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Cas 2 : Manchester City

4.1. L’éthique dans le monde du football

Même si la pratique de tout sport est un droit de l’homme, cela implique aussi quelques devoirs (Charte Olympique). L’éthique sportive dépasse le seul fait de respecter les règles du jeu, cela concerne toute une série d’autres exigences pour les sportifs amateurs comme professionnels. Il convient de garder les valeurs et l’esprit sportifs souvent remis en cause par la violence, l’hooliganisme, le dopage ou la corruption ainsi que d’encourager les valeurs sociales, culturelles et écologiques telles que le respect ou l’égalité des genres et des races. Dans cette optique, les instances sportives mondiales ont établi une commission d’éthique formulant certaines règles et mesures afin de promouvoir le sport éthique. Chaque fédération sportive adopte une charte éthique et un code déontologique (Gardes & Miniato, 2014).

Avant d’entrer dans l’analyse de l’éthique footballistique à proprement parler, analysons le top 10 des questions à se poser afin de prendre une décision éthique :

1) Ferais-je cela devant ma mère ?

2) Est-ce le meilleur choix pour le plus grand nombre de personnes ? 3) Comment me sentirai-je par rapport à moi-même ?

4) Est-ce équilibré, honnête et juste ?

5) Si quelque chose de terrible devait arriver, pourrais-je défendre mes choix ? 6) Est-ce que mes choix seront acceptés par le public ?

7) Est-ce la bonne chose à faire ? 8) Est-ce raisonnable ?

9) Est-ce légal ?

Tous les clubs de football ne suivent pas spécialement une ligne de conduite éthique, ceux-ci ont d’ailleurs tendance à chercher un équilibre entre les bons comportements et la nécessité de résultats. Dans le monde du football, quand les résultats ne suivent pas, il est tout bonnement impossible de licencier les joueurs, de par leur valeur mais aussi de par l’impossibilité de les remplacer en dehors des périodes de transferts. L’entraineur est donc la victime toute désignée même si les choix sont parfois effectués à contre cœur.

Concernant la violence, elle provient particulièrement du hooliganisme à son apogée vers la fin du XIXème siècle en Angleterre principalement mais qui était bien évidemment moins médiatisé qu’aujourd’hui. Les faits de violence entre supporters représentent tout l’opposé des valeurs du football et des notions de fair-play. Il est cependant difficile de distinguer d’où provient réellement cette violence. La violence prend probablement sa source dans la société et est amenée aux stades mais il est concevable d’admettre qu’elle provienne aussi du football lui-même qui met en avant la rivalité et certains thèmes comme le combat, la rivalité, la guerre. Le ballon rond véhicule donc une certaine image néfaste qui peut provoquer quelques pulsions négatives chez les supporters.

De ces problèmes se pose la responsabilité des clubs et des instances supérieures. Bien souvent, on retrouve une sorte de connivence entre les clubs et leurs supporters lorsque les enjeux sportifs ou financiers dépassent l’importance de l’éthique (Müller, 2006).

En Belgique, la Ligue pro a instauré en 2010 une commission d’éthique souhaitée par l’ensemble des clubs professionnels afin de réglementer certains comportements sur les terrains du championnat belge de football. La commission se compose de deux magistrats, de deux journalistes et de personnalités du monde du football. Cette commission statue sur les problèmes éthiques et comportementaux présents sur les pelouses des clubs professionnels. Cela concerne aussi bien les comportements racistes, les agressions verbales ou physiques ou tout simplement le manque de fair-play et de courtoisie. En cas de rapport négatif, la commission saisit un des organes disciplinaires (la Pro league, l’Union belge, le club,...) qui prend la décision de sanctionner ou non (Belga, 2010).

Analysons maintenant, de manière plus pratique, la notion d’éthique au sein d’un club de football. Serge Aurier, défenseur du Paris Saint-Germain, durant une vidéo postée en direct chez lui, n’a pas hésité à critiquer ouvertement ses coéquipiers et à utiliser des propos homophobes vis-à-vis de son entraîneur de l’époque, Laurent Blanc.

Cette affaire a provoqué un tollé médiatique que le club du Paris Saint-Germain s’est empressé de contenir en suspendant de manière publique son joueur. Le club a même été plus loin en retirant la prime d’éthique accordée au joueur. Cette prime a normalement pour but de « limiter» la communication des joueurs tout en augmentant de façon variable leur salaire, afin d’éviter que ce genre de problème n’arrive.

À Paris, les primes d’éthique ont débarqué avec l’arrivée des dirigeants qataris, en 2011. Le capitaine parisien Thiago Silva signe alors un contrat prévoyant une prime d’éthique de 41 000 euros par mois afin de respecter le réglement intérieur du club. Ce montant est variable selon les joueurs et il est négocié pendant la signature du contrat.

Cette prime d’éthique pose elle-même un problème éthique à parti du moment où les joueurs n’ont pas les mêmes droits que leur club en terme de communication. Malgré tout, la prime entre de plus en plus dans les mœurs et les footballeurs ne cessent pas pour autant de la signer. Le bien-fondé d’une telle prime s’oppose quelque peu à la Charte du football professionnel qui permet les sanctions face aux mauvais comportements des sportifs. Quelle est alors la véritable utilité de ce bonus ? La réponse se trouve dans la gestion et le contrôle de la communication des clubs. La prime d’éthique permet d’établir des règles plus strictes que celles se trouvant dans la Charte. En d’autres termes, la prime permet aux clubs d’introduire l’interdiction de commentaires négatifs ou dégradants à l’encontre de l’entité sportive. La sur-médiatisation des clubs et la nécessité d’une communication parfaitement établie obligent les clubs à se protéger davantage. Ces primes prévoient notamment l’interdiction de critiquer publiquement l’ensemble des choix effectués par les managers du club (tactiques, management, transferts). Cela provoque inévitablement des discours et interviews toujours plus stéréotypés où la langue de bois est devenue obligatoire.

Malgré une légitimité douteuse quant à l’utilisation et l’activation de ces primes, aucun joueur ne s’est encore permis de remettre en question le problème. Les sommes étant bien souvent très élevées, il est dans l’intérêt du joueur de faire profil bas et d’éviter la perte éventuelle de cette rémunération supplémentaire, quitte à autocensurer ses propos.

Même s’il a commis une erreur dépassant toutes les limites, Serge Aurier ne sera pas le premier joueur à critiquer le système.

Notons tout de même qu’en 2006, Vikash Dhorasoo fut le premier footballeur licencié depuis la mise en place de la Charte de football professionnel. Le joueur avait été critique envers son

entraineur de l’époque Guy Lacombe au Paris Saint-Germain (Hernandez, 2016).

Afin de conclure cette partie relative à l’éthique dans le football, il semble bon de rappeler que la question d’éthique se pose à tous les niveaux du football et concerne l’ensemble des acteurs intervenant de près comme de loin au monde du ballon rond. Les salaires parfois indécents des joueurs, le rapport entre ces montants et le travail fourni, la violence, le racisme, la tricherie ou la fraude représentent autant d’aspects qui font dire que le football manque de morale. Si le football veut retrouver une certaine dignité morale, la seule véritable solution doit venir des instances supérieures (entachées elles-mêmes de nombreuses suspicions) en légiférant.