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5.3 Modèle électrique

5.3.1 Inversion électrique

La modélisation directe permet de calculer le potentiel électrique dû à une source grâce à l’équa- tion de Poisson (équation 3.62) lorsque la conductivité électrique du sol (σsol) est connue. Toutefois, lorsque le sol est sondé par tomographie électrique, il est plutôt question de retrouver la conducti- vité du sol à partir de mesures de potentiel à la surface ou en forage. L’inversion électrique permet d’estimer la valeur de la conductivité du sol à partir de ces mesures. Ce qui suit présente l’inversion électrique telle qu’elle a été implémentée pour estimer les valeurs de conductivité du sol dans l’ex- périence d’intrusion d’eau saline. Une discussion plus complète sur l’inversion électrique peut être trouvée dans Gunther (2004).

En général, le processus d’inversion cherche à reconstituer les paramètres, m, à partir des don- nées, d, lorsque ces données sont reliées aux paramètres par une fonction: d = f (m) + e où e représente une erreur de mesure. Ainsi, il s’agira de minimiser les résidus au carré, soit, la différence entre les données observées et les valeurs prédites à partir de la fonction et des paramètres. Comme

l’amplitude de l’erreur sur les données peut varier d’une donnée à l’autre, il sera possible de mettre des poids variables sur les données afin de tenir compte de ces erreurs. Il faudra donc minimiser la norme L2 des résidus pondérés:

Φd= ||D(d − f (m))||22 (5.16)

où D représente une matrice de poids associés aux données. Dans le cas de l’inversion de données de résistivité électrique, l’hypothèse de résidus gaussiens est posée ce qui justifie l’utilisation de la norme L2, mais d’autres normes pourraient être utilisées.

Comme dans la plupart des cas d’inversion géophysique, il y a plus de paramètres pour re- présenter le sol à l’étude qu’il n’y a de données, le problème est mal posé. Ajouter un terme de régularisation à la fonction à minimiser permettra de résoudre ce problème mal-posé. Le terme de régularisation, donné en 5.17, permettra aussi de limiter des forts contrastes dans les paramètres inversés.

Φm= ||C(m − m0)||22 (5.17)

où C représente une matrice de contrainte et m0 est le modèle initial suggéré. Un poids de régularisation, λ est aussi intégré à la fonction finale à minimiser:

Φ = Φd+ λΦm (5.18)

La minimisation de cette équation se fait par méthode de Gauss-Newton, ce qui permet d’obtenir l’équation 5.19 pour l’itération, k:

À partir de cette équation et du développement de d = f (m) + e en série de Taylor de premier ordre, il est possible de développer une approximation des paramètres estimés (équation 5.22).

D’abord l’inverse généralisé, J†, est défini:

J= (JTDTDJ + λCTC)−1JTDT (5.20)

Ainsi que la matrice de résolution, R

R = JDJ (5.21)

mest = Rmvrai+ (I − R)m0+ JDe (5.22)

À partir de l’équation 5.22, il est possible de définir la covariance d’estimation des paramètres, en notant que la covariance des vrais paramètres est nulle (Cov(mvrai) = 0) et que la covariance des résidus est égale à la covariance des données Cov(e) = Cov(d). De plus, dans l’implémentation de l’inversion des données électriques de l’intrusion d’eau saline, la matrice de poids, D est une matrice diagonale de l’inverse des écarts-types des données, soit, Cov(e) = Cov(d) = D−2

Cov(mest) = (I − R)Cov(m0)(I − R)T + JDCov(d)(JD)T (5.23)

La première partie de l’équation 5.23 concernant la covariance du modèle initial est habituelle- ment ignorée, puisque cette covariance n’est pas connue (Gunther, 2004).

Par ailleurs, l’inversion est ici effectuée sur le logarithme de la résistivité afin d’éviter des valeurs négatives. Dans ce cas, les données observées sont aussi transformées pour obtenir leur logarithme dans la procédure d’inversion.

Un autre paramètre à considérer lors de l’inversion est la valeur du poids de régularisation, λ. Ce poids de régularisation a été fixé à 0,1 pour la première itération et diminue de moitié pour les itérations subséquentes. Enfin, un maximum de 15 itérations ont été effectuées pour chaque

inversion. Les figures 5.7a,5.7b et 5.7c montrent que des itérations subséquentes n’apporteraient probablement que de très faibles améliorations.

0 2 4 6 8 10 12 14 16 Itération 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 RMS (a) Itération 0 2 4 6 8 10 12 14 16 RMS 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 (b) Itération 0 2 4 6 8 10 12 14 16 RMS 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 (c)

Figure 5.7 – RMS des données de l’inversion en fonction du nombre d’itérations pour l’inversion (a) après 14 heures (b) après 18 heures (c) après 22 heures

0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 -0.4 -0.2 0 500 1000 (a) 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 -0.4 -0.2 0 500 1000 (b) 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 -0.4 -0.2 0 500 1000 (c)

Figure 5.8 – Résultat de l’inversion (a) après 14 heures (b) après 18 heures (c) après 22 heures

Les figures 5.8a à 5.8c présentent les résultats de l’inversion des résistances mesurées en la- boratoire à différents pas de temps lors de l’expérience d’intrusion d’eau saline. Les résultats de l’inversion présentent des faibles résistivités aux faibles profondeurs à tous les pas de temps. Cette couche peu résistante peut aussi être observée sur les pseudo-sections à faible profondeur, en parti- culier sur les pseudo-sections représentant le protocole directe (figures 5.6b, 5.6d, 5.6f). Cette couche

est aussi présente sur le résultat de l’inversion des résistances mesurées avant le début de l’intrusion d’eau saline (figure 5.9).

Par ailleurs, ces artéfacts d’inversion horizontaux à faible profondeur peuvent aussi être observés sur les résultats de l’inversion sur un modèle synthétique d’intrusion d’eau saline (annexe D). Tou- tefois, les résistivités inversées ne sont pas aussi faibles en surface sur le modèle synthétique. Ainsi, ces très faibles résistances doivent être dues à un phénomène qui n’est pas pris en compte dans le modèle électrique. La présence de frontières imperméables dans la troisième dimension n’est pas prise en compte dans l’inversion et pourrait influencer les valeurs des résistances. Plus l’espacement entre les électrodes est grand, plus la mesure sera sensible à des variations de résistance éloignées des électrodes. Ainsi, les mesures prises avec des électrodes très espacés seraient plus influencées par ces frontières imperméables que les mesures prises avec des électrodes à faible espacement. De plus, des grilles métalliques séparent le bassin d’eau salée du bac de sable et pourraient aussi causer une couche de faible resistivité en surface. La présence de frontières imperméables dans la direc- tion perpendiculaire au plan du modèle électrique et de grilles métalliques couplée au protocole d’acquisition pourrait expliquer la présence de ces faibles résistivités en surface lorsque les mesures électriques sont inversées.

2.8 3 3.2 3.4 3.6 3.8 4 4.2 4.4 4.6 4.8 -2.5 -2 -1.5 -1 -0.5 0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 11000 (a) 3.2 3.4 3.6 3.8 4 4.2 4.4 4.6 4.8 5 -2.5 -2 -1.5 -1 -0.5 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 (b) 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 -0.4 -0.2 0 500 1000 (c)

Figure 5.9 – (a) Pseudo-section des résistivités apparentes mesurées avant le début de l’expérience (a) protocole directe (b) protocole inverse (c) résultat de l’inversion

De plus, comme des différences importantes ont été notées entre les résistivités apparentes me- surées et prédites par le modèle hydrogéologique calibré, il est probable que ces mêmes différences se retrouvent dans les résistivités inversées par rapport aux résistivités prédites à partir du modèle

hydrogéologique calibré. L’inversion des mesures de résistance nécessite le calcul d’un modèle élec- trique directe qui est, encore une fois, un modèle 2,5D qui ne tient donc pas compte des frontières de flux-nul dans la troisième dimension. Les figures 5.10a à 5.10c montrent les résistivités électriques calculées à partir des concentrations en sel du modèle de contamination calibré et de la loi d’Archie avec le facteur de formation défini en 5.13. Les résistivités sont environ 10 fois plus faibles que les résistivités calculées grâce à l’inversion des données mesurées. L’assimilation des résistivités inver- sées pour la mise à jour des paramètres hydrogéologiques devra tenir compte de cette différence de magnitude. 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 -0.4 -0.2 0 50 100 (a) 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 -0.4 -0.2 0 50 100 (b) 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 -0.4 -0.2 0 50 100 (c)

Figure 5.10 – Résistivités électriques prédites à partir du modèle calibré (a) après 14 heures (b) après 18 heures (c) après 22 heures