Goff (1996) interprète l'H.T.I. comme le produit de l'altération des olivines à plus de
1075°, intervenue avant la mise en place de la coulée (dans la cheminée d'alimentation ou
dans la chambre magmatique elle-même), sous des conditions de fugacité d'oxygène
temporairement élevées (tampon magnétite-hématite); la susaturation du magma en volatiles
serait alors due à l'injection précoce d'eau météorique.
L'observation de grands microcristaux d'olivine affectés par l'H.T.I. conduit Caroff et
al. (2000) à penser, au contraire, que les conditions de fugacité d'oxygène élevées peuvent
perdurer après l'éruption et que l'H.T.I. peut continuer à se former après la mise en place de la
coulée de lave. Les auteurs suggèrent que l'eau à l'origine des conditions de fugacité
d'oxygène élevées peut avoir une origine juvénile, à condition d'envisager une remontée
rapide du magma dans la cheminée volcanique. Ce fait permet en effet à la lave de se mettre
en place en surface sans s'être significativement dégazée, donc sous des conditions de
sursaturation en volatiles à pression atmosphérique.
L'étude de la répartition du fer et du magnésium dans les cristaux d'olivine a permis à
Caroff et al. (2000) de montrer que l'H.T.I. (dans le cas étudié: Fo
62) est en équilibre avec le
liquide (de composition intermédiaire) qui constitue les lits de ségrégation. Ce fait démontre
le caractère synchrone des deux évènements, formation de l'H.T.I. et migration du liquide
résiduel pour former les structures de ségrégation. L'intense vésiculation secondaire entraîne
un retour à des conditions de fugacité d'oxygène normales (en dessous du tampon FMQ: Goff
1996) et marque du même coup l'arrêt de l'iddingsitisation primaire de l'olivine (formation des
surcroissances fraîches).
B – Les différents types d'H.T.I. observés à Maupiti
La présence d'H.T.I. a été notée dans les deux intrusions gabbroïques de l'île de
Maupiti. L'étude de détail (nos descriptions utilisant la nomenclature de la Fig. V.2) montre
que l'H.T.I. de Maupiti possède plusieurs caractères originaux par rapport aux cas dont les
descriptions ont été publiées:
- A notre connaissance, il s'agit de la première description de l'H.T.I. au sein
d'intrusions. Les observations publiées font toutes mention d'H.T.I. dans des coulées
d'épaisseurs variées.
- Nos observations de terrain montrent que l'H.T.I. ne semble, dans le cas de l'intrusion
de la Barque de Hiro), associée à aucune structure de ségrégation (cylindres ou lits
vésiculés, vésicules de ségrégation). Par contre, dans le cas du Faataufi, nous avons
constaté la présence d'une poche métrique clairement pegmatitoïdique (MUG-6B: voir
chapitre II).
- Dans le cas de l'intrusion de la Barque de Hiro, l'H.T.I. se présente sous trois aspects
différents, dont la répartition au sein d'une même intrusion est apparemment fonction
de la localisation (altitude) de l'échantillon considéré.
Dans le cas de l'intrusion du Faataufi, l'H.T.I. se présente partout en noyaux
translucides généralement de forme "ovoïde" et de couleur rouille (Fig. V.2 et V.3A) qui
occupent les cœurs de certaines olivines. La Fig. V.3A montre qu'il est possible de trouver
plusieurs noyaux d'H.T.I. au sein d'un même cristal d'olivine. Seule une minorité des 31%
modal d'olivines comporte de tels noyaux d'H.T.I., ceux-ci représentant 4% modal de la roche
(en moyenne, l'olivine du Faataufi est donc iddingsitisée à hauteur de 13%). Un noyau
d'H.T.I. typique du Faataufi comporte une partie centrale de couleur rouille entourée d'une
bordure plus diffuse, beaucoup plus opaque, de couleur rouge sombre (Fig. V.2 et V.3A).
L'H.T.I. a déjà été mentionnée (voir paragraphe A) au cœur des olivines par Caroff et al.
(2000) mais elle affectait des microcristaux/microphénocristaux (qui étaient associés à des
phénocristaux présentant le faciès d'H.T.I. commun "en couronnes"), et non des cristaux
plurimillimétriques. En outre, les noyaux d'H.T.I. alors observés étaient de taille importante
vis à vis de celle de l'olivine affectée. Dans le cas du Faataufi, au contraire, les noyaux
d'H.T.I. sont entourés d'une zone de surcroissance très épaisse (Fig. V.3A).
Dans le cas de l'intrusion de la Barque de Hiro, il existe une corrélation nette entre le
faciès de l'H.T.I. et l'altitude du prélèvement (Fig. V.4A). En effet, d'ouest en est (soit de 50 à
110 m d'altitude), on rencontre successivement:
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