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2.2 L’ INSTRUMENT

2.2.2 L’échantillonnage

2.2.2.1 Choix de l’échantillonnage

Mon type d’échantillonnage est non probabiliste car il ne s’appuie pas sur un processus de sélection aléatoire. Ce plan est fréquemment utilisé dans une démarche qualitative comme la mienne car elle n’a pas comme objectif principal « la généralisation des résultats d’un échantillon à une population : conséquemment, le critère de représentativité d’un échantillon ne s’avère plus essentiel »107. On peut relever quatre types d’échantillonnage non probabiliste : il y a l’échantillonnage de commodité, de volontaires, par quotas, et enfin, celui qui nous intéresse pour notre type de recherche, l’échantillonnage par choix raisonné.

- « Le postulat fondamental sur lequel repose cet échantillonnage est que le chercheur peut faire le tri des cas à inclure dans l’échantillon et ainsi composer un échantillon qui réponde de façon satisfaisante aux besoins de sa recherche. Le chercheur doit faire preuve de jugement et établir des critères sur lesquels reposera sa stratégie d’échantillonnage »108.

2.2.2.2 Plan d’échantillonnage

Dès le début de cette aventure dans le monde de la recherche en humour, je m’étais fixée un objectif d’une dizaine de rencontres avec différents humoristes de tous âges, pour finalement restreindre mon échantillon de deux personnes. J’ai donc interrogé huit humoristes, sept hommes et une femme, jeunes et moins jeunes, issus de la relève ou faisant partie du paysage humoristique québécois depuis plus de 20 ans, afin qu’ils me parlent, durant une entrevue semi-dirigée d’une heure, du trajet qu’ils avaient accompli pour en arriver là où ils en sont à l’heure actuelle.

107 Bonneville, L., Grosjean, S. & Lagacé, M. (2007). Introduction aux méthodes de recherche en communication. Montréal : Édition Gaëtan Morin. Chapitre 3, pp. 67-98.

Il me semblait important d’avoir au moins une femme au sein de ce panel d’humoristes, car cibler les deux genres et me rendre compte de leurs différences et/ou points communs sur la vision qu’ils avaient de leur métier, était un élément intéressant à apporter à cette étude. De plus, je tenais à m’intéresser à une ou deux personnes n’ayant pas fait l’École nationale de l’humour afin d’avoir un autre regard sur les étapes et le processus d’aboutissement de ce métier. Et enfin, je souhaitais me pencher sur des individus de tous âges afin de suivre, le plus fidèlement possible, l’évolution de ce métier de plus en plus populaire.

Le choix de mon échantillon fut très simple. J’ai établi quatre critères de base qui sont les suivants : être humoriste à temps plein et donc gagner sa vie en humour, se produire sur scène, être d’origine québécoise et enfin, interpréter son spectacle dans la langue de Molière. Il me semblait important d’énoncer les deux derniers critères, car ces notions de langue française et de culture québécoise sont pour moi des enjeux identitaires importants pour comprendre un individu et sa société. Selon Voltaire, « c’est la mémoire qui fait l’identité »109… Et il n’a pas tort, car sans mémoire, sans histoire et sans souvenir, l’identité d’un peuple serait fortement mise à mal. C’est grâce à notre passé, nos trajectoires communes, nos vécus, que nous sommes qui nous sommes : des êtres humains différents, uniques, mais semblables en raison de notre appartenance à un peuple et à une culture. « L’identité personnelle peut se définir par une pertinence de la conscience de soi, dans un rapport de soi à soi, un rapport aux autres, un rapport à l’environnement ; entre ces trois points de la conscience de soi (qui rassemblent individu, société et espèce), il existe une inséparabilité qui spécifie l’humanité »110. Le

109 Mignet, M. (2011). « Altérité et identité, les exils acadiens comme témoins », Cahiers jungiens de psychanalyse, no 133, pp. 49-57. [En ligne]. Adresse Url : www.cairn.info/revue-cahiers-jungiens-de- psychanalyse-2011-1-page-49.htm.

médecin, psychiatre et psychologue suisse Carl Gustav Jung souligne « le besoin d’appartenance à une identité collective : appartenance qui selon lui est consciemment vécue et qui vise à construire un individu qui soit sa propre multiplicité »111. À un moment donné dans sa vie, chaque être humain éprouve ce besoin de faire un retour aux sources, de retrouver l’essence de ses origines, de sentir qu’il fait partie d’un tout, qu’il appartient à une communauté. « Le besoin actuel de retour aux sources ne fait-il pas écho au sentiment de déracinement de l’homme civilisé, dont l’instinct, la nature sont actuellement mis à mal par la modernisation? L’individu est alors sommé d’intégrer ses origines »112.

Revenons maintenant au choix de mon échantillon, et posons-nous la question suivante : pourquoi Laurent Paquin, Jean-Michel Anctil, Martin Matte, Alex Perron, Daniel Grenier, Patrick Groulx, Philippe Laprise et Claudine Mercier113 ? Ma plus grande crainte était de constater une certaine uniformité dans les réponses de chacun en sélectionnant des personnes du même âge, avec le même genre de parcours ou ayant le même style d’humour. Je voulais, avec les mêmes questions posées à tous, avoir un échantillon le plus varié possible. M’étant au préalable renseignée sur beaucoup d’humoristes québécois, j’ai pu faire un choix éclairé en prenant conscience des parcours de chacun. Chaque être humain est différent, avec sa personnalité qui lui est propre, ainsi que son style d’humour bien distinct… Mais parfois, certains chemins se recoupent, ce qui n’empêche en rien l’unicité et la richesse de chacun.

111 Ibid. 112 Ibid.

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