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L’apport de Jean Déjeux à la connaissance de la littérature féminine de langue

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II- Les romancières étrangères ayant écrit sur l’Algérie : dans la lancée du féminisme.

1-Sur le féminisme : ...71 2- Les romancières étrangères en Algérie: Dans la lancée du féminisme...74 3- Féminisme et revendication sociale chez les écrivaines algériennes en Algérie coloniale...77

III- Premiers pas.

1- Djamila Debèche et Marguerite Taos Amrouche, du côté du roman.

80

2- Assia Djebar ou la résistance de l’écriture. 83 3- A l’ombre d’Assia Djebar. 88

IV- Les années quatre-vingt : auteurs nouveaux, écritures nouvelles. 91 1-De la subversion formelle au « référentiel ».

2- Métissage et mixité : l’exemple de Leïla Sebbar.

I- Sur la critique de la littérature féminine algérienne de langue française.

1- Les universitaires algériennes : pionnières de la critique de la littérature féminine algérienne.

Un regard sur la littérature des femmes algériennes ne peut avoir prétention à l’exhaustivité, non seulement à cause de l’étendue de ce phénomène extrêmement riche et extrêmement varié de par les genres adoptés par cette littérature, même si le roman reste la forme dominante, -et c’est d’ailleurs sur ce genre que nous nous attarderons le plus-, mais aussi à cause d’une part de subjectivité de notre part, en tant que lecteur, qui fait retenir certaines œuvres et passer d’autres sous silence.

Une lecture de ces productions littéraires de femmes algériennes de langue française, dans le genre du roman, mais non exclusivement, sera faite, à travers le temps, par souci d’éclairage dans la progression de ces productions. La littérature de femmes algériennes, de langue française, comme toute littérature, se construisant en fonction d’antériorités.

Les premières recherches sur les écritures des femmes algériennes post-indépendantes sont principalement menées par des universitaires femmes algériennes à partir des années quatre-vingt dix. Il nous semble donc impératif de tenir compte des travaux de ces universitaires algériennes qui ont tenté de circonscrire ce champ relativement autonome sur le plan institutionnel, de la littérature féminine algérienne d’expression française.

Le but de ces universitaires est de faire connaître cette littérature qualifiée de « peu abondante », mais qui en fait est freinée par un certain nombre d’obstacles et dont le premier reste la méconnaissance et le manque d’intérêt

pour ces créations. Il faut aussi signaler qu’en dehors d’une critique journalistique ponctuelle et réduite, ces études universitaires restent assez rares.

A notre connaissance, le premier travail qui mérite d’être souligné reste le fruit d’un laborieux travail d’une équipe de recherche composée d’universitaires femmes de l’université d’Alger, dirigée par Christiane Achour : Le Diwan d’inquiétude et d’espoir120dont les recherches ont été menées de 1983 à 1987. Le Diwan réunit un corpus comportant 43 titres de récits, romans et recueils de nouvelles écrits entre 1947 et 1987.

Tout en rappelant les nombreux handicaps qui freinent cette production dont la méconnaissance totale de ces créations, la mise à l’écart des littératures dites d’exil, les difficultés pour les femmes à se faire éditer, Christiane Achour et Simone Rezzoug soulignent les nombreuses pressions sociales que subissent ces productions féminines :

« A ces difficultés générales, s’ajoute pour l’écriture féminine un contexte social particulier. L’acte scripturaire, au Maghreb entre autres, ne participe pas des rôles communément fixés à la femme, et il semble signifier toujours, à quelque degré, la désertion d’un poste, voir la transgression d’interdit. L’écriture féminine introduit dans le domaine du publié, du public donc du discutable, des éléments qui n’ont pas coutume d’être exposés au débat collectif »121

Le fruit du travail de l’équipe a commencé à être connu lors d’une manifestation organisée le 8 mars, journée de la femme, en 1987 à l’université d’Alger, en présence de quelques écrivaines qui créèrent l’événement, à l’exemple de Myriam Ben, Souad Khodja et Hawa Djabali. Le Diwan ne finit par être édité qu’en fin 1991.

Loin des querelles « féministes » occidentales, ces essais tentent de cerner l’émergence d’une parole féminine algérienne doublement aliénée :

120 Diwan d’inquiétude et d’espoir, essais sur la littérature féminine algérienne, Alger, ENAG, 1991.

121 Idem, p. 9.

D’abord, en tant que femme colonisée rappelant son rôle dans la lutte de libération pour affirmer son droit à la parole. Dans ce sens, Christiane Achour et Simone Rezzoug soulignent la particularité de la revendication de la voix féminine algérienne : « la revendication sollicite la reconnaissance de la voix féminine au sein et non contre une communauté masculine »122, contrairement aux écritures féministes d’autres pays qui mettent en lumière la domination masculine et du système patriarcal, et qui luttent pour un changement général et global de la société.

Ensuite, en tant que femme maghrébine musulmane, reléguée dans l’espace « privé », espace de la réserve et du silence, et dont la voix investissant l’espace du « publié » donc du public, est considérée comme illicite dans une société patriarcale, musulmane.

L’autre travail méritant d’être rappelé, Noûn, Algériennes dans l’écriture de Christiane Achour , paru en 1998, couvre toute la période allant de 1989 à 1998. Cet ouvrage inévitable pour quiconque s’intéresse à l’émergence et à l’évolution de l’écriture féminine algérienne, rend compte de la diversité de ces écritures où se mêlent œuvres littéraires et expressions personnelles de revendication et de témoignage. L’ouvrage « se propose, selon l’auteur, d’être un essai, un espace d’analyse, un document, un espace de lecture123 ».

L’essai porte sur la réception et l’histoire littéraire de l’écriture féminine, sur l’image des combattantes dans les romans, comme dans les albums de BD, en plus d’offrir des études suer l’œuvre d’Assia Djebar et des « portraits » d’Hawa Djabali, de Latifa Benmansour, de Malika Mokeddem, et de Malika Ryane.

Dans la dernière partie intitulée « Recherches sur les écritures de femmes algériennes : un parcours », l’auteur revient sur le fruit du laborieux travail de l’équipe de recherche d’universitaires femmes de l’université d’Alger, Le Diwan d’inquiétude et d’espoir, où les écrits de femmes algériennes, de 1947 à1987 ont été classés systématiquement.

122 Diwan d’inquiètude et d’espoir, op. cit, p. 10

123 Noûn, Algériennes dans l’écriture, op. cit, p.13.

Un autre ouvrage de Christiane Achour publié en co-édition (ENAP/

Bordas), Anthologie de la littérature algérienne de langue française*, paru en 1990, consacre un chapitre à la littérature féminine algérienne sous l’intitulé

« Femmes écrivains 1962-1987) ».

L’auteur justifie ce regroupement d’abord par le fait que les femmes algériennes écrivent surtout depuis 1962, ensuite par la place particulière qu’elles occupent dans l’ensemble de la production littéraire : « Depuis une dizaine d’années, les femmes écrivains introduisent une marque originale dans cette littérature, proposant des écritures nouvelles, des regards différents sur la réalité culturelle algérienne, reprenant d’une manière novatrice le geste ancestral de la femme créatrice. »124

L’auteur souligne la rareté des anthologies consacrées à ces écritures nouvelles : « Excepté pour Assia Djebar ou Aïcha Lemsine, rares sont les anthologies ou les panoramas de la littérature qui accordent une place un peu conséquente à ces écritures. C’est donc à une sorte de « marge » du corpus littéraire que nous désirons procéder. »125

Notons que ces recherches universitaires allaient provoquer un déclic hors des espaces strictement universitaires à l’exemple du groupe « Aïcha », groupe de recherche et d’écriture de femmes algériennes créée en 1989 ou des recherches entamées sur la littérature des femmes en arabe grâce à une arabisante, Faïka Medjahed..

2- L’apport de Jean Déjeux à la connaissance de la littérature féminine de langue française en Algérie.

Jean Déjeux est de loin, dès les années quatre-vingt, le premier critique masculin étranger à s’être penché sur l’écriture des femmes au Maghreb. Il

124 Christiane Achour, Anthologie de la littérature algérienne de langue française, ENAP,Alger, 1990, p. 233.

125 Idem, p. 233.

présente l’écriture des Maghrébines en la situant dans son contexte socio-historique en en traçant l’émergence et l’évolution.

En plus des nombreux ouvrages sur la littérature maghrébine, il s’est intéressé à la littérature féminine algérienne et a publié entre autres :

- Femmes d’Algérie. Légendes, Traditions, Histoire, Littérature, en 1987.(La Boîte à Documents, 1987.)

- Assia Djebar, romancière algérienne, cinéaste arabe, en 1994. (Sherbrooke, Ed Naaman,)

-La littérature féminine de langue française au Maghreb,2003.(Karthala).

Un article, « Littérature féminine de langue française au Maghreb126 » publié dans Itinéraires et contacts des cultures, en 1989 constitue le jalon de la présentation du phénomène de l’écriture féminine au Maghreb dans les années quarante. L’article a été repris, élargi et actualisé dans son essai majeur, La littérature féminine de langue française au Maghreb, dans lequel il brosse un panorama historique prenant en compte un corpus littéraire publié jusqu’en 1991.

Cet ouvrage peut servir de tremplin pour quiconque s’intéresse à cette littérature afin de cerner quantitativement et qualitativement cette littérature.

Cet essai critique de Jean Déjeux propose une approche historique de cette littérature en cernant les étapes cruciales dont la période coloniale reste le repère essentiel pour un souci de lisibilité :

-La première période concerne ce qui s’est écrit avant même la conquête française de l’Algérie en 1830. Cette période concerne aussi bien des voyageuses venues d’ailleurs que des femmes résidentes en Algérie, issues de la

126 Jean Déjeux, « Littérature féminine de langue française au Maghreb », Itinéraires et contacts des cultures, L’Harmattan, 1989, pp. 145-153.

communauté européenne implantée en Algérie, et plus particulièrement des récits de femmes françaises ayant écrit sur l’Algérie.

-La deuxième grande période concerne ce qui s’est écrit durant la période coloniale, que ce soit par des écrivaines algériennes ou par des françaises nées ou non en Algérie, y ayant vécu, avec cependant une subdivision en sous-périodes historiques ayant engendré des ruptures dans ces écritures, à l’exemple de 1954, début de la guerre de libération, qui marque une rupture historique dans la littérature algérienne d’expression française, qu’elle soit écrite par des hommes ou des femmes.

-La troisième grande période relative à l’après-indépendance

de l’Algérie, à partir de 1962, est axée exclusivement sur les

écritures de femmes algériennes, avec une subdivision en

plusieurs étapes afin de cerner l’évolution de ces écritures de

femmes ayant fréquenté au départ, pour la plupart, l’école

française avant l’indépendance, et ayant reçu un enseignement en

français, dans les premières années de l’indépendance.

II- Les romancières étrangères ayant écrit sur l’Algérie :

Dans la lancée du féminisme.

Dans le document Td corrigé SOMMAIRE - cultures-algerie pdf (Page 63-71)

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