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Chapitre 2 La déformation

2.9 Interprétations des résultats

La Fig. 2.29 représente un schéma interprétatif des résultats obtenus dans la région du Golfe de Corinthe. Si on exclut les terminaisons orientale et occidentale du rift, les deux côtés du Golfe de Corinthe ne montrent pas de déformation interne significative. A la fois les blocs

rapides: 7±0.5°/Ma pour le bloc nord et 2.8±0.8°/Ma pour le bloc sud. L'existence de telles rotations est confirmée par les observations paléomagnétiques. En Grèce nord-occidentale, Kissel & Laj (1988) proposent deux phases de rotations à partir de l'Oligocène supérieur (~25 Ma), dont la dernière aurait commencée près d'il y a 5 Ma avec un taux de 5°/Ma. Dans le sud et dans le nord-ouest du Péloponnèse, Duermeijer et al. (2000), à travers l'analyse de sédiments du Pliocène, mettent en évidence une rotation en sens horaire qui aurait eu lieu dans le dernier 1.8 Ma. L'analyse des systèmes de failles actives par rapport à ces rotations a mené Goldsworthy et al. (2000) à suggérer que, pour expliquer le champ de vitesse actuel et les variations des limites de blocs en Grèce centrale dans le Pliocène supérieur et le Quaternaire (Jackson, 1999), les failles doivent avoir changé leur orientation avec le temps.

Fig. 2.29: Carte interprétative de la situation au Golfe de Corinthe. Les deux flèches indiquent le sens de

rotation des régions du côté nord du Golfe de Corinthe et du Péloponnèse. Les régions en jaune et en vert indiquent respectivement les zones où la déformation se concentre et où elle est plus distribuée. a=pôle de rotation du bloc nord par rapport à l'"Europe fixe"; b=pôle de rotation du bloc nord par rapport au "Péloponnèse fixe"; c=pôle de rotation du Péloponnèse par rapport à l'"Europe fixe".

Fig. 2.29: Interpretative sketch map of the deformation in the Gulf of Corinth. Arrows indicate a clockwise

rotation of the Central Greece and Peloponnisos. Yellow and dashed regions represent respectively the zone where the deformation is localised and the zone where the deformation is diffuse. a=rotation pole of Central Greece in "Europe fixed"; b=rotation pole in "Peloponnisos fixed"; c=rotation pole of Peloponnisos in "Europe fixed".

D'après la densité et la cohérence des nos vecteurs de vitesse ainsi que leur incertitude, nos estimations des taux de rotation du Péloponnèse et de la Grèce centrale sont très nettement plus précises que celles obtenues dans des études précédentes à partir de données paléo- magnétiques (Kissel & Laj, 1988), ou déduites de modèles de rotation de blocs (Taymaz et al., 1991), ou de l'interprétation de données géodésiques moins précises (Duermeijer, et al., 2000, Le Pichon et al., 1995).

Le champ de vitesse observé dans la partie orientale du côté nord du golfe présente des valeurs de vitesse fortement similaires à celles trouvées dans le Péloponnèse centrale et occidentale. Cela signifie que cette région tend à "suivre" le Péloponnèse dans son mouvement vers le sud-ouest, alors que la partie occidentale du Golfe de Corinthe est plus solidaire de l’Europe. Cette situation géodynamique tout compte fait assez simple au premier ordre se traduit dans une rotation en sens horaire du côté nord du Golfe de Corinthe. Les pôles de rotation prédis par le modèle dans les cas d’un champ de vitesse exprimé en référentiel « Europe fixe » et « Péloponnèse fixe » sont représentés en figure respectivement par les croix a et b. Le schéma interprétatif proposé en Fig. 2.29 se basant sur le champ de vitesse calculé, semble être en contraste avec la géomorphologie de la région. Le Golfe de Corinthe est bien plus large à l'est qu'à l'ouest en traduisant une quantité d'extension finie plus grande à l'est, où le taux d'extension instantané est le plus bas. Ce paradoxe pourrait être explique par le fait que l'extension du rift dans le Golfe de Corinthe a commencé à l'est et se propage vers l'ouest depuis les derniers 2.6 Ma (Doutsos & Poulimenos, 1992).

Dans la partie centrale de ce rift de Corinthe (zone d'Aigion) l'extension est quasiment entièrement accommodée en mer, dans une bande très étroite (~10 km) assimilable à un rift. Aux extrémités du rift du Golfe de Corinthe, la déformation semble être plus complexe et plus distribuée, intéressant un grand nombre de structures tectoniques plus petites. A l'extrémité orientale du golfe, cela peut être une conséquence des taux d'extension qui décroisent près du pôle de rotation (croix b). La déformation, dans cette zone, intéresse une région entre le bassin de Thèbes et le sud du Golfe d'Evvia (Goldsworthy et al., 2002) pour passer ensuite, au sud- ouest, vers la péninsule au nord des Alkyonides, où elle commence à devenir localisée. A l'ouest, deux points situés sur le bloc sud présentent des valeurs de vitesse intermédiaires entre celles attendues pour les blocs nord et sud. Cela confirme que la déformation est localisée jusqu'à l'extrémité occidentale de la faille de Psatopirgos, et dévient plus distribuée plus à

nord du Golfe de Patras (Lac Trichonis et le Golfe d'Amvrakia) où des structures extensives et une activité sismique significative existent. Malheureusement, les données GPS dans la région ne sont suffisantes pour pouvoir supporter une telle hypothèse. Une meilleure extension du réseau GPS à l'ouest du Golfe de Corinthe est nécessaire pour mettre en évidence notre actuelle compréhension des processus qui ont lieu à la jonction entre le rift de Corinthe et l'arc Hellénique occidentale.