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L.H : une élève aux grandes difficultés pour s’exprimer qui se transforment en difficultés de socialisation

5. LES RESULTATS DE LA RECHERCHE

5.2. D ES DIFFICULTES DE LANGAGE SE TRADUISANT PAR DEUX PROFILS D ’ ELEVES DIFFERENTS

5.2.1. L.H : une élève aux grandes difficultés pour s’exprimer qui se transforment en difficultés de socialisation

Comme nous l’avons dit plus haut, L.H. est une bonne élève. Elle ne rencontre pas de difficulté dans les autres domaines que le langage. Ses difficultés langagières ne la freinent pas

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dans ses apprentissages scolaires. En revanche, cela se ressent beaucoup sur sa socialisation. Après discussion avec mes collègues, et notamment l’enseignante qu’elle a eue lors de son année de PS, il en ressort que ces difficultés langagières la bloquent vis-à-vis de ses camarades et l’empêchent complètement d’aller vers les autres. Elle s’est refermée sur elle-même à cause de cette difficulté et depuis elle n’essaie plus de faire l’effort de prendre les devants et d’entrer en communication avec les autres. Elle se met elle-même à l’écart du groupe.

J’ai pu m’en rendre compte avec le temps de parole. C’est un moment institué en fin de journée où les élèves peuvent s’inscrire le matin. Ils s’inscrivent pour présenter un objet rapporté de la maison, leur cahier de vie, une construction qu’ils ont pu faire durant la journée… Ils peuvent présenter leur objet durant 2 minutes (un sablier matérialise le temps), puis s’ensuit un moment de questions/réponses entre l’élève qui présente et les autres. Ce temps de parole est très bénéfique pour les élèves d’un point de vue langagier, mais également pour les autres domaines : le repérage spatial notamment où les élèves posent souvent la question « quand ? » (« quand-est-ce-que tu as acheté ça ? »).

Au début de l’année, L.H. s’y inscrivait régulièrement52. Mais ce temps de parole n’était pas

bénéfique pour elle puisqu’une fois sa présentation terminée, aucun élève ne lui posait de questions. Ils se contentaient de dire : « on n’a pas compris donc on peut pas poser de

questions. » Moi-même ne comprenant pas ce qu’elle voulait dire, je ne pouvais essayer de

lancer les questions comme il m’arrive de le faire lorsqu’un élève se retrouve en difficulté face aux autres. Ses temps paroles ne généraient pas de questions et remarques de la part des autres élèves donc pas d’interaction entre les élèves, alors même que c’était l’effet escompté. D’après le tableau récapitulant le nombre de présentation par périodes et par élève, nous pouvons voir que L.H. a présenté 3 choses durant la première période puis s’est découragée par la suite.

Un rendez-vous avec ses parents a permis de faire comprendre la nécessité pour cette élève de se faire aider à l’extérieur de l’école. Elle va donc consulter un orthophoniste depuis les vacances d’avril. Ces rendez-vous semblent réellement très bénéfiques pour elle. Nous pouvons nous rendre compte qu’elle se sent beaucoup plus à l’aise dans la classe. Elle se fait mieux comprendre et surtout fait des efforts de communication non verbale quand elle prend conscience de la difficulté que l’on peut avoir à la comprendre (en montrant des objets, en mimant des gestes, en reformulant, en articulant le plus possible…). Il semblerait que les rendez-vous chez l’orthophoniste lui aient fait prendre conscience de ces difficultés et de la nécessité de développer d’autres stratégies dans l’objectif de se faire comprendre.

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J’ai pu me rendre compte de ses progrès car depuis le début de la période 5, elle ne pleure plus quand sa maman part de la classe. En effet, les pleurs d’un enfant lorsque ses parents quittent la classe sont surtout cantonnés aux élèves de PS, en début d’année, malgré quelques résistances de la part de certains... Aucun élève de MS ne pleurait lors du départ des parents hormis L.H. Selon moi, c’était l’un des signes principaux de son mal-être dans la classe. Ces progrès pour quitter sa maman sont corrélés avec ses rendez-vous chez l’orthophoniste et du fait qu’elle commence à se faire mieux comprendre de ses pairs. Son attitude a totalement changé : elle s’occupe avec les autres lors de l’accueil (même s’il faut tout de même la diriger un peu), elle est plus souriante, elle dit « bonjour » en arrivant avec un grand sourire et n’est plus seule sur la récréation. Bien qu’elle ne joue pas encore « avec » les autres mais plutôt à côté des autres, cela constitue déjà un grand pas pour elle et cela permet également de lui faire prendre conscience de sa progression. Cette prise de conscience s’est accompagnée d’une motivation à essayer se faire mieux comprendre par les individus l’entourant (autant à la maison qu’à l’école selon les dires de ses parents). Les amitiés s’en retrouvent redistribuées puisque j’observe depuis le début de la cinquième période qu’elle passe beaucoup de temps avec T.V., un élève de son niveau, et donc scolarisé en MS également. T.V. est un élève très sociable avec beaucoup d’amis dans la classe (c’est l’élève parmi les élèves scolarisés en MS cité le plus de fois par les autres). Il se retrouve au centre du réseau d’amitié et fait partie des élèves dits « populaires ». Cette amitié développée avec T.V. semble profiter à L.H. puisqu’elle s’intègre de mieux en mieux à la classe. On voit dès lors tout l’intérêt et l’influence des élèves dits « populaires » au sein d’une classe. Ils vont permettre aux élèves, plus à l’écart, de se faire accepter des autres.

5.2.2. A.B. : des difficultés de langage qui ne semblent pas intervenir dans la

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