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CHA PITR E 4 : RÉS UL TATS

4.3.1. P R OB LÉMA TIQ UES A SSO C I ÉES

Des différences au plan de la consommation et des problématiques associées de santé mentale et de santé physique sont observées, selon les types de trajectoire. Les participants des deux premières trajectoires, la trajectoire de chronicité en contexte social ainsi que la trajectoire de chronicité en contexte d’isolement social, ont sensiblement le même parcours au regard de plusieurs aspects. Il s’agit de personnes ayant une trajectoire de consommation problématique présente, selon leurs dires, depuis le début de l’âge adulte. Ils mentionnent également avoir reçu un diagnostic pour un trouble de l’humeur ou d’anxiété au début de l’âge adulte. Ils rapportent une certaine détresse psychologique tout au long de leur vie. Ces

problématiques semblent également aggraver leur trajectoire addictive. En effet, vivre des émotions intenses, telles que la tristesse et la colère pouvant être accompagnées d’agressivité, peut les amener à consommer davantage à certains moments de leur parcours de vie. Par exemple, George explique que la rumination et la colère l’ont amené à faire une rechute.

J’avais ruminé des vieilles affaires, puis j’ai passé du temps à ruminer ça, là, puis à un moment donné, ça a déclenché. Puis je n’ai pas consommé dans le but d’alléger le ruminage ou pas, j’ai simplement passé à côté d’une bouteille d’alcool : « Tiens, je vais en prendre une gorgée. » Puis là, ça a parti le bal!

Par contre, les participants des deux trajectoires se distinguent sur le plan des problèmes de santé physique. En effet, des problèmes de santé physique, par exemple des blessures ou encore des problèmes cardiaques, apparaissent plus tard dans la vie pour les participants de la trajectoire de chronicité en contexte social, principalement en lien avec des conséquences directes d’un épisode de consommation. Par exemple, pour Bernard, il a fait un arrêt cardiaque après s’être injecté de la cocaïne ou encore George qui s’est fracturé la main lorsqu’il était intoxiqué.

Ah, c’est parce que j’étais chez moi, un soir, puis j’en ai pris, puis là, j’ai failli mourir ce soir-là. J’ai fait… mais ça n’a pas duré, je me suis remis à respirer. J’ai fait un début d’arrêt cardiorespiratoire. Et puis là, j’ai dit : oupelaye! Il a fallu vraiment, là, que j’étais vraiment à terre, là.

J’avais mal à une main. J’avais frappé un fauteuil, pis au lieu de pogner un coussin, j’ai pogné le frame. J’avais un coup dans le casque, que je m’étais choqué, puis j’avais frappé le meuble.

Quant aux participants de la trajectoire de chronicité en contexte d’isolement social, une certaine chronicité peut être observée quant aux problèmes de santé physique qui se sont installés plus tôt dans la vie des participants. En effet, ceux-ci semblent récurrents, et ce, depuis longtemps. Aussi, plusieurs participants rapportent un cumul de problèmes de santé physique comorbides, par exemple des problèmes au foie, qui s’ajoutent à des maladies liées aux intestins. Plusieurs soulèvent le lien entre ces problèmes et leur consommation d’alcool élevée depuis plusieurs années. Typiquement, ces problèmes surviennent dans un contexte de consommation fréquente, quotidienne et de grandes quantités d’alcool (moyenne de sept consommations d’alcool par jour pour les participants de cette trajectoire). Ils considèrent également que leur santé n’a jamais été très bonne,

notamment en raison des médicaments qu’ils prennent depuis longtemps. Comme Jade a dit, elle éprouve différents problèmes de santé depuis un certain moment déjà.

Mais je n’ai jamais eu une grosse santé. […]J’ai fait une décompensation, qu’ils appellent ça : ils m’ont dit que c’était une chute de potassium, là, mais j’étais confuse. […]Je me sentais trop… comme engorgée, là, t'sais… Trop d’inflammation. Puis ça me faisait ben, ben peur : le foie va m’éclater, là, câline, il faut que j’arrête, ça n’a pas d’allure! Moi, j’ai deux scolioses dans le dos.

Ou comme Isabelle l’explique, le mélange de médicaments avec l’alcool n’est pas bon pour la santé :

Tu magannes ta santé, là, si tu mélanges la boisson avec des pilules, là. Ce n’est pas trop bon, là, ça.

En ce qui concerne la consommation de SPA des participants de la trajectoire tardive en contexte de cumul, elle devient problématique plus tard dans leur vie et semble occasionner des problèmes de santé physique importants. Ainsi, les conséquences physiques de la consommation problématique qui apparaissent au moment où le participant est plus âgé surviennent donc assez rapidement après le début de l’intensification de la consommation de SPA. Par exemple, Christopher raconte qu’au début de l’été, il a dû être hospitalisé pour un problème aux intestins. Il dit que son système ne s’est pas habitué à la quantité d’alcool qu’il prenait tous les jours depuis un certain temps, soit depuis 10 mois.

Je suis tombé malade à la St-Jean-Baptiste. Il n’y avait plus rien qui rentrait. Je vomissais, puis tout. Ça fait que, dans la nuit, je suis rentré à l’hôpital trois jours. Ils m’ont envoyé chez-nous. Après ça, ça a recommencé à la Fête du Canada. […] Je ne filais pas réellement […] Le lendemain, je rentrais à l’hôpital. Puis là, ils m’ont gardé. […] Ça fait qu’à l’hôpital, j’ai pensé à mon affaire, comme avec ma fille. On a discuté des choses. À essayer de me prendre en main, puis vivre…

Quant aux problèmes de santé mentale, ces participants éprouvent une détresse psychologique marquée. Celle-ci semble apparaître dans une période récente de leur vie soit le vieillissement et est associée à différents évènements marquants, la retraite ou les deuils de personnes chères. Ces évènements engendrent des sentiments de dépression selon leur point de vue. En effet, certains participants ont expliqué que la tristesse ou la solitude les amènent à une perte d’intérêt et une intensification de leur consommation de SPA, comme Hubert le souligne :

Tu prends de la boisson, tu prends de la boisson, tu ne t’en rends pas compte, puis… jusqu’au jour où tu dis : là, non, je n’ai plus le goût de vivre. Je n’ai plus d’intérêt à rien, là, t'sais, je n’ai plus rien, je n’ai plus de commerce, je n’ai plus de… Les revenus que j’ai, là, c’est bien minime, là, t'sais?

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