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CHAPITRE II MÉTHODOLOGIE

2.1. Justification de l’approche mobilisée

Il est proposé d’examiner la couverture médiatique de deux quotidiens nationaux : Le Monde et Le Figaro. En couvrant les campagnes présidentielles et le projet de changement de nom du FN en 2018, ils ont contribué à diffuser un discours présentant le parti et son candidat d’une certaine façon. Ce faisant, ils ont pu encourager ou du moins influencer les Français à soutenir (ou pas) le candidat frontiste. En résumé, ce qu’on trouve dans les médias devrait être le reflet manifeste de l’image que les partis politiques veulent projeter. Tel que Vavreck (2009) l’explique : les partis politiques cherchent à transmettre leurs messages à travers les médias. Ce mémoire n’a pas pour ambition de mesurer le degré d’influence des médias dans l’opinion publique. Le but est voir si ce que les deux médias d’information, Le Monde et Le Figaro, ont dit sur le candidat du FN/RN a dépeint

un certain portrait du parti d’extrême droite et de son candidat. Cela aurait mis en avant (ou non) la réorientation du type de parti entrepris par le chef frontiste au fil des années.

En optant pour une analyse de contenu, ce mémoire tente de cerner l’essentiel du message frontiste à des temps forts pour le parti. Les partis politiques essaient de véhiculer leurs idées à travers les médias. C’est un moyen de diffusion précieux qui leur permet de rejoindre une grande partie des électeurs potentiels. Les médias vont diffuser ces messages. L’analyse de contenu permet de les appréhender et de les ausculter à différents moments. Ainsi, l’approche privilégiée est conventionnelle. Par « approche conventionnelle », il est considéré que les activités des partis et des acteurs politiques seront « reproduites » c’est-à-dire représentées dans les médias. Le postulat suivant constitue la base de ce mémoire : les messages et les activités des partis et des acteurs politiques sont présents, visibles et traitables via une analyse de contenu. En effet, l’analyse de contenu et une approche compréhensive permettent de cerner le contenu manifeste de la communication d’un acteur. De ce point de vue, ce qui est intéressant c’est le message du FN. Examiner le FN dans les médias à trois périodes clefs pousse à croire qu’il y a de fortes chances de pouvoir dresser un portrait évolutif de son image. Ce portrait, le FN aurait tenté de le façonner lui-même à travers ses messages. Puisque l’objectif est de rejoindre un maximum d’électeurs pour remporter la victoire, les partis politiques laissent des traces médiatiques perceptibles permettant d’appréhender leurs messages. Les médias ne sont pas la seule source d’information des électeurs. Auparavant on avait tendance à dépeindre une image du monde comme étant dominé par la communication de masse (Demers 2018, 215). Les médias étaient vus comme des « agents déterminants » de

plus en plus l’actualité politique, même dans des régions du monde moins technologiquement avancées (ACE n.d.b). Néanmoins, actuellement la communication de masse est un phénomène en transformation. Effectivement, la tendance actuelle est plutôt en déclin de ces types de médias au profit d’une communication de niche spécialisée notamment au moyen de dispositifs algorithmiques. La communication de niche caractérise tout moyen de communication employé par l’émetteur pour cibler directement et de manière étroite un public particulier. Les candidats politiques emploient des

« communications de campagne par niche »1. En ce sens, les candidats emploient tout

moyen de communication pour viser de manière directe et étroite un type précis de destinataires (Frankel et Hillygus 2017, 1). La transition de la communication de masse en communication de niche a été alimentée par les nouvelles technologies tels que les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter (Frankel et Hillygus 2017, 8). Non seulement elles ont changé la manière dont on communique, mais également le contenu et la façon de le faire (Frankel et Hillygus 2017, 2). Autrefois, l’attention se focalisait sur les appels de masse. L’idée étant de rejoindre un auditoire le plus large possible. Par la suite, les stratégies de communication ont subi des modifications. Désormais, elles sont adaptées en fonction du public visé. La nature et le contenu des messages sont aussi accommodés dépendamment du récepteur (Hillygus et Shields 2008, 2). Les communications de niche ont en réalité modifié certains aspects fondamentaux de la stratégie des candidats et de la dynamique de campagne (Frankel et Hillygus 2017, 2).

1 Cette expression a été traduite de l’extrait initiale « candidates’ use of niche campaign communications »

Les enquêtes menées au sujet des médias électroniques concluent que ces supports font partie des sources d’information les plus consultées par les Français. En effet, l’étude menée par Granjon et Le Foulgoc (2012, 233) explique que parmi les types de contenus les plus fréquemment consultés — au moins une fois par jour — on retrouve d’abord les articles de presse, puis la radio en direct, des vidéos courtes, des blogs, de la télévision en direct et enfin des émissions TV ou radio en différé. L’écrit prime chez les internautes. Ils considèrent que ce format est le plus à même de leur fournir une charge informative la plus complète, objective et critiquable possible dans le sens où l’information diffusée « mérite d’être reprise et discutée » (Granjon et Le Foulgoc 2012, 233).

De manière générale, les journaux en ligne comme Le Figaro et Le Monde servent de canal de transmission. Ils font office de contacts interpersonnels entre les politiques et le public. Ils établissent un lien entre le candidat et l’électorat. Ceux-ci servent bien souvent de plateformes de vulgarisation des informations soutenues par les politiciens pour la population. Cela signifie qu’ils fournissent aux lecteurs les informations en un jargon simple notamment en période d’élection. En d’autres termes, ils analysent les programmes et plus généralement, les dires des candidats en des termes accessibles et compréhensibles par tous. Cette vulgarisation linguistique attire beaucoup d’individus. Ces derniers consultent leurs articles afin de prendre connaissance des propositions des candidats et d’y voir plus clair dans cette marmelade politique bien souvent confuse.

De surcroît, le baromètre sur la confiance des Français envers les médias de Kantar Sofres (2017 ; La Croix 2017) indique que 78% des Français prêtent un rôle important aux médias pour la présidentielle. En raison de leur malléabilité — consultable à n’importe quel moment de la journée et à moindre coût — les médias en ligne sont des sources

d’information très pratiques et couramment mobilisés par les Français. Ils ont un double mandat (ACE n.d.a). Premièrement, ils informent les citoyens sur les partis politiques, les candidats aux élections et sur leurs programmes. Deuxièmement, ils contribuent à la formation de l’électorat : on parle d’éducation électorale. Les médias peuvent constituer un outil vital tant pour informer les électeurs sur les enjeux et les candidats que pour diffuser des renseignements de base sur l’élection (ACE n.d.b.).

Par ailleurs, les médias n’ont pas le seul et unique rôle de disséminer les messages politiques (Savigny et Temple 2010, 1049). En effet, c’est également un outil pour les politiciens (Savigny et Temple 2010, 1049). Comme évoqué précédemment, les médias façonnent et influencent les messages politiques que les candidats souhaitent transmettre. En plus de cela, leurs actions impactent directement et plus largement le processus démocratique, car ils ne sont pas des canaux de transmission neutres (Kuhn 2007, 212). Les partis politiques sont couverts par les institutions médiatiques selon leurs propres politiques et préférences (Temple et Savigny 2010, 1054).

Ainsi, compte tenu de l’importance des médias dans la société, le choix s’est tourné vers une analyse de contenu des articles de journaux publiés quotidiennement un mois avant les élections présidentielles de 2007 et de 2017 ; et 3 mois avant le vote du projet de changement de nom au mois de juin 2018. Étant donné que l’année 2018 n’est pas une année d’élection présidentielle, la période d’observation a été élargie. Ainsi, les articles de journaux étudiés sont ceux ayant été publiés entre le 1er mars et le 1er juin 2018. Le 1er

juin 2018 correspond à la date à laquelle le résultat du scrutin concernant le changement de nom du FN a été rendu officiel (Le Monde 2018). Les trois mois précédant le vote du projet de réforme correspondent à une période culminante, d’autant plus que la présidente

frontiste en parlait depuis quelques mois déjà. Les militants à jour de cotisation du FN ont eu jusqu’au 31 mai 2018 pour faire parvenir leur bulletin de vote indiquant s’ils sont favorables ou non au projet de réforme. Étant donné que le 1er juin 2018 est le jour de l’annonce officielle du dépouillement, il y eut une abondante couverture médiatique de cet événement les mois le précédant.