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4. DISCUSSION

4.1 Interprétation des données et réponse à l'objet de recherche

L'enquête présentée au travers de ce mémoire, via une méthode clinique exploratoire, a été réalisée dans le but de répondre à l'objet de recherche suivant :

« Dans quelle mesure le chien, en tant que partenaire de la triade animal / ergothérapeute / enfant, peut-il constituer un média d'intervention en ergothérapie favorisant la participation

de l'enfant présentant un trouble d'acquisition de la coordination vers une meilleure autonomie et indépendance dans les activités de la vie quotidienne ? ».

Pour ce faire, nous nous attacherons à comparer les résultats analysés précédemment avec le cadre théorique défini en amont ; en d'autres termes à confronter les propos recueillis avec le modèle de l'occupation humaine ainsi que les concepts de communication, d'autonomie et d'indépendance développés au préalable.

Qu'il s'agisse des enfants, des parents ou des ergothérapeutes, la communication apparaît, aux vues des résultats, comme précurseur primordial à la mise en place d'une relation efficiente entre l'enfant et le chien, que ce dernier occupe le rôle de compagnon au domicile ou bien encore celui de médiateur dans la thérapie.

La communication établie entre le chien et l'enfant s'apparente d'ailleurs, selon les propos recueillis, à celle matérialisée par Shannon et Weaver au sein de leur modélisation en ce sens où un émetteur et un récepteur, ici un chien et un enfant, alternent l'usage d'un langage verbal et non-verbal, de codes partagés et rusent d'ajustements réciproques à des fins communicationnelles.

Si la communication constitue de fait une étape clé dans la mise en place du processus relationnel entre le chien et l'enfant, la majorité des participants souligne l'importance manifeste d'une préparation initiale de ce dernier à la rencontre avec l'animal, préparation au sein de laquelle parents et ergothérapeutes, par leurs discussions, leurs réflexions et leurs enseignements, occupent un rôle non négligeable. Ce rôle s'estompera d'ailleurs après la rencontre évoluant d'une place active de médiateur à celle d'accompagnateur afin d'optimiser l'autonomie de l'enfant dans la relation.

Poursuivons à ce propos sur le concept d'autonomie et d'indépendance, cheval de bataille de notre objet de recherche.

Si les parents et les enfants rencontrent quelques difficultés à préciser et quantifier l'impact de la présence du chien, les résultats obtenus auprès des ergothérapeutes permettent néanmoins de mettre en exergue les répercussions que pourrait avoir la présence du chien sur les différentes activités de la vie quotidienne de l'enfant ( toilette, habillage, alimentation ou encore loisirs) ainsi que sur certaines capacités cognitives particulières ( adaptation, prise d'initiatives, responsabilité, gestion émotionnelle …). A ce titre, la présence du chien semble avoir un impact sur l'indépendance et l'autonomie de l'enfant, respectivement sur sa capacité à réaliser les activités de la vie quotidienne et à faire ses propres choix.

A ce propos, il est un élément non évoqué dans le cadre théorique qu'il semble toutefois intéressant de rajouter. Les ergothérapeutes mentionnent en effet préférer occuper au cours de la thérapie un rôle à distance de la relation entre l'enfant et le chien, rôle que l'on pourrait de fait qualifier d'accompagnateur en ce sens où accompagner correspond selon Paul M. ( 2004) à « se joindre à quelqu'un pour aller où il va, en même temps que lui ».

L'autonomie et l'indépendance de l'enfant semble donc induite non seulement par la présence du chien mais également par la place octroyée à l'enfant dans cette relation et par la posture d'accompagnement ou de guidage occupée par les ergothérapeutes et les parents.

Intéressons-nous maintenant aux éléments susceptibles de faire de la présence du chien un vecteur de participation ; pour cela, mettons ainsi en parallèle les résultats obtenus et la modélisation de l'engagement humain dans l'activité fourni par Gary Kielhofner.

Dans le cadre théorique, nous précisions que le modèle de l'occupation humaine cherchait à répondre à trois questions fondamentales :

– Comment la présence du chien motive t-elle l'enfant à agir ?

– Comment la présence du chien influence t-elle la routine de l'enfant ? – Quel est le rendement quand il s'occupe de son chien ?

A ce propos, la comparaison entre une activité en présence du chien et une activité en son absence permet de mettre en exergue l'importance de sa présence sur le développement psychoaffectif de l'enfant notamment sur sa confiance en lui et fournit en ce sens des éléments de réponse à la première question soulevée. Les participants témoignent de fait non seulement de l'apparition chez l'enfant au contact du chien, d'un sentiment de sécurité induisant par là-même une diminution du facteur stress, mais soulignent également l'importance de l'aspect motivationnel revêtu par la présence du chien, aspect que nous pouvons d'ailleurs corréler à l'une des composantes de l'être humain développé dans le modèle, la volition. Ainsi, nous pouvons convenir du fait que l'enfant semble être motivé à agir par le contact avec l'animal et les bienfaits qu'il véhicule à son égard ( confiance en lui, sécurité, diminution de l'anxiété, non-jugement, responsabilité …).

Noter vis-à-vis de ce dernier point que la responsabilité conférée à l'enfant fournit un élément de réponse à la question relative à la routine et l'influence du chien sur cette dernière. C'est, en effet, en réponse au rôle qui lui est attribué que l'enfant organise sa journée en adaptant sa routine aux soins de son animal.

Selon la majorité des personnes interrogées, ces différents facteurs intriqués ( la volition, autrement dit la motivation dans l'activité, la sécurité ou encore la revalorisation conférée à l'enfant par le chien) jouent donc un rôle capital dans le rendement et la performance de l'enfant dans ses occupations ; rapprochons-nous en ce sens de la

modélisation du MOH selon laquelle l'interaction entre les trois composantes de l'être humain - la volition, l'habituation et la capacité de rendement - et l'environnement conditionne la dimension de l'agir correspondante de l'enfant. Ainsi, si l'environnement est facilitant, autrement dit source de bien-être chez l'enfant, la présence du chien, de par la volition associée, son influence sur la routine et les actions ( habituation) ainsi que l'expérience positive éprouvée ( capacité de rendement) , pourra contribuer, comme l'indique Gary Kielhofner, à la mise en place d'une participation occupationnelle, stade optimal dans la réalisation des activités par un individu ainsi qu'à la construction d'une adaptation occupationnelle chez l'enfant correspondant à la « construction dans le temps d'une identité positive et de la réalisation de ses compétences au sein de son propre environnement ». ( Bizier et al., 2006)

Il ressort ainsi de notre étude que le chien, par l'intermédiaire de la relation établie avec l'enfant et des bienfaits véhiculés par cette interaction ( confiance en soi, apaisement, sécurité, responsabilité … ) et ce grâce à la signifiance que l'enfant lui accorde, peut se positionner en tant que média en ergothérapie au service de l'accroissement de la performance et de la réceptivité aux occupations et aux apprentissages ; par extension au service de la participation de l'enfant dyspraxique vers une meilleure autonomie et indépendance dans ses activités de la vie quotidienne.

L'ergothérapeute pourra donc, suite à la réalisation d'une brève formation et à la vérification de critères d'admission chez l'enfant ( absence d'allergie ou encore caractère signifiant de l'animal), recourir au chien dans le cadre de la prise en charge d'enfants dyspraxiques.

Nous avons donc tenté de matérialiser cet apport théorique au sein du schéma suivant :

Illustration n°6 : Réponse à l'objet de recherche