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Jean-Baptiste de Grateloup (1735-1817) d’après Jacques-Antoine Dassier (1715-1759)

1771 Loc. inc

60. Jean-Baptiste de Grateloup (1735-1817) d’après Jacques-Antoine Dassier (1715-1759)

Estampe

Au t.c. : h. 9,8 cm x l. 6,8 cm 1768

Jean-Baptiste de Grateloup, né et mort à Dax, dessinateur, graveur et peintre d’émaux, n’a gravé que neuf portraits. Il invente une technique mixte dont il a gardé le secret qui lui permet de créer, d’après des estampes antérieures des portraits de petites dimensions d’une extrême finesse. Très myope, il perd finalement un œil et doit renoncer à son activité de portraitiste89.

D’après la médaille de Dassier (voir no 5), il réalise en 1768 le portrait de Montesquieu.

Pleine page : h. 14,8 x l. 10,6 cm. Profil à gauche dans un médaillon ovale, sans cadre, fond uni noir, dans un fond rectangle marbré. Sous le t.c., en très petits caractères, à gauche : “DASSIER Id”, à droite : “J.B. GRATELOUP”. Dans la marge inférieure, au centre : MONTESQVIEV [BMB.R 009].

61. Guillaume-Philippe Benoist (1725-v. 1800)

Estampe d’après Jacques-Antoine Dassier (1715-1759) h. 11,5 x l. 7,5 cm

1770

Guillaume-Philippe Benoist, portraitiste à l’eau-forte, dessinateur et graveur au burin, auteur de gravures de reproduction et de portraits posthumes (Pope, Newton, Pascal, Galilée), par sa référence à J.-A. Dassier, ne dissimule pas la source de son travail. Notons toutefois la ressemblance étroite avec l’estampe que Schmitz-Thelott avait créée en 1765 (voir no 52). Rencontre ?

L’estampe de G.-Ph. Benoist est annoncée dans La Gazette de France du 15 janvier 1770. Dans

L’année littéraire, 1770, IV, p. 192, on peut lire :

Portrait de M. de Montesquieu. M. Dassier, Artiste Anglois [sic] vint tout exprès de Londres pour frapper la médaille de monsieur de Montesquieu. C’est d’après cette médaille que le Sieur Benoît a gravé le Portrait de cette [sic] homme illustre. Il est placé dans un Médaillon qu’enferme une bordure de quatre pouces de large. Il est très ressemblant. On remarque dans la tête, du caractère, de la finesse et de l’expression. On le trouve à Paris chez Gaucher, graveur rue du Faubourg Saint-Jacques, maison des Dames de la Visitation. Le prix est de vingt-quatre sols. Ce portrait pourrait s’adapter à la belle édition du Temple de Gnide que M. Le Mire vient d’annoncer au public.

L’estampe [BMB.R 028] est signée sous le t.c. : “Dessiné et gravé sur la Médaille de Dassier – par

G.Ph. Benoist”.

Elle représente Montesquieu en buste à mi-corps, avec un grand drapé, de profil à droite, dans un médaillon circulaire (D. 5,25 cm) encadré surmonté d’un anneau et d’un nœud de ruban et fixé sur un fond rectangulaire. Par rapport à la médaille, le visage est rajeuni. Sur la tablette, inscription :

CAROLUS DE SECONDAT BARO DE MONTESQVIEV,

natus 18 januar.1689. obiit 10 die Febr. Anno 1755.

89. Louis-Étienne Faucheux, Catalogue raisonné de toutes les estampes qui forment les œuvres gravés d’Étienne Fiquet, Pierre Savart, J.B. de Grateloup et J.S. de Grateloup, Paris, Renouard, 1864.

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Cette estampe a du succès puisqu’elle est tirée à nouveau en février 1777 et mise en vente chez Bligny (voir no 62).

62. Guillaume-Philippe Benoist (1725-v. 1800)

Estampe d’après Jacques-Antoine Dassier (1715-1759) Au t.c. : h. 11,3 x l. 7,4 cm

1777

Aucune modification par rapport à l’estampe de 1770 (voir no 61) : profil à droite dans médaillon circulaire, mêmes inscriptions, mêmes signatures. Dans la marge inférieure : À Paris chez Bligny

lan-cier du Roi cour du Manège au Thuileries avec Privilège du Roi concédé par le Sr Gaucher en date du 22 février 1777 pour cet article [BMB.R 029].

63. Guillaume-Philippe Benoist (1725-v. 1800)

Estampe d’après Jacques-Antoine Dassier (1715-1759) Au t.c. : h. 15,8 x l. 11,2 cm

1777

En 1777 paraît une grande estampe (pleine page h. 24 x l. 17,4 cm) également signée G.-Ph. Benoist en vente, comme il est indiqué dans la marge inférieure : “À Paris ches Esnauts et Raplilly, rue S.Jacques

à la Ville de Coutances. A.P.D.R.” À l’intérieur du t.c., le texte de l’inscription est le même que sur

l’estampe de 1770, mais il est porté, en quatre lignes, sur une tablette. De profil à gauche – donc inversé par rapport à la gravure de 1770 (voir no 61) et de février 1777 (voir no 62) – le portrait, inscrit dans un médaillon ovale, est légèrement différent de celui de 1770 (voir no 61) : buste plus important, visage plus allongé et plus jeune [BMB.R 006]90.

64. Noël Le Mire (1724-1801)

d’après Charles Eisen (1720-1788)

Estampe, frontispice pour Le Temple de Gnide h. 14 x l. 8,7 cm

1770

En 1770, paraît l’estampe la plus élaborée du siècle, certainement au regret de l’artiste. La gravure de G.-Ph. Benoist (voir no 61) ne fut pas choisie pour le frontispice du Temple de Gnide que préparait en 1770 Noël Le Mire, graveur et éditeur. Celui-ci s’adresse à Charles Eisen91, dessinateur et graveur flamand, né à Valenciennes et mort à Paris, qui travaillait à Paris depuis le milieu du siècle et avait

90. Citée dans l’Inventaire du fonds français – Bibliothèque nationale, Estampes, Graveurs du xviiie siècle, vol. II, p. 395, no 25 – le 22 septembre 1777, La Gazette de France annonce la vente, pour 12 sols, d’une estampe portant, sur une tablette, les mêmes inscriptions et sous le t.c. les mêmes signatures. En buste de profil à gauche dans un médaillon “cir-culaire”. N’y aurait-il pas confusion entre les deux estampes éditées en 1777 ? Même personnage, mêmes artistes, ventes parallèles de deux publications de peu successives ?

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déjà illustré en 1762 les Contes de La Fontaine, édition des Fermiers généraux et, en 1770, Les Baisers, de Dorat.

Il s’agit d’une édition de luxe abondamment annoncée par Les Affiches, annonces et avis divers, no 25, du mercredi 20 juin 1770 et no 48, 28 novembre 1770, p. 191 ; L’Année littéraire, 1770, II, p. 348-350 ; Le Journal des Savans, décembre 1770, p. 833 ; le Journal des Beaux-Arts, octobre 1772, IV, p. 187 ; et en particulier par Le Mercure de France (juillet 1770, p. 160) qui donne des précisions sur les conditions de souscription :

Le Temple de Gnide, par M. de Montesquieu; nouvelle édition, grand in-8°, orné de dix estampes, dessinées par M. Eisen et gravé par M. Lemire ; proposé par Souscription. À Paris, chez Lemire, rue St-Étienne des Grès, et Bassan, marchant d’estampes, rue du Foin St Jacques. – 6 livres en souscrivant, et 6 livres en recevant l’ouvrage dans le courant des 6 premiers mois de l’année 1771. Les souscripteurs peuvent être assurés d’avoir des premières épreuves.

En outre, L’Avant-coureur (no 44, lundi 29 octobre 1770, p. 690) fait connaître la demande de certains souscripteurs qui souhaitent un volume in-4° pour faire suite aux Œuvres de Montesquieu de même format. Un tirage d’un certain nombre d’exemplaires fut exécuté, en nombre limité, pour 15 livres en in-4°.

À Paris, la BnF Tolbiac conserve en Réserve deux exemplaires de cette édition : inv. Rés. Y2.729 et Y2.1791-1772 (collection James de Rothschild). À la BnF Richelieu, se trouve une gravure séparée, département des Estampes, N2. Il se trouve deux états dans le recueil de Bordeaux : l’un sur papier blanc (pleine page h. 19 x l. 12,7 cm ; Au t.c. : h. 14 x l. 8,5 cm [BMB.R 023]) et l’autre sur papier jauni [BMB.R 024].

L’ouvrage paraît en 1772, avec frontispice et illustration de chacun des chants, texte entièrement gravé en cursive par Druet. C’est un événement artistique. Aucune des éditions précédentes ne com-portait de portrait de Montesquieu92. Le frontispice de la Nouvelle édition avec gravures, publiée en 1742 sans lieu ni date avec l’adresse “Londres” [Paris, Huart], représente une cour céleste et aucune les neuf vignettes n’est à l’effigie de l’auteur.

Dans l’édition Le Mire de 1772, le frontispice, pleine page (h. 14 x l. 8,7 cm) s’organise selon le même principe que l’estampe de Littret d’après J. De Sève (1767) (voir no 55) : un portrait en médaillon entouré de figures allégoriques et de symboles, qui sont expliqués au verso de la page de titre, en cursive :

Explication du frontispice

Sur un Fust de Colonne est posé le Medaillon de M. de Montesquieu, le Génie de la Littérature le couronne d’une main, et de l’autre invite la Nature à toucher la Lyre. L’Amour vient offrir à l’Auteur son Carquoi, son Arc et son Flambeau; on voit la Justice qui fait allusion à l’Esprit des Loix, dont un Volume se trouve à côté des Lettres Persanes et du Temple de Gnide; le Faisceau d’Armes qui est au dessous indique les Considérations sur les causes de la grandeur et de la Décadence des Romains.

92. La première édition du Temple de Gnide avait paru dans la Bibliothèque française, ou histoire littéraire de la France, Amsterdam, t. IV, 1724, p. 87-127, sans nom d’auteur, avec une simple vignette en page de titre. La publication de 1725, chez Simart, ne contenait que le texte, tout comme Le Temple de Gnide et l’Essai sur le goût, par M. de Montesquieu publié à Londres en 1760 (in-12°, 209 p.).

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Mais au-delà du principe de composition, les différences sont immédiatement sensibles. Ici le médaillon, circulaire, de plus grandes dimensions, qui occupe un tiers de la hauteur, accorde plus d’importance au portrait. Celui-ci, profil à droite, entouré de l’inscription “CAR. DE SECONDAT DE MONTESQUIEU” est également inspiré directement de Dassier, le nom du médailleur n’étant pas signalé. En revanche, celui de N. Le Mire ne risque pas d’être oublié, il figure trois fois dans l’estampe : une fois dans le médaillon lui-même, en dessous du profil de Montesquieu, “N. Le Mire

sculp. 1771” ; en bas, à droite sous la figure de la Justice, et dans la marge du bas : “Dessiné par Ch. Eisen, et gravé par N. le Mire”.

Et surtout, dans cette estampe, autour du portrait, tout bouge. Le seul élément de stabilité de la composition, le fût de colonne sur lequel repose le médaillon, est peu visible. La figure féminine de gauche, gracieusement déhanchée, épouse la courbure du médaillon ; son visage est tendrement renversé vers le Génie de la littérature et le transparent écran d’une lyre estompe sa deuxième paire de seins discrètement empruntée à l’Artémis d’Éphèse. Cette jolie femme à longue chevelure bouclée, dont une sinueuse guirlande de roses ménage la pudeur, c’est la nature aimable, la Vénus gnidienne. Le Génie est dans un équilibre instable sous ses grandes ailes déployées tandis que la couronne de lauriers qu’il tient ne va pas tarder à coiffer Montesquieu. La flamme du flambeau que tend l’Amour passe devant le médaillon. L’élan de l’Amour offrant son carquois est prolongé par l’oblique de l’épée que tient la Justice. Il n’est pas jusqu’à cette majestueuse figure, pourtant assise, qui ne donne l’impression, genou gauche plié et pied droit avancé, d’être sur le point de se lever, et son bras rond tient avec souplesse la flèche de la balance. Un seul angle droit dans le dessin, celui que forme en bas à gauche Le Temple de Gnide dominant le faisceau d’armes qui gît sur le sol, tandis que penchent

L’Esprit des lois et les Lettres persanes.

65. P. R. Jonxis

d’après J. von Moos Estampe

1787

La composition dynamique au discret érotisme de Charles Eisen (voir no 64) a servi de modèle en 1787 à une estampe hollandaise ô combien vertueuse [BMB.R 022]. L’inscription du médaillon, différente, “CHARLES DE SECONDAT BARON DE MONTESQUIEU”, ne laisse pas de place à une signature d’artiste ; les noms des auteurs ne figurent qu’en dessous du t.c. : “J. von Moos inv. et

del”, “P.R. Jonxis sculp 1787”. Mais là n’est pas l’essentiel. Effacée la Nature à la vénusté troublante,

disparus le Génie de la Littérature, éphèbe aux grandes ailes, et l’Amour en plein vol montrant de petites fesses potelées. Au contraire, sur un grand fond occupé de vagues nuages se détache en haut à gauche un putto bien sage. Toute la masse de la composition pèse dans la moitié inférieure. Le médaillon repose sur une grosse colonne cannelée. Dans l’angle inférieur droit la Justice, seule figure échappée à la réécriture, anime encore un peu l’ensemble. Plus de guirlandes de roses, mais à gauche, au second plan, un volumineux globe terrestre et devant lui, dans l’angle, le faisceau d’armes et deux livres seulement dont les titres se lisent sur les dos : “GROOTE DER ROM” et “GEEST DER WITTE”. Temple Gnide ou temple du Commerce ?

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