, le parent a bénéficié des services de l’intervenante-stagiaire dans l’objectif de répondre aux besoins exprimés en lien avec le TM ou les symptômes associés de son jeune. Ce dernier a pris du pouvoir sur la situation difficile à gérer en utilisant les connaissances théoriques et les techniques dispensées par l’intervenante-stagiaire.

Selon Saint-Jacques, Turcotte et Beaudoin (2006), l’approche centrée sur les forces a émergé au début des années 1980, en lien avec les travaux de l’Université du Kansas. Toutefois, Turcotte, Saint-Jacques et Pouliot (2008) rapportent que cette philosophie d’intervention était présente beaucoup plus tôt, notamment dans les travaux de Lewin (1938) et de Maslow (1954). L’approche centrée sur les forces et les compétences est, en fait, le fruit de la transformation des pratiques sociales auprès des parents (Pouliot, Turcotte et Monette, 2009). Ainsi, l’intervenant de notre ère est

38 maintenant soucieux de favoriser « l’empowerment » et d’accroître les forces et les compétences des parents dans leur rôle auprès de leurs enfants. Cette nouvelle philosophie d’intervention vient maximiser le partenariat et la collaboration de l’intervenant avec les familles, dans le but de « prévenir le placement en intervenant directement dans le milieu familial à l’aide d’interventions préventives et curatives » (Pouliot et al., 2009, p. 9). Cette approche est intéressante, puisqu’elle met l’accent sur le développement et les capacités de l’individu. À cet égard, Saleebey (1996, p.302) souligne : « afin de construire quelque chose de significativement durable avec des clients, les intervenants doivent utiliser leur expertise dans le service afin d'exploiter les ressources du client, les talents, les connaissances et la motivation, aussi bien que l’investissement de leur environnement » [traduction libre]. Saleebey (1996) exprime ainsi l’importance de créer un lien entre l’intervenant et le client, en favorisant le développement de ce dernier par le biais de ses ressources internes (talents, connaissances, motivations, etc.), tout en favorisant ses interactions avec son environnement.

Les interventions reliées à l’approche centrée sur les forces sont axées sur la capacité de la personne à obtenir une qualité de vie satisfaisante, tout en mettant en évidence les forces de celle-ci (individuelles et environnementales) afin qu’elle puisse les utiliser (Turcotte, Saint-Jacques et Pouliot, 2008). Il existe neuf principaux postulats reliés à cette approche : (a) la qualité des milieux (vie, travail/scolaire, social, santé, financier et loisir) exploités par la personne détermine son taux de réalisation, sa qualité de vie et son succès; (b) les objectifs et les rêves correspondent à la personne qui réussit; (c) les forces de la personne sont une source afin de combler ses désirs; (d) la personne démontre du courage pour réaliser son objectif; (e) la personne qui réussit poursuit constamment un objectif, un savoir-faire et la bravoure d’en faire plus; (f) l’accessibilité aux ressources permettant cette réussite est à la disposition de la personne; (g) la personne en contexte de succès entretient au moins une relation importante avec une autre personne; (h) les opportunités offertes à la personne augmentent la réussite de celle-ci; (i)

39 la personne qui s’accomplit par la réussite utilise les ressources, les opportunités ainsi que les relations significatives pour y arriver (Turcotte, Saint-Jacques et Pouliot, 2008).

Afin de mettre en pratique efficacement l’approche centrée sur les forces, une méthodologie d’intervention est proposée. D’abord, il est primordial d’établir une relation avec la personne aidée afin de développer une collaboration avec elle. Cette relation doit être construite dans un engagement, qui est favorisé par l’entente mutuelle, la concrétisation d’activités dès le début des rencontres, la discussion et l’empathie, ainsi que le renforcement. Également, cette entente relationnelle doit comporter les attentes en lien avec l’intervention dispensée, l’exploitation des occasions pouvant mettre en relief les forces de la personne et de son milieu, ainsi que la possibilité de recourir à une personne-ressource si la personne interpellée dans l’intervention présente un engagement incertain. L’intervenant doit exploiter trois types de ressources chez la personne aidée : (a) les ressources interpersonnelles, (b) les ressources internes et (c) les ressources externes. Plusieurs façons de faire sont proposées afin de maximiser le potentiel de ces ressources. Entre autre, pour développer les ressources interpersonnelles, il est important de croire aux forces de la personne, de ne pas juger, ainsi que d’accepter la personne et les échecs vécus. En ce qui concerne les ressources internes, il est suggéré d’aider la personne à développer des perceptions positives, de susciter l’émergence de ses expériences de réussite, ainsi que de favoriser l’acceptation chez elle de ses propres limites. Afin d’exploiter le dernier type de ressources, les ressources externes, il est recommandé de transmettre des connaissances face à la maladie, de favoriser le soutien familial, et d’encourager l’engagement de la personne au programme psychoéducatif (Turcotte, Saint-Jacques et Pouliot, 2008).

Ensuite, une évaluation des forces de la personne s’impose. Pour ce faire, l’intervenant doit identifier tant les forces individuelles qu’environnementales de cette dernière. L’intervenant reconnait, soulève et note les compétences, les réalisations, les acquis, les intérêts, ainsi que les organismes utilisés, et ce, dans chacune des sphères de l’environnement immédiat de la personne (milieu de vie, social, travail/étude, loisir,

40 financier, santé). À cette étape, l’intervenant peut solliciter le soutien professionnel de son organisation afin de maximiser l’identification de ces forces (Turcotte, Saint-Jacques et Pouliot, 2008.). À la suite de cette étape, une planification est établie entre l’intervenant et la personne aidée. Ainsi, les objectifs de travail sont établis (à court et long termes), en se centrant sur les forces de la personne. L’avant dernière étape vise à obtenir des ressources de l’environnement afin de maximiser le respect des droits et l’atteinte des buts fixés par la personne. Pour terminer, cette approche prend fin lorsque la personne impliquée se détache du programme. Cette étape permet à l’intervenant de constater le potentiel de la personne à utiliser les ressources favorisant son indépendance et son inclusion sociale (Beaumont et Bergeron-Leclerc, 2012). En somme, cette approche centrée sur les forces permet de diminuer le fardeau, de diminuer les symptômes du TM familial, de diminuer les hospitalisations et d’augmenter l’autonomie (Macias, Kinney, Farley, Jackson et Vos, 1994).