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3.3 Conclusions et perspectives

4.1.2 Interface LaAlO 3 /SrTiO 3 dop´ ee

etude des interfaces entre spinelle normal et spinelle inverse pour obtenir un 2DEG polaris´e en spin.

4.1.2 Interface LaAlO3/SrTiO3 dop´ee

Etat de l’art : Plusieurs ´etudes, utilisant des strat´egies diff´erentes, ont eu pour but de modifier ou de mieux comprendre les propri´et´es de l’interface LAO/STO `a l’aide de dopants. Il est a priori raisonnable de penser que le choix des dopants peut avoir divers effets sur les propri´et´es ´

electroniques et magn´etiques de l’interface comme :

1. entrainer une modification de la densit´e de porteurs (mobiles ou non) grˆace `a l’ajout de dopants dont le remplissage des orbitales diff`ere de celui des cations Sr2+, Ti4+, Al3+ et La3+,

2. r´eduire la masse effective des bandes associ´ees au 2DEG et donc potentiellement augmenter la mobilit´e des porteurs en utilisant des ´el´ements 4d ou 5d plutˆot que 3d,

3. induire l’apparition de moments magn´etiques localis´es et d’un ordre magn´etique et/ou d’une polarisation en spin du 2DEG `a l’aide de dopants magn´etiques,

4 Syst`emes bidimensionnels

Les effets hypoth´etiques ´enonc´es pr´ec´edemment peuvent ˆetre temp´er´es tant il est difficile de maitriser et de quantifier le dopage d’une telle interface. L’ajout d’impuret´es peut par exemple induire la formation d’autres d´efauts de structure (lacunes d’oxyg`ene, ´echange de cations, etc.) et cr´eer du d´esordre, entrainant ainsi une baisse de la mobilit´e des porteurs ou r´eduisant le champ ´

electrique interne, pouvant ainsi modifier l’´epaisseur critique et/ou rendre l’interface isolante. Dans une s´erie de trois ´etudes, T. Fix et al. ont utilis´e un δ-doping  avec de faibles taux de dopage par des m´etaux de transition incorpor´es dans quelques monocouches de STO ; ils ont ensuite report´e la variation des effets en fonction de la localisation des dopants par rapport `a l’interface, de l’´epaisseur de la couche dop´ee (1-6 MLs), du taux de dopage (autour de 2 %) et de la nature chimique des dopants (Sc, Ti, V, Cr, Mn, Fe, Co, Nb et In [Fix 10]). Partant du postulat que la pr´esence de dopants Mn doit affecter la mobilit´e du 2DEG et la densit´e de porteurs, une ´

etude s’est int´eress´ee `a la localisation des porteurs de charge `a l’interface [Fix 09b,Fix 10] : les auteurs de cette ´etude ont notamment montr´e une augmentation de la mobilit´e, associ´ee `a une d´ecroissance de la densit´e de porteurs lorsque les dopants sont situ´es `a l’interface. En supposant, conform´ement `a la discussion ci-dessus, que les porteurs localis´es `a l’interface ont une densit´e ´

elev´ee et une faible mobilit´e, alors que ceux pr´esents dans les couches suivantes ont au contraire une densit´e faible mais une mobilit´e plus ´elev´ee, il est ainsi possible d’emettre l’hypoth`ese que les dopants situ´es `a l’interface pi`egent les charges de faibles mobilit´e [Fix 09b,Fix 09a]. La r´eduction de la densit´e de porteurs d´epend de la nature chimique du dopant et de son ´energie d’ionisation [Fix 10]. En augmentant l’´epaisseur de la couche dop´ee, la r´esistance `a l’interface peut varier fortement par rapport `a celle du syst`eme non dop´e (100 fois plus grande pour 6 MLs de SrTi0.98Co0.02O3 et 20 plus faible pour SrTi0.98Mn0.02O3) [Fix 09a]. A partir d’une ´

epaisseur de 7 MLs de SrTi0.98Ru0.02O3, Gray, et al. ont observ´e une transition m´etal vers isolant abrupte [Gray 15]. Un effet Hall anormal possiblement indicateur d’un couplage magn´etique `a longue port´e a ´et´e observ´e pour 1 `a 2 MLs de SrTiO3 dop´e avec 2 % de Co [Fix 09a].

Des ´etudes essentiellement th´eoriques ont envisag´e le cas de tr`es forts taux de dopants (100 % d’un type de cations remplac´es sur un ML). Un dopage de l’interface par des atomes de Nb ou de Ta se substituant `a des atomes de Ti entraine une diminution des masses effectives, ce qui pourrait permettre une meilleure mobilit´e de porteurs [Nazir 16]. Le calcul de l’´energie de s´eparation pr´edit une interface plus stable dans le cas d’un dopage par du Sn en substitution des atomes d’Al `a l’interface, en raison d’un renforcement des liaisons chimiques La-O ; l’apparition de moments magn´etiques associ´es aux atomes de Ti sont pr´edits pour ce syst`eme [Nazir 15b].

En intercallant une couche de LaTiO3 entre LAO et STO, il est aussi possible d’augmenter la

densit´e de charge (comme montr´e exp´erimentalement [Hosoda 13]), l’´electron suppl´ementaire ´

etant apport´e par le cation de Ti qui est en configuration 3+ dans LaTiO3 [Nazir 15a] ; cette charge suppl´ementaire serait pr´ef´erentiellement associ´ee `a des bandes de sym´etrie dxz,yz et non dxy. Exp´erimentalement, l’introduction d’une fraction de ML de LaMnO3 augmente la r´esistance et l’´epaisseur critique [Rastogi 14]. En intercalant une monocouche de La7/8Sr1/8MnO3, Chen, et al. ont cherch´e `a isoler le 2DEG des d´efauts ionisants doneurs de charges pr´esents dans LAO, `

a r´eduire le taux de lacunes d’oxyg`ene dans STO, et enfin `a r´eduire la densit´e de charge associ´ee au 2DEG ; ils ont ainsi r´eussi `a augmenter la conductivit´e du 2DEG `a 73 000 cm2 V−1 s−1 [Chen 15b]. L’utilisation de 1 `a 2 MLs de EuTiO3 a finalement permis de stabiliser un ordre ferromagn´etique ou un ´etat supraconducteur ; au del`a d’une ´epaisseur de 2 MLs l’interface devient isolante [De Luca 14,Stornaiuolo 15].

L’incorporation des ´el´ements lourds Tu et Lm (2 %) dans LaAlO3 en susbitution des atomes de La n’a pas d’influence significative sur les propri´et´es de transport, ni mˆeme sur les propri´et´es magn´etiques [Gray 13,Sanders 15]. La substitution d’atomes d’Al par des m´etaux de transition (5 % de Fe, Co, Ni et Cu) a pour effet, au contraire, d’augmenter la mobilit´e `a l’interface, d’un facteur 2 pour Fe, Co et Ni et d’un facteur 3 pour Cu, en plus de rendre possible la mesure d’un cycle d’hyst´er´esis magn´etique pour Fe, Co et Ni [Yan 18]. Singh, et al. ont ´etudi´e

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les effets du d´esordre sur la supraconductivit´e et les effets spin-orbite dans l’h´et´erostructure LaAl1−xCrxO3/SrTiO3 (x = 0; 0, 1; 0, 2) [Singh 17]. Une augmentation de la r´esistance avec le dopage est not´ee, sugg´erant une augmentation des effets de diffusion ou une r´eduction de la densit´e de porteurs (la densit´e de porteurs peut mˆeme devenir nulle pour des forts taux de dopants [Kumar 15]). Le dopage avec les atomes de Cr entraine une disparition de l’´etat supraconducteur (du fait d’une interaction ´electron-´electron plus ´elev´ee) et une augmentation de l’interaction spin-orbite qui se traduit par des temps de relaxation de spin plus faibles.

R´esultats obtenus pour LaAlO3/Ir-doped SrTiO3 (1ML)/SrTiO3(001) [Lee 17b] :

Suite `a une collaboration exp´erience-th´eorie et dans le cadre de la th`ese de M. Lee [Lee 18b], nous avons ´etudi´e une interface LAO/STO dop´ee en Ir. Pour cela, des ´echantillons ont ´et´e pr´epar´es `a l’aide d’une croissance homo-´epitaxiale de STO sur STO. Pour le dernier ML de STO, avant de d´emarrer la croissance de LAO, une cible n de STO dop´ee `a l’aide d’un taux d´efini d’Ir x (x = 1 − 10 %) a ´et´e utilis´ee.

Sr Ti Ir O In ten sit é (un it és arbi tr ari es ) a) b) c) d) e) f)

Perte d’énergie (eV)

Figure 4.4 – a) Supercellule 3 × 3 × 3 utilis´ee pour le calcul ; un atome de Ti a ´et´e substitu´e par un atome Ir. b) Spectres EELS calcul´es au seuil K pour des atomes d’oxyg`ene plus ou moins ´eloign´es de l’impuret´e d’Ir (en rouge) et spectres EELS ´equivalents calcul´es pour SrTiO3non dop´e (en bleu). c) Spectres exp´erimentaux mesur´es pour une interface non dop´ee et d) avec 3 % d’Ir. e) Spectres EELS calcul´es en effectuant une moyenne pond´er´ee des spectres de la figure b. f) Spectre EELS calcul´e du seuil K de l’oxyg`ene dans LaAlO3.

Comme ´evoqu´e pr´ec´edemment, un effet direct de l’incorporation de dopants sur les pro-pri´et´es ´electroniques du 2DEG est attendu. Dans la premi`ere ´etude de l’interface LaAlO3 /-Sr(Ti1−xIrx)O3/SrTiO3, nous avons plutˆot choisi de nous focaliser sur l’´etude des effets indi-rects du dopage, i.e. des effets induits via des modifications de la structure atomique, comme les variations de la contrainte en fonction de la concentration en dopant. Les calculs num´eriques r´ealis´es ont permis d’aider `a pr´evoir la localisation des atomes d’Ir et de confirmer un positionne-ment pr´ef´erentiel en substitution des atomes de Ti. Les calculs ont ´egalement permis de mieux comprendre les effets de distorsions qui pouvaient apparaitre suite `a la pr´esence d’un atome d’Ir. Enfin, des calculs de spectres EELS au seuil K de l’oxyg`ene ont ´et´e r´ealis´es pour aider `a l’interpr´etation des spectres exp´erimentaux (afin notamment de pouvoir discriminer les signa-tures relatives aux contraintes ´epitaxiales, de celles dues `a la pr´esence des impuret´es). Comme le montre la figure 4.4, les spectres mesur´es `a l’interface font apparaˆıtre des pics caract´eristiques

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a la fois de STO et LAO. Compar´es au cristal parfait, les spectres calcul´es ne varient significa-tivement qu’au voisinage directe de l’impuret´e ; une fois moyenn´es, seul un d´ecalage en ´energie subsiste, r´esultant de la pr´esence d’un ´etat de d´efaut localis´e dans le gap9. Ces calculs expliquent la difficult´e pour mesurer la pr´esence de l’Ir, compte tenu des faibles taux de dopage utilis´es.

Une ´etude plus compl`ete, prenant en compte directement les modifications de la structure ´

electronique induite par la pr´esence des atomes d’Ir `a l’interface est encore en cours.

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