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Le Niger a ratifié un ensemble d’instruments juridiques internationaux qui servent de cadre de référence pour la réalisation des droits de l’enfant et de la femme. Il s’agit de la Convention relative aux Droits de l’enfant (CDE) en 1990, de la Charte Africaine pour le Bien Etre des Enfants (CABDE), du protocole additionnel relatif au trafic d’enfants, à la prostitution et à la pornographie impliquant les enfants ; des conventions 138 et 182 de l’Organisation Internationale du Travail relatives respectivement à l’âge minimum d’admission au travail et aux pires formes de travail des enfants ; de la Convention sur l’Elimination de toutes formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF) en 1999 et de la Convention relative aux Droits des personnes handicapées en 2008. Les engagements ainsi pris par le Niger se sont traduits par la mobilisation du Gouvernement, des partenaires techniques et financiers et des organisations de la Société Civile en faveur de la création d’un environnement social, légal, politique et budgétaire favorable à une meilleure réalisation des droits de l’enfant et de la femme.

Le rapport de suivi de la mise en œuvre de la Convention sur les Droits de l’Enfant (CDE) présenté par le Niger à la cinquante unième session de l’Assemblée Générale des Nations Unies tenue en 2009, témoigne des progrès réalisés dans ce domaine. Il met également en évidence les défis à relever notamment en ce qui concerne : (i) l’adoption et la mise en application des textes juridiques relatifs aux droits de l’enfant ; (ii) la levée des réserves exprimées par le Niger sur la CEDEF qui « privent plusieurs dispositions de la CEDEF de leur substance et constituent un obstacle à la promotion de l’égalité des sexes dans tous les domaines » ; (iii) l’accroissement des allocations budgétaires et l’adoption de mesures sociales positives au profit des familles et des enfants économiquement défavorisés pour réduire plus efficacement les disparités ; (iv) la lutte contre le mariage précoce et les pratiques préjudiciables aux enfants.

La crise financière et énergétique mondiale et les situations d’urgence récurrentes dues à la crise alimentaire et nutritionnelle au Niger et aux conflits sociopolitiques dans les pays de la sous-région (Lybie, Mali, Nigéria, Côte d’Ivoire) ont sans doute affecté la capacité des porteurs d’obligation à assurer le respect des droits de l’enfant et de la femme. Cette situation a engendré des ajustements tant au niveau des ménages qu’au niveau des politiques et programmes pour juguler les effets de la crise sur les conditions de vie des populations. Au sein des ménages pauvres et vulnérables, les enfants sont souvent au cœur des stratégies de survie qui les exposent à diverses formes de privations de nature à favoriser le non-respect de leurs droits et la transmission intergénérationnelle de la pauvreté. Au niveau politique, on note la formulation du nouveau cadre stratégique d’intervention du Gouvernement et la réorientation stratégique des interventions de l’UNICEF en faveur de la promotion de l’équité pour l’accélération des progrès vers l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement et la réduction des inégalités.

Par ailleurs, de nouveaux programmes et politiques susceptibles d’influencer la réalisation des droits de l’enfant et de la femme ont été nouvellement élaborés dans les domaines de la protection sociale, de la nutrition, de la santé, de la survie de l’enfant, de l’approvisionnement en eau potable et de l’assainissement, de l’éducation et de la protection de l’enfant ainsi que de la jeunesse.

C’est pour apporter un éclairage nouveau sur les tendances récentes et les disparités en matière de réalisation des droits de l’enfant et de la femme ainsi que les logiques qui les sous-tendent que la présente mise à jour de l’analyse de la situation réalisée en 2008 a été initiée au Niger. Cet exercice s’impose du fait des changements importants notés aussi bien en ce qui concerne les problèmes auxquels les populations sont confrontées que les orientations stratégiques des interventions du Gouvernement et de l’UNICEF.

1.1. Objectif général et objectifs spécifiques

L’objectif principal de l’ANSITEF est de contribuer au renforcement des capacités en matière de programmation basée sur l’équité et les droits humains et à l’amélioration des connaissances sur les progrès réalisés, les défis à relever et les disparités en matière de réalisation des droits de l’enfant et de la femme. Les résultats de cette analyse de la situation seront utilisés pour informer et guider la formulation

des politiques, la programmation, le plaidoyer, la communication, le suivi, la recherche et l’évaluation (UNICEF, 2011). Les objectifs spécifiques de cette étude sont :

• Améliorer les connaissances sur les tendances récentes et les disparités en matière de réalisation des droits de l’enfant ;

• Analyser les causes de ces disparités en mettant un accent particulier sur les goulots d’étranglement limitant l’accès des femmes et des enfants, particulièrement les plus défavorisés, aux services sociaux de base de qualité essentiels pour la réalisation de leurs droits;

• Analyser la pertinence des réponses apportées à travers les politiques et programmes, les budgets et les lois au regard des défis auxquels le Niger est confronté en matière de réalisation des droits de l’enfant et de la femme et de réduction des inégalités ;

• Analyser les facteurs de vulnérabilité et leurs conséquences sur la situation des enfants et des femmes ainsi que la résilience des communautés ;

• Dégager des perspectives pour l’amélioration de l’accès des enfants et des femmes, particulièrement les plus défavorisés aux services sociaux de base de qualité.

Le présent Rapport d’analyse de la situation de l’enfant et de la femme s’articule autour de cinq principaux chapitres :

Le chapitre introductif qui présente la justification, les objectifs et la méthodologie.

Le deuxième chapitre qui aborde brièvement les éléments de profil géographique, climatique, démographique, socioculturel, socioéconomique et politique du pays.

Le troisième chapitre analyse les tendances récentes et les disparités en matière des droits de l’enfant et de la femme. Un effort y est déployé pour mettre en évidence et expliquer la situation des enfants et femmes les plus défavorisés et analyser les goulots d’étranglement au niveau du contexte, de l’offre de services de qualité et de la demande.

Le quatrième chapitre analyse la vulnérabilité des enfants et des femmes et apprécie la résilience des communautés.

Le cinquième chapitre présente les conclusions et recommandations.

1.2 Méthodologie

1.2.1 Approches méthodologiques

La mise à jour de l’analyse de la situation des enfants et des femmes consiste à apprécier la situation de l’enfant et de la femme suivant une approche basée sur l’équité et les droits humains. L’importance accordée à l’équité dans le cadre de ce processus tient au fait qu’en dépit des progrès enregistrés en matière de réalisation des droits à la survie, à l’éducation, à la protection, à l’information et à la participation, les inégalités sociales demeurent encore persistantes. Or, l’accélération des progrès vers l’atteinte des OMD et un meilleur respect des engagements pris par les Gouvernements en faveur de la réalisation des droits de l’enfant et de la femme dans le cadre de la CDE et de la CEDEF passent par l’amélioration de la prise en charge des plus vulnérables. La promotion de l’équité apparaît ainsi non seulement comme une exigence morale mais aussi un impératif stratégique et opérationnel pour atteindre les populations les plus défavorisées (UNICEF, 2011).

L’approche basée sur l’équité met un accent particulier sur l’analyse de l’ampleur et des tendances des disparités en matière de réalisation des droits et la compréhension des causes associées à celles-ci. Elle repose sur l’identification et l’analyse des causes des disparités et des principaux goulots d’étranglement à l’accès des populations notamment les plus défavorisés aux services sociaux de base de qualité relatifs : (i) au contexte politique, légal, budgétaire et social ; (ii) à l’offre de services de qualité et (iii) à la demande. Elle analyse également la prise en compte des plus défavorisés dans les politiques, les législations et les budgets. Les résultats découlant de cette analyse sont utilisés pour proposer des pistes

d’actions en vue d’améliorer l’accès des femmes et des enfants, particulièrement les plus défavorisés, aux services sociaux de base de qualité.

Dans le cadre de la mise à jour de l’analyse de la situation de l’enfant et de la femme au Niger une attention particulière est accordée aux différentes formes de disparités, selon le genre, entre les milieux urbain et rural, les pauvres et les non-pauvres, les régions, les personnes instruites et non instruites, les nomades et les sédentaires, les populations résidant dans les localités vulnérables à l’insécurité alimentaire et les autres populations. Le cadre de référence pour l’analyse des goulots d’étranglement relatifs au contexte, à l’offre et à la demande des services particulièrement pour les plus défavorisés se présente comme suit :

Graphique 1 : Cadre de référence pour l’analyse des goulots d’étranglement à l’utilisation des services par les plus défavorisés

Source : UNICEF, 2011, « Comment concevoir et gérer des évaluations basées sur l’équité »

L’approche fondée sur les droits humains vise la réalisation des droits de tous, surtout des groupes les plus défavorisés. Elle permet d’identifier et d’apporter des réponses appropriées aux causes structurelles des problèmes. C’est une approche intégrale du développement qui met l’accent aussi bien sur le processus (pour assurer l’implication de toutes les parties concernées) que sur les résultats. Cette approche articule l’analyse des conditions de vie des populations autour des normes contenues dans les instruments internationaux relatifs aux droits humains. Elle classe les parties prenantes en deux catégories : les détenteurs de droits et les porteurs d’obligations. Dans le cadre de la mise en œuvre de la CDE et de la CEDEF, les détenteurs des droits sont les enfants et les femmes et les porteurs d’obligations les parents/gardiens d’enfants ; les familles/ménages ; les communautés ; les prestataires de services ; les collectivités locales ; le Gouvernement central et ses départements ministériels ; le parlement ; la société civile ainsi que les partenaires au développement. L’analyse de la situation des enfants et des femmes

Graphique 2 : Cadre conceptuel pour l’analyse de la situation des enfants et des femmes selon une approche basée sur les droits humains et l’équité

Source: “Guidance on Conducting a Situation Analysis of Children’s and Women’s Rights” P. 13 Manifestation des disparités

Etat nutritionnel Situation en matière d’éducation Situation cognitive et émotionnelle

Situation en matière de santé

Situation en matière de protection

Causes immédiates

Accès à l’eau, à l’énergie, et aux aliments

Utilisation des services

Croyances attitudes et pratiques

Prestation des soins, éducation et Aptitudes et compétences

Causes sous-jacentes

Disponibilité, répartition, qualité, cout des services

Accès aux services sociaux de base

Espace politique Rémunération des

prestataires des soins Risques naturels ou

provoqués par l’homme Causes structurelles

Contrôle et répartition des ressources productives et

Normes sociales Répartition des pouvoirs

Environnement

Organisation sociale

Législation, politiques et budgets Environnement international

A n a ly se d e s o b st a cl e s, d e s g o u lo ts d ’é tr a n g le m e n t, d e s vu ln é ra b il it é s e t d u g e n re A n a ly se d e s ca p a ci té s d e s p o rt e u rs d ’o b li g a ti o n s

Situation en matière de participation

La mise à jour de l’ANSITEF 2008 se fonde sur : (i) l’analyse secondaire des données issues d’enquêtes récentes (ECVMA, Enquête sur la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire, SMART, Enquête sur les PFE et les filets sociaux, EDSN-MICS) ; (ii) la revue documentaire des rapports nationaux de suivi de la mise en œuvre de la CDE et de la CEDEF, des rapports d’études et de recherches récentes sur les questions relatives aux droits de l’enfant et de la femme et (iii) la collecte et l’analyse de données qualitatives complémentaires ayant permis d’appréhender les disparités et les obstacles à l’utilisation des services sociaux de base de qualité ainsi que les causes y relatives.

Le processus de mise à jour de l’analyse de la situation est sous-tendue par une démarche participative ayant donné l’opportunité d’assurer la participation des porteurs d’obligations engagés à différents niveaux dans la réalisation des droits de l’enfant et de la femme (Gouvernement, ONG, partenaires au développement, services techniques déconcentrés, organisations communautaires de base...) ainsi que des titulaires de droits y compris les plus défavorisés. A cet effet, un comité de pilotage intersectoriel présidé par le Ministère en charge du Plan a été mis en place. Une attention particulière a été accordée à la participation des jeunes à l’analyse de leurs droits et aux disparités y relatives.

L’étude s’est heurtée à quelques contraintes dont la plupart ont été surmontées au cours du processus. Il s’agit principalement : (i) du retard dans la mise à disposition des résultats de l’enquête EDSN-MICS 2012 ; (ii) de la faible disponibilité de données désagrégées actualisées sur les groupes les plus défavorisés et (iii) du manque d’harmonisation de certaines données quantitatives.