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JOSEPH CHALEY

Dans le document FRIBOURG TRENTE-SEPTIÈME ANNÉE ^)é>^i (Page 87-95)

constructeur des ponts suspendus de Fribcurg

CONCEPIT EREXIT J. CHALEY OPE CIVIUM MDCCCXXXIV Joseph Chaley a conçu l'idée de ce travail et il l'a exécuté, avec l'aide des citoyens, en 1834 ; telle est l'inscription tracée en style lapidaire sur le portique sud du grand pont suspendu de Fribourg.

Sans doute, le nom de Chaley est connu dans cette ville, mais c'est en vain qu'on parcourt les journaux, les revues, les ouvrages techniques, pour y découvrir quelques renseignements biographiques sur sa personne.

Il nous a paru utile de conserver dans ce recueil le sou-venir d'un homme à qui Fribourg doit une grande reconnaissance.

Joseph Chaley, né à Ceyzérieu (département de l'Ain) en 1795, était fils du notaire Anthelme Chaley. Sa mère restée veuve avec six enfants, se remaria lorque le jeune homme avait dix-sept ans ; celui-ci en éprouva une telle peine qu'il quitta la maison et s'engagea, en 1813, dans les gardes d'honneur de l'empereurNapoléon.

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Il fit les campagnes de 1813, 1814 et 1815, fut nommé .lieutenant et décoré de la croix de la légion d'honneur.

Blessé à Waterloo, il passa plusieurs mois dans les hôpi-taux militaires où il prit goût aux sciences médicales ; il les étudia et fut reçu docteur. Il se fixa à Lyon et y fonda un établissement orthopédique, le premier qui ait existé dans cette ville. Le succès répondit à ses efforts, sans satisfaire l'activité de son esprit. On était alors fort occupé en France du nouveau système de ponts sus-pendus essayé en Angleterre et en Amérique. Chaley abandonna la médecine, s'associa avec M. Séguin, un ingénieur distingué ; ils construisirent les ponts sus-pendus de Beaucaire, de Chaset et plusieurs autres ouvrages analogues, dans le midi de la France; puis, s'étant séparé de son associé, il entreprit seul la cons-truction des deux ponts suspendus de Fribourg et celle du magnifique pont de La-Roche-Bernard sur la Vilaine, dans le Morbihan (1839).

En 1832 M. Chaley commandait l'artillerie de la garde nationale de Lyon, avec le grade de lieutenant-colonel. Pendant les troubles qui agitèrent cette ville, à cette époque, il fit preuve de beaucoup d'énergie et de courage et fut promu, par le roi Louis-Philippe, à la dignité d'officier de la légion d'honneur. La même année il épousa Mademoiselle Champagneux ; elle était la petite-fille d'une des victimes de la Terreur, Madame Roland, célèbre dans les annales de la révolution fran-çaise.

Chaley venait d'achever la construction du port de la Joliette à Marseille, en 1848, il habitait son château de Rosière près de Bourgoin, dans le Dauphiné, lorsque le pacha de Tripoli lui demanda de créer un port sur les côtes de Barbarie ; cependant l'affaire ne put pas se conclure. En 1859 le bey de Tunis s'adressa aussi à lui.

JOSEPH CHALEY D'après un portrait à l'huile

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en vue de rétablir une ancienne canalisation romaine destinée à amener des eaux à Tunis et à Carthage ; la santé ébranlée de notre ingénieur ne lui permit pas, de se charger de ce grand travail. Il fut dirigé et mené à bien par son gendre, M. Taillet. C'est dans la famille de ce dernier fixée en Tunisie, que M. Chaley vint à la fin de l'année 1860, pour passer l'hiver dans ce beau climat ;• mais il était trop profondément atteint, et il fut enlevé à l'affection des siens le 15 avril 1861.

Madame Chaley et ses filles avaient gardé un bon souvenir de Ffibourg ; elles y firent un séjour de plu-sieurs mois à l'époque de la guerre franco-allemande.

Mademoiselle Chaley soigna, avec zèle, les malades de l'armée de l'Est internés dans notre ville. Elle choisit le poste le plus dangereux, le lazaret des varioleux installé aux Neigles ; atteinte par la contagion, elle faillit devenir la victime de son dévouement ' ) .

La construction des ponts suspendus de Fribourg, l'œuvre capitale de Chaley, a été une création éminem-ment utile et favorable au développeéminem-ment du chef-lieu et de l'ensemble du canton. En effet, la vallée profonde et encaissée de la Sarine rendait difficile, long et dange-reux le passage de la rivière. Au moyen âge, la voie de communication la plus fréquentée entre les pays alle-mands et les pays welches passait par Fribourg, mais ces entraves la firent peu à peu délaisser au profit de la route de la Broyé, par Morat, Payerne et Moudon, qui venait d'être considérablement améliorée.

Bien des années avant 1830, cette situation avait

') Mademoiselle Marie Chaley et Madame Vincent Taillet, fidèles à la mémoire de leur père, ont bien voulu nous communiquer, sur sa personne, ces notes biographiques inédites. Nous leur exprimons notre sincère reconnaissance.

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alarmé quelques hommes éclairés et amis de leur pays, ils avaient cherché les moyens de faciliter l'accès de la ville de Fribourg. Un comité nommé en 1829 avait examiné plusieurs solutions de la question : les ponts de bois furent écartés en raison du danger d'incendie, un pont de pierre était très coûteux. Un million parais-sait une somme énorme. — Nous avons fait des progrès dès lors ! ~ Le préavis du comité penchait en faveur d'un pont suspendu en fil de fer. Ce genre de travail était, en ce moment, très en vogue auprès des techni-ciens anglais, américains et français ; cela engagea la commission à s'adresser à un ingénieur qui avait déjà donné des preuves de son talent. M. Chaley vint à'Fri-bourg, dans le courant du mois de février 1830, et il se mit en rapport avec les délégués des actionnaires réunis en vue d'assurer, avec le concours de l'administration cantonale et communale, l'exécution de ce. projet. Le 10 juillet 1S30 le Conseil d'Etat adopta les bases d'un traité provisoire conclu entre M. Chaley et les action-naires. Mais les événements politiques vinrent entraver le commencement des travaux qui ne furent entrepris qu'au printemps de l'année 1832. ,

Le grand pont suspendu mesure 246"" de longueur ; il est à une hauteur de 5 1 " au dessus du niveau de la Sarine. Les cables de suspension, au nombre de deux de chaque côté du tablier, après avoir décrit une courbe dans la vallée, viennent s'appuyer sur des portiques-puis, s'inclinant en arrière, ils s'enfoncent dans le sol et pénètrent par des cheminées de 14"" de profondeur, dans^, des puits où ils sont fixés par des amarres de fer. A ces cables sont adaptées des cordes verticales ou ordonnées qui soutiennent les poutrelles portant le tablier.

• Le pont inauguré le 19 octobre 1834, au milieu de l'allégresse générale, avait coûté 600,000 francs. En: 1881;

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la pose d'un troisième cable vint renforcer considérable-ment la force du système de suspension.

Cette amélioration du passage de la Sarine eut pour conséquence la construction de nouvelles chaussées, qui ramenèrent à Fribourg une partie du transit entre Berne et Lausanne, et facilitèrent l'accès de la route alpestre du Simplon, si importante à cette époque.

Mais les communications restaient toujours diiEciles entre la ville de Fribourg et la contrée montagneuse du canton. Un pont jeté avec hardiesse sur la profonde vallée du Gotteron vint compléter le réseau de routes commencé. M. Chaley entreprit cette construction en 1839 et 1840. Le coût s'éleva à 62,000 francs. Ce pont a une longueur de 151™ et 7 5 " d'élévation. Il ne présente que la moitié de la courbe parabolique ; les cables de suspension partent, d'un côté, du sommet du rocher pour entrer, sur l'autre versant, dans des puits d'amarre s'ouvrant au niveau du sol. Le pont du Gotteron fut aussi renforcé et entièrement réparé, dans le courant de l'année 1897.

En présence de ces travaux de réfection considérables et des frais d'entretien qui s'élèvent annuellement à une forte somme, on peut se demander si nos devanciers n'auraient pas mieux fait de profiter du bon marché de la main d'œuvre pour construire des ponts de pierre.

Leur masse eut, peut-être, paru plus à sa place dans ce cadre sévère de rochers et d'antiques fortifications. Ce-pendant ces ponts, fils déliés audacieusement lancés dans l'espace, ont une hardiesse, une légèreté d'un effet grandiose; par leur contraste avec le vieux pont de bois, avec les tours, les remparts, ils jettent une note gaie dans le paysage.

M. Chaley disait dans une notice qu'il écrivait en 1839 : « Le constructeur du pont de Fribourg a été

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récompensé de ses efforts par les témoignages les plus honorables d'intérêt et d'estime. » Nous ajouterons : Son souvenir doit être conservé fidèlement comme celui d'un homme utile au pays fribourgeois ; puissent ses deux ponts subsister longtemps et rappeler à plusieurs générations son œuvre géniale accomplie avec l'aide de

nos pères *). MAX DE DIESBACH.

') Chaley. Pont suspendu de Fribourg (Suisse). Annales des Ponts et Chaussées. 1839. — Description historique et technique du grand pont suspendu en fil de fer à Fribourg en Suisse. Fribourg 1839. — de CandoUe. Notice sur le pont suspendu de Fribourg en Suisse. Bibliothèque universelle. Septembre 1834. —Perrier. Nouveaux souvenirs de Fribourg. Fribourg 1865, p. 52. — A. Greraaud. Les ponts suspendus de Fribourg. Revue scientifique. i&JJ, 1878. — A. Gremaud, Le pont du Gotteron. Etrennes fribourgeoises. 1898, p. 113.

l i e s p r o v e r b e s q u i s e c o n t r e d i s e n t . I. Qui ne risque rien n'a rien.

1. La prudence est la mère de la sûreté.

2. Il faut avoir deux cordes à son arc.

2. Il ne faut pas courir deux lièvres à la fois.

3. Cœur qui soupire n'a pas ce qu'il désire.

3. Cœur content soupire souvent.

4. Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage.

4. Le mieux est l'ennemi du bien.

5. La fin justifie les moyens.

5. Fais ce que dois, advienne que pourra.

6. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas.

6. Il n'y a pas de bonne fête sans lendemain.

7. Après la pluie, le beau temps.

7. Un malheur n'arrive jamais seul.

8. L'argent est rond, c'est pour rouler.

8. Il est plat, c'est pour qu'on l'entasse.

9. On n'est jamais trahi que par les siens.

9. Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille.

10. Il n'y a point de fumée sans feu.

10. Il ne faut pas se fier aux apparences.

11. L'intention est réputée pour lé fait.

11. L'enfer est pavé de bonnes intentions.

12. Aide-toi le ciel t'aidera.

12. La fortune vient en dormant.

13. Ne remets pas à demain tes affaires.

13. La nuit porte conseil.

14. Abondance de biens ne nuit pas.

14. Grande richesse, grande servitude.

15. A l'impossible nul n'est tenu.

15. Vouloir, c'est pouvoir.

16. Ce qui est différé n'est pas perdu.

16. La fête perdue, adieu le saint.

On peut ajouter à cette liste les deux suivants ; 17. Po cbé pindre et clié maria

Lei faut pas grantin moujâ.

17. A la cueite ché marié A liji chin répein.

U n e b o n n e b l a g - u e

Une blague de commis voyageur visitant une cliente dans une ville de province en France.

— Hé oui ! chère madame, vous pouvez avoir toute confiance dans les produits de notre maison ; ainsi, nous faisons venir direc-tement notre rhum (prononcez rhom) de Rome et notre kirsch de chez Wasser.

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