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Selon Mimoun Hillali (2011), le Maghreb serait « le trait d’union entre l’Orient et l’Occident.

Méditerranéen et africain par la géographie, arabo-musulman par la culture et la religion, le Maghreb repose sur un fonds ethnoculturel originel foncièrement berbère»1.

Sa particularité géographique le situe comme le vis-à-vis africain de l’Europe latine. Il fait aussi la jonction entre l’Europe et l’Afrique au niveau du détroit de Gibraltar et entre la Méditerranée et l’océan Atlantique. Cette localisation a privilégié les échanges entre les pays et le métissage ethnique qui s’est enrichi suite entre autres aux invasions répétitives et aux voyages de prospection.

La culture maghrébine est riche de par ses origines diverses comme le soulève Riadh Ben Rejeb (2005): « berbère, carthaginoise, romaine, vandale, byzantine et arabo-musulmane. Cette culture a été marquée également par la dimension noire africaine mais aussi hébraïque et chrétienne. Cet héritage a été souvent enrichi de l'apport de l'influence étrangère, notamment turque mais aussi andalouse »2.

D’après Wadi Bouzar (2002), chaque colonisateur cherche à assoir son emprise sur le pays colonisé en le dépossédant et en le coupant de son bien le plus cher, son legs identitaire, sa culture. C’est ainsi que les nombreuses civilisations et cultures qui se sont approprié tour à tour les pays du Maghreb, ont contribué chacune à creuser le fossé entre l’identité Maghrébine de base et l’identité d’aujourd’hui qui est certes plus moderne mais moins solide.

L’auteur ajoute que dans ce cas là, il ne reste au colonisé que deux valeurs refuges : Sa famille et sa religion. Jacques Berque (1979) insiste sur la farouche résistance du Maghreb contre les attaques venues de l’Orient et de l’Occident. La Maghreb serait détenteur d’une identité historique et ne pourrait se construire un avenir qu’en mettant à jour son passé.

« Il devra mettre en cause, tout ensemble, et revivifier les périodes antérieures… Il trouvera

l’assise de ce qu’il veut être (…) dans la mise à jour de ce qu’il était »3 .

1

: Hillali, M. (2011). Identité ou identités au Maghreb : du poids de la culture, de l’idéologie et de la religion (éléments de problématique géopolitique) In L’identité entre ineffable et effroyable. Paris : Armand Colin, p83.

2 : Ben Rejeb, R. (2005). De quelques aspects de la famille et de l'adolescence dans le Maghreb actuel In Gérard

Decherf, Crises familiales: violence et reconstruction. Paris : In-Press Editions, 233-245.

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38 C’est dans cette optique que la religion musulmane se trouve souvent être le point d’ancrage le plus fiable au Maghreb. Elle permet de souder les liens et de former une communauté plus forte. Abdelhafid Hamdi-Cherif (2014) précise que l’Islam s’épanouit dans la « Umma »1 et soude la parole de Dieu en chacun de ses membres ; il revêt ainsi une dimension identitaire importante. Il ajoute que l’intégrisme, la violence et la décadence de certaines sociétés ne sont dus à rien d’autre qu’à l’absence de culture religieuse. Cette culture semble être le représentant des traditions, des valeurs et des repères de la communauté. C’est ce dont en témoignent différentes pratiques sociales s’articulant autour du symbolisme religieux octroyant à certaines traditions une valeur d’injonction. « Ce qui s’ordonne au nom du

religieux semble jouir d’une force d’injonction plus forte, dans la mesure où elle se fait en même temps au nom d’une « communauté supérieure » et d’une fin éthique universelle »2

.

La valeur du Coran, des hadiths et du fiqh tient, d’après Abdelwahab Bouhdiba (1975), à leur caractère révélé. Le contenu de la révélation est perçu comme extra-temporel et renseigne la communauté sur le modèle dicté par le Divin, modèle qui ne saurait être altéré.

La religion musulmane, à travers le Coran et la Sunna3, offre une ligne de conduite idéale à suivre. Elle garanti, d’après Riadh Ben Rejeb (2010), l’instauration de règles bien codifiées au sein de la société servant l’organisation sociale, économique, culturelle et politique. Elle constitue une enveloppe identitaire dont la valeur psychique avoisine celle de l’enveloppe maternelle. Certaines pratiques dont le fait d’exprimer l’appel à la prière dans l’oreille du nouveau-né tout de suite après sa venue au monde vient témoigner d’une sorte de marquage religieux, un rite accueillant cet être nouveau dans la communauté musulmane. D’après l’Imam Chamsou-Dine Ibn Al Quayim Al Jaouziya4

, cet acte aurait été initié par le prophète Mohamed lorsque Fatima, sa fille, a mis au monde Hassan Ibn Ali. Cette pratique sert à apposer une empreinte mnésique inconsciente à l’intérieur du nouveau né le protégeant des démons et le guidant vers la bonne voie, celle de Dieu.

Riche de percepts islamiques, le Coran constitue également une référence en matière d’éducation et de gestion des relations humaines. La sourate de Luqman en témoigne de part le grand nombre de règles que ce prophète transmet à son fils. Ibn Al Quayim Al Jaouziya présente un « Hadith » du prophète Mohamed : « Ordonnez à vos enfants d’accomplir la

1 : Terme arabe désignant la communauté musulmane 2

: Hamdi-Cherif, A. (2014). Retour du religieux ou « recours » au religieux ? Laïcité et religion à l’épreuve du politique In Interventions sociales et faits religieux. Rennes : Presses de l’EHESP, p17-34.

3 : Ce sont des récits rapportés sur les paroles et les actes du prophète Mohamed, « Hadiths », qui constituent « la

Sunna », deuxième source des percepts de l’islam après le Coran.

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39 prière à l’âge de 7 ans. A l’âge de 10 ans, frappez-les s’ils la négligent et séparez-les au lit ». Ce Hadith vient annoncer trois règles à suivre pour l’éducation des enfants évoluant de manière graduelle. Il est dit aussi de séparer les enfants au lit à l’âge de 10 ans, âge où la puberté s’annonce chez certains ou qui se prépare chez d’autres. Cette restriction vient protéger l’adolescent de l’effraction pubertaire qui se verrait doublement ressentie dans le cas de la promiscuité corporelle. La religion musulmane n’interdit pas le plaisir sexuel et ne condamne pas le désir que peut ressentir un être humain ; elle vient seulement le codifier et lui apporter un cadre à l’intérieur duquel il peut s’exprimer librement. Ce cadre là c’est le mariage. Abdelwahab Bouhdiba (1975) ajoute que le Coran renvoie à la notion de « Zawj » (couple, dualité) comme étant l’origine même de la vie sur terre. Une dualité qui oriente vers la parité mais aussi vers l’opposition des sexes et le livre sacré abonde de versets rendant compte de la vie fondée sur la reproduction, sur l’embryogénèse et l’amour physique. La sourate « Al baqara » déclare « Elles sont un vêtement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles… Cohabitez avec elles et recherchez ce qu’Allah a prescrit pour vous »1

.

Riadh Ben Rejeb (2005) ajoute dans ce sens que dans la famille tunisienne traditionnelle, le concept d’adolescence n’existait pas dans sa conception psychologique. La fille, assimilée à « la semence de Satan » (Zarri’at iblîs) parce qu’elle grandit très vite, devait être mariée aussitôt pubère. Cette appellation n’est pas sans rappeler aussi le malheur qu’une mère ressentait à la naissance d’une fille. Celle-ci était accueillie par des pleurs et de la tristesse bien que Ibn Al Jaouzya a rapporté que le prophète Mohamed a insisté sur la nécessité d’être équitable entre ses enfants et qu’il aimait à se nommer « Abu al banat » (le père des filles). Ce rejet du sexe féminin n’a rien à voir avec l’Islam qui se présente, au contraire, comme une religion qui donne à la femme une place primordiale dans la société. Il y a même une sourate entière consacrée à la femme au sein du Coran ; « An-Nisa »2. Cette sourate organise la vie intime, sociale et économique des femmes. Une autre sourate « At-Takweer »3 condamne la pratique pré-islamique qui consistait à enterrer les filles vivantes à leur naissance. La fille au Maghreb a, malheureusement, longtemps trainé derrière elle cette malédiction comme en témoigne Naïma Chikhaoui (2007) dans les pratiques sociales du Maroc qui sont largement partagées par les pays du Maghreb. Comme en Tunisie, l’éducation de la jeune fille pubère au Maroc et en Algérie est soumise aux mêmes règlementations : elle doit être préparée à son 1 : َّنُهوُرِشاَب َنلآاَف ْمُكنَع اَفَع َو ْمُكْيَلَع َباَتَف ْمُكَسُفنَأ َنوُناَتْخَت ْمُتنُك ْمُكَّنَأ ُ َّللَّا َمِلَع َّنُهَّل ٌساَبِل ْمُتنَأ َو ْمُكَّل ٌساَبِل َّنُه ْمُكِئاَسِن ىَلِإ ُثَف َّرلا ِماَي ِ صلا َةَلْيَل ْمُكَل َّل ِحُأ" )081 ةيلآا ,ةرقبلا ةروس( "مُكَل ُ َّللَّا َبَتَك اَم ْاوُغَتْبا َو 2 :ءاس نلا ةروس 3 : ريوك تلا ةروس

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40 rôle de future épouse. Elle doit être soumise, d’après Nefissa Zerdoumi (1982), à l’apprentissage des travaux ménagers et à l’instruction religieuse sur laquelle va se greffer une pudeur obsédante quant à une virginité farouchement défendue. C’est afin de préserver la fragilité sexuelle des filles qu’elles sont interdites de scolarisation et sont maintenues dans le foyer familial protecteur. Quant au garçon, il était assimilé, assez précocement, à la vie professionnelle, pouvant alors subvenir aux besoins d’un foyer déjà à l’âge de 20 ans. Ainsi l’honneur de la famille sera sauvé par le mariage qui structure la relation sexuelle. Le sang de la défloration est la preuve à la fois de la pureté de la femme et de la virilité de l’homme. L’amour physique se transcende dans le collectif et les notions de privé et de publique se dessinent lorsque le couple se forme. Abdelwahab Bouhdiba (1975) précise que la sexualité sert à dépasser la solitude. C’est un face à face avec son propre corps mais aussi avec le corps de l’autre qui est appellé à la rencontre charnelle. L’auteur ajoute qu’un célébre hadith du prophète assure la complémentarité dans le couple. Il y est dit que « l’homme qui se marie se rend possesseur de la moitié de sa religion »1. La sexualité est d’abord une question de transmission d’existence s’accompagnant d’un plaisir charnel à la personne qui le vit.

La manifestation du sexuel fait naître la question de la pudeur comme cela est expliqué dans la religion musulmane : le couple adam et Eve ont découvert leur nudité lorsqu’ils ont goûté à l’arbre de l’immortalité et ont découvert la vérité sexuelle. C’est ainsi que la notion de « Aoura » (pudeur) fait son apparition et se pare de vêtements afin de couvrir la honte de la nudité. La nudité est fortement déconseillée même quand la personne est seule car dans la religion musulmane, l’existence huaine se partage avec les djins et les anges qui nous regardent sans qu’on s’en apperçoive.

Ainsi hommes et femmes devront couvrir certaines parties de leurs corps afin de vivre en communauté. Les relations sont légiférées et l’inceste et l’homosexualité sont prohibés. L’interdit de l’inceste est élargi dans la religion musulmane. En effet, les femmes du père sont assimilées à la parenté de sang et donc les belles-mères, les belles-filles et les belles-sœurs sont concernées par la prohibition. Les liens de lait sont aussi pris en considération dans la décision de mariage. Ainsi deux personnes ayant tété le même lait seront considérés comme frère et sœur comme le rapporte la parole du prophète Mohamed : « Les interdits du lait

sont identiques aux interdits du sang »2.

1 : Bouhdiba, A. (1975). La sexualité en Islam. Paris : PUF, 2010, p20. 2

41 Une autre particularité Maghrébine et qui semble avoir une fonction de régulation psychique est celle de la visite des saints. En effet, Naïma Chikhaoui (2007) précise que bien que moins fréquenté de nos jours, cet espace de sainteté procurait aux jeunes filles un lieu prétexte de résolution de difficultées identificatoires et de gestion du pubertaire effracteur. Réduites à la loi du silence, certaines jeunes filles jouaient à être possédées afin de procurer au corps une scène où il pourrait s’exprimer. Riadh Ben Rejeb (2003) fait remarquer la parenté des termes « mâjnoun » (fou) et « Djinn » (démons) en arabe mettant la lumière sur le rapprochement entre maladie mentale et possession dans la culture Maghrébine. L’existence des « djinn » est légitimée par la religion musulmane et démontrée dans la sourate « les génies »1 dans le Coran. Il faudra alors avoir recours à une danse de dépossession, la « hadhra » (littéralement « présence »). Celle-ci débute par la récitation de louanges dans une atmosphère hypnotisante (lumière tamisée, encens et battement inlassables de bendirs) et se clôture lorsque l’esprit malveillant promet par trois fois de ne plus revenir dans le corps de sa victime prononçant à trois reprises la formule « lâ ilâha illâ Allâh » (Il n’y a de Dieu qu’Allâh) se soumettant et proclamant son adhésion à l’Islam. Il faudra ensuite venir rendre visite au saint et lui faire des offrandes afin de préserver la personne d’un éventuel retour du mal qui se ferait plus pressant à chaque jour anniversaire de la dépossession. Ces rituels viendraient consolider l’identité collective et offrir une enveloppe symbolique permettant à l’être humain de lutter contre ses démons intérieurs ; démons d’autant plus virulents en période d’adolescence.

Le noyau arabo-islamique est, d’après Mohamed Ghorbal (1981), le principal organisateur de la personnalité maghrébine qui se présenterait selon deux dimensions : la dimension individuelle et la dimension communautaire. La dimension individuelle renvoie à la vie secrète et intime de la personne et la dimension communautaire renvoie à l’identité groupale. Afin de garantir à la personne l’équilibre nécessaire, ces deux dimensions doivent observer une distance convenable. Le Surmoi collectif est plus rigide que le Surmoi individuel s’apparentant aux vestiges du complexe d’Œdipe précoce. Il représente les interdits de la communauté et il est régit pas les exigences du groupe. Le Moi communautaire s’apparente au Moi-auxilière et représente une caractéristique essentielle dans la personnalité maghrébine. Il existerait même, d’après Mohamed Ghorbal, un ça communautaire qui témoignerait de l’existence d’une sexualité communautaire, une sexualité sous le contrôle du groupe. Cette sexualité est codifiée et ritualisée par la communauté. Cet auteur ajoute qu’au moment de l’adolescence, l’aire individuelle chercherait à se dégager de l’aire communautaire d’où les

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42 phénomènes de dépression, de suicide, de désir de « brûler » (immigrer clandestinement). Cette aire communautaire, dans le contexte maghrébin, semble souvent avoir une emprise très importante sur l’aire individuelle et ceci est illustré par les mariages arrangés ou forcés et les études et les professions planifiées ou imposées. C’est ainsi que la plupart des demandes de thérapies individuelles se transforment rapidement en thérapies familiales. La catégorie de patients les plus atteints sont les aînés. En effet, ces derniers semblent porter le poids familial et endosser déjà très tôt une responsabilité qui les privent du sentiment d’oisiveté dont doit jouir chaque personne durant son enfance. C’est comme si l’aîné devait payer sa dette de vie envers ses parents en partageant avec eux les responsabilités de ses frères et sœurs. Alors que le benjamin jouit presque toujours du statut d’enfant dépendant toujours de la famille. De nos jours, malgré les différents courants réformistes et la libération de la parole et de l’agir qui étaient enchainés, l’indépendance et l’autonomie restent toujours liées au mariage et l’inconscient collectif demeure marqué, moins qu’avant toutefois, par l’existence des démons et de la nécessité de recourir aux saints. L’adolescent ne sort de la tutelle parentale psychologique que lorsqu’il initie un foyer qui lui est propre. Et même là, les parents, et plus particulièrement les mères, continuent à se mêler des affaires de leurs enfants recourant à l’adage local bien connu qui dit qu’ « on est toujours enfants dans les yeux de nos parents ». Ainsi l’état de dépendance est maintenu offrant aux parents cette position toujours toute- puissante. C’est dans ce sens que Riadh Ben Rejeb atteste que « La séparation des parents à l'adolescence et au début de l'âge adulte est difficile sinon impossible »1.

Le recours à la tradithérapie est toujours assez important, d’après une étude du service de pédopsychiatrie2 de l’hôpital Razi à Tunis, frappant de manière prédominante les enfants de moins de six ans et les adolescents probablement de part la fragilité de la phase développementale dans laquelle ils se trouvent. Aujourd’hui encore, les croyances sociales et religieuses continuent à transmettre une éducation servant à repousser les « djinns » ou encore à s’en préserver comme le fait de dire « Besm Allâh » (Par le nom de Dieu) lorsque la personne ôte ses vêtements se protégeant ainsi du regard pervers du démon qui pourrait être tenté de se saisir de son corps. Riadh Ben Rejeb (2003) rapporte d’après Al Bokhâri que le prophète Mohamed prononçait toujours ces paroles quand il pénétrait dans des lieux

1 : Ben Rejeb, R. (2005). De quelques aspects de la famille et de l'adolescence dans le Maghreb actuel In Gérard

Decherf, Crises familiales: violence et reconstruction. Paris : In-Press Editions, p 240.

2 : Ellouze, F., Mezgheni, L., Belhadj,A., Bouden,A., Othman, S., Haleyem, M-H et Cheour, M. (2005).

43 d’aisance : « O mon Dieu, je me réfugie auprès de toi contre les démons mâles et les démons femelles »1.

Le legs culturel met l’accent sur le poids du maternel et du religieux dans l’espace fantasmatique tunisien et repousse toute tentative de rébellion contre les figures parentales et plus particulièrement celle de la mère comme en témoignent plusieurs versets coraniques et récits du prophète Mohamed. Cette place d’honneur que la culture accorde à la mère a permit la mise en place d’un complexe complémentaire à celui de l’Œdipe, appelé, par Abdelwahab Bouhdiba (1975), complexe de Jawdar2. En effet, ce célèbre universitaire, sociologue et islamologue tunisien a toujours milité pour une lecture socio-culturelle intrinsèque des comportements d’une nation. Il s’appuir sur les récits coraniques pour introduire un complexe d’oedipe qui serait marqué par la séduction maternelle. Il présente l’histoire du prophète Joseph qui est tenté par sa mère adoptive Zuleikha dans une triangulation oedipienne assz particulière. Le Mari de Zouleikha est un homme tout puissant de part sa position sociale mais est décrit comme sexuellement impuissant et stérile. Par contre le prophète Joseph est présenté comme jeune, beau, fort, savant, virile. Délaissée par son mari Zouleikha se tourne vers Joseph tentant de compenser auprès de lui ses frustrations. Dans cette dynamique, c’est la femme (la mère) qui est l’agent séducteur et c’est elle qui provoque la relation « incestueuse ». Le désir est ressenti du côté de Zuleikha mais aussi du sôté du prophète Joseph comme l’atteste le verset 24 de la sourate de « Joseph » 3. L’adultère aurait pu être

commis si un miracle divin n’est pas intervenu. Bouhdiba rapporte que l’image de Jacob, le père de Joseph se serait présentée devant ses yeux ou que c’est l’ange Gabriel qui aurait secoué Joseph pour le sortir de son état hypnotique. Le fait est que c’est l’image d’un père qui

1 : Ben Rejeb, R. (2003). Psychopathologie transculturelle de l’enfant et l’adolescent. Paris : In Press, p70. 2

: Dans le mythe de Jawdar, un des récits des Mille et Une Nuits, le héros Jawdar, simple pêcheur, guidé par un

magicien, part à la recherche d’un trésor au fond de la terre. Pour ce faire, il doit passer 7 portes en récitant à chaque fois la formule magique. A chaque fois, il recevra un coup mortel dont il lui est assuré qu’il renaîtra, il doit donc faire preuve de courage. Jawdar passe avec succès les 6 premières portes. A la septième porte qui est aussi la dernière, le magicien lui explique ce qui va se passer : Ta mère sortira et te dira : “Bienvenue à toi mon fils, viens me saluer”. Tu lui diras alors : “reste éloignée et ôte tes vêtements”. Elle te dira : “Mon fils, je suis ta mère. J’ai sur toi les droits que donne l’allaitement et l’éducation. Comment veux-tu que je t’expose ma nudité”. Tu répondras : “Enlève tous tes vêtements sinon je te tue”. Regarde alors à ta droite, tu trouveras un sabre

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