• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE II : LA CONCERTATION EN AMÉNAGEMENT

II. 5.1 L’élargissement de la notion de patrimoine et la diversité de

À l’instar des pays occidentaux, la notion de patrimoine s’est élargie de manière considérable au Québec. Du monument historique, nous sommes passés à l’arrondissement historique puis à l’arrondissement historique et naturel.

En effet, le Québec est la première province à légiférer en matière de protection des monuments historiques au Canada (Gelly, 1995). La Loi portant sur les monuments historiques et les objets d’art est promulguée en 1922, définit le patrimoine comme « des monuments et des objets d’art dont la préservation présente un intérêt national du

point de vue de l’histoire et de l’art17 ». Toutefois, la procédure de classement que

permet cette loi ne met nullement à l’abri les monuments classés18.

C’est au tournant des années 1950 et 1960 qu’émerge la problématique du patrimoine urbain (Beaudet, 2008). Les villes du Québec à cette période, à l’instar des villes occidentales, connaissent des opérations de rénovation qui détruisent dans certains cas des quartiers entiers au nom de la modernisation et de l’hygiène. À cet effet, la loi a été révisée afin de protéger les quartiers anciens. Ainsi, une première reconnaissance du patrimoine urbain est possible par la loi de 1952 relative aux monuments, sites et objets historiques ou artistiques, en incluant les notions de site historique et d’aire de protection autour des monuments historiques.

Toutefois, l’institutionnalisation de l’arrondissement historique n’est possible que suite à la loi de 1963 des monuments historiques qui introduit par ce fait la notion de territoire patrimonial. La protection légale est étendue à tout un territoire et non seulement à des éléments particuliers et à leur environnement immédiat. L'arrondissement historique est défini comme « une municipalité ou une partie d'une municipalité où se présente une concentration d'immeubles présentant un intérêt historique ou artistique »19.

Neuf arrondissements historiques ont été créés par le gouvernement du Québec entre 1963 et 197520 dont le Vieux-Montréal en 1964.

« Les neuf arrondissements historiques ont en commun des patrimoines architecturaux imposants, mais aussi, très souvent, des centres-villes caractérisés par une mixité fonctionnelle et une diversité architecturale typique des villes anciennes » (Direction générale du patrimoine, 1992 : p.28).

17 www.mccf.gouv.qc.ca

18 En effet, le château Ramezay, classé en 1929 par la CBCQ, est menacé en 1932 par la construction d’un tunnel souterrain qui ne fut heureusement pas réalisé grâce aux efforts de la Commission des biens culturels.

19 Article 45 de la LBC consulté sur le site http://www.mcccf.gouv.qc.ca.

20 Soit : le Vieux-Québec (1963), le Vieux-Sillery (1964), le cœur historique de Beauport (1964), Carignan (1964), le Vieux-Trois-Rivières (1964), le Trait-Carré de Charlesbourg (1965), l’île d’Orléans (1970) et la Prairie (1957) (Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, 2007).

La loi de 1972 sur les biens culturels remplaçant celle de 1963 a introduit la notion d’arrondissement naturel qu’elle définit comme « […] un territoire, en raison de l'intérêt esthétique, légendaire ou pittoresque que présente son harmonie naturelle. » Il n’existe actuellement que trois arrondissements naturels, celui de Percé (1973), de l’Archipel-de-Mingan (1978) et du Bois-de-Saraguay21 (1981). Ces espaces naturels

ont bénéficié de ce statut, car il n’existait à cette époque aucun statut qui permet de mettre en réserve des territoires naturels menacés, sans pour autant les verser dans le domaine public (MCCQ, 2007).

Une étude sur le statut et le mode de gestion du mont Royal a été réalisée et soumise au ministère de la Culture en 1993 par M. Gaudreau, M-O. Trépanier et J-M. Chouinard. Elle a identifié et recommandé deux statuts possibles pour le mont Royal à savoir : soit un arrondissement historique et naturel soit un Parc régional de la CUM ainsi que la mise en place d’une table de concertation ou d’une commission regroupant toutes les parties prenantes autour du mont Royal22.

Figure 5 : Nombre des arrondissements historiques et/ ou naturels au Québec.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007, p.23.

21 L’arrondissement naturel du Bois-de-Saraguay est le premier site situé dans l’île de Montréal à avoir bénéficié de ce statut. Ce dernier est le fait de l’intensification des pressions de la société civile auprès de la Ville de Montréal. En effet, ce bois reconnu « comme un modèle de la forêt primitive montréalaise constituée de l’érablière à caryers (Dansereau, 1978) » a été menacé en 1977, par un important projet de développement résidentiel. La Société d’horticulture et d’écologie du Nord de Montréal s’est alliée à la Société d’animation du jardin et de l’Institut Botanique pour faire pression sur la Ville. Cette dernière s’est alors adressée au ministère des Affaires culturelles afin qu’il déclare le Bois-de-Saraguay arrondissement naturel en vertu de la Loi sur les biens culturels. (Trépanier, 1990)

En 2005, pour préserver un espace à forte composante naturelle, situé au cœur de la ville de Montréal, pour la première fois, le MCCQ conjugue le statut d’arrondissement historique et naturel, statut qu’il confère au territoire de la montagne23 suite aux

demandes actives du milieu associatif et à la recommandation de la CBCQ. Celle-ci a été mandatée par le MCCQ pour tenir des audiences publiques en mai 2002 et a remis son rapport en juin 2002.

L’élargissement de la notion du patrimoine et la diversification de l’objet patrimonial posent le problème de la complexité de la prise en charge de ce patrimoine dans toutes ses dimensions aussi bien architectural, urbain que naturel. Aujourd’hui encore la question du paysage comme un nouvel enjeu en patrimoine vient s’ajouter à cette diversité, cependant sa définition n’est pas encore très claire pour la Loi sur les biens culturels. En ce sens, le mont Royal en est un laboratoire.

II.5.2- L’implication plus grande des citoyens par rapport à la protection

Documents relatifs