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CHAPITRE I DEFINITION DE L’ESPACE DE REFERENCE

I. 3.1 L'évolution de l'industrie brésilienne

L'activité industrielle s'est amorcée au Brésil à la fin du XIXe siècle, soit

cinquante ans après la consolidation de la Première Révolution industrielle en Angleterre, alors centre hégémonique du capitalisme. Le capital industriel brésilien est issu des « métamorphoses partielles »28 du capital mercantile qui

soutenait l'économie esclavagiste du café, alors dominante. La dynamique du système agroexportateur était centrée sur les marchés internationaux, ce qui caractérise cette période comme de « croissance vers le dehors ».

Les auteurs s'accordent sur le caractère capitaliste du système agroexportateur29, en soulignant que c'est lui qui engendre les conditions

d'avènement du capital industriel. Effectivement, c'est au sein de l'économie

28 Selon l'expression de CANO (1993, p.16) 29 MELLO (1988, p.98).

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du café qu'une masse de capital monétaire potentiellement prête à être investie dans l’industrie s'est constituée. En outre, l'économie du café a été capable de transformer une partie de sa force de travail en main-d'œuvre disponible pour l'industrie, car la masse d'immigrés européens venus pour le

travail dans les haciendas était largement excédentaire30. Hormis cela,

l'économie du café a créé un marché consommateur - essentiel pour l'avènement de l'industrie - en remplaçant la main-d'œuvre esclave par le travail salarié. Grâce à l'exportation de café, le Brésil obtenait les devises nécessaires pour importer non seulement les biens de capital, mais aussi les denrées et les biens manufacturés de consommation, ces deux derniers étant indispensables à la reproduction de la force de travail industrielle31.

L'insertion du Brésil dans la Première Révolution industrielle a commencé timidement entre 1870 et 1880, à partir de la formation du marché de travail, même si l'abolition de l'esclavage ne s’est achevée qu'en 1888. Les bases techniques des premières implantations industrielles étaient simples : une main-d'œuvre nombreuse par unité de capital et un approvisionnement régulier sur le marché international des équipements. L'industrie textile dominait ce processus initial.

A la fin du XIXe siècle, la région de Caxias do Sul venait d'être occupée

par les immigrants italiens et ne participait pas encore au mouvement d'industrialisation tel qu'il avait lieu à São Paulo. Le bois et le vin produits artisanalement constituaient les principales activités de la région. La production était initialement destinée à l’approvisionnement du marché régional, pour ensuite atteindre d'autres régions du Rio Grande do Sul et même au-delà. La construction de la voie ferrée, en 1910, entre Caxias et Porto Alegre a renforcé ces deux activités en facilitant l'écoulement de la production. Cependant, fortement liés au secteur primaire et utilisant des techniques simples, le vin et le bois ne pouvaient faire le saut vers l'industrie. Ce n’est que pendant la Première Guerre mondiale que l'artisanat local a connu une première impulsion : Suite à des difficultés affrontées dans

30 Sur l'immigration européenne au Brésil, voir II.1.2 ci-après. 31 Comme souligne MELLO (1988,p.147).

l'importation de biens manufacturés - pièces de rechange pour les machines venues d'Europe notamment -, des nombreux ateliers locaux évoluèrent et commencèrent à fabriquer des produits, métalliques et autres, pour satisfaire la demande. Sur la période 1875-1920 cependant, l'évolution de la région de Caxias do Sul ne correspondait pas directement à ce qui se passait dans le centre du pays. Le capital excédentaire qui avait permis le processus d'industrialisation à São Paulo était à cette époque totalement absent de la région.

Entre 1920 et 1930, la première étape de l'industrialisation brésilienne se consolida à travers l'implantation d'autres secteurs industriels de biens de consommation courante (également connus sous le terme biens-salaires)32.

Comme le souligne CANO (1993, p. 16), cette étape exprime la subordination de l'industrie à l'économie agroexportatrice et la fragilité du capital industriel national. La croissance industrielle se faisait par la simple addition d'unités productives nouvelles grâce à l'importation d'équipements, un signe de la faiblesse de la dynamique d'accumulation alors en vigueur.

Tandis qu'en Angleterre, la Première Révolution industrielle s’est consolidée en 20 ans, ce processus a duré 50 ans au Brésil. Quelles sont les raisons d'une telle lenteur ? Sans entrer dans le détail d'un sujet aussi complexe, citons deux raisons de base. Contrairement à l'Angleterre, le Brésil n'a pas développé un Etat structurant, engagé dans l'insertion du pays dans le contexte international modernisateur. Le caractère conservateur des élites brésiliennes - de base rurale notamment et accoutumées depuis longtemps aux règles esclavagistes - a fortement contribué au ralentissement des transformations.

On peut affirmer que l'industrialisation brésilienne est née davantage comme une convenance pour le capital mercantile du café que comme le

32 Les raisons par lesquelles l'industrialisation a commencé par ce secteur sont exprimées

par MELLO (1988, p.149) de la façon suivante : "Dans l'industrie de biens de consommation légère, notamment dans le textile, la technologie était relativement simple, assez stable, facile à mettre en oeuvre et déjà intégrée dans les équipements, ceux-ci étant largement disponibles sur le marché international. Les dimensions de l'établissement et la portée des investissements de départ étaient en phase avec l'économie brésilienne de l'époque."

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résultat d'une rupture avec le système productif précédent. La preuve en est que le capital industriel n’est pas apparu à un moment de crise du système agroexportateur mais au contraire à un moment d'apogée des exportations33,

ce qui signifie que l'industrie est née comme une possibilité d'investissements pour un capital accumulé par l'exportation de café mais qui ne trouvait pas de placements convenables dans ce même secteur.

Notons que l'absence de rupture est un élément de fond qui accompagne la plupart des transformations économiques, sociales et politiques au Brésil : l'avènement du nouveau sert avant tout à garantir la conservation du statu quo et jamais à lui faire opposition34. C'est ainsi que

les transformations ayant donné jour à l'industrie n'ont pas entraîné le transfert de l'hégémonie sociale et politique aux mains d'une autre classe. L'économie industrielle émerge donc du sein même du système agroexportateur. Ainsi, le capital revêt une forme nouvelle - industrielle -, mais reste dans les mains de la même classe capitaliste.

Tandis qu'au niveau national se consolidaient les premiers secteurs de biens de consommation courante, la région de Caxias do Sul commença à constituer son industrie proprement dite à partir de 1920. Sans abandonner le vin et le bois, la région développa les branches textiles et alimentaires, en accord avec le mouvement général de l'industrie brésilienne, à savoir la production de biens de consommation courante. Effectivement, on y retrouve maintes laineries et bonneteries ainsi que des établissements frigorifiques. La fabrication de produits métalliques commençait quant à elle à subir la concurrence des biens étrangers, dont l’importation avait repris depuis la fin de la guerre. Cela n'a toutefois pas empêché le développement de certains établissements métallurgiques, comme Eberle et Triches, qui sont devenus

33 L'excédent de rentabilité du café et les motifs pour lesquels ces ressources n’ont pas pu

être réinvestis dans la même activité sont traités par MELLO (1988, p. 143).

34 Cette constatation n’est bien évidemment pas originale. De nombreuses études dans plusieurs domaines des sciences sociales brésiliennes concourent à l'étayer. Compte tenu de l'impossibilité de les citer, nous renvoyons le lecteur intéressé à l'article "Le pacte des élites brésiliennes", de Emir SADER, paru dans Le Monde Diplomatique, n° 535, octobre 1998.

de grandes industries grâce à la diversification de la production et à la recherche de nouveaux marchés (surtout à São Paulo).

Au niveau mondial, la Seconde Révolution industrielle a été provoquée par d'importantes modifications de la base technique de production et notamment par l'utilisation d'une technologie beaucoup plus complexe, exigeant des capitaux et des niveaux de production bien supérieurs. Avec les grandes entreprises, on assista à la substitution de la libre concurrence par les trusts, les monopoles et les oligopoles.

L'intégration du Brésil dans cette Seconde Révolution industrielle s'est faite lentement à partir de la crise de 1929, constituant ainsi la deuxième étape de son industrialisation. En effet, il a fallu attendre les années 70 et 80 pour que les secteurs des biens de consommation durable, des biens intermédiaires et de capital se consolident (CANO, 1993, p.17). Malgré sa lenteur, ce fut là un processus important pour l'industrialisation brésilienne, car celle-ci commença alors à devenir autonome vis-à-vis de l'économie agroexportatrice. L'Etat y joua un rôle actif à partir des transformations sociales et politiques des années 1930, en s'engageant dans le développement du pays et dans le progrès industriel. Le rôle structurant de l'Etat s'exprimait notamment par la formulation de politiques industrielles sectorielles et par l'organisation du marché du travail.

Dans la plupart des pays d'Amérique Latine, l'industrialisation qui reposait sur la crise de 1929 se caractérisait par une substitution des importations. La baisse des prix des produits primaires sur les marchés internationaux contribua à diminuer la capacité d'importation de biens manufacturés. Au niveau interne des pays latino-américains, l'existence d'une demande pour ces biens assurait des profits suffisants pour stimuler la production industrielle locale. Dans un premier temps, la substitution s'effectua à travers les biens de consommation courante, avant de s’étendre à quelques biens intermédiaires et de capital, grâce à l'utilisation abondante de main-d'œuvre et à l'expansion horizontale du marché de consommation. Puis la substitution s'approfondit, touchant jusqu'aux biens de capital « lourds »

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et aux biens de consommation durable à haute valeur ajoutée. Dans ce cas, il fallut un usage intensif de capital, ce qui provoqua un ralentissement de l'emploi avec des conséquences évidentes sur l'étiolement du marché consommateur. Pour affronter cette situation, une intensification de la concentration des revenus fut indispensable. Ce cadre général concernait les pays latino-américains les plus importants entre 1930 et 1960, chacun conservant bien évidemment ses particularités.

En ce qui concerne le Brésil, on distingue le plus souvent deux parties dans la période de substitution des importations35 :

- De 1933 à 1955, c'est la phase d'industrialisation « restreinte ». Malgré l'expansion industrielle menée par l'accumulation endogène, le processus d'industrialisation est limité par des faiblesses techniques et financières. Elle est dite « restreinte » parce qu'elle « n'est pas capable d'installer, d'un coup, le noyau fondamental de l'industrie de biens de production, ce qui lui permettrait d'élargir la capacité productive avant la demande, donnant ainsi au processus de développement industriel un caractère autonome » (MELLO, 1988, p. 110). Cette période a connu la consolidation de l'industrie « légère » (biens-salaire), mais aussi quelques implantations du secteur de biens de production (équipements et biens intermédiaires). L’intervention de l'Etat se concentrait sur trois axes : protectionnisme contre la concurrence des importations, contrôle du mouvement ouvrier et investissements en infrastructures.

- De 1956 à 1961, l'industrialisation brésilienne inaugure la phase

dite « lourde », car le développement des secteurs de biens de production et

de biens de consommation durable prend un rythme intensif. En termes technologiques, l'industrie se transforme grâce à une « vague d'innovations » capable d’en moderniser la structure, grâce à la combinaison du capital privé national avec le capital étranger et le capital public.

A partir de 1955, le contexte international est devenu favorable au flux des capitaux vers le Brésil car les Etats-Unis avaient achevé d’aider à la reconstruction européenne et japonaise de l'après-guerre. Le capital étranger était alors disponible pour implanter directement des filiales au Brésil ou pour financer l'implantation d'autres industries.

Quant au capital public, sa participation a été essentielle au moment de l'installation des secteurs les plus « lourds » de l'industrie, comme la sidérurgie, la métallurgie et la chimie. L'énergie, les transports et les télécommunications - en tant qu'infrastructures de base pour le développement industriel - étaient également à sa charge. Responsable en outre du crédit à long terme, l'Etat créa alors en 1952 la Banque Nationale du Développement Economique et dans l'objectif de « progresser de 50 ans en 5 ans », l'Etat s'engagea à fond dans la modernisation du pays, marquant ainsi fortement la période de sa présence.

La fragilité ne lui permettait rien d’autre que de s'allier aux capitaux étrangers et publics nullement opposés aux intérêts de la bourgeoisie industrielle nationale. Le capital privé entreprit alors la continuité de l'industrialisation des secteurs de biens-salaire mais participa également dans certains cas à l'industrie de biens de capital.

Pendant la phase d'industrialisation « lourde » (1956-61), les grandes firmes étrangères – et notamment celles installées à São Paulo et à Rio de Janeiro - développèrent un réseau de fournisseurs et de distributeurs dans l'ensemble de la région Sud/Sudeste du pays, un phénomène qui suscita la création, le développement et la modernisation de petites et moyennes entreprises à capitaux nationaux. Cette démarche ayant eu lieu principalement dans les branches de la métallo-mécanique (MELLO, 1988, p. 120), la région de Caxias en tira un net bénéfice. De fait, le complexe automobile implanté dans le cœur industriel du Brésil trouva dans la région des industries capables de faire un tour de force pour répondre à la demande. C'est ainsi que les branches métallo-mécaniques, de freins et

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d'autres équipements pour camions, autobus et voitures se renforcèrent dans la région.

Hormis les effets du complexe automobile, la région sut profiter d'autres caractéristiques de l'expansion des industries de biens de consommation durable en cours au Brésil. Grâce à l'organisation du marché financier et aux facilités de crédit à la consommation, le marché de biens durables se développa considérablement. Dans la région de Caxias do Sul, cela permit l'essor de quelques usines de produits électroménagers, mais le plus important fut la remarquable expansion de l'industrie du meuble et de maisons préfabriquées. En effet, la filière bois connut une modernisation qui lui garantit un solide démarrage et qui transforma la région en l’un des pôles nationaux du secteur. Nous considérons donc que la région de Caxias do Sul est parvenue à s'adapter favorablement aux transformations industrielles en cours au Brésil pendant les années 1950-60.

Entre 1962 et 1974, l'économie brésilienne connut l'avènement du

« miracle ». Après un ralentissement de la croissance économique de 1962 à

1967 (un ralentissement que certains auteurs considèrent comme une crise36), l'insertion du Brésil dans la Seconde Révolution industrielle atteignit

son degré maximal dans les années 1967-74 à travers le « miracle brésilien »

connu par sa croissance économique exceptionnelle37. Le gouvernement

militaire qui prit le pouvoir par la force en 196438 donna à l'Etat un caractère

fortement structurant de façon à mener à bien l'industrialisation et la

36 Par exemple, MELLO (1988, p. 121) utilise le mot "crise" pour la période 1962-67.

Cependant, à la page suivante, il se réfère à la même période comme "d’une dépression", celle-ci ne se manifestant qu'à travers une chute des taux de croissance. Or, à notre avis, les deux mots signifient des choses différentes, la crise étant beaucoup plus profonde et plus grave que la dépression. Nous préférons appliquer le terme "crise" à des situations extrêmes, où la continuité d'un système économique est mise en cause par des problèmes fondamentaux qui menacent son existence même.

37 De 1964 à 1973, l'économie brésilienne a présenté un taux de croissance moyenne

annuelle de 10%.

38 Entre 1964 et 1982, le Brésil a connu la période la plus autoritaire de son histoire, caractérisée par une centralisation et une répression démesurées : promulgation d'une nouvelle constitution nettement autoritaire, partis politiques interdits, ligues agraires dissoutes, censure, purges dans la fonction publique, méthodes policières allant jusqu'à la torture et à la mort.

modernisation du pays. Les militaires instaurèrent une période d'investissements considérables pour le développement, notamment dans les infrastructures. Leur programme d'assainissement économique consistait à réduire les dépenses publiques, à augmenter les impôts, à bloquer les salaires, à limiter les emprunts et donc la dette, à stimuler les exportations, tout en privilégiant les investissements du secteur privé.

Le pays bénéficia du dynamisme considérable du commerce international pour faire des exportations l’un des piliers du « miracle ». Cette stratégie fut vivement soutenue par l'afflux de capitaux étrangers - américains pour la majorité. La technocratie au service des gouvernements autoritaires « imaginait pouvoir convertir l'économie brésilienne en l’une des grandes puissances économiques mondiales » (CANO, 1993, p. 19).

Mais la société brésilienne n’eut pas cette chance. L'absence de libertés citoyennes et le manque de respect des droits de l'homme côtoyaient la concentration des revenus et la chute des salaires réels la plus longue et la plus profonde. Les effets pervers du « miracle » s’exprimaient notamment par les inégalités socio-économiques considérables qui persistèrent et qui s'aggravèrent dans les années 1990.

La croissance économique extraordinaire de la période du « miracle » s’appuyait donc sur des ressources externes, à savoir les financements internationaux, compte tenu de la faiblesse chronique de capitaux internes de long terme. Des déséquilibres ne tardèrent pas à apparaître, à commencer par l'augmentation « en cascade » de la dette extérieure. À partir de 1973, le choc pétrolier souligna la fragilité du miracle brésilien, les dangers sociaux de la crise économique et le péril de l'endettement massif dans lequel le pays s'engageait.

Avant le « miracle », c’est-à-dire entre 1962 et 1967, l'ensemble de l'économie brésilienne subit un ralentissement comme nous l’avons évoqué précédemment. Mais l'industrie de Caxias ne présenta pas les mêmes effets. L'industrie des machines et équipements agricoles - qui amorçait son développement dans la région et présentait déjà un poids important - a

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connu une forte impulsion grâce aux facilités de crédits aux agriculteurs. Dans le cadre de la politique d'exportation, le gouvernement fédéral s’attacha à stimuler la production primaire en visant les marchés internationaux alors favorables. En même temps, l'obtention de devises à travers le commerce extérieur (alliée à des subsides fiscaux) permit l'importation d'équipements modernes dont l'industrie locale avait besoin pour progresser.

Pendant toute la période du « miracle brésilien », l'industrie de Caxias do Sul sut tirer des avantages durables dans la plupart des branches. La facilité de crédit et le commerce extérieur favorable sont à l'origine de cet essor. C'est la période de diversification du tissu industriel et, en même temps, de consolidation du dit secteur métallo-mécanique. L'organisation des entreprises commençait à se modifier, passant de la sphère familiale à l'embauche de cadres professionnels. On retrouve également la fusion d'entreprises qui, grâce aux crédits, transforma de petites et moyennes entreprises en entreprises plus grandes et plus puissantes. Remarquons cependant le maintien de plusieurs petites et moyennes entreprises familiales, certaines d'entre elles travaillant en sous-traitance pour les grandes.

La période 1975-90 est celle de l’installation de la crise. A partir de 1978, la situation internationale marquée par l'hégémonie nord-américaine laissait prévoir un avenir difficile pour les pays industriels sous-développés et surendettés dans la mesure où les Etats-Unis relevèrent brusquement les taux d'intérêts. En conséquence, et outre les problèmes internes déjà existants, le Brésil commençait à faire l’expérience d’un phénomène inflationniste vigoureux qui se prolongea pendant les dix-sept années suivantes.

Face à l'échec de la « croissance miraculeuse », le gouvernement militaire se trouva peu à peu dans une situation délicate. Ebranlés par des fissures au sein des classes dirigeantes certes, mais plus fortement pressés par les mouvements de masses exigeant le retour à la démocratie, les militaires furent contraints de négocier une transition politique. Celle-ci ne

fut effective qu'après dix ans de démarches politico-institutionnelles39, ce qui

n'est pas surprenant si l’on considère la tendance brésilienne à mener les transformations inéluctables sans provoquer de vraies ruptures, comme nous l’avons signalé précédemment.

En termes de développement industriel, on peut dire que le Brésil rattrapait à peine la Deuxième Révolution industrielle quand l'économie internationale avançait à pas de géant vers la troisième. L'implantation des secteurs « lourds » de l'industrie brésilienne était enfin achevée, mais la crise financière internationale des années 1980, assocciée aux graves problèmes internes du pays, créait des contraintes quant à son insertion dans la Troisième Révolution industrielle40.

Dirigée par les pays capitalistes avancés, cette troisième phase du développement industriel est caractérisée par des changements

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