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Clare et Woods (2008) définissent les interventions cognitives selon trois types d’approches. D’abord, la stimulation cognitive est une intervention non-spécifique, administrée en petits groupes de personnes âgées saines, souffrant de trouble cognitif léger (TCL) ou de démence, visant l’amélioration du fonctionnement cognitif et social en général. La stimulation cognitive prend souvent la forme d’activités et de discussions. Ensuite, la réadaptation cognitive s’adresse aux individus ayant un déficit cognitif suite à une lésion, une maladie ou une démence. Il s’agit d’une approche qui met l’emphase sur l’amélioration d’une ou plusieurs activités de la vie quotidienne, en utilisant pour ce faire des techniques cognitives développées et validées en laboratoire. La réadaptation cognitive est administrée individuellement, car adaptée aux besoins de chaque individu en permettant de cibler les difficultés considérées comme importantes par la personne et ses proches. Finalement, l’entraînement cognitif regroupe les interventions ayant pour but la pratique répétée de tâches standardisées qui ciblent spécifiquement une fonction cognitive (e.g. mémoire, attention, résolution de problèmes). De même, l’enseignement de certaines techniques cognitives visant à améliorer la performance fait partie des interventions de type entraînement cognitif. Ce type d’intervention a pour but l’amélioration ou le maintien d’une fonction cognitive chez les personnes âgées saines ou présentant un TCL. Ainsi, le niveau de difficulté de la tâche est déterminé selon la performance de l’individu et est modifié en réponse aux changements dans la performance de l’individu.

Ces définitions seront celles utilisées dans le cadre du présent mémoire doctoral. Il est important de souligner que les termes sont souvent utilisés de façon interchangeable dans la littérature et que certains auteurs utilisent d’autres termes afin de définir ces interventions.

Le choix d’utiliser l’une ou l’autre des approches d’interventions cognitives dépend de l’objectif de l’intervention cognitive et du profil cognitif des individus concernés. Ainsi, la stimulation cognitive et l’entraînement cognitif sont les deux approches qui peuvent s’appliquer aux personnes âgées saines. Dans leur méta-analyse, Kelly et ses collaborateurs (2014) ont démontré que l’entraînement cognitif a permis d’améliorer la performance des personnes âgées saines sur la fonction cognitive visée par l’intervention lorsque comparées à des groupes contrôles actifs et passifs. Toutefois, bien que leur objectif était d’évaluer l’efficacité de l’entraînement cognitif en général, la majorité des études avaient pour but l’amélioration de la mémoire épisodique et cette

observation a été soulevée auparavant par d’autres auteurs (Martin, Clare, Altgassen, Cameron, et Zehnder, 2011; Tardif et Simard, 2011). Or, l’entraînement cognitif peut permettre d’améliorer d’autres fonctions cognitives que la mémoire épisodique, comme l’attention, la MdT, les FE et la vitesse du traitement de l’information (Kelly et al., 2014). Étant donné le déclin de la MdT dans le vieillissement, certains auteurs se sont intéressés à l’efficacité de l’entraînement de la MdT chez les personnes âgées saines.

Dans une autre méta-analyse, Karbach et Verhaeghen (2014) ont recensé 49 articles rapportant 61 études d’entraînement de la MdT et des FE chez des personnes âgées saines et de jeunes adultes. Leurs objectifs étaient de vérifier quantitativement l’efficacité de l’entraînement de la MdT et des FE chez des personnes âgées saines ainsi que d’examiner les possibles différences entre les personnes âgées et les jeunes adultes. Les auteurs concluent que l’entraînement de la MdT et des FE ont permis d’améliorer la performance des participants âgés de façon significative sur les tâches entraînées, mais aussi sur des tâches mesurant le même construit cognitif (Karbach et Verhaeghen, 2014). De façon moins importante, l’entraînement cognitif a aussi permis d’améliorer la performance sur des tâches ne mesurant pas le même construit, par exemple sur des tâches de raisonnement. Les auteurs n’ont pas démontré d’effets significatifs de l’âge sur les gains de l’entraînement cognitif (Karbach et Verhaeghen, 2014). Bien que les auteurs formulent des conclusions à propos de l’entraînement de la MdT et des FE, la majorité des études incluses portaient sur l’entraînement des FE (k=48 contre k=13 pour la MdT). De plus, comme les techniques d’entraînement cognitif n’ont pas été détaillées dans la méta-analyse de Karbach et Verhaeghen (2014), leurs conclusions à propos de l’efficacité de l’entraînement de la MdT précisément peuvent être remises en question. Aussi, les auteurs concluent qu’il y a un transfert des bénéfices de l’entraînement cognitif sur des tâches non-entraînées mesurant le même construit et même sur des

étant donné que Karbach et Verheaghen (2014) n’ont pas ajusté pour les différences au pré-test et ne distinguaient pas entre les groupes contrôles actifs ou passifs. Conséquemment, leurs résultats peuvent avoir surestimé les effets de l’entraînement cognitif et surtout le transfert des bénéfices sur des tâches non-entraînées et mesurant un autre construit. D’ailleurs, en reproduisant la même méta- analyse, mais en corrigeant pour ces biais, Melby-Lervåg et Hulme (2015) ont démontré que l’entraînement de la MdT ne permet pas cette généralisation des bénéfices de l’entraînement de la MdT et des FE.

Dans une méta-analyse récente, Soveri et ses collaborateurs (2017) se sont intéressés à l’entraînement de la MdT par le biais de la tâche de n-back chez des adultes en santé. Ils ont démontré des tailles d’effet modérées sur une tâche de n-back non entraînée et de très petites tailles d’effet sur d’autres mesures de la MdT. Les auteurs concluent donc que le seul transfert notable de l’entraînement est celui à d’autres tâches de n-back et que les méta-analyses et revues systématiques antérieures ont surestimé les effets de transfert de l’entraînement de la MdT (Soveri et al., 2017). D’autres auteurs ont publié des recensions des écrits sur l’entraînement de la MdT chez les adultes dans les dernières années (Au et al., 2015; Melby-Lervåg et Hulme, 2013; Morrison et Chein, 2011; Netto et al., 2010; Shipstead, Redick, et Engle, 2012; Weicker, Villringer, et Thöne-Otto, 2016). Cependant, comme les études incluses pouvaient comprendre des échantillons d’adultes de tout âge, ou d’enfants, avec des atteintes cognitives ou non, et que les techniques d’entraînement ne visaient pas seulement les composantes de la MdT, il est plus difficile de tirer des conclusions sur l’efficacité des techniques d’entraînement de la MdT chez les personnes âgées saines.

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