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CHAPITRE IV

TABLE DES MATIÈRES

L’ANALYSE LEXICOLOGIQUE DES LEXEMES LIES À CHANGER ... 130 Des sens biologiques aux sens politiques ... 130 A- La collection des lexèmes ... 131 B- L’extraction des sèmes dans les dictionnaires ... 132 1. Les dictionnaires comme références et sources d’analyses ... 132 2. Extraire les sèmes des définitions ... 134

Schéma 5 : Les sèmes différentiels des lexèmes table et chaise ... 134

3. La rencontre d’un programme politique et des dictionnaires engendre un sème... 135 C- Présentation des analyses sémiques... 136

1. L’ordre d’apparition des lexèmes ... 136 2. La forme des définitions... 137 3. Les constructions syntaxiques ... 137 4. Hiérarchie des sèmes lexicaux ... 137 a. Sèmes aspectuels ... 138 b. Sèmes dimensionnels inhérents ou afférents ... 138 c. Les sèmes lexicaux inhérents au champ sémantique ... 139 d. Les sèmes lexicaux afférents... 139 I- Échanger ... 141

A- Construction syntaxique et définitions ... 141 B- Les sèmes de Échanger... 141 C- Entre change et échange ... 141 1. Origines et dérivations morphosyntaxiques ... 142 2. Rencontre du troisième sème ... 143 II- Remplacer ... 143

A- Construction syntaxique et définitions ... 143 B- Les sèmes de remplacer... 144 C- Ressemblance avec l’échange ... 144 III- Inverser ... 145 A- Construction syntaxique et définitions ... 145 B. Les sèmes de inverser ... 145 Une spécialité de « remplacer » une paire d’objets ... 146 IV- Muter ... 146

A- Construction syntaxique et définitions ... 146 B- Les sèmes de muter ... 147 C- Un lexème très spécialisé ... 147 1. Un déplacement et une transformation spécialisée ... 147 2. Une spécialité du domaine //BIOLOGIE// ... 148 V- Déplacer ... 150

A- Construction syntaxique et définitions ... 150 B- Les sèmes de déplacer ... 150 Un changement de lieu concret ... 151 VI- Bouleverser ... 152

A- Construction syntaxique et définitions ... 152 B- Les sèmes de bouleverser ... 152

Une radicalité incontestée ... 152 VII- Transformer ... 153

A- Construction syntaxique et définitions ... 153 B- Les sèmes de transformer transitif ou pronominal ... 154 C- Discussion... 154 1. Transformer et modifier ... 154 2. Le sème /intensif/ ... 154 VIII- Modifier... 156

A- Construction syntaxique et définitions ... 156 B- Les sèmes de modifier transitif ou pronominal ... 156 Remarques ... 156 IX- Devenir ... 157

A- Construction syntaxique et définitions ... 157 B- Les sèmes de devenir ... 157 C- Caractéristique : verbe d’état ... 158 X- Développer ... 158 A- Construction syntaxique et définitions ... 158 B- Les sèmes de développer ... 159 C- Le lexème exogène ... 160 1. La place de développer face à évoluer... 160 2. L’influence de développer sur changer ... 161 XI- Évoluer... 161

A- Construction syntaxique et définitions ... 161 B- Les sèmes de évoluer ... 162 C- Le prototype du passage accidentel ... 162 Conclusion à propos des termes liés à la biologie ... 166 XII- Changer... 167 A- Définitions et aspect du verbe ... 167 1. Significations et étymologie ... 167

a. Significations synchroniques... 167 b. Évolutions des significations en diachronie ... 167 c. Étymologie ... 168 2. Essai de description d’un aspect pour changer ... 169 B- Représentation graphique des sèmes de changer ... 170

Graphique 1 : Les sèmes de changer ... 171

C- Discussion... 172 1. Le graphique... 172 2. Les sèmes spécifiques à changer ... 173 Conclusion ... 175

Légende du tableau ... 175

Tableau 9 : Les sèmes des lexèmes du champ sémantique du /CHANGEMENT/ ... 176

A- Le réseau sémique dans le champ sémantique ... 178 1. Détermination des deux sous-ensembles du champ ... 178 2. Tentative de représentation des ensembles ... 180

Figure des deux sous-ensembles « échange » et « changement » du champ sémantique du /CHANGEMENT/... 180

B- Remarques à propos des analyses... 180 1. Les lexèmes ... 180 2. Les articles lexicographiques... 181 C- Le discours politique ... 183

L ’ A N A L Y S E L E X I C O L O GI Q U E D E S L E X E M E S L I E S À C H A N G E R

Ce chapitre permettra d’extraire les significations lexicographiques des lexèmes étudiés afin d’avoir une description sémique différentielle à peu près cohérente pour changer et les lexèmes qui entrent dans le champ sémantique du /CHANGEMENT/ que notre corpus nous a permis d’établir.

L’objectif est ici de construire un système de références lexicales à partir des définitions lexicographiques, avant d’aboutir à la construction d’un référent propre au programme des Verts grâce à l’analyse sémantico-lexicale des sémèmes en contexte.

Les études précédentes, sur l’aspect lexical de changer et le concept du /Changement/, nous permettrons de nommer certains des sèmes des lexèmes analysés dans ce chapitre décomposé comme suit : 1/l’élaboration du champ par le choix des lexèmes, 2/l’extraction des sèmes différentiels des définitions lexicographiques, et enfin 3/l’analyse de chaque lexème.

Cette analyse aborde la problématique de la polysémie du verbe changer. Martinet résume l’essence structurale de la démarche que nous envisageons sans oublier le rôle prépondérant du contexte :

La plupart des mots dont nous nous servons quotidiennement sont susceptibles de prendre des sens différents selon les situations ou les contextes où on les emploie. Nous y sommes habitués et cela ne nous gêne pas. La situation est différente lorsqu’on aborde l’étude attentive d’un phénomène. Il est alors indispensable de caractériser exactement ce dont on va traiter et si l’on se sert pour le désigner d’un terme de la langue courante, il faudra préciser lequel de ses divers sens est retenu en l’occurrence. (Martinet, 1987 : 13)

Des sens biologiques aux sens politiques

La connivence entre linguistique et théories de l’évolution, n’existe que grâce à l’objet linguistique qui nous préoccupe : le programme politique d’un parti écologiste. Certains de ses fondements ont des liens inhérents avec la biologie86, et le /Changement/ en fait partie, en d’autres termes, il est l’un des phénomènes biologiques concomitants à ceux évoqués par Darwin, Lamarck et plus récemment Ferry et Serres87.

L’évocation de ces chercheurs appartient à notre propos dès l’instant où ceux-ci sont les instigateurs des définitions de deux des lexèmes de ce travail : évolution et transformation.

86 Cf. Chapitre I.

Grâce à eux, la représentation cognitive de l’évolution et de ses fractures temporelles est désormais possible : l’évolution88 serait atemporelle tandis qu’elle subirait des fractures temporalisées appelées « transformation » (quand elles sont descriptibles) ou « mutation » (quand elles sont instantanées dans le temps de l’évolution et liées à la sélection) ou encore « changement »89 qui serait à envisager comme la représentation générique à ces concepts biologiques.

Nous remarquons que parmi les lexèmes du champ sémantique du /CHANGEMENT/, le verbe changer reste, au plan lexicographique, celui dont la définition est la plus imprécise, il n’est pas un terme – au sens terminologique – ni de la biologie, ni de la politique. Pourrions-nous parler d’hyperonyme ? Il faudrait faire une étude des textes scientifiques relatifs à la biologie pour en avoir une réponse définitive. Cependant, il semble acquérir un sens particulier dans le contexte politique du programme des Verts étant donné sa mise en exergue dans le slogan du parti : « Changer tout ». Serait-il utilisé avec un autre sens que celui de fracture temporelle de l’évolution ? Ou bien serait-il la « mutation irréversible biologique » de la politique ?

A-LA COLLECTION DES LEXEMES

Les lexèmes analysés sont simultanément extraits du programme politique des Verts et des définitions lexicographiques du verbe changer90. À partir de cette intersection nous avons établi une liste de neuf lexèmes : échanger, remplacer, bouleverser, inverser, déplacer, évoluer, devenir, modifier, transformer. Deux autres apparaîtront pour d’autres raisons :

Le premier lexème est muter. Il n’est pas dans le programme des Verts, mais apparaît dans la définition de changer et a un lien avec les théories évolutionnistes que nous avons précédemment évoquées. En outre, l’analyse a révélé qu’il possède des sèmes qui ressemblent à ceux de la signification radicale du lexème changer.

Le deuxième lexème est développer. Il n’apparaît pas dans la définition de changer, en revanche, il est très présent dans le programme des Verts (plus d’une centaine d’occurrences). Ce verbe a attiré notre attention pour deux caractéristiques de son sémantisme rencontrées dans le programme :

1. Il est utilisé quasiment comme l’antonyme sémique de changer : changer aurait un aspect lexical davantage borné que développer, et tandis que changer dans le slogan des Verts a un caractère quelque peu essentiel, développer conserve

88

Telle que je l’ai comprise.

89 Quand elles dévoilent leurs conséquences ? Quand elles sont une association des deux phénomènes précédents ?

régulièrement le sème /accidentel/.

2. Le sémantisme de changer est alors modifié en présence des sèmes de développer dans le contexte du programme politique des Verts.

B-L’EXTRACTION DES SEMES DANS LES DICTIONNAIRES

Il s’agit de dégager les sèmes inhérents des lexèmes à partir des définitions de trois dictionnaires. Ainsi, commencerons-nous par expliquer pourquoi avoir choisi les dictionnaires comme outils de fondement lexicologique, puis nous tenterons de développer la méthode d’extraction des sèmes à l’aide de ces dictionnaires.

Notons préalablement que le dictionnaire constitue un genre discursif comme un autre91, il n’est en aucun cas l’unique représentant de la forme de la langue. Cependant, il est reconnu comme étant un outil particulièrement exhaustif pour le travail qui nous concerne, aussi, tiendrons-nous compte de cet outil, sans pour autant lui affecter la caractéristique du représentant de « la langue ».

1. Les dictionnaires comme références et sources d’analyses

Les auteurs contemporains sont apparemment unanimes sur la fonction première du dictionnaire qui est l’outil dans lequel doivent être recensés tous les lexèmes d’une langue (le plus souvent en synchronie) : sa tâche principale est l’exhaustivité lexicale (Rey, 1983 : 13). Cependant, ces mêmes auteurs lui accordent des fonctions différentes selon leur point de vue sur le savoir à dispenser. Ainsi, l’ouvrage a-t-il une mission tantôt « didactique » pour l’accroissement du savoir lexical des utilisateurs (Mok, 1983 : 69), tantôt « sociolinguistique » pour officialiser les lexèmes (Mazière, 1985 : 37), tantôt « pragmatique » pour une meilleure utilisation et composition des lexèmes (Bataille cité dans Rey, 1983 : 24 ), et enfin « politico-culturelle » pour unifier la langue nationale (Nicolas, 1985 : 7).

Le dictionnaire est, en conséquence, un outil linguistique, social et culturel non négligeable, auquel il est reproché, depuis son apparition en France au XVIIe siècle, de véhiculer une subjectivité socioculturelle, et de manquer d’exhaustivité sémantico-morphologique (Corbin, 1983 : 58 ; 1985 : 100), (Culioli, 1990 : 50) , (Gross, 1986), (Leclère, 1990). Néanmoins, il reste le moyen le plus abordable et le plus complet pour donner l’état synchronique du vocabulaire d’une langue.

Ses lacunes semblent, cependant, lui être inhérentes dès l’instant où ses concepteurs – les

lexicographes – peuvent difficilement se placer hors du système socioculturel qu’ils tentent de décrire tout en évoluant en son sein. Il faut également reconnaître l’impossibilité matérielle et temporelle de recenser tout le lexique d’une langue car les données manquent en diachronie, et en synchronie des néologismes se créent pendant l’écriture du recensement (Guilbert, 1975 : 39).

Pour conclure, le dictionnaire a pour fonction de véhiculer des références lexicographiques établies et acceptées par la majorité de la communauté linguistique francophone. En outre, il est le conservateur des ‘traces’ de l’évolution sémantique et morphologique des mots. C’est essentiellement pour ces raisons que nous l’avons choisi. Ces dictionnaires sont donc les références institutionnelles de notre étude.

Parmi tous les dictionnaires à notre disposition, nous avons choisi deux d’entre eux qui paraissent décrire un usage normé, politiquement correct, et tentent une synchronie partielle : le Nouveau Petit Robert, NPR (Rey, 1994b) et le Trésor de la Langue Française, TLF (Imbs, 1977). En d’autres termes, ils véhiculent un aperçu des tendances et des variations lexicales du français contemporain (Rey, 1983). Nous avons également utilisé un dictionnaire qui décrit l’étymologie des lexèmes contemporains : le Dictionnaire historique de la langue française, DHLF (Rey, 1994a). Ce souci historique est apparu quand le lexème changer a révélé plusieurs sémèmes selon son domaine d’apparition (il peut être synonyme d’échange, de transformation, de remplacement, de déplacement).

Les origines étymologiques du lexème ont permis de comprendre que sa signification première se situe dans un domaine « économique » d’échange ou de troc, puis l’évolution sémantique a conduit le lexème à s’ouvrir aux autres domaines possibles ; changer a perdu la prégnance de sa signification quasi terminologique d’un domaine précis au profit d’autres sens en contextes très variés. Ainsi, avons-nous à faire à l’un ou plusieurs de ces sémèmes contextuels du lexème changer dans le programme politique des Verts.

L’utilisation des dictionnaires est une conséquence d’une problématique lexico-terminologique de notre corpus : le programme politique écologiste n’a pas de terminologie spécifique attestée par un dictionnaire spécialisé92. Cet ouvrage – Le Livre des Verts, Foing,

92 Notons que l’association des Amis de la Terre (http://www.amisdelaterre.org/lexique/index.html) tente

« d’expliciter les termes généraux de l’écologie, les termes de l’administration française, et les sigles couramment rencontrés », le terme « d’écologie politique » y apparaît en tant que lexème à définir mais pas comme catégorie de termes à définir. Cette absence de définition pour les termes de l’écologie politique signifierait-elle qu’il n’existe pas de tels termes, et que cette discipline utiliserait les termes « courants » ou propres à la politique en général ? Remarquons que, les courants écologistes étant nombreux, une définition mise au point par un seul d’entre eux ne pourrait convenir à tous. Nous verrons que le programme des Verts est un ouvrage sous-titré

1994 – est destiné au grand public, les lexèmes sont donc choisis dans l’espoir que tout lecteur puisse le comprendre.

Cependant, les sémèmes en contexte, et en occultant provisoirement toutes les inférences sémiques liées à ce contexte, conservent une part inhérente de leur signification lexicographique. Cette signification est constituée de différents types de sèmes qui contribuent dès à présent, dans un contexte définitoire, à distinguer plusieurs significations.

De ce fait, nous distinguerons les sèmes lexicaux inhérents des sèmes lexicaux afférents dès l’analyse des définitions, et sans tenir compte du contexte puisqu’il s’agit d’une description sémique d’après les dictionnaires uniquement.

2. Extraire les sèmes des définitions

Pour l’analyse, nous utilisons les sèmes extensionnels décrits par Pottier93 (Pottier, 1992b : 74) qui permettent l’élaboration de classes sémantiques en vue de décrire la substance sémantique lexicale inhérente et afférente du signifié des unités lexicales. Le sème représente la plus petite unité de signification définie par l’analyse, et contribue à la description des caractéristiques du sens d’un signifié. Un sème seul ne peut pas être utile à l’analyse, il a besoin d’une classe sémantique dans laquelle il peut s’associer à ses congénères, de façon oppositive, pour constituer une signification reconnue par la communauté linguistique en question et un sens spécifique en discours de ces unités lexicales. L’expression formelle d’un sème peut être une paraphrase métalinguistique simple /végétal/ ou développée /se déplace en meute/.

C’est l’association des sèmes, au sein d’un champ lexical précis, qui contribue à l’élaboration du sens et révèle les différences et les similarités entre les sens des unités lexicales du champ.

Leur extraction s’effectue selon un schéma binaire où ils s’opposent grâce aux opérateurs « + » et « – ». Par exemple, une « table » et une « chaise » sont des « meubles », mais ont des caractéristiques et des fonctions différentes formalisées par des sèmes dans un tableau qui les inter-définit.

Schéma 5 : Les sèmes différentiels des lexèmes table et chaise

Sèmes /meuble/ /quatre pieds/ /pour s’asseoir/ /pour écrire/

table + + - + L ex èm es chaise + + + - « Dictionnaire de l’écologie politique » ; nous tenterons alors d’expliquer ce qu’est un dictionnaire pour les auteurs de cet ouvrage (cf. Chapitre V).

Cet exemple reste naïf afin de ne pas entrer dès à présent dans la complexité des descriptions qui doivent rapidement tenir compte du domaine d’apparition des lexèmes. Nous essayons simplement de montrer que les sèmes permettent notamment ici de distinguer « table » de « chaise » par l’une de leurs fonctions qui dans l’absolu apparaît comme inhérente. Cependant, il est indispensable lors de l’analyse de préciser le domaine car, par exemple, une table « de chevet » ne servira pas à écrire, en conséquence ce sème ne lui sera pas inhérent.

Il s’est avéré nécessaire, pour notre analyse, d’établir deux types de sèmes lexicaux : inhérents et afférents (Rastier, 1987 : 63).

Les sèmes inhérents sont les composants invariants (fixés par la norme sociale) du lexème, et sont constitutifs ici d’un champ sémantique précis. Leur liste est limitée (cf. ci-dessous), et constituée, en partie, des quelques sèmes constitutifs du noyau sémique du verbe changer décrit au chapitre précédent. Chaque lexème puise dans cette liste les sèmes qui lui permettent de construire une signification propre en les associant à ses propres sèmes afférents.

Les sèmes afférents sont spécifiques à chaque lexème en particulier, et sont souvent explicités dans les définitions techniques davantage spécialisées et complémentaires de la définition générique. Pour leur extraction nous avons, en conséquence, utilisé les définitions de chaque lexème en particulier, et pas seulement celle du verbe changer. De ce fait, par exemple muter contiendra le sème afférent /irréversible/ car il s’agit d’un trait sémantique spécifique avec lequel le lexème acquiert une signification précise qui le distingue des autres lexèmes du champ.

Tous ces sèmes sont en nombre fini (Rastier, 1987 : 28). Cette limitation engendre une itération sémique dans la description des lexèmes du champ sémantique du /CHANGEMENT/ ce qui est, en quelque sorte, la garantie de leur appartenance sémique à ce même champ. En outre, l’association sémique binaire de leurs oppositions différentielles, grâce aux opérateurs « + » et « – », ne peut être validée dans un champ sémantique que si tous ses membres adhèrent aux critères sémantiques inhérents au champ sémantique en question. Par exemple, les lexèmes que nous allons décrire, appartiennent tous au champ sémantique du /CHANGEMENT/, dès l’instant où tous constituent les divers emplois du verbe changer en contexte.

3. La rencontre d’un programme politique et des dictionnaires engendre un sème

L’extraction des lexèmes du corpus associée aux quasi synonymes de la définition de changer a mis en exergue un groupe de lexèmes identiques par la représentation qui n’apparaissait pas en abordant le /Changement/ hors contexte : celle d’une avancée temporelle

inévitable et désormais inhérente au passage dans ce champ sémantique.

En d’autres termes, si le lexème réforme n’apparaît pas dans ce champ sémantique c’est qu’il n’est pas en mesure de faire avancer l’état de l’objet qu’il affecte : le passage est alors celui d’un retour, tandis que les lexèmes que nous avons répertoriés induisent tous un passage qui conduit l’objet à un état qu’il n’a jamais connu auparavant ; en plus d’être différent de son état antérieur, il doit être nouveau parmi tous les états qu’il a pu traverser.

C-PRESENTATION DES ANALYSES SEMIQUES

Dans les analyses sémiques, toutes les informations susceptibles de contribuer à l’élaboration de la signification du lexème seront réunies. D’abord l’ordre dans lequel ils sont classés est pertinent quant à leur place significative au sein du champ sémantique, puis la définition du lexème, sa construction syntaxique, et enfin, les sèmes lexicaux inhérents relatifs au champ sémantique, et les sèmes afférents relatifs au lexème.

Les résultats de ces analyses seront dans un tableau qui rassemblera tous les sèmes des lexèmes du champ sémantique.

1. L’ordre d’apparition des lexèmes

Nous avions d’abord choisi de présenter les lexèmes selon leur degré d’affinité avec la description sémique de changer : des plus compatibles au /Changement/ en tant que /passage/, aux plus éloignés et associés au sème /transfert/. De ce fait, les verbes qui ne recèlent que le sème /passage/ apparaissaient en premier, tandis que ceux qui étaient dans un /passage/ et un /transfert/, apparaissaient en dernier. Cependant, un tel classement accusait une contradiction : les derniers lexèmes étaient étymologiquement et sémantiquement les plus proches de changer. Pourquoi avions-nous procédé à une telle inversion historico-sémantique ? Certainement sous l’influence de l’analyse du programme des Verts. En effet, les conclusions, quant au sens du verbe changer dans ce programme, vont à l’encontre de la signification lexicographique et étymologique première du verbe (« céder une chose contre une autre ») et tendent vers l’atténuation progressive de ce sens en contexte.

Aussi, avons-nous renversé le classement et il est quasiment identique à l’ordre lexicographique d’apparition des lexèmes dans la définition de changer du Petit Robert qui suit l’étymologie et commence par échanger, mais ne correspond en rien à celle du TLF94 davantage syntaxique que sémantique.

Ainsi, le classement commence par le verbe échanger, le premier lexème de la définition étymologique de changer, qui est celui qui représente la dichotomie sémique du /Changement/ : tantôt un /passage/, tantôt un /transfert/. Les autres lexèmes suivent par ordre décroissant du plus radical contenant les sèmes /passage essentiel/ et /transfert/, aux plus modérés /passage accidentel/.

La description de changer apparaît en dernier afin de rassembler toutes les données précédentes et de constituer un graphique sémique.

2. La forme des définitions

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