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CHAPITRE 2 ÉLÉMENTS THÉORIQUES ET CONCEPTUELS

2.4 Jeunesse

2.4.1 Identification des populations étudiées

Lorsqu’on parle de représentation sociale, on parle toujours de représentations « collectivement produites et engendrées » (MOSCOVICI, 1961; MOLINER, 1996). L’étude des représentations sociales s’effectue donc auprès d’un groupe social. Il faut garder à l’esprit que ce dernier est un rassemblement d’individus que l’on observe à un moment et dans un temps donné (BERESTOVOY, 2006). Plus précisément, le groupe peut être considéré comme un ensemble d’individus communiquant entre eux régulièrement et situé en position d’interaction avec l’objet de représentation. Puisque cette étude sur les représentations sociales de l’environnement s’effectue auprès d’un groupe social, c'est-à-dire les jeunes dakarois, il importe de cerner, définir et caractériser le concept de jeunesse. Cette section sera élaborée selon différents aspects, c'est-à- dire, la définition du concept de jeunesse, le profil démographique des jeunes au Sénégal et finalement les représentations sociales chez les jeunes.

2.4.2 Définition du concept de jeunesse

Il est difficile de trouver une définition complète et exhaustive de la jeunesse puisqu’elle possède des contours incertains. Nous pouvons considérer la jeunesse comme étant en soi un « passage à la vie adulte » (GALLAND, 1984 : 50; RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL, 2006 : 99) soit « un espace social précaire, un moment

de transition vers l’installation dans la vie adulte » (RENÉ, 1993 : 155). En sociologie, la jeunesse peut être considérée comme « une catégorie sociale dont le fonctionnement est indissociable des mécanismes qui régissent la société » (RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL, 2006 : 99). Elle est également « ce passage durant lequel vont se construire presque définitivement, alors qu’elles sont encore en pointillé, les coordonnées sociales de l’individu » (GALLAND, 2011 : 57).

Comme Berger (2000) le mentionne, pour les jeunes âgés entre 10 et 20 ans, c’est à ce moment que l’être humain franchit la limite qui sépare l’enfance de l’âge adulte et ce, sur le plan biosociale, cognitif et psychosocial. À mesure que s’ouvrent leurs horizons intellectuels, les jeunes cheminent vers la maturité et deviennent sensibles à de nouvelles réalités, leur pensée se détachant du concret pour englober une expérience humaine plus large, plus abstraite, c'est-à-dire une capacité de raisonnement hypothétique. C’est également à ce moment que les jeunes sont capables de relier des idées et des concepts nouveaux à des anciens et de comprendre une multitude de notions. Il y a également un progrès au niveau de la métacognition c'est-à- dire la capacité de réfléchir sur sa propre façon de penser. De plus, c’est à cet âge que l’individu commence à construire sa propre identité et à choisir sa propre voie (BERGER, 2000). Bien entendu, la définition de jeunesse reste en soi une production historique, culturelle et institutionnelle dont les contours varient selon les frontières nationales et les aires culturelles. Par exemple, au Sénégal, toute personne âgée de moins de trente ans et non mariée intègre le concept de jeunesse.

Bien que cette recherche s’effectue auprès d’un groupe de jeunes, cette catégorie générale inclut des sous-classes d’âges définies par les enfants (6-12 ans) et les adolescents (12-16 ans) (BERRYMAN, 2003). Dans le cadre de cette recherche, les jeunes comprennent des enfants âgés entre 9 et 11 ans et des adolescents âgés entre 12 et 16 ans. Ces classes d’âges correspondent en partie à des traits biologiques, mais également à des étapes importantes dans les sociétés scolarisées, c'est-à-dire à des étapes de socialisation : école primaire et école secondaire (BERRYMAN, 2003 : 215). Ces catégories d’âge correspondent également à différents stades sur le plan cognitif et intellectuel révélés par les études de Piaget sur le développement de l’enfant. Bien qu’il n’y ait pas discontinuité et rupture entre ces deux périodes, cette division générale entre enfance et adolescence offre des balises pour des périodes assez générales et facilement reconnaissables (BERRYMAN, 2003 : 215).

Source : (U.S. CENSUS BUREAU, 2009) Figure 1 : Pyramide des âges au Sénégal 2.4.3 Représentations sociales chez les jeunes et profil démographique

Forme d’interprétation du réel, les représentations sociales jouissent d’une grande stabilité en raison de leur enracinement psychologique, de leur ancrage social ainsi que de leur assise institutionnelle. L’enracinement psychologique des représentations se confond avec la formation très précoce des schèmes de perception et de comportement. Généralement acquises dès l’enfance, les représentations sociales évoluent en fonction des expériences et des apprentissages individuels (DI MÉO, 2008). Les individus et les groupes voient leur environnement de différentes façons les uns des autres selon leurs expériences, leur culture, leurs positions dans la société et les interactions qu’ils y vivent. Les représentations sociales bénéficient de l’influence de multiples éléments qui ne sont pas nécessairement tous les mêmes pour tous les membres du groupe (BERESTOVOY, 2006). La jeunesse, en tant que catégorie d’acteurs sociaux, apporte toujours avec elle son lot d’idées neuves et ses regards parfois novateurs. Les jeunes en tant que groupe social rassemblent dans notre cas, les jeunes dakarois âgés entre 9 et 16 ans. Cette définition appliquée à cette recherche a l’avantage d’être immédiatement opérationalisable.

Le profil démographique des villes des pays en développement est marqué par la présence d’un nombre considérable de jeunes par rapport aux autres catégories d’âge, c'est-à-dire par une pyramide des âges à base très large et à sommet rétréci (UN- HABITAT, 2008; UNESCO 2006). Le

Sénégal ne fait pas exception. Actuellement, la population y est relativement jeune avec 45 % des personnes ayant moins de 14 ans (CSE, 2000) et 58 % de la population ayant moins de 20 ans (MEPN, 2005; UNESCO, 2006) (voir Figure 1). C'est-à-dire que pour douze millions d’habitants, le Sénégal compte près de cinq millions de jeunes de moins de 15 ans (NIANG, 2009). Dans la région de Dakar, les moins de 15 ans représentent un peu plus du tiers de

la population (c'est-à-dire 34,2%) (RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL, 2006 : 92). Les jeunes constituent donc une composante majeure de la population du Sénégal, mais en plus, leur importance démographique suffit à influencer le profil de la demande sociale ainsi que les priorités en matière de développement humain (RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL, 2006 : 108). Cette génération possède un pouvoir potentiel immédiat et futur d’action en faveur de l’environnement et c’est pourquoi il est important de tenir compte des représentations sociales – vecteur potentiel d’action – qu’entretiennent ces jeunes vis-à- vis de leur environnement.

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