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L’observation des élèves en stage clinique nous a permis de relever des attitudes jugées inadéquates allant à l’encontre de la déontologie ; reprenons les exemples émis plus tôt pour illustrer : brusqueries, propos sévères à l’endroit du patient, impolitesses.

Comme enseignante et superviseure de stage clinique, il m’est arrivé d’être confrontée à ces élèves manifestant des attitudes telles que nous venons d’énumérer. La difficulté au niveau de l’évaluation s’en trouve d’autant plus difficile. Ces élèves ne répondent pas au cadre légal de l’exercice de la profession en ce qui concerne les attitudes requises, et ils se trouvent malgré tout à être certifiés au terme du stage clinique ou de leur formation. Nous tentons de composer avec cette situation tout en

faisant un autre constat : les grilles d’évaluation ne considèrent pas suffisamment l’aspect des attitudes. Le concept est peu élaboré et demeure flou.

Qu’est-ce que nous jugeons inadéquat et qui provoque les malaises au niveau de l’évaluation en face de laquelle nous sommes démunis comme enseignantes et enseignants? Quel est ce malaise face à l’évaluation des attitudes en soins infirmiers ? Est-ce la complexité du concept ? Pourquoi les enseignantes et enseignants conservent-ils une distance par rapport à l’évaluation des attitudes en soins infirmiers ? Est-ce parce que le travail en évaluation des attitudes dans une approche par compétences demeure à l’état embryonnaire ?

Les apprentissages affectifs en soins infirmiers, et sûrement dans d’autres domaines et niveau d’éducation supposent une mise en place d’interventions pédagogiques et didactiques complexes qui peuvent s’étaler sur toute la durée du passage de l’élève durant sa formation au collégial. «Ces savoir-être […] sont non seulement considérés comme des objectifs de formation, […] mais ils peuvent aussi être associés à des indicateurs de qualité de certaines performances» (Scallon, 2004a, p. 76). Cela dit, que faisons-nous face à l’évaluation de ces attitudes ?

Au collégial, tout au long de sa formation, il est important pour l’élève en soins infirmiers qu’il puisse recourir à toutes ses ressources : savoir, savoir-faire et savoir- être et qu’il puisse être évalué. Cependant, nous devons nommer une réalité du collégial: celle de la conception de l’instrumentation11 par les enseignantes et enseignants pour pouvoir évaluer les élèves en cours ou au terme d’une séquence d’enseignement / apprentissage. À ce sujet, nous pouvons lire Scallon (2004a) :

11 Au niveau primaire et secondaire des équipes d’experts en méthodologie d’évaluation conçoivent

l’instrumentation relative à l’évaluation des compétences des élèves, ce qui n’est pas le cas au collégial.

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L’étudiant doit disposer d’un répertoire de savoirs et les utiliser à bon escient, et on peut même exiger qu’il le démontre au terme d’un apprentissage. […] Peut-on vraiment exiger qu’un individu placé en situation d’évaluation démontre qu’il maîtrise les notions sur le savoir être au même titre que le cognitif et psychomoteur et qui répondent à la notion de performance ? Sur ce point on navigue à vue, et cette dernière question devra être abordée d’un point de vue méthodologique. (Scallon, 2004a, p. 75)

Cette dernière phrase de Scallon (2004a) est cruciale et nous ramène directement à notre problématique : la difficulté à évaluer des attitudes en soins infirmiers dans une approche par compétences au collégial.

En résumé, la difficulté à évaluer des attitudes se traduit par un malaise en soins infirmiers et aussi dans d’autres domaines en éducation. Outre le malaise à évaluer des attitudes chez les élèves en soins infirmiers lors de leur stage clinique en milieu hospitalier, nous pouvons mettre en relief trois autres aspects :

a) l’imprécision du référentiel de compétences en lien avec les attitudes ;12

b) les grilles d’évaluation demeurent floues et peu explicites en lien avec l’évaluation des attitudes ;

c) les élèves se trouvent à être certifiés même s’ils ne répondent pas aux exigences de la formation et de la profession infirmière (manifestations d’attitudes

incompatibles avec la formation et la profession infirmière).

Ces questionnements, malaises et constats nous dirigent vers la question de recherche venant préciser et circonscrire le besoin de la recherche. Nous posons donc la question suivante : Comment évaluer les attitudes des élèves en stage clinique de soins infirmiers, dans un programme formulé par compétences, au collégial ?

La première étape menant vers une réponse à notre question de recherche consiste à faire ressortir nos concepts centraux à partir de la question qui vient d’être formulée:

1. L’approche par compétences ; 2. Les attitudes ;

3. L’évaluation dans une approche par compétences.

La recension des écrits qui justifie l’élaboration sur ces trois concepts permet d’abord de poser un regard sur l’approche par compétences en ayant comme souci d’explorer ce qui se fait au niveau collégial.

En second lieu, nous nous dirigeons vers le concept des attitudes. Moins d’écrits sont disponibles sur les attitudes. Cependant, ceux qui sont ciblés pour la recherche sont pertinents et permettent un éclairage intéressant.

Troisièmement, l’évaluation dans une approche par compétences, abondamment documentée, nous offre un portrait actuel de ce concept et permet de comprendre l’arrimage du concept de l’évaluation avec l’approche par compétences.

DEUXIÈME CHAPITRE LA RECENSION DES ÉCRITS

À l’intérieur du premier chapitre exposant la problématique de l’évaluation des attitudes en stage clinique de soins infirmiers au collégial, nous avons expliqué la difficulté qu’ont les enseignantes et enseignants du cégep de Granby-Haute-Yamaska à évaluer des attitudes chez les stagiaires infirmières dans un programme formulé par compétences. Il a été mentionné qu’un flou existe quant aux grilles d’évaluation lorsqu’il s’agit d’évaluer des attitudes. Finalement, ce chapitre, en plus de révéler que le corps enseignant en général et en soins infirmiers se sent démuni face à l’évaluation des attitudes, souligne le fait que les élèves se trouvent à être certifiés même s’ils ne répondent pas aux exigences de la formation et de la profession infirmière.

Ces éléments de la problématique nous dirigent vers la question de recherche énoncée plus tôt: Comment évaluer les attitudes des élèves en stage clinique de soins infirmiers, dans un programme formulé par compétences, au collégial ?

Afin de répondre à la question qui nous préoccupe, nous abordons trois concepts centraux dans l’ordre suivant : l’approche par compétences, les attitudes et l’évaluation des compétences. Le concept de «compétence» mis en contexte avec l’approche par compétences en vigueur dans le système de l’éducation, est abondamment documenté pour le milieu de l’éducation en général. La préoccupation de la recherche actuelle est de s’intéresser au concept de la compétence en rapport avec le niveau collégial.

Peu élaboré dans les écrits en éducation durant la dernière décennie, le concept «attitude» est défini, expliqué et éclairé à partir de différentes idéologies, soit à travers trois paires de lunettes : celle de l’éducation, celle de la gestion des ressources humaines et celle de la formation professionnelle. Cette section se termine par les liens

du concept d’attitude avec le concept de la compétence, ce qui permet d’envisager l’intégration de toutes les ressources pour inférer des compétences. Finalement, traité d’abord de façon générale, le concept de l’évaluation des compétences complète cette partie de la recension des écrits. À l’intérieur de cette portion de la recherche, de manière plus pointue, l’évaluation dans une approche par compétences en soins infirmiers et l’évaluation des attitudes sont explorées. À l’intérieur de l’étude de ce concept, il convient d’aborder la notion de critères et d’indicateurs. Le travail de la recension des écrits nous semble complet uniquement après avoir conclu par une synthèse des notions.