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Les interventions focalisées sont généralement plus limitées dans le temps que les programmes et sont réalisées par séances ou séquences régulières. Elles peuvent être employées de manière ponctuelle pour améliorer un comportement ou une compétence particulière car elles sont, dans certains cas, "focalisées" sur un des domaines déficitaires dans l'autisme (communication, socialisation, sensorialité, etc.). Elles peuvent également intervenir dans le cadre d'un programme plus global.

a) Interventions focalisées sur le langage et la communication

On considère actuellement que le domaine déficitaire noyau de l'autisme est la communication, verbale ou non-verbale. Les capacités de communication ont une influence importante sur les relations sociales, les comportements ainsi que sur les apprentissages. La rééducation orthophonique cible principalement ces difficultés de communication. Une prise en charge orthophonique classique, adaptée au profil de l'enfant porteur d'autisme, est possible. D'autres techniques ayant les mêmes objectifs sont décrites. Nous évoquerons ici la Communication Améliorée et Alternative ainsi que la méthode Tomatis, qui fait l'objet de polémiques négatives.

Ɣ Communication Améliorée et Alternative (CAA)

Lorsque le langage oral ne se développe pas, il est indispensable de permettre à l'enfant de communiquer, afin d'exprimer ses besoins, ses choix et de pouvoir agir sur son environnement. La Communication Améliorée et Alternative permet la redondance du message en superposant plusieurs canaux : le gestuel, le symbolique, et/ou l'écrit. L'enfant peut donc choisir le moyen le plus adapté à ses capacités pour comprendre et s'exprimer. Le terme "alternative" signifie que la solution proposée se substitue au langage oral, alors que le terme "améliorée " indique que la solution est utilisée en plus du langage verbal pour en augmenter l'efficacité.

- Le système de communication par échange d'image (PECS) :

Le PECS est une méthode systématique qui comprend 6 phases d'acquisitions. Selon Chapelle (2005), "plus qu'une méthode, il s'agit en fait d'un véritable programme progressif de communication".[Baghdadli, 7] Il compense l'absence de langage fonctionnel et permet à l'enfant de s'exprimer a minima. L'enfant doit apprendre à initier une interaction, en particulier ici des échanges d'images. On lui enseigne donc à choisir une image (représentant une activité, personne ou objet désiré) et à la présenter au partenaire de communication pour obtenir le résultat souhaité. L'utilisation d'images permet la réception et la compréhension d'un message stable. Un classeur de communication, facilement transportable, permet de généraliser les acquis dans tous les lieux de vie de l'enfant.

- Le langage gestuel (Langue des Signes Française : LSF) :

La communication par la langue des signes passe par le canal visuo-gestuel. D'après Baghdadli (2004), certains prérequis sont nécessaires pour mettre en place ce système : les capacités d'imitation motrice, de planification motrice, de contact visuel et de motricité fine. La communication n'est possible qu'avec des personnes pratiquant cette

communication alternative.

- Le MAKATON :

Le programme MAKATON a été initialement développé pour les enfants sourds et les enfants avec troubles du développement du langage, puis a été adapté aux enfants porteurs d'autisme. Un vocabulaire restreint est enseigné grâce à des signes et des symboles

graphiques étayés par le langage oral. Tous les canaux sont combinés en utilisant la parole, les signes (LSF) et les pictogrammes.

b) Interventions focalisées sur la socialisation

Elles tendent à améliorer les difficultés relationnelles et à développer les prérequis nécessaires aux relations réciproques, tels que l'attention conjointe, la Théorie de l'esprit ou les jeux.

Ɣ Floor time

Le terme "floor time" signifie littéralement "le temps passé au sol" (avec l'enfant). Cette approche développementale a été mise au point par le docteur Stanley Greenspan. Il part du principe que l'intelligence est structurée par l'expérience affective et que les émotions jouent un rôle central dans l'apprentissage de nos facultés intellectuelles. Cette approche passe par le jeu et a pour objectif d'ouvrir l'intérêt de l'enfant pour le monde extérieur en stimulant ses capacités d'échange social et de régulation émotionnelle. Elle recherche également l'augmentation de ses habiletés symboliques et imaginatives. L'enfant initie l'action et l'adulte s'adapte à lui, en apportant à l'activité un objectif de travail

(attention, imitation, attention conjointe, tolérance à la frustration, etc.). Toute personne adulte peut engager des séances de "floor time" avec l'enfant. Ces séances durent 20 à 30 minutes et doivent être multipliées 6 à 10 fois par jour. Cette approche est un outil thérapeutique, utilisé avec les jeunes enfants. Selon Greenspan et Wieder (1997), cette intervention se différencie de la thérapie par le jeu par la plus grande liberté laissée à l'enfant d'initier lui-même le jeu.

Ɣ Histoires sociales et scenarii sociaux

Afin de favoriser la compréhension des situations sociales et l'adaptation sociale, Carole Gray, en 1991, propose l'utilisation d'histoires sociales pour des enfants présentant des troubles du spectre autistique. Il s'agit de soumettre à l'enfant ou adolescent des "prototypes" de situations sociales. Les déficits de la Théorie de l'esprit (habiletés à comprendre les perceptions d'autrui) y sont travaillés. Le but est de comprendre les situations sociales et "d'apprendre" comment réagir et se comporter en société. La présentation de ces histoires peut être multiple : textes, histoires courtes avec ou sans indices imagés, ou même vidéos. Des groupes de parole autour de vidéos sont aujourd'hui mis en place.

c) Interventions focalisées sur la sensori-motricité

Comme nous l'avons déjà évoqué, les enfants avec autisme présentent des réactions atypiques aux stimuli visuels, auditifs et tactiles. Ces troubles de la perception sensorielle entrainent fréquemment une motricité perturbée, et cette perturbation peut être majorée par la survenue de comportements stéréotypés.

Ɣ Thérapie de l'intégration sensorielle

La thérapie de l'intégration sensorielle se base sur les théories de Ayres (1979) qui présument une relation entre les expériences sensorielles et les performances

comportementales et motrices. L'intégration sensorielle est définie comme "la capacité à organiser les sensations reçues par le mouvement du corps pour utiliser correctement son corps dans l'environnement". [Baghdadli, 7] Créée initialement pour des personnes présentant des troubles neurologiques, cette thérapie a pour but d'améliorer les processus sensoriels, c'est-à-dire d'entrainer chez l'enfant une réponse adaptée et fonctionnelle aux stimulations sensorielles. L'enfant est donc exposé à divers stimuli : ballon, trampolines, brosses, parfums, lumières de différentes couleurs, etc.

Ɣ Ergothérapie

L'ergothérapeute accompagne les personnes présentant un dysfonctionnement physique, psychique et/ou social. Les enfants avec autisme peuvent être pris en charge en ergothérapie en vue de développer leurs capacités praxiques (organisation et séquençage du geste) et stimuler leurs capacités de motricité fine. L'autonomie est vivement recherchée. Il existe une prise en charge spécifique des personnes avec autisme en ergothérapie. Cette technique découle de l’intégration sensorielle et du renforcement positif. L'ergothérapeute propose à l'enfant des stimulations tactiles, vestibulaires et kinesthésiques. Il peut aussi lui permettre la réalisation d'objet, ce qui valorise et procure satisfaction à l'enfant.

L'ergothérapeute a également pour mission d'adapter les supports en classe et de développer, en collaboration avec les orthophonistes, les supports de communication.

Ɣ Pressions corporelles

Selon Temple Grandin, une adulte atteinte de troubles autistiques, les pressions corporelles permettent de diminuer l'anxiété et l'hyperactivité de certaines personnes avec autisme. Elle a donc créé une "machine à serrer", dont elle avait besoin pour "calmer un système nerveux en état d'hyperéveil". [Grandin, 25] Pour elle, cette machine, par pressions corporelles, aide à surmonter un système de défense tactile et permettrait de "s'ouvrir peu à peu à leur affection".

d) Interventions focalisées sur les comportements problèmes

Certains comportements liés à la pathologie autistique mettent en péril la qualité de l'intégration de la personne et peuvent la mettre en danger (comportements d'automutilation ou de violence). Afin d'y remédier, un programme de soutien au comportement positif peut être mis en place. La diminution de ces comportements se fait principalement en modifiant le contexte d'apparition. Les raisons sous-jacentes aux problèmes de comportement sont également recherchées, dans le but d'enseigner à la personne le bon comportement à adopter. Il s'agit donc de modifier les conditions environnementales, faire acquérir de nouvelles compétences à l'enfant, notamment le développement de la communication fonctionnelle, d'augmenter le renforcement positif, etc.

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