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Apres l’étape de la mécanisation des professions manuelles, qui est aujourd’hui omniprésent dans l’industrie moderne (chaine de montage mécanique), la deuxième étape consiste à la mécanisation des professions intellectuelles.

3.1 Le recrutement prédictif : un exemple de mécanisation des professions intellectuelles

Le big data est la capacité par des algorithmes super puissants à traiter un grand nombre de données et surtout à trouver des corrélations entre elles.

Par exemple une entreprise enregistrant beaucoup de démissions pourrait, grâce à l’analyse de big data (dernière promotion des partants, dernière augmentation, niveau de salaire, place dans la hiérarchie, ancienneté, résultats…), détecter le profil des salariés qui risquent eux-aussi de démissionner

Une étude dirigée par Google avait révélé que 99,4% du temps consacré à un entretien de recrutement, en moyenne, est utilisé pour tenter de confirmer la première impression, souvent fausse, que se fait le recruteur(95).

Selon un rapport du Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD) 77 % des directeurs des ressources Humaine ne disposent pas des outils nécessaires pour évaluer l’impact du potentiel des salariés de leur entreprise sur ses résultats financiers(96).

Une analyse effectuée par la Harvard Business Review (HBR) de 17 études montre qu’un algorithme de recrutement de postulants surpasse les décisions des DRH d'au moins 25 % sur l’évaluation de candidats. Les critères de jugement étaient les notes des superviseurs, le nombre de promotion et les capacités d’apprentissage. L'effet tient dans toute situation avec un grand nombre de candidats, indépendamment du fait que le travailleur recruté est dans le secteur primaire, secondaire ou tertiaire(97).

C’est un exemple pour lequel un algorithme peut faire aussi bien voire mieux un travail non manuel que l’humain, sur des critères objectifs.

Les questionnements du futur seront de déterminer jusqu’à quel point un algorithme peu intellectualiser des processus de réflexion comme l’élaboration d’un diagnostic médicale.

Illustration 24 : Les barres ci-dessous montrent les pourcentages d'employés supérieurs à la moyenne engagés par le biais des systèmes algorithmiques contre le jugement humain. (Evaluations positives des superviseurs, Nombre de promotion, Capacité d'apprendre des formations)

3.2 IBM et la Techno-Médecine : l’algorithme et la pratique clinique

La société IBM23 a injecté depuis une décennie 6 milliards de dollars US, dans le projet Watson

qui emploi à plein temps 3 000 chercheurs dans 9 centres dont 1 français. 5 896 brevets plus tard, Watson représente une véritable innovation dans la compréhension par la machine du langage naturel, utilisé par les humains pour communiquer et échanger. Il est capable d’assimiler les concepts d’ironie et de jeux de mots. Cette technologie cognitive est capable de générer des hypothèses basées sur des données probantes et l’apprentissage par l’expérience. En février 2011, Watson a battu les 2 supers gagnants du jeu télévisé de divertissement américain Jeopardy (un programme reconnu pour ses questions complexes pleines de pièges, qui utilise les nuances du langage naturel, y compris des jeux de mots, des synonymes et des homonymes). Watson ne disposait pas de connexion Internet durant l'émission, il n’utilisait que les connaissances amassées durant des années d'interaction et d'apprentissage à partir d'un grand ensemble de connaissances non structurées.

Watson a comparé en 3 secondes les réponses possibles en les classant selon le degré de confiance qu'il accordait à leur précision.

Watson est actuellement utilisé dans 14 centres Médicaux Américain notamment le Memorial Sloan-Kettering Cancer Center, l’University of North Carolina (UNC) Lineberger Comprehensive Cancer Center in Chapel Hill. Il est capable de traiter plus de 200 millions de pages de dossiers et des publications scientifiques en quelques secondes(98).

Le robot Watson a également l'aptitude d'analyser toutes les informations du dossier médical du patient et de proposer une liste d'examens complémentaire afin d’affiner son diagnostic. Il est pour l’instant qualifié d’instrument d'aide à la décision mais il a les compétences pour diagnostiquer et proposer des traitements(99).

23 International Business Machines Corporation, développeur du programme Deep Blue le super- ordinateur spécialisé dans le jeu d’échecs

Watson et particulièrement utile en oncologie où l’intégration des concepts d’efficacité, bénéfice / risque, l’utilisation des données particulières du patient, ses caractéristiques génétiques et les mutations tumorales lui permet de faire des propositions de ligne de chimiothérapie et de plan personnel de soin.

1.800 patients atteints de cancer ont été randomisés dans une étude afin d’évaluer les

compétences médicales de Watson. Un conseil d’expert se réunit chaque semaine pour

examiner les mutations trouvées dans les tumeurs des patients et proposer des traitements ciblés qui étaient comparés aux propositions de Watson.

Actuellement, Watson n’est pas aussi efficace que le conseil d’expert pour choisir les lignes de traitements, les algorithmes ont besoin d’être affinés et d’expérience pour évoluer (100),

cependant le projet reste très prometteur.

Illumina, la principale société de séquençage génétique avec plus de 90 % du marché des séquenceur dont nous avons déjà parlé, s’est associée à la société IBM Health pour l’algorithme de Watson afin de standardiser et simplifier l'interprétation des données génomiques des tumeurs séquencées.

Les profils génétiques tumoraux séquencés par Illumina sont assimilé par Watson qui compare ces données avec les connaissances des recommandations de bonne pratique, des nouvelles études de la littérature médicale et des essais cliniques en cours.

L’objectif à long terme est de réduire le temps consacré à l'interprétation des résultats et d’obtenir des réponses thérapeutiques personnalisées au profil génomique, mais issues d’un ensemble très vaste de données médicales. C’est un exemple, d’application simple de synergie entre l’AI, la génomique et la biotechnologie dont les retombées pourraient être très prometteuses.