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Les journalistes ukrainiens subissent une triple peine. Leur pays est envahi par une armée étran-gère – ce qui bouleverse leur vie quotidienne et celles de leurs proches et envoie certains d’entre eux

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LIBERTÉ ET DÉMOCRATIE POUR LES PEUPLES D’UKRAINE

au combat ou en exil. Leur liberté d’action est entra-vée par les mouvements de troupes et de populations, les combats, les destructions. Certains ont, manifes-tement, été pris pour cibles par les belligérants.

Afin de venir en aide aux journalistes en Ukraine et afin de donner au citoyen européen une informa-tion fiable, honnête et de qualité, plusieurs acinforma-tions sont envisageables :

n la réinstallation à l’étranger de journalistes ukrainiens, comme le propose la FEJ et ECPMF, en partenariat avec les syndicats ukrainiens NUJU et IMTUU ;

n l’ouverture d’un centre de coordination de l’aide à la presse à la frontière ukrainienne, en lien avec les nouveaux QG des syndicats de journalistes ukrainiens.

Nous, organisations syndicales et associations de journalistes, appelons la profession à se mobiliser pour soutenir les journalistes en danger, notamment en contribuant au fonds d’entraide spécial mis en place par la Fédération européenne et la Fédération internationale des journalistes, dont sont membres les syndicats français SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes. Ce fonds de soutien est destiné à aider les journalistes en Ukraine. Faites un don ici: https://

donorbox.org/donation-to-the-ifj-safety-fund-for-journalists-in-ukraine.

Afin de venir en aide aux journalistes ukrainiens et à ceux de médias russes menacés par le pouvoir, d’autres actions sont possibles :

n agir au sein des rédactions pour que les médias français ouvrent leurs colonnes ou leur temps d’an-tenne à des confrères et consœurs ukrainiens et russes qui auraient trouvé refuge hors de la zone d’opéra-tion militaire spéciale ;

n proposer un hébergement temporaire avec le minimum de logistique nécessaire pour travailler, en contactant l’une des organisations syndicales ou asso-ciations signataires qui relaiera votre proposition.

Nous, organisations syndicales et associations de journalistes, appelons les gouvernements européens à accorder des visas d’urgence aux journalistes qui en font la demande, face à la répression et à la censure accrues en Russie.

17 MARS 2022

Syndicat national des journalistes , Syndicat national des journalistes-CGT, CFDT-Journalistes , Fédération internationale des journalistes , Fédération européenne des journalistes , Association des journalistes pour l’environnement, Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie , Association des journalistes scientifiques de la presse d’information

disons, presque deux fois flétri, et même les lunettes et les yeux.

Médicaments mêlés aux sucreries, les pages du livre aussi jaunes que sa peau.

Il déverse quelques-unes de ses précieuses histoires dans l’espace vide.

Je vois tous les protagonistes comme de vieilles connaissances.

Des officiers du KGB accroupis sur le même lit d’hôpital, avec des chaussures hongroises brillantes – pour celles-ci, on pouvait tuer. Le regard est moqueur.

Il a dit, ces Beatles, ce département de langues étrangères, ne vous feront aucun bien.

Tout cela est réservé à l’élite, ce n’est pas pour les orphelins, pour les parents pauvres.

Et il s’est caché comme du fromage dans du beurre, tranquillement, comme une souris.

Nous avons attrapé des gens comme vous dans les ruelles, coupé leurs racines.

Les gens respectables appréciaient cela, c’était respecté.

Ce serait pour leur fils. Pour un logiciel de combat, pour de la viande vivante.

Je vois aussi cette femme, sa bouche vermeille de travers. Ses jambes d’araignée, d’éclats de porcelaine, d’outils métalliques.

Un appartement moisi avec des plafonds trop hauts.

Mais lui, je le vois plus clairement que tous – fort, avec une guitare.

Les yeux grands ouverts et les pouces dans les poches de son jean.

Avec des milliers de pages de livre stockées dans sa mémoire.

Avec un visage ouvert sur le monde. Vers l’eau sombre et profonde.

Pas pour une fille, pas pour une querelle – pour la libre portée des armes,

pour une haute vague haute, pas portée sur l’épaule.

Yuliya Musakovska est née en 1982 à Lviv, en Ukraine.

Traduit d’après la version anglaise de Yury Zavadsky par Marilyne Bertoncini.

Nous le savons, ce ne sont pas les livres qui arrêteront les blindés russes qui déferlent sur l’Ukraine.

Nous le savons, ce ne sont pas les livres qui arrêteront la main de fer qui s’abat sur les Russes qui s’opposent à la guerre de Vladimir Poutine.

Nous le savons, ce ne sont pas les livres qui mettront fin à la guerre contre la liberté de l’Ukraine, pas plus qu’ils ne mettront fin à la dictature des oligarques du Kremlin.

C’est la résistance populaire ukrainienne multiforme, les grains de sable que les démocrates de Russie et de Biélorussie glisseront dans la machine de guerre russe et l’opinion publique mondiale qui arrêteront les chars de Vladimir Poutine.

Mais dans cette bataille pour l’indépendance et la liberté ukrainiennes, rappelons-nous le pouvoir des samizdats et l’effet corrosif qu’ils avaient eu sur la dictature stalinienne.

Les éditions Syllepse (Paris), Page 2 (Lausanne) et M Éditeur (Montréal), les revues New Politics (New York),

Les Utopiques (Paris) et ContreTemps (Paris), les sites À l’encontre (Lausanne) et Europe solidaire sans frontières, le Réseau syndical international de solidarité et de luttes, le Centre tricontinental (Louvain-la-Neuve) qui publie la revue Alternatives Sud, ainsi que le blog Entre les lignes entre les mots (Paris) s’associent pour donner la parole aux résistances populaires, aux oppositions russes et biélorusses à la guerre, au mouvement syndical et aux mouve-ments sociaux opposés à la guerre. Ce faisant, ce front éditorial ainsi constitué adresse un message aux soldats russes : « Crosse en l’air ».