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1.3 Travaux connexes

2.1.1 Introduction

Suivant le contexte, la notion de norme prend diff´erentes significations. Nous pr´esentons ici la d´efinition retenue dans notre cas, puis les approches historiques qui ont conduit `a sa formalisation.

2.1.1.1 D´efinitions

Le concept de norme est utilis´e dans diff´erents domaines. Commun´ement, il r´epond aux d´efinitions suivantes8 :

1. Type concret ou formule abstraite de ce qui doit ˆetre, en tout ce qui admet un jugement de valeur : id´eal, r`egle, but, mod`ele suivant les cas.

8. Le Grand Robert de la Langue Fran¸caise, ´Edition 2007.

2. ´Etat habituel, ordinaire, r´egulier, conforme `a la majorit´e des cas.

3. Formule qui d´efinit un type d’objet, un produit, un proc´ed´e technique en vue de simplifier, de rendre plus efficace et plus rationnelle la production dans un secteur ´economique donn´e. 4. Ce qui dans la parole, le discours, correspond `a l’usage g´en´eral (sens objectif) ; usage d’une

langue valoris´e et consid´er´e comme pr´ef´erable (sens prescriptif).

5. Mani`ere de faire, de se comporter ou de penser, souvent majoritaire, socialement d´efinie et sanctionn´ee, selon un syst`eme de r´ef´erence implicite (id´eologie, valeur) ou explicite (r`egle, droit, loi).

6. Norme d’un vecteur, nombre r´eel correspondant `a sa mesure.

Dans notre cadre, la d´efinition adapt´ee est la d´efinition 5, qui correspond `a l’acceptation com- mun´ement utilis´ee dans le cadre des syst`emes multi-agents [Boella et al., 2007]. Celle-ci s’appuie sur le comportement au sens de « mani`ere de faire, de se comporter ou de penser ». Notons que nous consid´erons ce terme au sens large : la norme pourra concerner tout ´el´ement li´e `a l’expression finale du comportement, du bas niveau (la valeur d’un param`etre, comme « vitesse = 100 km/h ») au haut niveau (avec une s´emantique plus riche, comme « aller plutˆot vite »). Par ailleurs, le comportement que nous consid´erons n’est pas n´ecessairement majoritaire : cela permet de prendre en compte des comportements communs `a un nombre restreint d’individus que l’on souhaite pourtant int´egrer en tant que norme sociale. La norme doit ´egalement avoir une d´efinition sociale, les autres membres de la soci´et´e sont donc en mesure de la percevoir. Enfin, l’ob´eissance ou la d´esob´eissance `a la norme doivent ˆetre sanctionn´es, soit implicitement, soit explicitement, et la soci´et´e inclut donc des syst`emes de r´egulation r´ealisant cette fonction.

Notons finalement que deux sources de repr´esentations normatives sont g´en´eralement consi- d´er´ees : les premi`eres correspondent aux coutumes, les secondes `a la l´egislation, qui distinguent les normes sociales et les normes l´egales. La principale diff´erence entre ces deux groupes est la mani`ere dont les normes sont appliqu´ees : le respect des premi`eres n’est pas bas´e sur la punition, contrairement aux secondes [Conte et al., 1999b].

2.1.1.2 Approches historiques

La formalisation de la notion de norme trouve son origine dans diff´erents domaines, en parti- culier les sciences juridiques et les sciences sociales. Dans le cadre des sciences juridiques, les lois ont pour but principal de fournir des r`egles destin´ees `a restreindre ou coordonner le comporte- ment des humains : des agents autonomes. Ces r`egles, sous forme d’obligations, d’interdictions ou de permissions, peuvent ˆetre d´ecrites sous forme de normes.

Les premi`eres d´efinitions de la notion de norme remontent ainsi au d´ebut du vingti`eme si`ecle, lors de la formalisation des concepts juridiques [Hohfeld, 1913]. La d´emarche visait `a construire une th´eorie du droit, en particulier sur les aspects de jurisprudence. Dans les ann´ees cinquante apparaˆıt la logique d´eontique [von Wright, 1951] : son objectif est d’´etudier les relations lo- giques entre les obligations et les permissions. Elle peut donc ˆetre utilis´ee pour repr´esenter les normes et raisonner sur elles. Sur cette base, Kanger [Kanger, 1971], puis Lindhal [Lindhal, 1977], construisent la th´eorie des positions normatives, qui permet d’obtenir une sp´ecification compl`ete des relations juridiques existant entre deux personnes `a partir d’un ensemble incomplet de be- soins. Certains auteurs s’int´eressent par ailleurs aux processus d’adh´esion et de propagation des normes, et cherchent `a expliquer les m´ecanismes d’acceptation par les agents, c’est-`a-dire les ´el´ements qui les conduisent `a consid´erer la norme comme l´egitime [Raz, 1975].

Dans le contexte des sciences sociales, les normes sont utilis´ees pour expliquer les relations entre les membres de la communaut´e, ainsi que les comportements attendus dans la soci´et´e. Par exemple, Tuomela [Tuomela, 1995] distingue les r`egles et les normes sociales (r-norms et s-norms). Les r`egles sont bas´ees sur la notion d’autorit´e et sont associ´ees `a des sanctions, for- melles ou informelles. Les normes sociales concernent les conventions qui apparaissent au sein des communaut´es. D’autres types de normes permettent de d´ecrire des normes auxquelles les agents ob´eissent pour des raisons personnelles, comme les normes morales et les normes de prudence (m-norms et p-norms). Finalement, les agents ob´eissent `a ces diff´erents types de normes pour des raisons distinctes : les r`egles car elles sont accept´ees, les normes sociales parce que les autres attendent qu’on s’y conforme, les normes morales `a cause de la conscience individuelle, et les normes de prudence car c’est la chose rationnelle `a faire. En sociologie, la distinction entre un ordre normatif non-institutionnalis´e (les normes sociales, morales, personnelles dans la vie quo- tidienne) et les institutions est ainsi formalis´e dans les approches de recherche [Therborn, 2002]. L’utilisation des normes dans les contextes juridiques et sociaux a ainsi conduit `a des for- malisations des concepts dans le cadre de la logique. Ces travaux, ainsi que l’int´erˆet intrins`eque de la notion, ont conduit `a son extension dans d’autres domaines. L’un d’entre eux est celui des syst`emes multi-agents.