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6.2 Les conditions de forçages météo-marins

6.6.1 L’échelle instantanée

6.6.3 L’échelle saisonnière . . . 150 6.6.4 L’échelle annuelle . . . 151 6.6.5 L’échelle décennale . . . 151 6.7 Bilan . . . 154 6.8 Les perspectives . . . 156

6.6 Les principaux résultats

L

’un des enjeux majeurs des géosciences est de réussir à prédire les périodes de retour desprocessus extrêmes. Que ce soit pour les crues, les tempêtes, les tsunamis, les séismes ou

les glissements de terrain, les problématiques de prédiction de leurs impacts et de leurs périodes de retour, sont identiques.

Dans le domaine de la sismotectonique par exemple, un cycle sismique comprend la durée d’accumulation des contraintes, le temps du séisme qui est un relachement brutal d’une partie des contraintes, ainsi qu’une période post-sismique où les contraintes sont relaxées. On entre dans le cycle sismique suivant lorsque le système se bloque à nouveau et que les contraintes recommencent à s’accumuler. La période de retour des séismes correspond au temps de récur-rence. Ces temps de récurrence peuvent être de plusieurs siècles. Comme le montre l’actualité avec le recent seisme de magnitude 7.9 qui a eu lieu au Népal le 25 avril 2015, la prédiction en terme de taille et de temps d’occurence des séismes, est un enjeu majeur pour la protection des populations. Comme dans l’étude présentée ici, à travers l’observation d’un événement très court terme (échelle instantanée), les sismotectoniciens cherchent donc à caractériser la proba-bilité d’occurrence sur le long terme (échelle pluri-centennale).

Dans le domaine de la morphologie littorale, l’impact d’une tempête peut avoir des effets extrêmement importants autant sur les systèmes naturels que sur les aménagements humains. Mais, contrairement au domaine de la sismotectonique, la recurrence des tempêtes est beau-coup plus courte. Il est donc plus facile d’observer la récurrence des événements de tempêtes marines puisque leur période de retour est mesurable sur des périodes allant de quelques jours à plusieurs dixaines d’années maximum.

Dans ce travail de thèse, les processus court-terme (échelles instantanée, événementielle) ont été étudiés et quantifiés avec précision afin de caractériser la dynamique morphologique d’une plage sableuse lorsqu’elle est soumise à des forçages extrêmes. Cette quantification précise des processus et des mécanismes a permis d’une part, d’apporter un jeu de mesures inédit dans la littérature et d’autre part, de caractériser la morphodynamique d’une plage soumise à des forçages extrêmes en comparaison avec des systèmes soumis à des tempêtes plus modérées. La seconde étape de cette thèse a été de suivre ces mécanismes sur des périodes plus long terme. Ce suivi aux échelles saisonnière et annuelle visait à caractériser la reproductibilité de ces processus dans le temps.

6.6.1 L’échelle instantanée

La réponse morphologique de la zone de jet de rive face à la tempête extrême Talim (juin 2012, Hs = 10.34 m avec des périodes de 14.6 s au large et Hs = 2.3 m avec des périodes de 13.4 s en avant-côte) conduit à une élévation du lit sableux de 14.6 cm (figure 6.14).

CONCLUSION GÉNÉRALE

Figure 6.14 – Schéma récapitulatif de l’accrétion de la zone de jet de rive mesurée par le pressiomètre P5 lors de la tempête Talim en juin 2012.

Cette accrétion de la plage est plus rapide pendant des phases de montant et de tombant de tempête, alors que la zone est soumise à la dynamique de jet de rive que pendant l’apex de la tempête, alors que la zone est soumise à la dynamique de surf (0.19 cm/h). A l’échelle instantanée, l’analyse des variations de l’élévation du lit sableux et de la surface libre de l’eau nous a permis de montrer que ce sont les vagues de jet de rive homogènes en amplitude et en durée qui génèrent le plus d’accrétion (3.02 cm/h au montant de tempête). Les vagues plus hétérogènes (une vague qui transporte plusieurs vagues de jet de rive qui se succèdent et se rencontrent) pendant le tombant de tempête génèrent une grande variabilité de changements morphologiques instantanés et donc, une accrétion moyenne plus lente (0.23 cm/h). Seule la phase de fin du tombant de tempête et de retour aux conditions normales est érosive à des vitesses de -0.39 cm/h (figure 6.15).

Figure 6.15 – Schéma récapitulatif des variations de l’élévation du lit sableux au dessus du capteur (P5) tout au long de la tempête Talim, juin 2012.

Cette caractérisation des régimes d’accrétion/érosion pendant les différentes phases de la tempête n’aurait pas été possible sans le jeu de données haute résolution que nous avons obtenu grâce au déploiement de pressiomètres enfouis dans le sable (mesure en continu à la fréquence de 5 Hz). Seules les études de Blenkinsopp et al.(2011) et Turner et al. (2009) ont employé les mêmes méthodologies de terrain mais seulement lors de temps calmes sur quelques cycles de marées. L’étude deBlenkinsopp et al.(2011) évoque ainsi une variation totale d’élévation du lit sableux inférieure à 10 mm à la fin d’un cycle complet de marée avec des variations instantanées maximum de 43 mm. Des changements comparables de l’élévation du lit sableux ont pu être observés dans d’autres études in-situ (Turner et al., 2009), des modèles analogiques (Baldock et al.,2005) ou des modèles numériques (Brocchini and Baldock, 2008). Tous ces changements morphologiques restent bien moins rapides que ceux observés sur notre site lors de la tempête tropicale Talim.

Notre analyse souligne la difficulté de déterminer les évolutions long terme (à l’échelle de plusieurs heures) à partir de la succession des événements de jet de rive car ils peuvent induire des changements bien plus importants voir opposés à la tendance moyenne. Le travail de terrain réalisé dans le cadre de cette thèse a également permis l’acquisition d’un jeu de données de la morphologie de la plage émergée juste avant et après cette tempête (levés D-GPS, résolution centimétrique). Basée sur ces mesures, la réponse morphologique de toute la plage émergée a pu être caractérisée et quantifiée avec précision.