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juin 1856 il pose la question suivante : "Quel serait le tracé qui ferait au Xème arrondissement une blessu re s

PROJETS i cru

du 1 juin 1856 il pose la question suivante : "Quel serait le tracé qui ferait au Xème arrondissement une blessu re s

cruelle, une blessure dont on meurt? le tracé diagonal au pont de la Concorde. Pourquoi cette blessure serait-elle incurable ? Parce que le tracé détruirait des hôtels que notre époque ne sait plus reconstruire. . . ".

En e ffe t, la décision de percer le faubourg Saint- Germain, ce quartier exemplaire du bien-être urbain de l'époque, en étonne plus d'un. Aucun raisonnement de percement habituellement employé ne peut la justifier. Ce monde aristocratique assoupi, qui, depuis l'avènement de Louis-Philippe, s'est mis volontairement en retrait des agitations de la vie se trouve tout d'un coup entraîné dans des événements qui, à priori, ne les concernent pas. En effet, s i, dans les années 1840, le Xème arrondissement se mobilise pour revendiquer un meilleur sort pour la rive gauche, il le fait surtout au nom de ses quartiers den ses, proche de l'église Saint-Germ ain-des-Près. A l'époque, la percée réclamée dans cette partie de la ville va de la place Saint-Sulpice à la Monnaie.

Mais cette coalition avec le reste de la rive gauche s'avère dangereuse : quand Haussmann décide de trans­ former la rue des Ecoles en une vraie artère du sud de la rivière et de lui donner la forme d'un boulevard circulaire, le faubourg Saint-Germain se trouve lui-même du coup en point de mire de la grande percée.

Toutefois, la réaction du faubourg infléchit un peu la superbe habituel d'Haussmann qui compromet l'aspect de son boulevard en se résignant à élargir la rue Saint- Dominique (de la rue des Saints-Pères jusqu'à la rue de Bellechasse) plutôt que de l'exproprier sur ses deux côtés. Même le Second Empire n'est pas tout puissant face à ce faubourg : Napoléon III, lorsqu'il dessine en 1875 (82) le plan

pour Merruau, n'exclut-il pas la rue Saint-Dominique de voies dont il "aurait voulu l'exécution mais qui ont été ajournées".

Mais ce geste de compromis ne sauvera pas Haussmann. La décision d'éventrer le magnifique faubourg Saint-Germain restera toujours le symbole de sa politique destructrice. Lavedan note que cette percée est " . . . l'opération haussmannienne qui a fait payer le plus lourd tribut à l'architecture ancienne de Paris"(83) .

Contre-projets

Le choc causé par l'idée de percement du faubourg Saint-Germain s'est traduit, entre autres, par une activité intense d'élaboration de contre-projets. Le 1 mars 1856, Louis Lazare signale que 17 projets concernant la "la création d'un boulevard circulaire" lui ont été adressés. Lui-même est devenu sensible à la critique du tracé choisi pour le boulevard Saint-Germain à la suite d'un projet de Le Béalle, un ingénieur civil, qu'il publie la Revue munici­ pale du 1er décembre 1855. Dans un petit article, cet ingénieur critique l'idée de dédoubler la rue des Ecoles et propose, plutôt, d'élargir celle-ci à 30m, de la continuer vers l'Est derrière la Halle aux Vins vers le boulevard Saint-Marcel, et vers l'Ouest de la raccorder à l'avenue de Trou ville (à travers les rues de l'Ecole-de-Médecine, du Four et de Sèvres élargies) et au boulevard d'Alma projeté.

C'est cette proposition de le Béalle qui réveille Lazare, jusqu'alors favorable au boulevard Saint-Germain. Il réagit avec énergie : "En étudiant ce travail éminemment remarquable, nous éprouvons un vif regret, celui de ne

l'avoir pas reçu plus tôt. Reproduit à l'instant dans notre feuille, il eût impressionné la haute intelligence de M. le Préfet de la Seine, comme ii excite en ce moment nos vives sympathies. Il ajoute aussi une remarque assez surprenante de la plume qui a salué, quelques mois auparavant, avec tant d'enthousiasme l'idée d'un deuxième grand ventilateur : "nous avons toujours été de l'avis de l'habile ingénieur en reconnaissant que le boulevard projeté est beaucoup trop rapproché des quais, et qu'il ferait double emploi avec la rue des Ecoles".

Par la su ite, Lazare cautionnera un projet adopté par la commission du Xème arrondissement et signé par l'archi­ tecte Ponthieu. Ce contre-projet accepte l'idée de partir de la Bastille, de créer un boulevard "Henri IV" et un pont "Sully" mais il continue la diagonale tracée à travers l’Est de la rive gauche jusqu'à la rue des Ecoles (élargie à 30m) qui est reliée directement (en passant, en biais, entre l'église Saint-Sulpice et le marché Saint-Germain) à la place de la Croix-Rouge, d'où une autre ligne droite part dans le prolongement de l'axe de l'avenue de Trouville jusqu'à l'angle de l'Ecole militaire ; de ce point un "boulevard de l'Alma" se dirige en diagonale vers le pont du même nom.

Notons que l'idée de s'écarter du faubourg Saint- Germain entraîne le raccordement de la percée proposée aux boulevards de la rive droite au niveau du pont de l'Alma. Ce qui fait chevaucher l'arc de cercle proposé avec celui de l'autre anneau de boulevards de la rive gauche (la ligne des boulevards des Invalides, du Montparnasse, de Port-Royal, e t c .) . Du coup, la figure de deux cercles concentriques de la rive gauche se brise.

Ces deux contre-projets sont âprement critiqués par A. Hussson (selon Louis Lazare il ne s'agit pas d'Armand Husson, le directeur de l'administration générale de l'assistance publique, auteur de "Les consommations de Paris") qui expose un projet dessiné par l'architecte

Charles Du v a l. Dans sa brochure de 15 p ages, l'auteur explique, tout d'abord, les conditions qu'un bon boulevard de la rive gauche devrait satisfaire :

- "traverser toute l'étendue de la Rive gauche d~ l'ouest à l'est"

- "être à peu près à égale distance de la Seine et du mur d'octroi"

- "être sem i-circulaire, pour s'harmoniser, d'une part, avec la configuration de l'enceinte extérieure de la ville, et d'autre part, avec celle des boulevards de la rive droite" - "offrir la majestueuse perspectives des grandes lignes" - "se raccorder, d'un côté à la Bastille, de l'autre à la Madeleine"

- "former, par sa fusion avec les boulevards de l'autre rive, une seule et même voie, enveloppant, comme une première enceinte, toutes les splendeurs et toutes les magnificences de Paris" (84)

Voilà un vrai programme "architectural". Et la solu­ tion préconisée par Husson et Duval e st celle-ci : De la Madeleine, la ligne des grands boulevards est prolongée vers un nouveau pont situé entre le pont de la Concorde et celui des Invalides. Sur la rive gauche le boulevard projeté relie ce pont à l'Hôtel des Invalides. "Arrivé à ce point, il oblique vers la gauche par un angle à peu près égal à celui que faut le boulevard de l'autre rive, à la hauteur de la rue de R ich elieu ..." pour aller se "con­ fondre" avec la rue de l'Ouest jusqu'à la rue Vavin. Puis, à travers la pépinière du Luxembourg, il part vers la rue de la Contrescarpe et débouche sur la rue Saint-Victor, puis sur la place de l'hôpital de la Pitié. "Il suit alors la direction de la rue Cuvier, longeant, sans l'entamer, tout le jardin des Plantes, va de nouveau franchir la Seine sur

un pont entre la passerelle de Constantine et le pont d 'A u sterlitz... d'où il gagne la place de la Bastille".

Au double anneau proposé par Haussmann et accepté par les deux autres contre-projets, celui-ci en préfère un seul.

Sans rentrer dans l'examen détaillé des mérites de chacun des trois projets qui nous sont parvenus, notons un point qui nous semble essentiel. Tous ces projets acceptent, comme allant de soi, l'idée novatrice de "Haussmann" : la création d'un "boulevard" se rattachant à ceux de la rive droite. Le préfet a probablement frappé juste.

Ainsi, tout le monde reste prisonnier de l'idée de base contenue dans le projet du boulevard Saint-Germain. Alors que la vraie contestation du projet de Haussmann aurait été l'abandonne de la figure de l'enceinte au profit de l'axe, l'idée présentée jadis dans la proposition de Perreymond.

A vrai dire, le projet de créer une artère parallèle à la rue de Rivoli tente beaucoup d'auteurs et il est inclus, d'une certaine manière, dans le boulevard Saint-Germain qui sur 2km suit une ligne droite dans la même direction que celle de la rue de Rivoli. Toutefois, la rive gauche se trouve du côté convexe de la Seine, ce qui représente pour les projeteurs une toute autre situation que celle du nord de la rivière. Au Sud, il est impossible de maintenir une ligne droite sur un long trajet sans arriver à un dilemme : soit on se raccorde aux quais, soit on suit la rivière en abandonnant la ligne droite, comme l'esquisse Perreymond et comme le fera plus tardivement la ligne 10 du métro (Gare d'Austerlitz - Porte d'A uteuil).

C'est dans ce contexte morphologique qu'il faut com­ prendre l'ambiguïté du boulevard Saint-Germain, une artère transversale de la rive gauche devenue un arc faisant partie d'un cercle qui marque la ville tout entière.

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