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CHAPITRE II : LA GESTION DES RISQUES PAR LES BANQUES MAROCAINES

I) INTRODUCTION A LA DEUXIEME PARTIE :

Considérée comme l'une des principales sources de richesses au Maroc après les mines et l'agriculture, la pêche se trouve dans le centre d'intérêt de toutes les politiques des gouvernements marocain depuis le protectorat à nos jours.

En effet, les besoins alimentaires sans cesse ascendants de la population, du fait évidemment de la poussée démographique145 font du Maroc un pays de grande tradition maritime ,et expliquent le caractère vital du secteur ,et des ressources halieutiques pour le peuple marocain, d' autant que les potentialités de la filière avec ces différentes branches ,offrent tant en amont qu'en aval des possibilités réelles de croissance et de développement, et partant elles militent pour une action efficace pour stimuler la consommation interne des produits de la mer, dont les indicateurs sont bien en deçà des normes internationales surtout pour un pays côtier comme le Maroc qui -faut-il le rappeler – est doté d'une façade maritime de presque 3000 Kms ,et qui est de loin la côte la plus étendue de la région ,le Gabon vient en deuxième position avec à peine 740Km.

Par conséquent le secteur de la pêche maritime doit constituer un vecteur de développement économique si toutes les potentialités sont exploitées.

L'activité des pêches maritimes pourrait ainsi, contribuer avec la transformation de certaines traditions culinaires, à l'alimentation d'un pays dont le taux d'évolution de la démographie est parmi les plus élevés, et qui fait appel à l'importation de plusieurs produits agro-alimentaires pour satisfaire une population dont la majorité vit en dessous du seuil de la pauvreté.

Elle pourrait aussi jouer un grand rôle dans le développement du secteur industriel qui promet un avenir certain.

Cependant, toutes ces données, contredisent malheureusement le classement modeste du Maroc sur la liste de la production du poisson.

La position géographique du Maroc renforcée depuis 1975, puis 1979 par la récupération du Sahara lui confère à première vue une importance maritime

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Le Maroc doit nourrir 600.000 bouches nouvelles chaque année .De même le recensement de la population annoncé pour 2014 confirmera que le Maroc compte plus de 40 millions d’habitants.

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indéniable .Car, à lui seul le Sahara offre des opportunités inouïes d'exploitation des richesses halieutiques contenues dans les zones marines adjacentes au littoral saharien. En effet, la configuration de la plateforme continentale de la façade marocaine sur l'atlantique constitue indiscutablement un facteur qui ne peut que favoriser le développement du secteur de la pêche maritime et ses différentes composantes.

Ajouter à cela un fait communément admis par l'ensemble des études et recherches se rapportant au sujet, c'est que la partie la plus septentrionale du Détroit de Gibraltar à Lagwira est considérée comme l'une des régions marines les plus poissonneuses du monde. Néanmoins, cet avantage géographique n'a de sens que si l'on intègre le paramétré économique, vue l'imbrication qui existe entre les deux paramètres économique et géographique.

Ainsi, fort de sa position géographique, de la longueur de ses côtes, d'un environnement hydrologique favorable à la prolifération des espèces halieutiques aussi bien sur le littoral atlantique, que sur la côte méditerranéenne, le Maroc peut se réjouir du niveau des potentialités halieutiques contenues dans ses mers. L'importance de ces richesses, a été prouvée par beaucoup d'études quantitatives et qualitatives des stocks de poissons notamment par des experts de la FAO, et dans le cadre des accords de coopération bilatérale ou régionale.

Conscients des enjeux économiques, sociaux, et politiques que représente aujourd'hui la pêche pour le Maroc les pouvoirs publics, ont entrepris un certain nombre d'actions qui viennent compléter les plans d'actions mis en œuvre depuis plusieurs décennies ,et dont les principaux apports étaient l'enrichissement et le renforcement de l'arsenal juridique à l'instar des autres pays de la région ,mais qui demeure malgré tout de moins en moins adapté ,l'instauration d'une zone économique de 200milles ,et la création depuis 1981 d'un département ministériel spécialisé baptisé "Ministère de la pêche et de la marine marchande", dont l'action n'est pas allée jusqu'à éviter aux professionnels du secteurs la multiplication des administrations intervenantes.

Les efforts entrepris par les différents intervenants, ont toujours souffert pour ainsi dire d'une improvisation continue notamment à tous les niveaux. Les actions entreprises par l'Etat n'ont malheureusement pas permis de proposer et mettre en

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œuvre des solutions entre autres aux problèmes de financement, afin d'assurer une performance à une flottille jugée trop archaïque pour accompagner les nécessités du secteur. Le vieillissement des bateaux dont la moyenne d'âge ne cesse d'augmenter provoqué par un gel des investissements dans le secteur en raison de la difficulté d'accéder au financement bancaire constitue le principal handicap pour l'épanouissement de cette filière.

Avec le déplacement continue des stocks cibles vers des zones de plus en plus éloignées des ports d'attache des navires ,le problème s'aggrave encore plus à cause du manque de performances techniques dont souffre la quasi-totalité de la flottille plus particulièrement industrielle ,ce qui explique dans une certaine mesure les limites d'un outil de production en perte de vitesse par rapport aux différents objectifs qui lui sont assignés.

Cette situation interpelle normalement à plus d'un titre les banques nationales aux quelles la mission d'intérêt général impose une contribution efficace dans le développement du secteur.

Les autorités du protectorat avaient pensé dès 1920 à instituer le crédit maritime qui était destiné au départ à financer les conserveurs français qui pratiquaient la pêche dans les eaux territoriales marocaines .Le Dahir du 20 AOUT 1930 institue le crédit maritime octroyé à l'époque par la Caisse des Prêts Immobiliers du Maroc (C.P.I.M) .ancêtre de l'actuel Crédit Immobilier et Hôtelier (C.I.H) ,Ce Dahir donne possibilité à la C.P.I.M de consentir au profit des armateurs des navires battant pavillon marocain des prêts hypothécaires d'une durée maximale de 10 ans ,destinés à financer un programme d'investissement portant sur la construction à neuf ou le renouvellement des équipements d'un bateau ancien.

Pour encourager les banques à intervenir efficacement dans le secteur tous les plans quinquennaux depuis l'indépendance ainsi que toutes les politiques économiques du pays et tous les codes d'investissement ont prévu des encouragements pour le financement du secteur.

Les apports essentiels de ces mesures étaient principalement l'institution de ristournes sur les intérêts sur les prêts consentis au secteur, la possibilité de réescompter les titres de créances représentant ces crédits auprès de la Banque

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centrale, et enfin la garantie apportée par l'Etat via la Caisse Centrale de Garantie sur une partie des prêts consentis par les banques marocaines aux investisseurs dans le secteur de la pêche.

Cependant, malgré les incitations énumérées ci-dessus, le secteur maritime a toujours souffert d'un sous-entendu rejet par les banques marocaines qui ont souvent affiché une méfiance vis à vis de l’activité de pêche. Car ,mis à part le crédit agricole et la banque nationale de développement économique B.N.D.E à qui l'Etat avait imposé à un certain moment l'intervention dans la filière ,seule la banque populaire avait conformément à sa politique d'intervention en faveur des petits et moyens projets ,manifesté son intérêt pour la financement des unités de pêche dont le tonnage de jauge brute varie entre 50 et 200 tonneaux146. L'anarchie qui caractérise le secteur conjugué à la multitude des intervenants n’a pas manqué d'avoir son impact négatif sur les banques qui ont accepté de s'engager dans cette aventure. En effet ,s'agissant d'un secteur qui demeure très particulier aussi bien au niveau de son organisation interne ,qu'au niveau de la culture et la mentalité des gens de la mer ,ainsi qu'en ce qui concerne les pratiques et habitudes de gestion ,les banques devraient élaborer des offres spécifiques adaptées au lieu et place d'un traitement presque standard qui a eu pour conséquence logique la détérioration de la relation du système bancaire avec une branche importante de l’économie , et partant la quasi exclusion de cette dernière des plans des banques marocaines en dépit des encouragements et des incitations de l'Etat.

Dans un premier chapitre nous allons procéder dans une section 1 par présenter la structuration du secteur, les différents acteurs qui le composent ainsi que ces besoins théoriques en termes de financement. La section 2 de ce même premier chapitre sera consacrée aux liens de la profession avec les banques, à travers l’analyse de l’offre bancaire actuelle et ses limites, ainsi que la présentation de notre enquête sur le terrain et les résultats du dépouillement des réponses aux questionnaires utilisé à cet effet.

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Le deuxième chapitre de cette seconde partie s'intéressera dans une première section à l'évaluation et l'appréciation de la dynamique des différents intervenants avant d’analyser les stratégies mises en place pour le développement du secteur. Une deuxième section va nous permettre de faire une proposition sous forme d’un certain nombre de recommandations pouvant servir de base à un projet d’offre bancaire dédiée aux professionnels de la filière.

CHAPITRE I. Structuration du secteur, ses besoins financiers,

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