• Aucun résultat trouvé

Perles d'Épice •Date de création :

3) Vers une ouverture de l’imaginaire

3.3. Investir d’autres terrains pour gagner en visibilité

Nous l’avons constaté, les éditeurs indépendants de l’imaginaire se démarquent par leur dynamisme et leur esprit d’initiative. Deux qualités mises à profit dans leur quête de visibilité. Puisque l’accès aux librairies les plus influentes reste saturé, et que miser sur une promotion numérique n’est guère suffisant, les éditeurs doivent mise sur d’autres moyens pour que leur production rencontre le public.

Pour cela, nombre de structures investissent les salons littéraires, afin de soutenir à la fois l’image de marque de leur maison d’édition, mais également de pouvoir également opérer un travail promotionnel auprès du public, sans intermédiaire.

Toutefois, si la participation à des salons présente des avantages évidents, ces derniers engendrent également des frais importants, qu’il s’agisse de la location d’un stand, des coûts de déplacements ou encore, du défraiement des auteurs.

À titre d’exemple, un stand grand format sur le salon livre Paris peut coûter jusqu’à 75.000143 euros quand le prix d’un stand sur d’autres salons, moins connus, varie de 100 à 800 euros. Pour revenir sur le terrain de l’imaginaire, le festival des Imaginales propose des stands de 3 mètre dès 120€ H.T144, allant jusqu’à 500€145 pour un stand sous chapiteau. Un prix plus accessible, mais qui reste toutefois difficile à rentabiliser pour les structures indépendantes.

En effet, l’intérêt d’un salon littéraire ne sont pas tant les bénéfices immédiats des ventes réalisées lors de l’événement, mais bien l’opportunité donnée d’asseoir une image de marque, d’aller à la rencontre du public et des professionnels. Une mise en avant commerciale, onéreuses, dont les retombées ne sont pas immédiates.

Grâce au collectif des Indés de l’imaginaire, les éditions Mnémos, ActuSF et Les Moutons électriques se sont affranchis de cette contrainte financière en partageant les coûts de participation au salon. Un choix qui leur permet de couvrir de nombreux événements, gagnant ainsi une plus grande visibilité. Le collectif est représenté dans de nombreux salons spécialisés dans l’imaginaire, fréquentés par des visiteurs affectionnant le genre. Nous les retrouvons par exemple aux Imaginales, aux Utopiales, aux Intergalactiques ou encore aux

Halliénales pour ne citer que les événements de grande ampleur.

Au-delà de la visibilité qu’ils confèrent, l’intérêt de ces salons se situe les perspectives qu’ils ouvrent. Car pour soutenir et défendre le genre, libraires et éditeurs organisent de nombreux événement au sein des salons : prix littéraires, concours ou encore conférences autour de l’imaginaire et de ses enjeux. À titre d’exemple, le festival des Imaginales est célèbre pour son prix éponyme annuel, qui met en lumière des auteurs de fantasy. Le prix

143

Tarif indiqué par Julie Baptista, chef de projet événementiel chez Glénat 144

Informations festival Imaginales, [En ligne]. URL :

http://www.imaginales.fr/imaginales/media/pdf/exposants-imaginales-informations-2013.pdf 145 Tarif indiqué par la ville d’Epinal

70

2018146 fut décerné à l’auteur Pierre Bordage, dans la catégorie roman francophone avec

ARKANE tome 1 : La Désolation publié chez Bragelonne. Le collectif des Indés de l’imaginaire s’est également démarqué puisqu’on retrouve des auteurs primés chez Les

Moutons électriques, ActuSF et Naos. Il s’agit de Lisa GOLDSTEIN, Sombres cités

souterraines147, (Les Moutons électriques), Ariel HOLZL, Les soeurs Carmines tome 1 : Le

complot des corbeaux148 (Naos), Yana MOSKALUK, Boudicca149 (ActuSF) et enfin Melchior ASCARIDE / Julien BÉTAN / Mathieu RIVERO, Tout au milieu du monde150 (Les Moutons électriques). Ils détiennent, à eux seuls, quatre prix sur les six décernés.

Un succès critique qui n’est pas le premier pour le collectif, et leur permet d’asseoir leur influence dans le milieu. Il existe en outre d’autres prix qui suivent le même modèle, comme le Grand Prix de l'Imaginaire ou encore Le prix Hugo, qui jouissent d’une grande crédibilité dans le domaine et soutiennent l’imaginaire.

Enfin, les salons sont également des lieux de rencontres et de dialogues, permettant de nourrir une réflexion sur les genres de l’imaginaire, ou encore, sur la situation éditoriale actuelle. Cela peut prendre la forme de conférences, de tables rondes, ou encore, plus récemment, d’état des lieux. C’est en effet lors du festival des Utopiales que se sont déroulées les premières et secondes éditions des États Généraux de l’imaginaire. Un événement de grande ampleur, répondant à la nécessité de reconnaissance et de mise en avant des littératures de l’imaginaire. Un cri d’alarme visant à informer les lecteurs et professionnels sur la situation des acteurs de l’imaginaire tout en incitant à la prise d’initiative. Une démarche inédite qui est la suite logique de la pétition lancée par les éditions ActuSF.

À propos des retombées de cet événement, Jérôme Vincent, éditeur d’actuSF annonçait lors d’une interview réalisée pour le site SyFantasy :

« J'attends trois choses. D'abord qu'on affine l'état des lieux que nous sommes en train de faire. C'est passionnant, on a des champs d'études qui n'avaient jamais été abordés. Ensuite j'en attends une discussion riche entre tous les acteurs de notre petit monde. Qu'on soit auteur, éditeur, traducteur, illustrateur, bibliothécaire, correcteur, bloggeur, lecteur... l'imaginaire est notre bien commun. C'est l'occasion de réfléchir tous ensemble. Enfin, si quelques idées peuvent en sortir pour des solutions concrètes, alors j'en serai heureux. À nous d'imaginer la suite...151 »

Si nous ne disposons pas, à l’heure actuelle, de suffisamment de recul pour mesurer l’effet de cette opération, nous pouvons toutefois constater au vu des articles publiés sur le sujet, que ces Etats Généraux ont conduit une prise de conscience sans précédent.

Plus globalement, l’étude du collectif des Indés de l’imaginaire nous a permis de démontrer que l’énergie et le professionnalisme des éditeurs indépendants de l’imaginaire œuvre à la valorisation et à la survie du genre.

146 Prix imaginales. URL : https://www.imaginales.fr/prix-litteraires/prix-imaginales/ 147

Lauréat de la catégorie Roman étranger traduit 2018 148

Lauréat de la catégorie Jeunesse 2018 149 Lauréat de la catégorie Illustration 2018 150

Lauréat de la catégorie Prix spécial du jury 2018 151

DAVID. Les États Généraux de l'imaginaire : Rencontre avec Jérôme Vincent d'ActuSF. Site : SyFantasy (publié le 27/01/2017). URL : http://www.syfantasy.fr/25940-

71

En cela, la création de collectif et d’actions communes constituent sans nul doute l’avenir des éditeurs indépendants de l’imaginaire.

72

P

ARTIE VI

: